Sagesse du pluvian
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Sanctuaire bovin
Un prêtre-veau, deux ou trois sbires,
Un dieu qui aux abattoirs meurt ;
Credo fourni par un rimeur
Pour le meilleur et pour le pire.
Statue d’une vache martyre,
Nous ne dirons rien du sculpteur ;
Outils du sacrificateur,
Étrange son que l’on en tire.
Le prêtre ne dit pas de bien
Des éleveurs ni de leurs chiens ;
Ces créatures n’ont pas d’âme.
Des dieux cornus c’est la maison ;
Ces détenteurs de la raison
Ne craignent le fer ni la flamme.
Papillon gyrovague
Ma vie, errance quotidienne,
Pas de quoi produire un discours ;
Je suis d’irréguliers parcours
Dans la lumière méridienne.
Je vois, sans qu’il ne m’en souvienne,
Les plantes fleurir tour à tour ;
L’âge défraîchit mes atours,
Je pense « Qu’à cela ne tienne ».
Je me déplace au gré du vent,
C’est là que je me sens vivant ;
Cette vie est comme un poème.
Un oiseau me parle souvent,
Je crois que c’est un grand savant ;
Mais je le laisse à ses problèmes.
Goupil lettré
Je ne lis rien de sulfureux,
Mais bien de la prose gourmande ;
Des anecdotes allemandes
Exemptes de détails scabreux.
Je découvre l’aventureux
Rimeur épris de Mélisande ;
Je les vois danser sur la lande
En disant des mots amoureux.
Je rencontre une étrange reine.
Qui s’avère être une sirène,
Sortie de l’eau pour un baiser.
Je vois un paresseux notoire
Aller de victoire en victoire ;
J’aime son sourire apaisé.
Fruits mûrs
L’été fera place à l’automne,
Nous cueillerons des fruits nombreux ;
Cela pourra nous rendre heureux,
Aucun arbre ne s’en étonne.
Fruits que la nature nous donne,
Il n’est rien de plus savoureux ;
Ça rend notre corps vigoureux,
Notre âme à la joie s’abandonne.
N’altérons pas trop le climat,
Préservons l’hivernal frimas ;
Ralentissons quelques usines.
Savourons notre air printanier,
En accord avec nos voisines,
Les dryades des marronniers.
Clair breuvage
Ici poussent des fruits sauvages,
Cachés sous un feuillage vert ;
Quelques-un sont la proie d’un ver,
Nous mettons fin à ce ravage.
Quand ils sont bien mûrs, notre usage
Est d’en faire un breuvage clair ;
Il est fort, sans en avoir l’air,
Il peut empourprer nos visages.
Nous le proposons, à bas prix,
À tous ceux qui en sont épris ;
Ça leur fera la vie plus douce.
Ce liquide est un don des dieux
Qui trinquent aussi dans les cieux,
Sans qu’un démon ne les y pousse.
Fluctuations
Après la torpeur estivale,
Viendront d’autres jours éprouvants ;
Bien agir et rester vivants
Sont les objectifs qui prévalent.
Une froide eau du ciel dévale,
Inattendue, comme souvent ;
Puis, quelques rafales de vent.
Que la forêt voisine avale.
Pas de quoi bâtir un roman,
Nous assistons, tout simplement,
À des caprices planétaires.
L’empereur comprend qu’il est nu,
Marchant vers un but inconnu ;
Il reste amoureux de sa Terre.
Calice d’amertume
C’est le calice de souffrance,
Par mille diables animé ;
Pas une goutte d’’espérance,
C’est la mort qu’il faut consommer.
C’est la fin de toute innocence,
Tu vois l’avenir se fermer ;
Tu mourras dans ton ignorance,
Personne n’ira t’en blâmer.
Tu t’en iras, qu’un autre vienne,
L’univers n’en pensera rien ;
De quoi veux-tu qu’il se souvienne ?
C’est le calice de ta peine,
Noir comme le sang de tes veines ;
Bois donc, mon gars, c’est pour ton bien.
Âne gris
Ma vie n'est pas originale,
Car je suis un être falot ;
Je me laisse aller dans le flot
De mon existence banale.
Je n’ai séduit nulle cavale
Je suis trop pris par mon boulot
Je ne me plains pas, c’est mon lot,
C’est ma pente que je dévale.
J’entends la rumeur de la mer,
C’est un son qui n’est pas amer ;
Cette mer n’est pas la Mer Morne.
Je vois des horizons lointains ;
Un berger souffle dans sa corne,
C’est sa prière du matin.
Porte vers nulle part
Un vieux parchemin le relate :
D’ici, tu ne peux aller loin.
Ne reste donc pas dans ce coin,
Quitte ces solitudes plates.
Ici l’impermanence éclate,
L’irréel au vide se joint;
Évite ces lieux avec soin,
Disent les lettres écarlates.
Ici la vie est en sommeil,
La lune tient lieu de soleil ;
Le ciel est noir, la terre est nue.
Préserve ton humanité,
Garde-toi de la vanité ;
N’emprunte pas cette avenue.
Roi des cygnes
Volatile de noble essence,
C’est un cygne et c’est un seigneur ;
Tu n’en verras pas de meilleur,
C’est lui qui sert de référence.
De son âme, la transparence
Est un signe de profondeur ;
Les oiselles, pour sa grandeur
Manifestent leur préférence.
Il est le maître de ces lieux
Et c’est par la grâce de Dieu ;
Aucun opposant, même en rêve.
L’exercice de son pouvoir
Est respectueux du devoir ;
Il travaille à la paix, sans trêve.
Oisif penseur
Jamais je ne fus un bosseur,
Je suis bien exempt de ce vice ;
Au cours de mon temps de service,
J’encourus l’ire des censeurs.
J’aurais pu être professeur
Pour en tirer des bénéfices ;
Mais que voulais-tu que j’en fisse ?
Ça, je le laisse aux connaisseurs.
L’air est serein, le ciel est clair,
Mille senteurs traversent l’air ;
Quelques oiseaux se font entendre.
Je n’écris rien, c’est épatant,
C’est d’un oisif ce qu’on attend ;
Sur ce sujet, pourquoi s’étendre ?
Pour naviguer
Tantôt rapide et tantôt lente,
La nef se déplace, elle fuit ;
Au ciel un astre ou l’autre luit,
Dans le calme ou dans la tourmente.
J’entends la sirène chantante
Qui sera là jusqu’à la nuit ;
Avec elle, jamais d’ennuis,
Car nous vivons en bonne entente.
Nous ne craignons nul abordage,
Encore moins les sabordages ;
C’est une route sans douleur.
Nous sommes des marins, sans armes,
Mais notre vie n’est pas sans charme :
Moi, je la trouve haute en couleur.
Saint Archibald
Je n’ai pas que des bons côtés,
Puisque mon âme est imparfaite ,
Comme le disait un prophète,
Tout en ce monde est vanité.
Je médite, hiver comme été,
En une paisible retraite ;
Peu de visiteurs s’y arrêtent,
Sur mes doigts je peux les compter.
Il s’agit parfois d’une Dame
Dont l’âme renferme une flamme ;
Elle me délivre du mal.
Ici d’elle parler je n’ose
Je suis discret, c’est bien normal,
Dans mes vers comme dans ma prose.
Bouddha sobre
Je suis féru de tempérance,
Aussi je n’abuse de rien ;
Cela me profite assez bien,
Cela m’épargne des souffrances.
Je surveille aussi mes finances,
Un équilibre auquel je tiens ;
Le peu d’avoirs qui sont les miens
Sont d’honorable provenance.
Donc, à votre santé je bois,
Et vous pouvez boire avec moi ;
Cela fera de vous des sages.
Cette vie dont nous profitons
Est comme un trésor, nous dit-on,
Dont il faut faire un bon usage.
Leçon du cor
Marcheur ne crains pas la froidure,
Car tu es chez toi sous les cieux,
Repose-toi, ferme les yeux,
Fais de beaux rêves de verdure.
Ma musique n’est pas obscure,
Elle est à sa place en ces lieux ;
Elle est la parole de Dieu,
Ou tout au moins, d’une âme pure.
Le cor interrompt son discours ;
Le marcheur reprend son parcours
Qui semble une errance éternelle.
Il s’approche d’un noir château,
Mais c’est une ruine, plutôt,
Où des vestiges s’amoncellent.
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