Dans un autre style...
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Dans un autre style...
Encore une fois, j’écris la nuit, quand tous les fardeaux et les plaisirs du jour ont retiré leurs eaux des plages de mon silence ; marée basse de ma plume ; dehors, personne à part encore quelques fêtards, quelques sans-abris, quelques flics dans la rotondité nocturne. Nous sommes au mois de mai : tremblante aux feuilles des chênes, la fraîcheur des ondées. J’envie ceux qui s’enivrent, si possible à outrance, dans les cafés du centre-ville, tandis que je suis si désespérément sobre. Dans cette pièce obscure que n’éclairent que la lueur des réverbères et celle plus artificielle encore de mon ordinateur, je suis la ligne de fuite qui chaque fois me distance, et que je la suis quand même. Cette ligne n’a l’air de rien, c’est comme un horizon brisé par un trait de lumière sans vie, mais je lui dois toutes mes errances, toutes mes chevauchées, tous mes fleuves. De méandre en méandre, de cascade en cascade, de vallées en vallées, je cherche l’estuaire. Et tout au long de ma dérive, des monastères abandonnés aux villes immenses comme des cratères, je traîne dans les roseaux ce radeau échoué qui toujours se repense comme un navire fougueux : cette goutte de pluie qui songe en arc-en-ciel. Un instant, cette iridescence éclate, foudroyante et soudaine, dans la pénombre de cette retraite.
Toute la poésie du départ : tous les possibles et les promesses, toutes les destinations, les fêtes, pour cet existant dérisoire qui médite en tombant du frêne. Sur le dos d’un pottok, mes yeux bridés mi-clos, je sens le vent des steppes qui souffle en permanence aérer mes oreilles, mes mains et mes artères : mes poumons en torrent déversent l’oxygène au gré des cavalcades menées par ma monture. J’ai l’impression d’être sans liens, sans différences et sans orgueil, comme si cette chimère spécifique, cette illusion – la liberté – avait planté son dard sans fard profondément dans l’épiderme. Et puis, je reviens, immobile, assis sur un canapé bleu.
L’attachement physique et émotionnel à cette fille m’empêche de chercher le sommeil, car son image immaculée – cristallisation du syndrome – hante mes yeux gris dans la nuit jaune des lampadaires et des néons. Je relis sottement les quelques lignes insignifiantes que nous échangeâmes avant-hier. Je bois de l’eau à longues goulées mais l’absence enflamme mes pensées, faisant de ma gorge un désert. Je voudrai la voir, mais elle vit assez loin, et les rapprochements sont problématiques. J’attends, enfin. Merveilleuse, douloureuse, cette attente nonpareille : l'angoisse du sentiment. Je suis désappointé face à ce vif affect. Quelle ironie particulière ! Quand je me fous bien d’être ou non, je peux paraître scintillant sous la ciselure de mes phrases, brillant par cette aura cynique qui entoure les fous raisonnables. Et ce soir, qui me parle à l’oreille et murmure, c’est la simplicité – l’épure dans la formule : je voudrai la revoir.
Toute la poésie du départ : tous les possibles et les promesses, toutes les destinations, les fêtes, pour cet existant dérisoire qui médite en tombant du frêne. Sur le dos d’un pottok, mes yeux bridés mi-clos, je sens le vent des steppes qui souffle en permanence aérer mes oreilles, mes mains et mes artères : mes poumons en torrent déversent l’oxygène au gré des cavalcades menées par ma monture. J’ai l’impression d’être sans liens, sans différences et sans orgueil, comme si cette chimère spécifique, cette illusion – la liberté – avait planté son dard sans fard profondément dans l’épiderme. Et puis, je reviens, immobile, assis sur un canapé bleu.
L’attachement physique et émotionnel à cette fille m’empêche de chercher le sommeil, car son image immaculée – cristallisation du syndrome – hante mes yeux gris dans la nuit jaune des lampadaires et des néons. Je relis sottement les quelques lignes insignifiantes que nous échangeâmes avant-hier. Je bois de l’eau à longues goulées mais l’absence enflamme mes pensées, faisant de ma gorge un désert. Je voudrai la voir, mais elle vit assez loin, et les rapprochements sont problématiques. J’attends, enfin. Merveilleuse, douloureuse, cette attente nonpareille : l'angoisse du sentiment. Je suis désappointé face à ce vif affect. Quelle ironie particulière ! Quand je me fous bien d’être ou non, je peux paraître scintillant sous la ciselure de mes phrases, brillant par cette aura cynique qui entoure les fous raisonnables. Et ce soir, qui me parle à l’oreille et murmure, c’est la simplicité – l’épure dans la formule : je voudrai la revoir.
Dari- Affranchi des Paradoxes
- Nombre de messages : 357
Localisation : ici et là...
Identité métaphysique : humain, trop humain
Humeur : la nuit sera calme
Date d'inscription : 13/04/2012
Re: Dans un autre style...
Ça me fait plaisir de lire ça.
mirage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 6913
Localisation : Par GPS c'est pratique
Identité métaphysique : Sceptique
Humeur : Egale
Date d'inscription : 18/04/2013
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