A LA VERTICALE DU SOLEIL

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Message par Magnus Lun 19 Juil 2010 - 1:33

A LA VERTICALE DU SOLEIL



Elle s'est insinuée
Entre deux équivoques
Elle s'est perchée
Sur quelques mots criés
Elle s'est tenue
Au bout d'un malentendu

Quand l'été soudain
A frappé

A la verticale du soleil
Il a chuté
Lentement, longuement...


Il y avait là le chat jaune aux yeux glauques
L'homme au nez aquilin et au regard mesquin
La vieille folle qui pouvait hurler des nuits entières
Des quais de gare et des trains pour nulle part
Tous les vieux fantômes qui ne l'avaient jamais quitté
Y'avait même le cimetière et en habits noirs le curé

Puis tout est devenu
Plat sans voix et morne laid sale et nu

C'était il y a des siècles ce n'était qu'il y a cinq minutes
C'était dans une autre vie et pourtant c'était bien ici
Même qu'ils se tenaient la main parlaient de tout et de rien
Il faisait doux quiet et complice
Quand soudain
Pourquoi et comment ?
A la verticale du soleil
Soudain frappé par l'été
L'homme a chuté longuement, lentement...




Maintenant, il se souvient...
...Qu'elle s'était tenue... ...perchée... ...insinuée...
Et qu'elle était là depuis toujours
Là depuis le début
Tout au long du parcours
Discrète, patiente, presque immobile, attendant son heure
Au milieu des joies tout aussi bien qu'au milieu des pleurs
Oui, depuis le début....



....La mort
Mais pas celle qui tue
Pas celle qui mène au repos
Pas celle du corps
Pas celle qui laisse
De l'émoi et de l'amour
A celle ou celui qui reste
Non pas celle qui mène En-Haut
Pas celle des faire-part émus

Mais cette chienne qui s'appelle rupture !

Ce pourquoi
Quand il est tombé
Quand il est tombé en plein été
La femme qui l'accompagnait
N'a presque pas pleuré :
Tout avait été écrit
Depuis le premier je t'aime
Jusqu'à la dernière insulte


Aujourd'hui libre elle aime ailleurs
Aujourd'hui ivre il crève ailleurs
En l'aimant en la haïssant il jure
Et elle de temps en temps a ce murmure :
Et pourtant, et pourtant...




























_________________
MES POEMES :  A LA VERTICALE DU SOLEIL A9

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Avec Dieu, ce qu'il y a de terrible, c'est qu'on ne sait jamais si ce n'est pas un coup du diable...
(Jean Anouilh)

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Message par JO Lun 19 Juil 2010 - 9:28

Regardez-les passer, ces couples éphémères !
Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment,
Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
Font le même serment :

Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent
Avec étonnement entendent prononcer,
Et qu'osent répéter des lèvres qui pâlissent
Et qui vont se glacer.

Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse
Qu'un élan d'espérance arrache à votre coeur,
Vain défi qu'au néant vous jetez, dans l'ivresse
D'un instant de bonheur ?

Amants, autour de vous une voix inflexible
Crie à tout ce qui naît : "Aime et meurs ici-bas ! "
La mort est implacable et le ciel insensible ;
Vous n'échapperez pas.

Eh bien ! puisqu'il le faut, sans trouble et sans murmure,
Forts de ce même amour dont vous vous enivrez
Et perdus dans le sein de l'immense Nature,
Aimez donc, et mourez !

II

Non, non, tout n'est pas dit, vers la beauté fragile
Quand un charme invincible emporte le désir,
Sous le feu d'un baiser quand notre pauvre argile
A frémi de plaisir.

Notre serment sacré part d'une âme immortelle ;
C'est elle qui s'émeut quand frissonne le corps ;
Nous entendons sa voix et le bruit de son aile
Jusque dans nos transports.

Nous le répétons donc, ce mot qui fait d'envie
Pâlir au firmament les astres radieux,
Ce mot qui joint les coeurs et devient, dès la vie,
Leur lien pour les cieux.

Dans le ravissement d'une éternelle étreinte
Ils passent entraînés, ces couples amoureux,
Et ne s'arrêtent pas pour jeter avec crainte
Un regard autour d'eux.

Ils demeurent sereins quand tout s'écroule et tombe ;
Leur espoir est leur joie et leur appui divin ;
Ils ne trébuchent point lorsque contre une tombe
Leur pied heurte en chemin.

Toi-même, quand tes bois abritent leur délire,
Quand tu couvres de fleurs et d'ombre leurs sentiers,
Nature, toi leur mère, aurais-tu ce sourire
S'ils mouraient tout entiers ?

Sous le voile léger de la beauté mortelle
Trouver l'âme qu'on cherche et qui pour nous éclôt,
Le temps de l'entrevoir, de s'écrier : " C'est Elle ! "
Et la perdre aussitôt,

Et la perdre à jamais ! Cette seule pensée
Change en spectre à nos yeux l'image de l'amour.
Quoi ! ces voeux infinis, cette ardeur insensée
Pour un être d'un jour !

Et toi, serais-tu donc à ce point sans entrailles,
Grand Dieu qui dois d'en haut tout entendre et tout voir,
Que tant d'adieux navrants et tant de funérailles
Ne puissent t'émouvoir,

Qu'à cette tombe obscure où tu nous fais descendre
Tu dises : " Garde-les, leurs cris sont superflus.
Amèrement en vain l'on pleure sur leur cendre ;
Tu ne les rendras plus ! "

Mais non ! Dieu qu'on dit bon, tu permets qu'on espère ;
Unir pour séparer, ce n'est point ton dessein.
Tout ce qui s'est aimé, fût-ce un jour, sur la terre,
Va s'aimer dans ton sein.

III

Eternité de l'homme, illusion ! chimère !
Mensonge de l'amour et de l'orgueil humain !
Il n'a point eu d'hier, ce fantôme éphémère,
Il lui faut un demain !

Pour cet éclair de vie et pour cette étincelle
Qui brûle une minute en vos coeurs étonnés,
Vous oubliez soudain la fange maternelle
Et vos destins bornés.

Vous échapperiez donc, ô rêveurs téméraires
Seuls au Pouvoir fatal qui détruit en créant ?
Quittez un tel espoir ; tous les limons sont frères
En face du néant.

Vous dites à la Nuit qui passe dans ses voiles :
" J'aime, et j'espère voir expirer tes flambeaux. "
La Nuit ne répond rien, mais demain ses étoiles
Luiront sur vos tombeaux.

Vous croyez que l'amour dont l'âpre feu vous presse
A réservé pour vous sa flamme et ses rayons ;
La fleur que vous brisez soupire avec ivresse :
"Nous aussi nous aimons !"

Heureux, vous aspirez la grande âme invisible
Qui remplit tout, les bois, les champs de ses ardeurs ;
La Nature sourit, mais elle est insensible :
Que lui font vos bonheurs ?

Elle n'a qu'un désir, la marâtre immortelle,
C'est d'enfanter toujours, sans fin, sans trêve, encor.
Mère avide, elle a pris l'éternité pour elle,
Et vous laisse la mort.

Toute sa prévoyance est pour ce qui va naître ;
Le reste est confondu dans un suprême oubli.
Vous, vous avez aimé, vous pouvez disparaître :
Son voeu s'est accompli.

Quand un souffle d'amour traverse vos poitrines,
Sur des flots de bonheur vous tenant suspendus,
Aux pieds de la Beauté lorsque des mains divines
Vous jettent éperdus ;

Quand, pressant sur ce coeur qui va bientôt s'éteindre
Un autre objet souffrant, forme vaine ici-bas,
Il vous semble, mortels, que vous allez étreindre
L'Infini dans vos bras ;

Ces délires sacrés, ces désirs sans mesure
Déchaînés dans vos flancs comme d'ardents essaims,
Ces transports, c'est déjà l'Humanité future
Qui s'agite en vos seins.

Elle se dissoudra, cette argile légère
Qu'ont émue un instant la joie et la douleur ;
Les vents vont disperser cette noble poussière
Qui fut jadis un coeur.

Mais d'autres coeurs naîtront qui renoueront la trame
De vos espoirs brisés, de vos amours éteints,
Perpétuant vos pleurs, vos rêves, votre flamme,
Dans les âges lointains.

Tous les êtres, formant une chaîne éternelle,
Se passent, en courant, le flambeau de l'amour.
Chacun rapidement prend la torche immortelle
Et la rend à son tour.

Aveuglés par l'éclat de sa lumière errante,
Vous jurez, dans la nuit où le sort vous plongea,
De la tenir toujours : à votre main mourante
Elle échappe déjà.

Du moins vous aurez vu luire un éclair sublime ;
Il aura sillonné votre vie un moment ;
En tombant vous pourrez emporter dans l'abîme
Votre éblouissement.

Et quand il régnerait au fond du ciel paisible
Un être sans pitié qui contemplât souffrir,
Si son oeil éternel considère, impassible,
Le naître et le mourir,

Sur le bord de la tombe, et sous ce regard même,
Qu'un mouvement d'amour soit encor votre adieu !
Oui, faites voir combien l'homme est grand lorsqu'il aime,
Et pardonnez à Dieu !

Louise Ackermann
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Message par ElBilqîs Lun 19 Juil 2010 - 11:39

Magnus, tu me ferais presque pleurer!
C'est beau, c'est triste, c'est poignant...
et pourtant...
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Message par Anima Lun 19 Juil 2010 - 15:09

Magnus a écrit:A LA VERTICALE DU SOLEIL

...Aujourd'hui libre elle aime ailleurs
Aujourd'hui ivre il crève ailleurs
En l'aimant en la haïssant il jure
Et elle de temps en temps a ce murmure :
Et pourtant, et pourtant...
Beau poème Magnus, rythmé et poignant.
Les poèmes racontent plus souvent des choses tristes que drôles.
C'est peut-être ça la raison d'être de la poésie, créer quelque chose de positif à partir d'une expérience négative??
Pourquoi les mots ont-ils toujours plus de valeur quand il s'agit de poésie??



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