Conscience et affectivité.

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Message par Thierry Jeu 17 Fév 2011 - 20:19

Conscience et affectivité.
Le 14/02/2011 à 20:26

La conscience est-elle soumise à l'affectivité ? Si je suis heureux ou triste, ma conscience en subit-elle les effets ou est-ce uniquement ma perception de l'existence à travers mon affectivité ? Lorsque nous alternons entre les moments euphoriques et les moments de détresse, est-ce que notre conscience est touchée ou reste-t-elle dans une dimension parallèle ou même englobante ? A-t-elle la capacité à identifier les causes de ces fluctuations et à les analyser ou est-elle saisie elle-même par les effets épisodiques de nos conditions de vie ?

Prendre conscience, c'est se donner les moyens d'observer tout en ayant conscience d'être l'observateur. Un détachement qui permet de ne pas être totalement saisi par les émotions générées par cette observation mais de rester lucide. Il ne s'agit pas non plus de rester inerte mais d'être capable de cerner les raisons profondes des émotions. Etre emporté par une bouffée de bonheur ou de colère n'implique pas nécessairement une perte de contrôle tant que l'individu parvient à observer cette émotion exacerbée en lui-même. La perte de contrôle survient dès lors que les émotions ne sont plus regardées par cette conscience macroscopique et que le mental se soumet à ce flot de perceptions. Il suffit de penser à la peur pour en prendre conscience...Si j'observe ma peur, je m'offre un point de contrôle. C'est la conscience qui dépasse l'affectivité, qui la surplombe ou l'englobe. Je vais pouvoir me servir de cette peur pour exploiter les poussées d'adrénaline, je vais même pouvoir l'entretenir parce qu'elle m'offre des capacités physiques insoupçonnées. Sans l'adrénaline, les hommes préhistoriques auraient succombé aux prédateurs. La peur est un carburant, une source de forces, une énergie redoutablement efficace. Mais elle l'est encore plus lorsque la conscience reste le chef d'orchestre.

Il ne s'agit pas de rejeter l'affectivité mais de prendre conscience du potentiel qu'elle propose. Lorsque j'écris avec une musique que j'aime, il m'arrive de voir les mots débouler en cascades, des flots d'émotions surpuissants, une osmose avec ce que je porte, c'est une affectivité que j'entretiens, je ne cherche pas à l'effacer, je la laisse m'emporter et en même temps, je l'observe, je la nourris, je l'honore et la vénère, j'ai pleinement conscience de sa présence, du "jeu" que j'instaure et des règles à suivre. Cette affectivité ne dépend pas de moi à la source mais la conscience que j'en ai sait l'entretenir. De la même façon, un sportif saura avec l'expérience faire monter l'adrénaline, la tension, le stress, avant une épreuve mais en apprenant à l'observer et à en avoir pleinement conscience, il parviendra à l'entretenir, à s'en servir, alors que si l'absence de conscience l'emporte, cette adrénaline l'enverra au décor. Le fil du rasoir est très affûté. Il faut l'effleurer, jouer avec la lame avec délicatesse sans appuyer comme une brute.



On pourrait à travers cette description assimiler la conscience avec la raison. Et c'est là que je me heurte à une problématique qui me tracasse.

Je ne vois pas la raison comme une entité observant l'observateur mais comme une entité oeuvrant à la neutralité. Elle est déterminée à ne pas laisser les émotions se développer. Elle est davantage éducative, formative, un conditionnement qui agit comme un étouffoir. Elle va chercher à convaincre l'individu que sa peur est injustifiée ou que ce bonheur ne durera pas. Elle n'existe que dans le maintien du contrôle. Elle est le piédestal du "raisonnable". Je ne la vois que comme une incapacité à recevoir les émotions en toute conscience. Cette conscience qui est au contraire de la raison capable d'assumer pleinement les élans émotionnels, à s'en servir pour la création artistique par exemple. Si je m'interdisais d'être bouleversé par une musique, je n'ouvrirais pas en moi les horizons littéraires et si je laissais de la même façon, les émotions m'emporter, je ne parviendrais pas à écrire une seule phrase. La conscience devient dès lors le trait d'union entre la raison qui me sert de transcripteur des émotions pendant que ma conscience observe l'ensemble. C'est en cela que je vois la conscience comme englobante. Elle est le placenta qui permet le lien.

C'est sans doute dans cette osmose qu'apparaît l'individu unifié.

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Message par JO Ven 18 Fév 2011 - 18:23

La lucidité n'empêche pas l'émotion: elle permet de se voir, en proie à l'émotion, de se laisser aller à l'exprimer, ou de se maitriser dans son expression.Mettre des mots sur ce qu'on ressent permet d'en prendre conscience et donne pouvoir sur la perturbation émotionnelle proprement dite .
La danse demande énormément de maitrise de soi et pourtant, au sommet de l'art maitrisé, le lien émotionnl est maximum et partagé, communiqué . C'est vrai quand tu écris : quand tu trouves les mots justes, tu prends la mesure juste de ton émotion et tu peux la communiquer .
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Message par Thierry Ven 18 Fév 2011 - 18:40

C'est tout à fait comme ça que je le vois aussi Jo.
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Message par Opaline Ven 18 Fév 2011 - 21:09

Thierry
La conscience est-elle soumise à l'affectivité ?
Plutôt, oui ! la psychologie humaine est un tout.
La conscience va réagir en fonction de l'évènement avec plus ou moins d'objectivité.
Elle peut même être complètement submergée par l'affectivité.
Ne dit-on pas que les artistes sont de grands sensibles au point de confondre leur vie et leur art.
Je ne m'étendrai pas sur l'affectivité créatrice, tu en parles mieux que je ne pourrais le faire .


Si je suis heureux ou triste, ma conscience en subit-elle les effets ou est-ce uniquement ma perception de l'existence à travers mon affectivité ?
Oui, la conscience subit les effets de l'affectivité mais:
La maîtrise de l'affectivité , cela s'apprend dès le plus jeune âge :
on donne bien une fessée à l'enfant qui fait un caprice !
Si on n'a pas eu cette éducation, on obtient un adulte qui vit constamment les relations dans des relations affectives subjectives.
Par contre , une affectivité trop maîtrisée donne des êtres froids, distants, fermés aux autres.


Lorsque nous alternons entre les moments euphoriques et les moments de détresse, est-ce que notre conscience est touchée ou reste-t-elle dans une dimension parallèle ou même englobante ?
La conscience analyse en permanence les situations extérieures normales et encore plus, les problématiques. Elle va aider à la rationalisation de l'évènement mais peut très bien se laisser déborder par l'émotion et son jugement s'en trouver modifié au point d'en devenir subjectif.

A-t-elle la capacité à identifier les causes de ces fluctuations et à les analyser ou est-elle saisie elle-même par les effets épisodiques de nos conditions de vie ?
Elle va les chercher, en tous cas, mais rarement avec objectivité.
Tout dépendra de la capacité à prendre de la distance avec son affectif.

Dans les relation sociales, l'affectivité de l'autre n'est pas toujours bien perçue.
Si on la trouve excessive, on risque de prêter à l'autre des intentions qui ne sont pas.
Si c'est le contraire, l'autre paraitra distant, indifférent.
C'est pourquoi les relations humaine sont si complexes.
Très bon sujet mais je suis peut-être à côté de la plaque ! Embarassed

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Message par Thierry Ven 18 Fév 2011 - 21:17

Pas du tout à côté de la plaque Opaline :)
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Message par Lila Ven 18 Fév 2011 - 22:12

Thierry, tu arrives à merveilleusement exprimer ce qu'on obtient comme résultat avec la méditation: cela permet justement de prendre progressivement cette "distance" par rapport à ses émotions.

Je n'ai rien à ajouter, parce que c'est parfait ! J'apprécie énormément comment tu arrives à expliquer ce délicat équilibre entre les émotions, et la raison. Utiliser les émotions comme une grande puissance...

Il faut que j'épingle ce sujet pour pouvoir le citer, à l'occasion, c'est si difficile à exprimer...
bravo

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Message par Thierry Ven 18 Fév 2011 - 22:27

Lila a écrit:Thierry, tu arrives à merveilleusement exprimer ce qu'on obtient comme résultat avec la méditation: cela permet justement de prendre progressivement cette "distance" par rapport à ses émotions.

Je n'ai rien à ajouter, parce que c'est parfait ! J'apprécie énormément comment tu arrives à expliquer ce délicat équilibre entre les émotions, et la raison. Utiliser les émotions comme une grande puissance...

Il faut que j'épingle ce sujet pour pouvoir le citer, à l'occasion, c'est si difficile à exprimer...
bravo

Ce qui est curieux, c'est que je ne pratique aucune méditation. Sinon de faire du vélo pendant des heures ou marcher en altitude.:)Ou quand j'écris. Parce que là justement, il s'agit de laisser vivre les émotions tout en usant de la raison pour les transcrire sous le regard aimant de la conscience.
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Message par Lila Ven 18 Fév 2011 - 22:30

certaines personnes en sont capable par d'autre moyens, en effet, comme déjà l'éducation comme dit Opaline, la recherche personnelle...

D'après ce que tu as écrit, la façon dont tu marches ou fait du vélo se rapproche fort de la méditation, c'est une façon "zen" d'agir.

Et puis, avec ce que tu as vécu, tu as une fameuse longueur d'avance Wink

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Message par Thierry Ven 18 Fév 2011 - 22:53

C'est tout ça que j'essaie de transcrire dans le tome 2 de Jarwal. Je ne décolle plus de l'ordi...

Kalén prit la parole. Il s’était assis face à Jarwal, près de Nasta qui mâchait consciencieusement l’aillo, comme tous les participants de cette assemblée particulière.
« Ils savent tous que tu t’interroges sur le silence et l’absence d’émotions visibles. Les Kogis disent que les émotions sont des illusions, elles viennent d’un corps qui n’a pas de maître. Les émotions pour les Kogis sont uniquement des passerelles vers le monde, la nature, la contemplation de la vie. Dans les liens entre les êtres humains, il ne faut pas écouter ses propres émotions mais ce que l’autre amène. Si tu veux pouvoir être relié à l’autre, c’est ce que l’autre porte que tu dois saisir. Et qu’il en fasse de même avec toi-même. Sinon, c’est comme si on s’écoutait soi-même et alors on ne peut pas savoir avec qui on est. »

Jarwal percevait en lui des vibrations pétillantes, des frissons infimes coulant dans ses fibres, comme des contacts imperceptibles, des effleurements d’âmes. Et puis soudainement, cette image surprenante qu’il n’était qu’une outre dont on aurait retourné la peau, une besace dont l’intérieur serait passé à l’air libre, une conscience qui serait remontée à la surface des choses visibles, un effacement des sens limitatifs, un contact spirituel, un échange fusionnel. Il ferma les yeux pour ne pas retomber à l’intérieur de son enveloppe corporelle et continuer à naviguer ainsi dans les sphères éthérées des réalités invisibles. Nasta était là, une âme pure, une bonté inconditionnelle, un flux lumineux qui scintillait dans les fibres de Jarwal, comme un visiteur respectueux, d’autres entités invisibles l’accompagnaient, une ribambelle d’âmes souriantes, aucune interrogation, aucune suspicion, juste cette observation contemplative, comme des âmes bénissant le lever du soleil, des regards d’enfants bercés de douceurs.

« Est-ce que l’émotion amoureuse est bannie aussi chez les Kogis ? demanda Jarwal.
-L’émotion amoureuse nous est donnée par la nature, répondit Kalén. Elle est la source de la vie. Les autres émotions se doivent d’être sous le contrôle de la raison. Ce qui ne signifie pas qu’elles sont neutralisées. Elles sont vécues avec lucidité.
-Parfois la raison trouve des raisons secondaires qui ne sont pas raisonnables.
-Alors c’est que l’individu a délaissé sa conscience. La conscience est l’observation de la raison. Elle est au-dessus de la raison, elle permet le détachement de l’individu. Celui qui est emporté par les émotions n’a pas de raison. Celui qui utilise la raison pour justifier ses émotions n’a pas de conscience. »

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