On pourrait dire : inspiré par une Saison en enfer.
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On pourrait dire : inspiré par une Saison en enfer.
La Vierge folle, en moderne :
Je suis atteinte d'une terrible maladie de l'âme.Les médecins ne peuvent rien y faire, au pire ils ricanent ; les psychiâtres haussent les épaules, les prêtres se contentent d'être embarassés. Qu'ai-je fait ? Mon Dieu qu'ai-je fait ? J'avoue : j'ai un amant infernal.Je souffre le martyre ; toutes les nuits il me possède, toutes les nuits il se dérobe. Je vis dans un désert b^rulant ; il me dévore, il prend plaisir à ne pas éteindre ma soif. J'en suis sûre : il prend plaisir à mon malheur. Je ne peux même pas le voir : il se dissimule, le malin, il se cache au fond de mon ventre. Pendant un temps il s'est bien joué de moi. Il me faisait croire qu'il était un ange. mais ce n'est pas un ange. C'est un démon, j'en suis sûre. Pourquoi me fait-il ça ? Veut-il s'emparer de mon âme ? Veut-il me pousser au désespoir au point que j'en finisse ?
J'avais des qualités : j'étais une bonne ouvrière, je faisais mon ménage, je savais m'occuper des enfants, des chiens même. Je surveillais ma santé. A une époque, j'étais même inventive dans mon travail : on m'appelait, et tout était réglé. On pouvvait compter sur moi. J'aimais me coucher de bonne heure ; je lisais quelques pages de n'importe quel livre sans comprendre, cela me délassait. je cultivais le bien-être et l'indifférence. Les jours passaient doucement. Oh ! Comme je regrette ce temps de torpeurs amorphes !
C'est terminé. Je ne peux calmer ces ardeurs que par l'ivresse ou la poésie. Il m'a fait de promesses : il s'est même fait passer pour le Christ. Je ne peux rien contre lui, je suis tellement épuisée. Pitié ! Lui dis-je : finis-en avec moi, tue moi, brûle moi une bonne fois pour toutes. Mais il ne tient même pas ses promesses démoniaques : il me tient comme la mouche sur un fil de sa toile, il ne veut pas me voir mourir... pas tout de suite. Je ne peux même pas dire s'il est beau, s'il a le visagge d'un enfant ou d'un ange. Il est invisible, je l'ai dit. C'est cela qui est terrible : il est INVISIBLE ! Et pourtant il est là, tous les jours il me visite. Voudrait-il au moins m'emmener sur les rivages de la folie... Mais non : il veut ma lucidité, ce qui lui plaît, c'est de voir ma conscience se tortiller sous lui. C'est un monstre. Ce monstre n'a pas de nom. Au secours : quelqu'un ! Qu'ai-je fait, qu'ai-je fait pour mériter cela ? Donnez-moi du poison, du poison encore. Je suis perdue de toute manière. Je ne crois même pas en Dieu. Je crois bien que ce monstre, c'est moi, ou du moins une partie de moi. Comment me l'arracher ? y at-il un chirurgien compétent par ici ? Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié ! Je me ferai votre servante, tous les jours j'irai à genoux dans votre église, je brulerai des cierges, je dirai toutes les prières, je les apprendrai s'il le faut. Sauvez-moi, Mon Dieu, mon Dieu, c'en est trop.
Je suis atteinte d'une terrible maladie de l'âme.Les médecins ne peuvent rien y faire, au pire ils ricanent ; les psychiâtres haussent les épaules, les prêtres se contentent d'être embarassés. Qu'ai-je fait ? Mon Dieu qu'ai-je fait ? J'avoue : j'ai un amant infernal.Je souffre le martyre ; toutes les nuits il me possède, toutes les nuits il se dérobe. Je vis dans un désert b^rulant ; il me dévore, il prend plaisir à ne pas éteindre ma soif. J'en suis sûre : il prend plaisir à mon malheur. Je ne peux même pas le voir : il se dissimule, le malin, il se cache au fond de mon ventre. Pendant un temps il s'est bien joué de moi. Il me faisait croire qu'il était un ange. mais ce n'est pas un ange. C'est un démon, j'en suis sûre. Pourquoi me fait-il ça ? Veut-il s'emparer de mon âme ? Veut-il me pousser au désespoir au point que j'en finisse ?
J'avais des qualités : j'étais une bonne ouvrière, je faisais mon ménage, je savais m'occuper des enfants, des chiens même. Je surveillais ma santé. A une époque, j'étais même inventive dans mon travail : on m'appelait, et tout était réglé. On pouvvait compter sur moi. J'aimais me coucher de bonne heure ; je lisais quelques pages de n'importe quel livre sans comprendre, cela me délassait. je cultivais le bien-être et l'indifférence. Les jours passaient doucement. Oh ! Comme je regrette ce temps de torpeurs amorphes !
C'est terminé. Je ne peux calmer ces ardeurs que par l'ivresse ou la poésie. Il m'a fait de promesses : il s'est même fait passer pour le Christ. Je ne peux rien contre lui, je suis tellement épuisée. Pitié ! Lui dis-je : finis-en avec moi, tue moi, brûle moi une bonne fois pour toutes. Mais il ne tient même pas ses promesses démoniaques : il me tient comme la mouche sur un fil de sa toile, il ne veut pas me voir mourir... pas tout de suite. Je ne peux même pas dire s'il est beau, s'il a le visagge d'un enfant ou d'un ange. Il est invisible, je l'ai dit. C'est cela qui est terrible : il est INVISIBLE ! Et pourtant il est là, tous les jours il me visite. Voudrait-il au moins m'emmener sur les rivages de la folie... Mais non : il veut ma lucidité, ce qui lui plaît, c'est de voir ma conscience se tortiller sous lui. C'est un monstre. Ce monstre n'a pas de nom. Au secours : quelqu'un ! Qu'ai-je fait, qu'ai-je fait pour mériter cela ? Donnez-moi du poison, du poison encore. Je suis perdue de toute manière. Je ne crois même pas en Dieu. Je crois bien que ce monstre, c'est moi, ou du moins une partie de moi. Comment me l'arracher ? y at-il un chirurgien compétent par ici ? Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié ! Je me ferai votre servante, tous les jours j'irai à genoux dans votre église, je brulerai des cierges, je dirai toutes les prières, je les apprendrai s'il le faut. Sauvez-moi, Mon Dieu, mon Dieu, c'en est trop.
Possession (divine?)
Je cherche des points communs entre Dieu et le monstre.
L'un comme l'autre, ils sont invisibles.
L'un comme l'autre, ils n'ont pas de nom.
L'un comme l'autre, ils tourmentent notre conscience.
Un cas de possession divine?
L'un comme l'autre, ils sont invisibles.
L'un comme l'autre, ils n'ont pas de nom.
L'un comme l'autre, ils tourmentent notre conscience.
Un cas de possession divine?
Re: On pourrait dire : inspiré par une Saison en enfer.
Dieu ne jouerait pas à l'amant infernal, non ?
Re: On pourrait dire : inspiré par une Saison en enfer.
Qui a mis les "en" et les "une" en rouge gras ?
Je vois que ce texte vieux d'un an a eu très peu d'écho. Normal, car bizarre autant qu'étrange. Il ne s'agissait pas d'un simple pastiche (pas très bon d'ailleurs) de Rimbaud. C'était du vécu. Ça l'est toujours. D'une façon plus violente et différente. Et ça ne me gêne plus de le dire : de toute façon, je soupçonne que je devais en passer par là. je dois mourir... Et vous ?
Je vois que ce texte vieux d'un an a eu très peu d'écho. Normal, car bizarre autant qu'étrange. Il ne s'agissait pas d'un simple pastiche (pas très bon d'ailleurs) de Rimbaud. C'était du vécu. Ça l'est toujours. D'une façon plus violente et différente. Et ça ne me gêne plus de le dire : de toute façon, je soupçonne que je devais en passer par là. je dois mourir... Et vous ?
Re: On pourrait dire : inspiré par une Saison en enfer.
Escape a écrit:Si l'on ne concède pas à l'existence la propension à faire mourir autant qu'à faire naître, alors on crée de l'excès. De même, si l'on ne concède pas la propension à faire naître autant que celle à faire mourir, on crée automatiquement du manque.
La mort par brassées autour de nous surgit : nous devons accepter la terminaison des étants, qu'ils soient êtres ou potentialités, réalités ou projets, afin d'être en harmonie avec les êtres qui eux, naissent, ou avec ceux qui ne naissent ni ne meurent. Il en est qui se contentent d'être.
La tristesse est la réaction englobante face à tout chagrin de ce qui meurt, mais cette tristesse est règle de l'univers, au même titre que la joie qui ondule dans le sillage des naissances. Il se trouve juste que l'univers ne calcule pas, si bien que l'un et l'autre s'équilibrent.
Quand la tristesse cesse d'être triste, et la joie, joyeuse, le monde fait un tour complet sur lui-même.
J'ai bu du vin, écrit et médité. Je dors.
Un soir j'ai basculé dans la suprême ivresse.
Nul ne m'a soupçonné d'avoir trop de sagesse,
J'en avais juste assez pour accueillir la mort.
Re: On pourrait dire : inspiré par une Saison en enfer.
Il s'agit peut-être, en fait, de s'éveiller.
Oui, je vous donne des nouvelles : il s'agit de s'éveiller.
Ce n'est pas une partie de plaisir.
Celui ou celle qui vit cela est maudit.
Celui ou celle qui vit cela est béni.
Oui, je vous donne des nouvelles : il s'agit de s'éveiller.
Ce n'est pas une partie de plaisir.
Celui ou celle qui vit cela est maudit.
Celui ou celle qui vit cela est béni.
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