Sagesse du pluvian
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Déclin d’Ulysse

Vaisseau vétuste, un peu poussif,
Que pousse une brise menue ;
Une sirène à voix ténue
Chante sans efforts excessifs.
Ce délabrement progressif,
Quelle amère déconvenue !
Brûlants de larmes retenues,
Nous lâchons des soupirs furtifs.
Ainsi notre vigueur se fane ;
Les sbires de l’enfer profanent
Les autels qu’ils ont piratés.
Gravez une épitaphe brève
Sur nos tombeaux déshérités ;
Le temps qui reste, un mauvais rêve.
Démon-tortue

Le diable-tortue chante, et ça nous fait frémir,
Il réveille les morts au fond des sépultures ;
C’est très inconfortable, et c’est contre nature,
Les pauvres trépassés ne peuvent que gémir.
Aucun ange du ciel ne les vient secourir,
Ils n’échapperont pas au son qui les torture ;
Au démon ces défunts sont jetés en pâture,
Ce n’est pas un cadeau, pour ceux-là, de mourir.
Un pareil châtiment pour deux ou trois bévues,
Ils estiment que c’est une peine imprévue ;
Car ils croyaient trouver le repos dans la mort.
Nul ne sait apaiser la bête inassouvie
Ni mettre à la raison ce monstre sans remords ;
Nous en viendrions presque à regretter la vie.
Re: Sagesse du pluvian
Hello vous!
Elle tombe à … point nommé.

Elle tombe à … point nommé.
Dodo- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 21/07/2021
Une feuille dans le vent

La brise m’a posée sur la plage de sable
Dans un vent sans pitié pour les humains frileux ;
Nulle présence ici, c’est normal, car il pleut,
Toujours vont déferlant les vagues inlassables.
Déprimant est ce ciel qui oublie d’être bleu,
La tristesse en mon coeur devient ineffaçable ;
Parmi tous les vivants, nul n’est impérissable,
C’est assez désolant, sans être scandaleux.
De certains d’entre nous survivent quelques rimes
Porteuses d’un sourire, ou d’un peu de déprime ;
Ça console un vieillard, ça fait rire un enfant.
Tout peut s’y retrouver, même les catastrophes ;
Savoir à tout propos composer quelques strophes,
C’est ainsi, quelquefois, qu’une âme se défend.
Fleur d’un royaume barbare

Loin des jardins pousse la fleur,
Dans la plus sinistre des landes ;
De la cueillir nous avons peur,
Même si le Roi le demande.
J’ignore quelle est sa valeur,
Mais je suppose qu’elle est grande ;
Car elle a pour admirateurs
Des anges qui du ciel descendent.
Vais-je l’offrir à la princesse ?
Ça pourrait fâcher son amant,
Il me punirait durement.
Fleur, là où tu es je te laisse ;
Mais prends garde au Prince Charmant,
À ce séducteur de drôlesses.
Un dragon rêve de la Croix

Un songe a tourmenté l’étrange créature
Dont l’âme éprouve alors un profond désarroi ;
Ce dragon se rêvant sur une haute croix
Ne sait pas d’où lui vient cette déconfiture.
Nul ne veut compatir aux tourments qu’il endure,
Aussi, rien ne lui sert de donner de la voix ;
Ils lui sont inconnus, les visages qu’il voit
Tournés vers son malheur qui s’acharne et qui dure.
Un érudit l’observe, il couvre un parchemin
De phrases qu’il destine à ses frères humains ;
Aussi, de temps en temps, dans la marge il dessine.
Son corps ne verse pas une goutte de sang,
Mais en dépit de ça, la douleur l’assassine,
Il perd un peu l’espoir, il se sent impuissant.
Monstre des sept sanctuaires

Je hante volontiers les demeures divines,
De salutaires lieux pour l’âme et pour le corps ;
J’apprécie surtout ceux dont sobre est le décor,
Ceux dans lesquels un dieu dans l’ombre se devine.
J’aime aussi, cependant, qu’un diable s’y confine,
Ou même, pourquoi pas, le Valet de la Mort ;
Le vin sacramentel, je le bois sans remords,
Surtout s’il s’assortit d’une galette fine.
Des prophètes, des saints, j’admire les portraits ;
C’est chargé de magie, mieux que de l’art abstrait,
Ces statues, ces tableaux sont le baume de l’âme.
Je fus iconoclaste, il y a fort longtemps,
J’ai changé d’attitude, et j’en suis bien content ;
Dans mon coeur j’entretiens une éternelle flamme.
Comme une dame noble

Licorne, dans l’indifférence,
Tu pars explorer l’infini ;
Ton parcours est mal défini,
D’ailleurs, tu aimes cette errance.
Lorsque Jeanne sauva la France,
Par toi son cheval fut béni :
À tous ceux qui furent bannis
Tu redonnas de l’assurance.
Tu ne flattes pas les puissants,
Mais les matelots de la flotte;
Du charpentier tu bois le sang
Au mât d’une nef sans pilote,
Tu hisses ton beau pavillon ;
Il est orné d’un papillon.
Fidélité aviaire

L’oiselle pour l ’oiseau s’affaire,
Même, elle lui sert de surmoi ;
Ces deux partagent leurs émois
Sur les branches d’un conifère.
Tout le reste les indiffère
Et ne leur fait ni chaud ni froid ;
Ni du jardin, ni de la croix
Ils n’ont strictement rien à faire.
S’il vole, elle s’envole aussi,
Toujours ils agissent ainsi ;
C’est gravé dans leur caractère.
Ils ont bien tout ce qu’il leur faut,
Donc leur destin n’est pas austère ;
Ils le prennent pour ce qu’il vaut.
Arbres du roi

Trois arbres ont poussé dans une cour carrée,
Plantés par mon grand-père, il y a bien longtemps ;
Ils furent de ma part l’objet de soins constants,
Leur croissance par rien ne fut contrecarrée.
Leurs dryades, vois-tu, elles sont délurées,
Avec elles je vis des moments épatants ;
Je n’en abuse point, car je n’ai plus vingt ans,
Les efforts que je fais sont de courte durée.
Elles sont courtisées par un trio de dieux
Qui sont plus dessalés que les anges des cieux ;
Avec ceux-là, c’est bref, c’est ardent, c’est intense.
Un démon d’inframonde ici s’est fourvoyé,
Lequel a vainement son charme déployé ;
Pour elles, ces gaillards sont de peu d’importance.
Arbre sans protectrice

Démons des bois, rendez-moi ma dryade,
Disait un arbre en répandant ses fleurs ;
Mais nul n’avait pitié de son malheur,
Il s’affligeait, voyant ces dérobades.
La belle était auprès d’une naïade,
Du végétal elle ignorait les pleurs ;
Pour voir la carpe aux subtiles couleurs
Elles plongeaient, sans craindre la noyade.
Le chêne a dit à son copain blessé :
Je suis marri de te voir rabaissé,
Adopte un elfe, en effet, ça soulage.
L’elfe lui dit : Je vais, si vous voulez,
Laisser mes ans près de vous s’écouler,
Cela me semble un parfait jumelage.
Dieu des péristyles

Ils me portent leurs morts pour les ressusciter,
Car leurs prêtres, vois-tu, me trouvent sympathique ;
Ils viennent m’adorer sous de vastes portiques,
Les plus beaux sont ornés de mon portrait sculpté.
Moi, je n’apprécie point leurs grouillantes cités,
Car je me sentais mieux dans les temples antiques ;
J’aimais entendre là des rumeurs prophétiques
Et les cris des démons, que je sais imiter.
J’aimais aussi le chant des dryades des arbres,
Ou le bruit d’un outil qui entame le marbre ;
J’abritais volontiers les baisers des amants.
Maintenant je m’ennuie dans mon froid monument,
Je pense que mon culte en vain se perpétue ;
Périssent-ils, ces gueux ? car sinon, je les tue.
Balance impartiale

Je demeure équitable en toutes circonstances,
Apaisées sont mes nuits et sereins sont mes jours ;
J’aime la belle Fleur, dame de ce séjour,
Et tous mes mouvements sont à sa convenance.
Je ne fais aucun bruit, je travaille en silence,
Je reste sur ma table au mitan de la tour ;
Si, pour me consulter, quelqu’un fait un détour,
Il sait bien que je suis la plus juste balance.
Des règles que je suis j’ignore la raison,
Cela, c’est du ressort du maître de maison ;
Newton les lui transmit grâce à d’obscurs symboles.
Je ne varie jamais, je peux vous l’assurer ;
Quand furent mes plateaux bénis par le curé,
Il dit une homélie, et non des fariboles.
Biche de Roncevaux

Les combats, tout un jour, ont effrayé la biche,
Des larmes vers le soir ont mouillé son regard ;
Elle voit qu’à présent des morts jonchent la friche,
Leurs âmes vers le ciel ayant pris leur départ.
Veillantif n’ira plus séduire les pouliches,
Lui qui à leur endroit prodiguait les égards ;
Les chiens des paladins pleureront dans leurs niches
Et leur sommeil sera peuplé de cauchemars.
Ces hommes qui jadis furent pleins d’espérance
Ont été livrés par Ganelon, le trompeur ;
Or ce traître en son coeur savoure leur souffrance.
Lors de son ambassade, il était mort de peur ;
L’empereur mettra fin à son outrecuidance,
Il ne poursuivra pas son oeuvre de sapeur.
Papillon d’octobre

L’automne est avancé, mais la lumière est belle,
Je n’en profiterai que pour un temps trop bref ;
Le vieux nocher du Styx me prendra dans sa nef,
Mon âme à ce sujet jamais ne se rebelle.
Aucun insecte avec les dieux ne se querelle,
Nous les reconnaissons pour maîtres et pour chefs ;
Une abeille contre eux n’a jamais de griefs,
Elle qui se conduit en servante fidèle.
En attendant ce jour, je plane et je voltige,
Je m’élève au zénith sans craindre le vertige ;
J’aime une jeune muse, et cela me rend fort.
Je l’entend fredonner des chants inimitables,
Je les apprends par coeur, cela m’est profitable ;
Je les dis doucement, dans la nuit, quand je dors.
Insecte d’argent

Je suis le compagnon des lilas et des roses,
Sans être le plus fort, je suis bien le plus beau ;
De mille êtres ailés je porte le flambeau,
Car ils m’admirent tous, et défendent ma cause.
Je n’ai jamais écrit, ni en vers, ni en prose,
J’aime les textes brefs gravés sur les tombeaux ;
J’aime entendre la pie, le choucas, le corbeau,
Eux qui savent lutter contre la sinistrose.
Quand arrive l’été, je ris, je fais l’amour,
Je cesse mes travaux, je dépose les armes ;
Mais cela n’a qu’un temps, c’est un bonheur trop court.
L’automne, puis l’hiver sont le temps des alarmes ;
Mes dossiers sont en ordre, il reste peu de jours,
Aucun humain sur moi ne versera de larmes.
Autour d’Alpha Draconis

Sur une humble planète, une Dame lointaine
Vint d’un autre univers, sans aucun compagnon ;
Au bout de trois années naquit l’enfant mignon
Que lui fit concevoir une Fée, sa marraine.
Arrive une luciole avec son lumignon
Pour saluer ce fils, âgé d’une semaine ;
Ensuite une brebis à l’abondante laine
Puis un ours débonnaire, ainsi qu’un porc grognon.
Ce petit fut cousin du Fils du Charpentier
Qu’appellent les Terriens « sauveur du monde entier » ;
Mais pas de croix pour lui, ni de fatal calice.
Une fois dans sa vie, il eut un visiteur,
C’est Victor Segalen, des Muses serviteur,
Lequel était passé par le miroir d’Alice.
Danse avec les chèvres

Un vieux taureau dansait avec ses deux biquettes,
La lampe dans l’étable avait un faible éclat ;
Il dansait vaillamment, bien qu’il fût un peu las,
La pluie frappait le toit en faisant des claquettes.
Pas de parquet au sol, ni la moindre moquette,
De tels luxes ne sont pas pour ces endroits-là ;
D’ailleurs, ce n’était pas en un soir de gala,
Pas de robe fendue ni de belles jaquettes.
Quelques rares oiseaux chantaient dans le jardin,
Sans beaucoup de recherche, et sur un ton badin ;
Les chèvres, par instants, devenaient impudiques.
Le taureau, peu sensible aux traits de Cupidon,
Restait indifférent, comme un vieux myrmidon ;
Quant à lui, son plaisir fut purement ludique.
Bouffon qui sautille

Cet amuseur débile imite une grenouille,
Puis il brasse de l’air avec ses petits bras ;
Il déclame un poème, un monstrueux fatras,
Après un bon début, cela part en quenouille.
Il prétend qu’aujourd’hui la Muse le chatouille,
Ensuite il parle d’elle avec un rire gras ;
Pendant un long quart d’heure, il récite un mantra,
Tout en nous faisant voir les portraits qu’il barbouille.
Il mime un apostat sur un tas de fagots,
Il imite un bourgeois recomptant son magot ;
Il saute en titubant, car c’est ainsi qu’il danse.
Il montre un papegault (c’est un chardonneret),
Il vient enfin s’asseoir à notre table immense,
Le Roi lui verse à boire, il est tout guilleret.
Arbre de l’infante

Sur une branche est un oiseau sans crainte,
C’est de l’infante un compagnon prisé ;
Sur ses mains, même, il aime se poser,
Son amitié pour elle n’est pas feinte.
Elle lui chante une douce complainte
Sur les méfaits d’un vieux renard rusé ;
Un noir corbeau par lui fut abusé
Sur ce même arbre, auprès du mur d’enceinte.
L’oiseau répond de sa timide voix,
Aux trois couplets il ajoute un envoi ;
D’une cigale on entend la rengaine.
C’était au temps où l’infante chantait,
Où le bon roi mille roses plantait,
Où le bouffon soupirait pour la reine.
Nef à la dérive

La vague se soulève et le nuage crève,
Qui depuis ce matin au ponant se forma ;
Entends battre la voile, entends craquer le mât,
Neptune de ses coups nous harcèle sans trêve.
Ce voyage, au départ, était comme un beau rêve,
Mais de mauvais desseins l’océan s’anima ;
Trompeuse avait été la douceur du climat,
Il aurait mieux valu ne point quitter la grève.
Nous étions bien peinards, buvant sous une treille,
Admirant la serveuse et ses lèvres vermeilles ;
En l’aimable taverne il faisait bon s’asseoir.
Mais la noire bourrasque a déchiré les voiles,
J’entends hurler le vent, le ciel n’a pas d’étoiles,
Les requins nous auront pour leur repas du soir.
Temple au fond de la friche

Ici nulle trace d’allées,
Jamais de jardinier ici ;
J’aime que l’endroit soit ainsi,
Comme une sauvage vallée.
Une cabane bricolée
Trône au fond de ce ramassis ;
Et c’est un sanctuaire aussi,
Pour la dryade inconsolée.
Elle qui perdit sa beauté
Et se morfond en chasteté,
Cet abri précaire est son temple.
Elle découvre les vertus
D’une âme où le désir s’est tu ;
D’Artémis elle suit l’exemple.
Croco végétarien

Il se nourrit de fruits, ce crocodile,
Aussi de sauge, et puis de radis noirs ;
Il met au frais sa récolte du soir
Puis la dévore au bord des flots tranquilles.
Il entretient un potager fertile,
S’il fait trop sec il manie l’arrosoir ;
Un vieux pluvian veille sur son plantoir,
Qui le distrait par des blagues futiles.
La terre l’aime, et sait combler ses voeux,
Son cousin l’aide, ainsi que ses neveux ;
La vigne pousse à l’adret d’une butte.
Il se repose à l’ombre d’un tilleul,
Buvant du vin qu’apporte son filleul ;
Son petit-fils joue quelques airs de flûte.
Minotaure aventureux

Il navigue au coeur de l’orage,
Il n’a jamais eu peur de l’eau ;
Quittant le port de Saint-Malo,
Il atteint d’étranges parages.
Les gens l’ont surnommé « Nuage »,
Car il va, survolant les flots
Et les récifs ou les îlots,
Même au risque d’un échouage.
Mieux qu’une machine à vapeur,
Le vent du Nord est son moteur ;
Ou les autres, en alternance.
Dans la guerre ou bien dans la paix,
Il glisse, sans changer d’aspect,
Au-dessus de la mer immense.
Feuillage alangui

Quelques feuilles sous un ciel bleu,
Un climat de mélancolie ;
Leur bonne humeur est abolie,
Leur vaillant coeur devient frileux.
Silence dans les bois ombreux,
Ce n’est plus le temps des folies ;
Les fleurs sont encore jolies,
Mais c’est la fin des jours heureux.
Le ciel est chargé de symboles,
La brise dit des paraboles ;
Un oiseau songe à ses plaisirs.
L’automne est une page blanche,
Nous entendons craquer les branches ;
Il ne nous reste aucun désir.
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