Offrir à boire

[Invité]

Après deux heures de route en compagnie d'un ami, on s'arrête à un bar. Je prend un chocolat chaud car il fait froid.
Lui attend sans rien prendre que j'ai fini puis on s'en va.
Pourquoi n'a-t-il rien bu ? Peut-être n'avait-il pas d'argent sur lui. Dans ce cas, j'aurais peut-être du lui offrir à boire.
Mais le mérite-t-il vraiment ? Suis-je vraiment plus riche que lui qu'il mérite mon don ?
Dans le doute, je ne lui ai pas offert à boire.

[Invité]

en espérant qu'il ne fera pas pareil le jour où c'est toi qui n'aura pas de sous.

A mon avis, ce ne doit pas être un ami, sinon tu lui aurais offert, et tu n'y aurais même pas réfléchi.

[Invité]

Je n'ai pas souvent de sous et je ne réclame rien à personne. Mais je crois que je vais devoir développer un peu ma pensée pour être compris...
Bon, examinons les différentes raisons potentielles qui expliqueraient pourquoi mon ami (que je vais appeler maintenant Paul (nom choisi arbitrairement) pour en parler plus facilement) n'a pas pris à boire.
Premièrement, il ne voulait peut-être tout simplement pas boire. Dans ce cas, il est presque évident que j'ai bien fait de ne pas lui demander ce qu'il ne voulait pas. Bon, j'aurais pu demander par principe, mais c'est contre ma philosophie d'économie des moyens (nom pompeux pour désigner la fainéantise) et de la salive.
Deuxièmement, Paul n'avait peut-être pas d'argent avec lui (hypothèse la plus crédible). Là encore, ce cas se divise en trois sous-possibilités : soit il a d'habitude de l'argent sur lui mais là il l'a oublié, soit il oublie très souvent son argent et n'en a donc que rarement sur lui, soit il est globalement en manque d'argent et dans ce cas il n'a pas pris à boire à cause du souci d'économie.
Dans le premier cas (celui où il aurait oublié son argent alors que d'habitude il en a), Paul a effectivement de l'argent chez lui. Alors, moi qui en ai peut-être (en fait, "probablement" est le mot juste le connaissant et me connaissant, mais c'est un détail) moins que lui chez moi, je m'estime en droit de me dire "cet homme est plus riche que moi, ce n'est pas à moi de faire l'aumône", et cela même si c'est un ami (encore plus si c'est un ami en fait, voire le troisième cas pour comprendre). Et même si j'ai au contraire plus d'argent chez moi que lui, il en a quand même largement assez pour s'offrir un chocolat ou un café, et dans cet autre cas je n'ai encore pas besoin de faire l'aumône.
Le deuxième cas peut-être réglé très facilement en se renvoyant au premier. En effet, c'est la même situation excepté qu'elle se reproduit plus souvent, ce qui ne fait que renforcer mon raisonnement.
Le troisième cas est un peu plus compliqué et subjectif. Car, je suis du principe que faire l'aumône est une atteinte à la liberté de celui qui la reçoit, et cela vous allez sûrement avoir beaucoup de mal à l'admettre. Mais en fait, lorsque vous donnez à quelqu'un dans le besoin, votre inconscient (voire, votre conscient) parle ainsi : « Je lui donne une chose car il me la rendra quand j'en aurai besoin ». D'ailleurs, tu le dis toi-même, Leela :

en espérant qu'il ne fera pas pareil le jour où c'est toi qui n'aura pas de sous.

Et voilà ma parole : nous avons droit à faire l'aumône, sauf pour ses amis : car sinon l'aumône ne fait que lui créer une « dette ».

Bon, je suis globalement contre l'aumône, mais cela sort du sujet.

[Invité]

je comprends bien ce que tu veux dire, Miphum. Mais à aucun moment je ne lis "peut-être que cela lui ferait plaisir que je lui offre", simplement, sans calcul, sans espoir de retour: c'est un peu tristounet, non .

Evidemment, si cela se produit systématiquement et que c'est un profiteur, il ne faut pas jouer son jeu.

Autre solution toute simple: tu lui poses la question: tu as aussi envie d'un verre ? Quitte, si tu as peu d'argent sur toi "mais je n'ai que X sur moi, aujourd'hui je ne peux pas te l'offrir" (par exemple.)

Il y a bien longtemps que je ne me tracasse plus pour des choses comme cela: l'amitié ne se construit pas avec des calculs d'apothicaires

[Invité]

Bon, note que j'ai inventé cette histoire : elle est purement fictive.
Mais je pense vraiment ce que je dis, on ne devrait pas donner à un ami. D'ailleurs, je n'aime pas qu'on me fasse des cadeaux et je n'aime pas en faire.

[Invité]

au moins on est prévenu !

Tu as prévenu le père Noël, au moins ?


Aï: je t'ai fait cadeau d'un peu de mon temps.... on fait quoi, dans ce cas là ?

[Invité]

Je te le rendrai un jour.

[Magnus]

Il est désormais strictement interdit, dans ce bistrot, d'offrir à boire à Miphum.

[_Le Grand Absent]

Mais le mérite-t-il vraiment ? Suis-je vraiment plus riche que lui qu'il mérite mon don ?
Dans le doute, je ne lui ai pas offert à boire.

En voilà, un critère !
Tu ne vas donc qu'aux anniversaires de tes amis plus pauvres que toi pour ne rien donner aux plux riches ?

[Geveil]

Dans un premier temps,j'ai pensé que ce message était vraiment de la masturbation intellectuelle et que Miphum aurait mieux fait de pratiquer l'onanisme que de le poster.
Mais finalement, dans sa remarque sur la dette, il y a un vrai questionnement, car la plupart des humains se sentent redevables quand on leur fait un cadeau et ils détestent ça

Spoiler:

.
Un exemple vous en est donné dans les bars, pour reprendre celui de Miphum,(

Spoiler:

: un client offre un verre à son copain, qui après l'avoir bu, dit: " c'est à moi, maintenant, patron, remettez ça" et ils sortent ronds comme des queues de pelles.
Deuxième exemple: vous invitez des amis à dîner. Le plus souvent, ils se sentent obligés de faire la pareille.

Retenons alors, pour le moment, que la majorité des humains n'aiment pas se sentir redevables.

Est-ce une raison, Miphum, pour ne pas les aider dans le besoin?

Non, car ou bien les spécimen ne se sentent redevables de rien, et l'affaire est close ou bien ils se sentent redevables et un jour ou l'autre ils te rendront la pareille. Seul bémol, c'est que s'ils ne deviennent jamais capables de te rendre la pareille, ils éviteront de te fréquenter.

Ceci dit, est-ce une discussion vraiment intéressante ?

[Invité]

Amusant ! En voyant ce chameau, j'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait d'une allusion aux Drei Verwandlungen (et pas à Perl ou OCaml, par exemple)...

Bon, en fait, l'approche de Miphum a une certaine parenté avec Kant, à cause du fait qu'il ne veut pas faire de cadeaux aux autres, du fait qu'il n'aime pas qu'on lui fasse des cadeaux. Or, ceci est dans la droite ligne de l'impératif catégorique : << Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle. >>

Sinon, tu es dans Nietzsche, Miphum ? Je vois en tout cas que tu chemines en dehors de la morale "standard", dans un effort créatif ! Courage, chameau, après chameau, il y a... lion !

[Invité]

Amusant ! En voyant ce chameau, j'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait d'une allusion aux Drei Verwandlungen (et pas à Perl ou OCaml, par exemple)...

Bon, en fait, l'approche de Miphum a une certaine parenté avec Kant, à cause du fait qu'il ne veut pas faire de cadeaux aux autres, du fait qu'il n'aime pas qu'on lui fasse des cadeaux. Or, ceci est dans la droite ligne de l'impératif catégorique : << Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle. >>

Sinon, tu es dans Nietzsche, Miphum ? Je vois en tout cas que tu chemines en dehors de la morale "standard", dans un effort créatif ! Courage, chameau, après chameau, il y a... lion !

Bien, effectivement c'est le chameau des trois métamorphoses.
Je suis en retard sur Gereve...

[Invité]

Bonjour, Miphum,

Spoiler:

Dans ce sens que, tu aurais pu lui proposer de partager ("tu me rembourseras plus tard" ou bien lui "offrir" quitte à te "priver" une autre fois.... attitudes plus "sociales et conventionnelles, c'est vrai".

ou simplement dire: "j'ai soif, je vais prendre un chocolat chaud! Qu'est-ce que tu fais, toi?" Qui indique que tu n'envisages pas de payer pour lui.
Le problème des "moyens" des lycéens est parfois crucial, et c'est vrai qu'il est arrivé que mes enfants refusent une sortie "trop chère" entre copains, mais acceptent exceptionnellement un verre de coca ou un croissant offert, sans se sentir "redevables" parce que le geste était "spontané". Et puis, entre copains, on peut se rendre service, et même sans être très riche, je n'ai jamais refusé d'accueillir un copain pour le goûter avant de travailler un peu ensemble!
Mais, tu verras, tu trouveras vite par toi-même ce que tu peux faire ou ne pas faire pour ne pas passer pour le radin de service, sans pour cela te retrouver sans plus un sou le 5 du mois!
D'autant que la plupart de tes camarades, même si leurs parents sont riches, n'ont probablement pas beaucoup d'argent non plus!
C'est toujours plus facile de donner que de recevoir, surtout quand il est difficile de "rendre".

[Geveil]

Le lion n'est pas moi, c'est mon garde du corps! Alors ne m'agressez pas, sinon, gare !