Conscience et spiritualité

[alex_x]

Je lis actuellement un livre très intéressant: "Waking Up: A Guide to Spirituality Without Religion" de Sam Harris. L'auteur explore l'idée d'une vie spirituelle d'un point de vue athée, en se basant sur la neuroscience.

Harris prend le temps de décrire la conscience, qu'il considère comme l'essence de notre expérience subjective. Elle est ce qui permet à nos perceptions, pensées, émotions et sensations d'exister dans notre champ d'expérience. Il souligne l'importance de pratiques telles que la méditation pour explorer et comprendre la nature de la conscience. La méditation permet de devenir plus attentif à nos pensées et émotions, et de réaliser qu'elles ne définissent pas notre véritable essence.

Harris argumente que notre notion habituelle d'un "soi" indépendant et permanent est une illusion. À travers la méditation, on peut voir que ce que nous considérons comme notre "moi" est en fait une collection changeante de pensées et de sensations. C'est une idée semblable à celle de Daniel Dennett, qui affirme qu'il n'existe pas de centre de la conscience.

Notre cerveau est conçu pour vivre des expériences transcendantales. Certaines pratiques spirituelles peuvent conduire à des états de conscience transcendantaux souvent interprétés comme des expériences religieuses. Cependant, Harris soutient que ces expériences peuvent être comprises sans recourir à des explications surnaturelles. La spiritualité que propose Sam Harris permet de faire l'expérience d'états de conscience pure, où il n'y a pas d'objets spécifiques de perception ou de pensée, mais simplement une présence consciente. Ces états, atteints par la méditation, sont souvent décrits comme profondément apaisants et révélateurs, offrant ainsi une meilleure compréhension de soi-même.

Nous devons aussi accepter que certaines questions ne possèdent pas de réponse. Par exemple, l'origine de la conscience est une question à laquelle la pensée humaine ne peut actuellement répondre. Cela conduit certains à affirmer que cette question ouvre la porte à une divinité extérieure, réconfortant ceux pour qui il est inconcevable de voir la conscience comme le simple résultat des processus chimiques et électriques du cerveau. C'est ce que l'on appelle le "Dieu bouche-trous", une notion qui n'est pas un argument en soi.

Dans le mouvement du Nouvel Âge, on a souvent utilisé la physique quantique pour affirmer que la présence d'un observateur influence le résultat de l'expérience, en disant : "voilà la preuve que la conscience modifie la réalité". Cependant, les auteurs de ce mouvement ne comprennent généralement pas ce qu'est un observateur du point de vue de la physique quantique. Cette notion n'a que peu à voir avec l'idée de la conscience.

Cette lecture me fait me questionner sur ma conception de la spiritualité et de ce qu'est réellement la conscience.

[Bulle]

La spiritualité que propose Sam Harris permet de faire l'expérience d'états de conscience pure, où il n'y a pas d'objets spécifiques de perception ou de pensée, mais simplement une présence consciente. Ces états, atteints par la méditation, sont souvent décrits comme profondément apaisants et révélateurs, offrant ainsi une meilleure compréhension de soi-même.

C'est ce que Steven Laureys appelle aussi les états de conscience modifiés (Cf Steven Laureys - Université de Genève)  

Dans le mouvement du Nouvel Âge, on a souvent utilisé la physique quantique pour affirmer que la présence d'un observateur influence le résultat de l'expérience, en disant : "voilà la preuve que la conscience modifie la réalité". Cependant, les auteurs de ce mouvement ne comprennent généralement pas ce qu'est un observateur du point de vue de la physique quantique. Cette notion n'a que peu à voir avec l'idée de la conscience.

Tout à fait ! En sciences, l'observateur est simplement un terme technique pour décrire les conditions de mesure, sans impliquer quelque conscience que ce soit conscience !

[alex_x]

Merci pour la référence.

La science ne laisse pas beaucoup de place pour une spiritualité faisant appel à des notions surnaturelles. C'est tout le problème des auteurs du Nouvel Âge et autres qui tentent d'appuyer leurs propos sur la science. Souvent, ils ne la comprennent pas et, d'autres fois, ils utilisent un langage complètement incompréhensible, tout en donnant au lecteur néophyte en science l'illusion qu'il comprend quelque chose.

Un bon signe qu'un auteur spiritualiste dit n'importe quoi, c'est l'expression "physique quantique". Tout simplement parce que le commun des mortels n'a aucune idée de ce que c'est.

[dedale]

Nous devons aussi accepter que certaines questions ne possèdent pas de réponse.

Pas de réponse simple en tous cas.

Par exemple, l'origine de la conscience est une question à laquelle la pensée humaine ne peut actuellement répondre.

La conscience devient mystérieuse si on la place au centre de tout. Certains philosophes ou chercheurs en font la pierre angulaire de leur théorie, soit par priorité soit par croyance. Cela peut effectivement être vu comme une spécificité de notre espèce bien que rien à ce jour ne permette de le confirmer définitivement.
Le confirmer, c'est très délicat, très discutable, du simple fait que nous admettons généralement des états de conscience. Et cela soulève l'idée qu'il existerait - pourquoi pas - des états plus primitifs, larvaires. La question devient plus difficile, cela suggère de prendre en compte des formes de conscience qui seraient l'ancêtre de la nôtre. Par exemple, qu'une forme de vie plus primitive que la nôtre, n'avait qu'une ébauche de conscience de son milieu, qu'un vague ressenti plutôt grossier d'elle-même... C'est une hypothèse.

Scientifiquement, on est obligé de prendre pour guide le moteur de l'évolution. Il se peut très bien que l'éclosion de la conscience soit fortuite, accidentelle. Perdre son innocence dans la nature, soit ça passe soit ça casse.
Du hasard et de la nécessité, comme tant d'autres spécificités qui caractérisent les espèces.
La conscience est un arsenal (neuro)biologique assez conforme dans l'ensemble aux stratégies évolutives, en particulier celles qui consistent à tirer partie de l'information: L'information tirée du vécu, de la mémoire individuelle et collective ainsi que de l'information-réseau tirant partie du monde social et des stratégies de communication, grâce au langage articulé. On peut dire qu'il y a un aspect fonctionnel de la conscience  qui fait que l'individu est à la fois une unité et une société (ou une colonie), comme l'étaient déjà il y a très longtemps ses ancêtres unicellulaires.

[alex_x]

J'ai plutôt une perspective provenant de la pratique de la méditation en ce qui concerne la conscience. Avec la méditation, la conscience n'est pas seulement un objet d'étude, mais une expérience directe que nous pouvons vivre nous-mêmes.