Histoire de l'exégèse de la Bible

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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 12:29

Histoire de l’exégèse de la bible (1)

Avec la seconde moitié du XVIè siècle, la bible change de statut : elle passe de l’oralité transmise par les clercs à celui d’un écrit imprimé, diffusé, et on sait en Allemagne le rôle déterminant joué par Luther, même si des bibles en langues vernaculaire ont existé avant lui.  Pour l’Eglise catholique, la seule référence est la Vulgate en latin de St Jérôme, traduite entre 390 et 405, directement depuis le texte hébreu pour l'Ancien Testament et du texte grec pour le Nouveau Testament. En ceci, elle s’oppose à la Vetus Latina (« vieille bible latine »), traduite du grec de la Septante. Le fait de puiser directement aux sources judaïques lui donne aux yeux des chrétiens latins, un « plus ». Force est de constater, cependant, que la différence entre la Vetus Latina et la Vulgata est relativement cosmétique, essentiellement stylistique.

Les commentaires écrits d’exégètes catholiques (par exemple le Verbo Dei) sont en fait jusqu’à cette date des écrits théologiques destinés à entraîner la soumission à l’autorité romaine. Les écrits de Calvin et Luther restent dans ce sillage, revendiquant bien sûr leur liberté et le droit de chacun à lire la Bible, selon l’adage : « sola scriptura ». Des controverses disputent de savoir s’il faut privilégier la Vulgate ou la Septante, de la justesse des temps bibliques. Mais le premier vrai tournant de la réflexion exégétique se produit quand certains théologiens protestants se rendent compte de l’importance du savoir (pris ailleurs que dans la bible) sur le pays (Palestine), les us et coutumes juives, l’époque de Jésus... Ainsi, on parvient aux problèmes soulevés dans le NT = : Jésus a-t-il institué l’eucharistie la veille (dit Jean) ou le jour de la Pâque juive (disent les synoptiques) ? au vu des nouvelles connaissances, il apparaît impensable que le procès de Jésus ait eu lieu un jour solennellement chômé, donc Jean a raison. La bible entière se voit ainsi à la fois éclairée et questionnée par le savoir profane, et  ce mouvement va s’accentuer tout au long du siècle des Lumières.

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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 13:16

Histoire de l’exégèse de la bible (2)

En réaction, les théologiens gallicans (Fleury, Bossuet, Fénelon) enseignent aussi que la foi ne repose pas sur l’Ecriture, mais sur l’autorité de l’Église, garantie par la succession apostolique. Allant plus loin que les Luthériens, les Sociniens, dissidents protestants, plus radicaux, ne trouvent dans le NT aucun des dogmes chrétiens ; à la fin du XVIIè siècle, le « retour à l’Écriture » revendique la place du philologue dans le commentaire biblique et exprime l’aspiration à situer le texte en son temps. Une « histoire critique du Vieux Testament » apparaît ; ainsi, la construction de la tour de Babel ou l’endurcissement de Pharaon par Dieu peut se comprendre comme des manières de parler propres aux Hébreux.

L’interprétation de l’Apocalypse subit aussi une relecture protestante : leurs commentateurs lurent le texte comme une immense prédiction des châtiments successifs qui, par la main des différents réformateurs, s’abattaient sur l’Église romaine. Cette interprétation connut une énorme fortune en Angleterre au XVIIè siècle et soutint l’espérance de ceux qui luttaient contre le catholicisme latent des Stuarts. L’apologétique catholique réplique en soulignant que, l’Écriture étant pleine d’obscurités, la foi ne peut reposer en denière analyse que sur l’autorité de la Tradition de l’Église, laquelle est infaillible. D’où le mépris envers la distinction établie par Spinoza entre les passages législatifs du pentateuque qu’il faut attribuer à Moïse et le reste de la collection (Moïse racontant sa propre mort dans le Duetéronome, ch. 34). Mais avec les Lumières, la prééminence de la raison va fortement ébranler l’apologétique catholique, assez naïve du XVIIè siècle.

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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 14:30

Histoire de l’exégèse de la bible (3)

Le véritable grand coup de tonnerre vint d’un théologien protestant allemand, David Friedrich Strauss, qui, en 1835, à l’âge de 27 ans, en s’appuyant sur la littérature juive non biblique, publia une « Vie de Jésus » (Leben Jesu), qui à la fois le rendit célèbre et lui enleva toute perspective d’enseignement biblique (il devint professeur de lycée). Car Strauss tend à montrer, le premier, que l’historicité du NT est fortement contestable. Ainsi, il montre la contradiction de la descendance de David par Joseph, pense que le récit lucanien de la virginité de Marie est une légende poétique-mythique — car que Joseph a eu ensuite des enfants avec elle (on lit en Mtt 1,25 : « il ne la connût pas jusqu’à ce que / avant que.. : ἕως οὗ ἔτεκεν τὸν.. ), soutient Strauss (qui bien sûr pense aux frères et soeurs de Jésus, considérés d’abord comme des demi-frères, avant de devenir chez Jérôme, adepte de la virginité perpétuelle, des cousins), qui souligne ensuite que Mtt 21,7 est une impossibilité due à une mauvaise lecture de Zacharie 9,9.. Le théologien Karl Barth critiqua ce livre, tandis qu’il inspira bien des chercheurs après lui, dont le célèbre Albert Schweitzer, qui loua son sens de la précision. « la vie de Jésus » fut traduite en fraçais par Littré.

Pour le philologue et exégète strasbourgeois Euduard Reuss (1804-1891), l’approche de la bible (« Histoire de l’Écriture sainte, le Nouveau Testament », 1842, en allemand) doit être plus nuancée. Pour Reuss, la formation de la Bible doit tenir compte de l’histoire culturelle du judaïsme pour l’ancien Testament et du christianisme primitif pour le Nouveau Testament. Il rejette l’explication « mythique » des miracles évangéliques, qui sont essentiellement des signes pour la foi. Les récits de la résurrection de Jésus sont difficiles à appréhender par notre raison, mais la proclamation de la résurrection constitue le fondement de la transcendance du message biblique. Vis-à-vis du protestantisme francophone, l’influence de Reuss fut importante, en lui révélant la richesse de la recherche biblique allemande. Témoin des controverses sur la Bible et la Réforme auxquelles le Réveil avait donné naissance en France, il estimait que les différents protagonistes connaissaient insuffisamment les sources de l’inspiration chrétienne en négligeant l’étude objective des documents bibliques. Avec Timothée Colani, il crée en 1850 la Revue de théologie et de philosophie chrétienne, plus connue sous la désignation de Revue de Strasbourg, dont le but était d’initier le protestantisme de langue française aux nouvelles méthodes d’étude de la Bible. Toujours avec le souci de ne pas détruire l’autorité de la Bible et de concilier science et foi, il a permis aux protestants orthodoxes ou évangéliques de mieux accepter les résultats de la critique biblique, établissant ainsi un pont entre les deux tendances du protestantisme français de son époque. Le retentissement de son œuvre fut considérable tant en France qu’à l’étranger, en particulier en Grande Bretagne.

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Message par Petero22 Sam 4 Juin 2016 - 14:39

Message supprimé. Article 1 de la charte
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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 15:03

Histoire de l’exégèse de la bible (4)

La « Vie de Jésus » de Renan,  qui connut 13 éditions de 1863 à 1864, part sur d’autres bases. Renan prend ses distances vis-à-vis de Strauss, parce qu’il n’estime pas devoir reconnaître la présence de mythes dans les évangiles (il s’appuie sur Reuss). Renan critique cependant l’exégèse du protestantisme libéral, et interprète l’histoire de Jésus à la lumière d’un comparatisme qui ne s’appuie plus sur la philologie, mais sur la psychologie clinique, or celle-ci s’emploie à traiter le phénomène religieux comme une illusion (ce sera aussi la thèse de Freud, qui n’apportera pas non plus de démonstration pertinente).  Pour Renan, Jésus apporte une morale ; son style, facile et fleuri, ne reflète pas les grandes connaissances philologiques et culturelles qu’il avait du moyen-orient, on passe avec Renan de l’étonnement à la déception.  Pour l’exégèse catholique, point n’est besoin d’entrer dans des analyses fines : Ébranlée dans ses certitudes traditionnelles, elle amalgame toutes recherches exégétiques autres que la catholique en les qualifiant de « rationalistes ». C’est un trait de la culture catholique, depuis le XVIIè siècle, de voir dans le protestantisme un ferment de dissolution intellectuelle et sociale. Sous le Second Empire, et avec en plus la traduction française de l’origine des espèces (Darwin) en 1866, elle va devoir faire front de tous côtés.

Un grand exégète catholique, Fulcran Vigouroux, préside  en 1873 à l ‘édition de La Sainte Bible (40 volumes), comportant le texte de la Vulgate avec une traduction française, et de substantielles introductions. L’introduction générale, due à un prêtre normand, Charles Trochon, recadre l’ensemble : « Rien n’est plus opposé au mythe que la Bible, qui offre partout le caractère historique le plus formel et le moins discutable » ; voilà qui a le mérite d’être clair, à défaut d’être subtil. L’épiscopat français applaudit.  Un autre manuel, celui de Gilly, futur évêque de Nîmes, trouve sa voie dans les années 1880 avec plus de subtilité : « Le Christ et les apôtres se sont adaptés aux conceptions juives sur la place des païens dans le Royaume de Dieu et sur le caractère temporel de celui-ci » ; il a donc l’intuition de certaines difficultés d’interprétation du NT, qui vont faire irruption un quart de siècle plus tard.

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Message par Petero22 Sam 4 Juin 2016 - 15:56

Petero22 a écrit:Message supprimé. Article 1 de la charte

Message supprimé. Article 4 de la charte
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Message par Petero22 Sam 4 Juin 2016 - 15:58

Nous sommes sur un forum de dialogue, pas un forum d'histoire.

Comment se fait-il que Mr Mikael, recopie tout un livre dans un forum où normalement on poste des messages pour échange ?

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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 16:09

Petero, je prends mes sources à plusieurs endroits. La source la plus importante est celle de François Laplanche, bon catholique  : "La Bible en France entre mythe et critique" (305 pages) et "La crise de l'origine" (660 pages), chez Albin Michel ; j'y ajoute mon propre grain de sel et quelques trouvailles sur le net; Chacun peut en discuter ici, ce n'est pas un cours de catéchisme ! Et j'ajoute que c'est un gros travail.


Dernière édition par mikael le Sam 4 Juin 2016 - 16:16, édité 1 fois

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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 16:12

Histoire de l’exégèse de la bible (5)

La Bible, livre humain et/ou divin ? telle est une des grandes interrogations des exégètes catholiques face aux critiques développées par les adeptes des méthodes littéraires et historico-critiques, car le fondement catholique, c’est la doctrine de l’Inspiration : Si Moïse n’est pas le rédacteur du Pentateuque,  la Bible est livrée au mensonge, sauf à reconnaître un fait actuel d’évidence, à savoir que les auteurs n’écrivent pas selon les normes d’exactitude modernes.  Mais les catholiques sont-ils prêts à cela ? Le théologien Le Hir tente une percée, mêlée de perplexité, fin des années 70 : « On sait ce que c’est que l’inspiration divine, c’est-à-dire que Dieu a dicté l’Écriture Sainte, mais comme on voit aussi dans ces livres les efforts du travail de l’homme, il est difficile de dire précisément jusqu’où les livres saints sont l’oeuvre de Dieu et combien le travail de l’homme y a concouru. » Le théologien Henri Vollot, professeur à la Sorbonne, dit prudemment : « il faut lire la Bible comme un document oriental auquel l’unité rigoureuse fait défaut ».

De son côté, charles Lenormant, bon catholique, et qui  professait à la Sorbonne un cours à forte tendance religieuse sur les origines du peuple hébreu, note  que "le Christ ayant laissé son oeuvre entre les mains des apôtres, il entra, dès les origines chrétiennes, un élément de discussion dans les affaires de l’Église, ce qui laisse un certain espace à la liberté des écrivains de l’âge apostolique. ». Ces propos tiennent leur intérêt historique de leur précocité, ayant été prononcés de 1836 à 1846. Dans des travaux postérieurs (1883), Lenormant annonce son ralliement à deux conclusions importantes de l’exégèse critique. Il admet l’hypothèse documentaire : « Je ne crois pas possible de maintenir la thèse de ce qu’on appelle l’unité de composition des livres ud Pentateuque... je tiens pour démontrée la distinction de deux documents fondamentaux, élohiste et jéhoviste, qui ont servi de sources au rédacteur définitif. » ; Pour la Genèse,  celle-ci « est une édition expurgée de la tradition chaldéenne, ou bien l’on verra dans les deux narrations deux formes divergentes du même rameau de la tradition primitive. »  

Les déclarations de Lenormant furent vivement critiquées. Une brochure de l’abbé Rambouillet, vicaire à Saint-Philippe-du-Roule, signala l’opinion de Lenormant sur l'inspiration comme contraire à la doctrine de l’Église. Si Dieu est l’auteur des livres, il ne peut y avoir d’erreur.  Pour Jean-Baptiste Hogan, sulpicien,  il n’y a aucune erreur dans les textes de la bible,  mais « chaque genre de composition a ses formes propres, ses exigences variables suivant l’époque et le milieu dans lesquels il se produit. » La véracité de Dieu n’est pas engagée, dit-il, si les hommes, par leur faute ou par suite de leur infirmité native se trompent sur le vrai sens de ses paroles.

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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 16:50

Histoire de l’exégèse de la bible (6)

L’histoire de l’exégèse devient de plus en plus celle de l’inerrance biblique : Dieu étant l’Inspirateur, le véritable rédacteur, tout est vrai, on n’y peut rien changer, car il n’y a pas d’errement. Cette doctrine deviendra le pivot de la lutte contre le modernisme, qui constitue l’essentiel du livre de François Laplanche « La crise de l’origine » (où, disons-le franchement, la part belle est faite aux exégètes catholiques ; mais étant donné à la fois l’ampleur des problèmes et la stature de leurs contradicteurs, ce livre intéressera des lecteurs d’horizons idéologiques divers).

Entre alors en scène Alfred Loisy (1857-1940), personnage considérable, dont il nous faut esquisser la biographie. En 1874, il entre au Grand Séminaire de Chalons-en-Champagne . Après avoir été ordonné sous-diacre, il est envoyé à l’École de Théologie de l'Institut catholique de Paris. Tombé malade, il revient en Champagne où il est ordonné diacre (mars 1879) puis prêtre (juin 1879). Il est alors brièvement curé de Landricourt avant d'être nommé à Paris. À l'Institut catholique de Paris, où il entra par la suite, il avança si vite dans l'étude de l'hébreu que le recteur, Mgr d'Hulst, lui confia rapidement un cours. Dès 1886 il est chargé de l'enseignement de l’Écriture sainte à l'Institut Catholique de Paris tout récemment ouvert.

La publication de sa leçon de clôture de l'année 1891-1892, intitulée La composition et l'interprétation historique des Livres Saints l'expose à l'hostilité de sa hiérarchie ; Mgr d'Hulst, qui l'avait soutenu jusque-là, le suspend d'abord d'enseignement, puis le révoque définitivement en 1893. Il est nommé aumônier, chargé de l'éducation des jeunes filles dans un couvent de dominicaines à Neuilly. Il n'en continue pas moins ses recherches, mais se trouve en porte-à-faux de plus en plus prononcé avec les dogmes de l'Église romaine. Tombé gravement malade en 1899, il quitte son aumônerie et croit devoir l'année suivante renoncer par honnêteté à la petite pension que l'archevêché sert aux prêtres infirmes. C'est alors que des amis le font nommer à l'École pratique des hautes études, ce qui prenait de court sa hiérarchie : « censurer un enseignement donné en Sorbonne paraissait un coup trop hardi, et l'on n'y pensa pas, au moins sous Léon XIII. »

En 1902, entendant réfuter L'Essence du Christianisme (Das Wesen des Christentums) du théologien protestant Adolf von Harnack, Loisy fait paraître L'Évangile et l'Église. Ce livre, qu'on appellera le petit livre rouge, pour son format et la couleur de la couverture, fait un énorme scandale ; il est condamné dans plusieurs diocèses. En décembre 1903, cinq de ses livres sont mis à l'index. Ayant refusé de souscrire à l'encyclique Pascendi, promulguée en 1907, Loisy fait l'objet d'un décret d'excommunication vitandus par la Congrégation du Saint-Office le 7 mars 1908 — ce qui interdisait à tout catholique de lui adresser la parole. L'année suivante, il est nommé à la chaire d'histoire des religions du Collège de France (où il enseigne jusqu.à son départ à la retraite en 1932).

Comment Loisy aborde-t-il la question de l’inerrance fin 1893 ? Avec subtilité et fidélité envers Rome : La Bible vient, selon lui, tout à la fois de Dieu et de l’homme. Les énoncés bibliques sont vrais pour leur temps ; Dieu parle aux hommes de chaque époque le langage qu’ils peuvent comprendre ; ce langage est donc relativement vrai ; la perpétuité de la doctrine chrétienne est celle d’une doctrine qui vit et qui grandit sans cesser d’être identique à elle-même... La vérité religieuse contenue dans la Bible ne peut être mise au jour que par le travail de l’interprétation.. La vérité des Écritures est coordonnée à l’infaillibilité de l’Église qui l’interprète. Monseigneur D’Hulst exprime des pensées voisines. L’effort de l’apologétique se porte maintenant sur l’affirmation de la continuité sans faille entre Jésus-Christ et l’Église.

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Message par Petero22 Sam 4 Juin 2016 - 17:17

mikael a écrit:Petero, je prends mes sources à plusieurs endroits. La source la plus importante est celle de François Laplanche, bon catholique  : "La Bible en France entre mythe et critique" (305 pages) et "La crise de l'origine" (660 pages), chez Albin Michel ; j'y ajoute mon propre grain de sel et quelques trouvailles sur le net; Chacun peut en discuter ici, ce n'est pas un cours de catéchisme ! Et j'ajoute que c'est un gros travail.

Mikaël, la meilleur source c'est celle que Jésus fait jaillir des Ecritures, éclairée par le magistère de l'Eglise catholique. sourire

18 Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles: " Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. 19 Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, 20 leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. (Matthieu (TOB) 28)

C'est revêtu du pouvoir, de l'autorité donnée par Jésus, que l'Eglise enseigne, qu'elle nous éclaire sur sa Parole. François Laplanche, ne possède pas ce pouvoir d'enseigner au nom du Christ.

L'enseignement qu'il donne dans son livre, n'engage que lui. Et tout fidèle doit privilégier l'enseignement donné par le Magistère, parce que c'est Jésus qui l'a voulu ainsi.

C'est ce qui explique le nom de "kêpha" qu'il a donné à son Apôtre Pierre, et qui veut dire "Rocher". C'est sur ce "Roger", le magistère du pape, qu'un membre de l'Eglise de Jésus il doit s'appuyer, avant de s'appuyer sur des pierres vivantes de l'église, comme l'est François Laplanche.

Maintenant, François Laplanche peut raconter ce qu'il veut, il n'en reste pas moins que ce qu'il dit, reste un enseignement privé, et pas l'enseignement de l'Eglise, le seul qui nous garantisse qu'on soit dans le vrai.

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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 17:46

Petero,

toute l'histoire de l'exégèse montre justement que ce qui peut paraître simple et sans discussion relève d'une grande complexité, où religion, spiritualité, croyances diverses, Histoire, pouvoir temporel et spirituel, discussion philosophique sur le vrai et le véritable, se mêlent, se croisent, se combattent parfois, se remettent en question les unes les autres...

Ce fil a pour but aussi de développer les interrogations fondamentales : qui dit quoi, sous quelle forme ? comment le comprendre ? qu'est-ce qui dans tout cela, va donner sens à ma vie ?
La simple observation me montre des hommes saints partout, des êtres d'exception dans toutes les religions et idéologies (y compris les athées), mon coeur et mon expérience me disent que Dieu le Créateur est bon, donc la logique m'apprend qu'un Dieu bon ne saurait égarer des millions de personnes dans de fausses religions, pour ne réserver la Vérité et le Salut qu'à une seule : l'Eglise catholique ! Quels catholiques seraient si supérieurs aux autres qu'ils auraient compris le vrai, laissant les autres dans l'obscurité de fausses croyances ? Quel être humain n'est pas limité et donc incapable de saisir saisir la plénitude divine ? Il faut donc conclure que bien des religions sont autant de chemins menant les adeptes vers le Haut, dès qu'on a le renoncement à la violence, la cruauté, la cupidité, la méchanceté, l'indifférence, la destruction des ennemis.

Le catholicisme répond-il à ces critères, y a-t-il jamais répondu ? certains catholiques, oui, mais la puissance temporelle et spirituelle appelée catholicisme ? demandons-le aux ébionites, aux gnostiques, aux juifs, aux philosophes interdits par l'Eglise au VIè siècle, aux esclaves et serfs qui travaillaient encore au Xè siècle dans les monastères, aux paysans tenus de verser la dîme, aux comédiens du temps de Molière auxquels on refusait un enterrement chrétien, aux Cathares brûlés vifs... Dieu que la liste est longue ! est-elle fausse ? non, elle est historiquement vraie. Alors, en quoi le christianisme en tant qu'institution est-il supérieur aux autres, si avec tous ses rituels et ses sacrements, il produit de si mauvais fruits ? je connais un musulman remarquable (c'est mon plombier) qui se lève à 5 heures du matin pour prier.. et va travailler ensuite toute la journée. Qui peut-il prier, sinon le même Dieu, le tien, le mien, puisqu'il est unique ? laisse donc tomber ton prosélytisme, c'est hors de saison, réfléchis par toi-même.. et cultive-toi un peu plus.

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Message par Bulle Sam 4 Juin 2016 - 17:48

Petero22 a écrit:
Mikaël, la meilleur source c'est celle que Jésus fait jaillir des Ecritures, éclairée par le magistère de l'Eglise catholique. sourire  
Jésus n'a jamais fait d'exégèse biblique que je sache rire
Maintenant, François Laplanche peut raconter ce qu'il veut, il n'en reste pas moins que ce qu'il dit, reste un enseignement privé, et pas l'enseignement de l'Eglise, le seul qui nous garantisse qu'on soit dans le vrai.
De quelle Eglise ? L'orthodoxe, la protestante, la catholique, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, les Témoins de Jéhovah, la Science chrétienne ?

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Message par Petero22 Sam 4 Juin 2016 - 20:06

mikael a écrit:donc la logique m'apprend qu'un Dieu bon ne saurait égarer des millions de personnes dans de fausses religions

Ce n'est pas Dieu qui égare Mikaël, ce sont les hommes qui se prennent pour lui, prétendant mieux savoir que Lui et Jésus son Fils qu'il a envoyé sur ce qui est bon pour l'homme et sur la mission que Jésus est venu accomplir pour nous.

mikael a écrit:pour ne réserver la Vérité et le Salut qu'à une seule : l'Eglise catholique ! Quels catholiques seraient si supérieurs aux autres qu'ils auraient compris le vrai, laissant les autres dans l'obscurité de fausses croyances ?

La Vérité elle est pour tout homme, mais ce n'est pas à chaque homme de définir ce qu'Est la Vérité. Les catholiques ne sont pas supérieurs aux autres chrétiens, ils suivent Jésus dans l'Eglise qu'il bâtit sur son Apôtre Pierre et ses successeurs depuis 2000 ans, son Eglise à qui il a donné autorité pour enseigner en son Nom, et ce à toutes les nations, à tous les hommes de toutes les cultures, de toute condition qu'il soit érudit ou pauvre.

Des hommes ont fait le choix d'interpréter hors de la communion avec l'Eglise de Jésus, protégée par le magistère, l'autorité d'enseigner que Jésus a donné aux papes et aux Apôtres, et ils ont entraînés avec eux de nombreux hommes et femmes qui leur ont fait confiance. Ce sont ceux qui ont autorité pour enseigner l'Eglise de Jésus jusqu'à son retour, qui ont mieux compris que les autres, car celui qui les a enseigné c'est l'Esprit du Christ et par leur propre esprit. Quand on se sépare de l'Eglise du Christ, l'Eglise catholique, on ne fait plus un seul Corps avec le Christ et de fait on ne fait plus un seul Esprit avec Lui. Voilà pourquoi, ceux qui quittent l'Eglise n'interprètent pas les Ecritures avec l'Esprit de Dieu, mais avec leur propre esprit et on voit ce que cela a donné : la multitude de sectes issus de la séparation de Luther d'avec l'Eglise catholique, dont il était le représentant. Luther a trahis la confiance que lui avait donné l'Eglise, en se mettant à donner un enseignement sur Jésus autre que l'enseignement que lui avait confié l'Eglise.

mikael a écrit:Quel être humain n'est pas limité et donc incapable de saisir saisir la plénitude divine ? Il faut donc conclure que bien des religions sont autant de chemins menant les adeptes vers le Haut, dès qu'on a le renoncement à la violence, la cruauté, la cupidité, la méchanceté,  l'indifférence, la destruction des ennemis.

NON il n'y a qu'un seul chemin menant vers le Haut, vers en Haut, dans le Royaume de Dieu et c'est Jésus. Nul ne va au Père, sans suivre Jésus, sans le suivre avec son Eglise catholique qui est son Corps.

mikael a écrit:Le catholicisme répond-il à ces critères, y a-t-il jamais répondu ? certains catholiques, oui, mais la puissance temporelle et spirituelle appelée catholicisme ? demandons-le aux ébionites, aux gnostiques, aux juifs, aux philosophes interdits par l'Eglise au VIè siècle, aux esclaves et serfs qui travaillaient encore au Xè siècle dans les monastères, aux paysans tenus de verser la dîme, aux comédiens du temps de Molière auxquels on refusait un enterrement chrétien, aux Cathares brûlés vifs... Dieu que la liste est longue ! est-elle fausse ? non, elle est historiquement vraie.

Tu me parles ici du comportement de l'Eglise et je suis le premier à reconnaître que l'Eglise ne s'est pas toujours comporté comme il fallait, avec charité, bien qu'il ne faille pas généraliser à tous les papes, les évêques et les prêtres. Moi je te parle de l'enseignement de la Bonne Nouvelle de Jésus, celle que Jésus a voulu que tous les hommes reçoivent jusqu'à son retour. Ce n'est pas à chacun de décider ce que l'Eglise doit enseigner, mais à celui qui a reçu autorité de Jésus pour remplir cette mission. L'Eglise ce ne sont pas des hommes et des femmes qui avancent chacun de leur côté avec comme guide michelin la Bible, en essayant de trouver leur route tout seul.

L'Eglise c'est le peuple rassemblé par Jésus autour de Lui et de son Vicaire, le pape, qui avancent tous ensemble vers la terre promise, le Ciel, dans lequel Jésus nous ramène, à l'image des hébreux qui ont suivi Dieu présent par la Nué et Moïse. Ce ne sont pas eux qui décidaient chacun de la route, c'est Moïse, inspiré par Dieu. C'est la même chose avec l'Eglise que Jésus conduit jusque dans le Ciel.

mikael a écrit:Alors, en quoi le christianisme en tant qu'institution est-il supérieur aux autres, si avec tous ses rituels et ses sacrements, il produit de si mauvais fruits ?

Parce que les sacrements sont des actes du Christ qui prend soin de son Peuple, de son Eglise, et il fait avec les pasteurs qu'il appelle, car ce ne sont pas tous des saints. Mais comme il n'est pas nécessaire qu'ils soient sain pour administrer les sacrements, car Jésus ne fait que se servir de leurs mains et de leur bouche pour annoncer la Bonne Nouvelle, alors ce n'est pas parce qu'ils portent du mauvais fruit eux-mêmes, dans leur vie, que cela remet en cause les fruits que Jésus au travers d'eux nous offre.

mikael a écrit:je connais un musulman remarquable (c'est mon plombier) qui se lève à  5 heures du matin pour prier.. et va travailler ensuite toute la journée. Qui peut-il prier, sinon le même Dieu, le tien, le mien, puisqu'il est unique ? laisse donc tomber ton prosélytisme, c'est hors de saison, réfléchis par toi-même.. et cultive-toi un peu plus.

Moi aussi j'en connais des musulmans remarquable, dont un immam, un grand ami. Cela ne change rien au fait qu'il n'accueille pas le don que jésus nous fait de sa grâce, de sa vie, dans ses sacrements et plus particulièrement le sacrement de l'Eucharistie. La prière ne fait pas entrer dans le Royaume de Dieu. C'est le baptême qui fait entrer dans ce Royaume et l'eucharistie qui nous aide à y demeurer.
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Message par mikael Sam 4 Juin 2016 - 21:24

Ce sont toujours les mêmes discours convenus, banals, creux, sans intérêt, sans substance, des rabâchages de platitudes ; tu sais quoi ? j'entendais les mêmes à mes 14 ans, en 1960 (je les trouvais géniaux, vu mon âge), et je les retrouve 55 ans après dans la bouche d'un diacre assez frustre, mal dégrossi, sans culture approfondie, sur le qui-vive, qui en plus croit qu'il dit des choses tellement importantes que tout le monde va y adhérer !! Mais comment, petero, peux-tu être aussi demeuré, infantile ??

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Message par _Pierre-Elie Dim 5 Juin 2016 - 7:14

mikael a écrit:Histoire de l’exégèse de la bible (1)

Avec la seconde moitié du XVIè siècle, la bible change de statut : elle passe de l’oralité transmise par les clercs à celui d’un écrit imprimé, diffusé, et on sait en Allemagne le rôle déterminant joué par Luther, même si des bibles en langues vernaculaire ont existé avant lui. .

Tu sors d'où une ânerie pareille ?

La Bible a été écrite.... c'est un écrit.
D'ailleurs le mot bible, vient du mot bibliothèque.
La Bible est une collection, une bibliothèque, de LIVRES !

Comment peux-tu dire qu'il s'agit d'un texte uniquement oral ???


La Bible est constituée d'une centaine de livres,
écrits du VIIe siècle avant JC,
jusqu'au premier siècle après JC.


Merci de respecter l'article 1 de la charte



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Message par Bulle Dim 5 Juin 2016 - 8:27

Pierre-Elie a écrit:
mikael a écrit:Histoire de l’exégèse de la bible (1)
Avec la seconde moitié du XVIè siècle, la bible change de statut : elle passe de l’oralité transmise par les clercs à celui d’un écrit imprimé, diffusé, et on sait en Allemagne le rôle déterminant joué par Luther, même si des bibles en langues vernaculaire ont existé avant lui. .
Tu sors d'où une ânerie pareille ?
Effet miroir probablement !
Comment peux-tu dire qu'il s'agit d'un texte uniquement oral ???
Mikael n'a écrit nulle part qu'il s'agissait d'un texte uniquement oral. Il parle de la transmission de l'oralité par les clercs qui, avant l'imprimerie, on recopié les textes. Ensuite seulement, après l'invention de l'imprimerie, les textes purent être imprimés et de ce fait plus largement diffusés.
Voir ici à propos de la littérature médiévale.

Merci mikael pour ce sujet très très intéressant !

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Message par mikael Dim 5 Juin 2016 - 8:58

Merci Bulle pour ce lien intéressant. bible ne vient pas de bibliothèque, pas plus que forêt vient du mot arbre ; il vient du grec biblos, qui signifie : 1) le papyrus ; 2) l'écrit, le livre, la division d'un ouvrage. Dans les langues germaniques, une racine identique est constatable : book / Buch viennent du mot désignant le hêtre : die Buche. Les germains gravaient sur de l'écorce de hêtre.

On sait qu'au départ (mis à part les tablettes de bois des Romains) le "livre" est un rouleau, un volumen, qui va être remplacé au IVè siècle par le codex, le livre relié.
La plus ancienne bible  écrite est un codex (codex vaticanus : ICI à côté du codex sinaiticus ICI, datant tous deux du IVè siècle et écrits en onciale, sans espace ni ponctuation.
Sachant que la durée d'un papyrus était d'environ 60 ans (le parchemin, de peau, étant très cher), on imagine que la copie de la bible a été soumise à la patience et aux erreurs possibles de nombreux copistes, on possède d'ailleurs de très nombreuses variantes de morceaux très courts (répertoriées dans le NT grec de Nestle-Aland, "Novum testamentum Graece") ; des interpolations ou éliminations ont été possibles, il est très difficiles de le savoir ; en tout cas, on en a une preuve au chapitre XVIII des Antiquités Juives de Flavius Josèphe, qui parle de Jésus comme s'il était un fervent chrétien.. chose impossible.

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Message par mikael Dim 5 Juin 2016 - 9:44

Histoire de l’exégèse de la bible (7)

Une des tendances de l’exégèse des religions du XIXè siècle sera la mythologie comparée, dont le principal représentant fut Max Müller (1823 – 1900). D’origine allemande, il vint en Angleterre pour étudier des documents indiens et il devait y vivre le restant de ses jours. Il devint professeur de philologie comparée à Oxford puis professeur de théologie comparée (1868-75). Il analysait les mythologies comme des rationalisations de phénomènes naturels, les débuts primitifs de la science dans une perspective évolutionniste. Müller cherchait notamment à étudier dans les textes de la culture védique les fondements des cultures indo-européennes en général. Il prépara une édition critique des Rig-Veda qui lui prit près de 25 ans. Mais des objections sérieuses sont faites à cette méthode, notamment par William Whitney, linguiste et orientaliste américain. D’abord, l’extrapolation : valable s’il s’agit d’aires culturelles très rapprochées (Germains et Scandinaves, Indiens et Iraniens), la méthode de la mythologie comparée noie toutes les différences pour les ramener à l’unité. Ensuite, le privilège accordé aux récits mythiques dans l’intelligence des religions lui semble exorbitant. Les rites, dans leur organisation systématique et leur fonction sociale apparaissent de plus en plus importantes pour l’étude des religions.

En 1876 est lancée la Revue historique, dont le premier directeur sera Maurice Vernes (études de théologie aux facultés de Montauban et de Strasbourg et docteur en théologie en 1874. Nommé en 1877 maître de conférence d’histoire de la philosophie à la Sorbonne, il devint professeur à la Faculté de théologie protestante (1879) puis en 1880 directeur d’études). Celui-ci rejette à la fois la mythologie comparée, le traditionalisme catholique et l’évolutionnisme religieux ; il propose d’étudier chaque religion en fonction des conditions socio-culturelles où naissent les textes. Dans le domaine des études bibliques, Vernes va insister sur la relation de la littérature apocalyptique juive à l’écriture du Nouveau Testament, son intérêt principal étant le messianisme juif.
Vernes s’inscrit là dans un courant initié par des Allemands : Lücke (Essai d’une introduction à l’Apocalypse de Jean et à la littérature apocalyptiqu en général, 1848), et Hilgenfeld (l’apocalyptique juive dans son développement historique, 1857). Ils ont attiré de bonne heure l’attention des érudits sur ce domaine, notamment dans le livre de Daniel et des livres juifs non canoniques. Ces croyances, assurent-ils, forment le matériau de la première eschatologie chrétienne, avant la pénétration du christianisme par la théologie du judaïsme hellénistique (peu encline à l’apocalyptique).

« Que devait, que pouvait signifier telle parole de Jésus aux yeux de ses contemporains, s’interroge Vernes. Quand il envoie ses disciples annoncer la prochaine venue du royuame de Dieu, que signifiait cette proclamation aux yeux de gens simples ? Une seule chose, très claire tant données les préoccupations du temps : L’ère messianique va incessamment commencer. Quand Jésus dit, lui aussi : Le royaume de Dieu approche, il ne veut pas dire autre chose, et il croit voir à l’horizon prochain la venue du règne divin, la révolution à laquelle il aspire comme ses compatriotes et à laquelle il donne un tour éminemment religieux. » Vernes reproche notamment à Reuss de confondre la proclamation de la bonne nouvelle, dont l’effet intérieur est immédiat, et la venue du royaume de Dieu, qui n’est pas encore réalisée.
L’irruption de l’apocalypse juive dans l’exégèse chrétienne du NT va peser lourd dans l’évolution de cette dernière.

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Message par Jipé Dim 5 Juin 2016 - 9:47

Moi je lis sur Wikipédia :

Étymologie
Le mot « bible » vient du grec ancien τὰ βιβλία (ta biblia), un substantif au pluriel qui signifie « les livres », soulignant son caractère multiple. Ce mot est passé dans la langue française par l’intermédiaire du latin bíblia, et est devenu ainsi un mot au singulier.


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Message par mikael Dim 5 Juin 2016 - 10:28

Les  deux, è biblos  (fem.) et to biblion (neutre) sont très proches ; è biblos se trouve chez Platon, Eschyle, Démocrite, puis désigne tous les écrits d'Hérodote ; to biblion signfiant papier à écrire chez Plutarque, Hérodote, d'où lettre,  ; on le trouve plusieurs fois dans la Septante, au singulier comme au pluriel : ta biblia, c'est sans doute cela qui a fait dire que bible venait de biblion. En soi, cela est impossible à trancher, puisque le sens est le même.

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Message par mikael Dim 5 Juin 2016 - 11:31

Histoire de l’exégèse de la bible (8)

En ce dernier quart du XIXè siècle, de vifs débats ont lieu dans le protestantisme français sur la nature exacte du royaume de Dieu annoncé par Jésus.  On a déjà vu en (7) l’opinion de Vernes.  Reuss écrit en 1876, dans sa présentaion des évangiles synoptiques,  que les propos de Jésus sont très clairs : Ils parlent d’une parousie visible, postérieure à la ruine de Jérusalem, mais la suivant immédiatement. Auguste Sabatier, qui enseigne la dogmatique réformée à Strasbourg puis à Paris, dit de son côté que « Jésus et les siens ont vécu dans la croyance qu’ils touchaient aux derniers temps, que le monde présent allait finir et que la catastrophe préparée par Dieu était imminente ». Exagérations ou justesse d’interprétation ?  Pour les catholiques, dont Hogan [voir : (5)], la proximité du retour du Christ constitue sans discussion le clair message du NT.  Pour lui, le problème consiste avant tout à sauver l’inerrance biblique ; il pense donc que Jésus annonçant la simultanéité de son retour et de la chute de Jérusalem, est une mauvaise compréhension de la part des apôtres ; d’autres textes suggèrent la lente progression du royaume de Dieu.  Cependant, Hogan note aussi que la 2è épître de Pierre (ch 3,9) enseigne avec insistance la proximité certaine du retour du Christ. Il écrit donc, devant cette difficulté, pour sauver l’inerrance biblique  : « Avant de prétendre trouver en faute  une parole de la Bible, il faut commencer par s’assurer qu’on l’a comprise comme elle a dû l’être par ceux à qui elle était adressée. » L’exégèse chrétienne du XXè siècle héritera donc de grandes tâches : penser le passage de l’imminence du royaume à l’installation de l’Église dans le monde, apprécier la force subversive de l’évangile par rapport à l’ordre temporel, situer le christianisme par rapport au judaïsme.

Au début du XXè siècle, les fronts vont se durcir, et l’on va parler dans le camp catholique de la « science catholique » ; l’expression vient de loin, elle a été lancée par Lamennais dans un article de l’Avenir. Selon lui, la valeur de cette expression tient à ce que le catholicisme, et lui seul, possède l’authentique savoir de l’origine. On est là dans le domaine de la dogmatique. Que doit-on comprendre ? Que l’investigation historique bien conduite n’est pas relativiste, elle confirme la transcendance de la vérité catholique.  D’Hulst, premier recteur de l’Institut catholique de Paris, explique aux lecteur du Correspondant : À mesure que l’Antiquité grecque et romaine nous livre plus complètement ses secrets, il devient plus impossible de contester aux auteurs des quatre Évangiles et du livre des Actes le caractère de témoins oculaires ou de narratteurs contemporains. C’est ainsi que, sans recourir à la Révélation, et rien qu’en faisant oeuvre de critique, l’apologiste peut établir la réalité d ela vie du Sauveur, de ses miracles, de sa mort, de s résurrection, de ses prophéties connues avant l’événement et vérifiées par l’événement. » L’Église garantit l’inspiration de l’Ancien Testament, donc la vérité historique de ses récits, parmi lesquels celui de l’origine de l’espèce humaine à partir d’un couple unique, et également celui de l’Exode. D’Hulst en conclut dans ses Conférences de Notre-Dame en 1891 à la nécessité de relier la morale à la religion catholique (l’antiprotestantisme est de rigueur) ; cette vision du monde entraîne la condamnation sans appel de la neutralité scolaire. Mais à cette belle assurance vont s’opposer des prises de position puissantes, à commencer par celle d’Alfred Loisy. [voir : (6)]

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Message par mikael Dim 5 Juin 2016 - 12:54

Histoire de l’exégèse de la bible (9)

Les recherches de Loisy sur le NT, qu’il publie à partir de 1893 (la crise de la foi dans le temps présent) le conduisent à dire ceci : « L’Église est obligée actuellement de subir le mouvement scientifique qui se produit en dehors d’elle, mais elle s’efforce de le maintenir là où il est, en dehors d’elle, et de garder jalousement contre tout contact proane sa science à elle, ce qu’on appelle sans rire la science catholique. ». Les écrits de Loisy (surtout L’Évangile et l’Église, 1902, et Autour d’un petit livre, 1903) sont mis à l’Index le 16 décembre 1903.  L’excommunication de l’exégète suivra en 1908. Loisy inaugure l’histoire de l’école dite progressiste, et condamnée par le catholicisme sous le nom de modernisme.  L’intransigeance de Rome remonte à plus haut : Léon XIII appelle en novembre 1885 le soutien de la pussance publique à l’Église catholique en écrivant : « Des preuves nombreuses et éclatantes, à savoir la vérité des prophéties, une multitude de miracles, la rapidité avec laquelle la foi s’est propagée, le témoignage des martyrs et d’autres arguments semblables prouvent à l’évidence que la seule religion véritable est celle dont Jésus-Christ lui-même est l’auteur et qu’il a donné mission à l’Église de garder et de propager. ».

L’Église catholique est sur la défensive, elle constate dans les lycées et universités une présentation des faits religieux par des historiens laïques brillants, souvent rationalistes.  Ainsi, une lettre épiscopale du 14 septembre 1909 condamne plusieurs manuels scolaires en usage dans les écoles primaires publiques. Mais la France n’est pas partagée de manière simple entre « cléricaux » et « anticléricaux », il existe aussi une large couche d’esprits qui cherchent à la morale un fondement métaphysique ou religieux, mais ils sont rebelles à  tout dogmatisme.  Quelques esprits catholiques clairvoyants (dont Émile Boutroux en 1910) se demandent si l’intransigeance de Pie X, qui vient de condamner toute forme de modernisme, pourra se maintenir longtemps.

Le courant laïque est fort. On voit apparaître des chaire d’histoire des religions à l’Université de Paris : Charles Guignebert, agrégé d’histoire et docteur en 1902, esprit rationaliste brillant et d’une grande érudition, devient en 1906 chargé d’enseignement d’histoire du christianisme ancien à la Faculté des Lettres de Paris. Il sera professeur titulaire en 1919.  
Loisy accède au Collège de France en 1909. Ses « petits livres rouges » avaient osé démontrer avec une rigueur toute allemande et une élégance bien française que loin d'avoir été instituée par Jésus, l'Église chrétienne s'est construite elle-même sur la mémoire du Ressuscité ou que loin d'avoir été annoncés par l'Ancien Testament, les Évangiles n'ont fait que s'y référer pour légitimer leur message novateur. Ces petits livres et autres articles ont fait grand bruit dans le monde clérical au tout début du siècle. Après le passage en revue de diverses théories générales des religions, le manuscrit retrace les grandes étapes de la mutation décisive qui va des prophètes d'Israël jusqu'à l'Église chrétienne en passant par Jésus de Nazareth ; il développe enfin diverses propositions en vue de la réforme du régime intellectuel de l'Église en insistant notamment sur l'intégration entre la raison et la foi par une autolimitation réciproque de la théologie et des sciences historiques. S'opposant doublement à l'idéalisme protestant et à l'enfermement scolastique du magistère romain, l'examen critique des théories des religions s'appuie sur la perspective d'un dogme chrétien en perpétuel développement ; vision progressive que Loisy doit principalement au cardinal Newman, théologien anglican passé au catholicisme. « On ne trouvera pas le culte de la Vierge avant que soit réglé celui du Christ et la papauté se dessinera seulement à mesure que l'Église sera consolidée » (p. 78). Dans sa réflexion sur les liens entre religion et révélation, l'auteur s'inscrit en faux contre les thèses conciliaires de Vatican I (1870). L'exégète conteste ainsi que les Évangiles soient l'accomplissement en droite ligne des prophéties israélites ou que les miracles de Jésus puissent justifier à eux seuls la foi chrétienne. De même, la résurrection du Christ renvoie moins à un fait biologiquement inexplicable qu'à une vision de foi décisive.
La riposte de L’Église catholique sera forte.

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Message par mikael Dim 5 Juin 2016 - 13:47

Histoire de l’exégèse de la bible (10)

Un décret du Saint-Office (Lamentabili sane exitu) du 4 juillet 1907 vise avant tout l’exégèse de Loisy, et dresse une liste des propositions condamnées, rappelant deux principes généraux : l’interprétaion des Écritures est soumise à l’autorité doctrinale de l’Église ; Dieu étant l’auteur de l’Écriture, celle-ci ne comporte pas d’erreur. L’Évangile selon saint Jean doit être tenu pour historique et pas seulement symbolique, il n’est pas permis de dire que les évangiles n’affirment pas la divinité du Christ, ni que la résurrection du Christ n’est pas proprement un fait d’ordre historique ; ni que Jésus n’a pas voulu fonder une Église, mais seulement annoncer le royaume de Dieu.

Une Commission biblique pontificale, créée par Léon XIII en octobre 1902, s’était vue confier le domaine des études bibliques, en 1904 elle a le soin exclusif de conférer les grades en Écriture sainte. Elle décide qu’il fallait respecter le sens littéral historique des trois premiers chapitres de la Genèse ; cela bien admis, on pouvait entendre « les jours » de la création autrement qu’au sens littéral. Pour l’exégèse du NT, il est interdit de dire que les discours de Jésus sont fictifs. L’évangile grec de Matthieu reproduit fidèlement un original araméen, ce qui en fait le plus ancien de tous.

Le 8 septembre 1907, Pie X fait publier l’encyclique Pascendi, qui explique et condamne les erreurs modernistes, dont le fondement est l’agnosticisme :
« L'agnosticisme nie toute possibilité de connaissance scientifique des phénomènes. D'où Dieu n'est ni objet direct de science, ni un personnage historique. "Qu'advient-il, après cela, de la théologie naturelle, des motifs de crédibilité, de la révélation extérieure...?". Toute vérification temporelle de la foi est niée, et la foi se transforme en fidéisme. L'intellectualisme remplace le réalisme chrétien. Cette proposition moderniste s'élève directement contre ce qu'a toujours enseigné l'Eglise, comme en témoigne cette citation du de revelatione, au canon premier: "si quelqu'un dit que la lumière naturelle de l'humaine raison est incapable de faire connaître avec certitude, par le moyen des choses créées le seul et vrai Dieu, notre Créateur et Maître, qu'il soit anathème". Somme toute, l'agnosticisme peut être réduit à ce simple mot : ignorance. »

Pour anéantir la cause intellectuelle du modernisme qu'est l'ignorance de la vraie et sainte doctrine, le pape ordonne l'étude dans les séminaires de la philosophie thomiste. "Nous voulons et ordonnons que la philosophie scolastique soit mise à la base des sciences sacrées. Et "sur cette base philosophique, que l'on élève solidement l'édifice théologique). Solide éducation amène de solides idées... (N'oublions pas que saint Pie X est fils de paysan). L'enseignement ayant été réformé, il ne s'agit pas que des professeur viennent jeter le trouble dans l'esprit de leurs élèves...
« Ainsi, tous les professeurs modernistes doivent quitter leurs chaires d'enseignement, pour laisser la place à des personnes "sûres" De même, le sacerdoce ne doit pas être donné à quelqu'un suspect d'idées modernistes, dans la mesure où il risquerait de corrompre ses confrères. Tout ceci n'est que mesure de prudence, la même qui serait prise à l'égard d'une maladie contagieuse... Faites tout au monde pour bannir de votre diocèse tout livre pernicieux. En effet, ce n'est pas tout de préserver les fidèles du contact verbal avec les modernistes, mais il faut encore leur supprimer tout moyen d'action par voie de presse. C'est là encore mesure de prudence. »
Un dominicain, le Père Lagrange, fera bientôt les frais de ces mesures ; dans un commentaire de saint Marc, dirigé contre Loisy, Lagrange a le malheur de soutenir que Marc pourrait être antérieur à Matthieu et de récuser l’authenticité de la finale de l’Évangile (ce qui est admis par tous aujourd’hui), donc d’entretenir une notion insuffisante de l’inerrance biblique. Son livre est interdit. Lagrange envoie des lettres de soumission, ses livres échappent à l’Index.

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Message par mikael Dim 5 Juin 2016 - 15:05

Histoire de l’exégèse de la bible (11)

En 1909, un ouvrage nouveau va frapper l’opinion publique : l’Orpheus de Salomon Reinach (650 pages, dix éditions épuisées en un an, traductions en 5 langues). Né en 1858, Salomon Reinach est un membre brillant de l’intelligentsia française au tournant des deux siècles, reçu premier à l’École normale supérieure et à l’agrégation de grammaire ; il se consacre à la philologie classique et à l’archéologie, et publie très vite de nombreux articles sur les religions, qui formeront bientôt 5 volumes. Son projet est de constituer une généalogie de la religion, donc en expliquer l’origine, il s’appuie sur la méthode comparative. Reinach met à l’origine de la religion le totémisme et la magie. Les chapitres sur les religions autres que le judaïsme et le christianisme ne soulevèrent pas d’objection.

Il considère que le christianisme s’élabora dans le monde juif par le mélange des doctrines mosaïques, grecques et persanes. Reinach remarque la proximité de doctrine entre Jésus et le grand docteur pharisien Hillel ; dès lors l’hostilité prêtée à Jésus envers les pharisiens ne peut guère s’expliquer que comme un projection dans les Évangiles de polémiques très postérieures. Selon lui, les synoptiques dérivent de deux sources : un Marc primitif et un recueil de discours (logia en grec) appelé « Q », initiale de Quelle, la source en allemand (hypothèse toujours utilisée). Marc actuel utiliserait le Marc primitif mais aussi Matthieu et Luc. Reinach fait état d’un certain scepticisme quant aux repères solides pour l’historien, face aux contradictions des récits (ceux de l’enfance, du tombeau, de la résurrection), au manque d’attestations convergentes (Pierre chef de l’Église ne se trouve que chez Matthieu), et à l’absence de sacrements institués par Jésus-Christ ; s’y ajoutent les données de l’histoire juive ou romaine qui contredisent le récit (faux portrait de Pilate, date du recensement, date du procès de Jésus, inadmissible pour des coutumes juives).
Conclusion de Salomon Reinach : « En somme, nos Évangiles nous apprennent ce que différentes communautés chrétiennes croyaient savoir de Jésus entre 70 et 100 après l’ère chrétienne ; ils reflètent un travail légendaire et explicatif qui, pendant quarante ans au moins, s’est fait au sein des communautés. »

La publication de l’Orpheus provoqua une intense mobilisation de la science catholique à tous les échelons. La méthode comparative présentait il est vrai des faiblesses, et entraîner judaïsme et christianisme dans le sillage du totémisme et de la magie était certainement excessif. Cela dit, Batiffol, sulpicien et exégète, admet la théorie des deux sources ; il distingue entre les enseignements de Jésus, solides grâce à la mémoire des communautés juives et les récits, dont la présentation à des fins de catéchèse est évidente — sans que cela autorise à nier leur historicité, même si on peut concéder que tel détail a pu être ajouté en écho à l’Ancien Testament.

La science catholique dut quand même faire quelques concessions ; on reconnut la nécessité de mettre à part l’Évangile de Jean, dont la densité symbolique et la profondeur mystique rendent difficile la distinction entre les faits et leur interprétation par le rédacteur. La position de Harnack, grand théologien protestant, est admise en gros : Certes, la christologie va connaître de profonds développements dans l’histoire du christianisme primitif, mais ce constat ne doit pas troubler la foi. Les exégètes catholiques entendent ne pas choisir entre la conception du royaume chère au protestantisme libéral (le royaume intérieur, déjà offert à ceux qui ont une âme d’enfant de DIeu) et celle de l’école opposée, l’école eschatologique (le royaume social et visible, encore à venir, qui paraîtra avec éclat et soudaineté).

mikael
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