Affaire et Procès Jonathan

[Magnus]

A l'issue du procès de Jonathan Daval qui vient de se terminer hier sur une condamnation de 25 ans, nous avons entendu "sa" vérité, mais peut-être pas "la" vérité.
Trop de zones d'ombres dans une affaire qui a passionné les français car chacun pouvait s'identifier aux personnages.
 
Si vous l'avez suivie, que vous inspire cette affaire ?

[Jipé]

Ce qui est interpellant, c'est apparemment la double personnalité de Jonathan, je pense qu'il a été dans une grande souffrance psychique durant sa vie de couple, il a cumulé d’immenses tensions internes et un jour la goutte à fait déborder le vase.
Une de ces personnalités l'a emportée sur l'autre et il a essayé de compenser par le mensonge, voire le déni de réalité.
Cela n'excuse rien, il a tué et est condamné pour son crime, mais je me dis qu'il ne faut pas grand-chose pour passer de l'idée à l'acte, sauf s'il y avait préméditation, mais je ne le pense pas dans son cas.

[Magnus]

Ce qui est également interpellant, et très émouvant, c'est la personnalité d'Isabelle, la maman de la victime, Alexia.

Elle demande à Jonathan s'il se souvient du chat qu'avait le couple.
Et lui montre une photo du chat.
Qu'Alexia est en train de caresser.
Jonathan éclate en pleurs et tombe à genoux devant elle.
Elle le relève, le serre dans ses bras, et lui dit :
- Merci. Merci d'avoir dit la vérité.

Elle jouera le même rôle plus tard.

Et au procès aussi :
- Bonjour Jonathan.
Elle lui dit bonjour et l'appelle par son prénom.
La voix de Jonathan se fait douce :
- Bonjour Isabelle.
- C'est peut-être la dernière fois que nous nous voyons. Alors sois un homme. J'ai besoin de savoir la vérité.
Elle lui lit une lettre d'amour que sa fille avait envoyée à Jonathan à l'occasion de la Saint-Valentin.
Une belle écriture à l'encre dorée. Les mots d'une femme vraiment amoureuse.
Jonathan répond :
- J'ai dit la vérité.

Isabelle ne le croit pas, et répond :
- Bon séjour en prison. Adieu !

Quelle force d'âme, chaque fois, chez cette femme qui pourtant est en face du meurtrier de sa fille ! quand on sait qu'en plus Jonathan avait accusé son beau-frère d'avoir étranglé Alexia et avait prétendu qu'il s'agissait d'un complot de sa belle-famille.

[Bulle]

Il aurait une personnalité étrange tout de même. Je n'ai suivi que de loin mais il me semble avoir lu qu'il était un véritable "caméléon", présentant aux autres le visage que l'on attendait de lui.
C'est une caractéristique des pervers manipulateurs ça il me semble...

Néanmoins on peut lire : "L'analyse du téléphone d'Alexia Daval permet la découverte d'échanges SMS assez violents avec son mari. La personnalité « écrasante » d'Alexia sur son mari devient un point de la défense du suspect. Depuis plusieurs années, le couple tentait sans succès d'avoir un enfant. À ce sujet, les SMS manifestent une pression et des humiliations exercées en continu par Alexia sur son mari. Alexia considére Jonathan comme responsable de l'infertilité du couple et lui reprochant violemment leurs échecs" (WP)...

On peut se poser la question de sa personnalité à elle aussi lorsqu'on lit la carte en question.

Ce qui n'excuse bien entendu pas le geste criminel.

[Magnus]

Il aurait une personnalité étrange tout de même. Je n'ai suivi que de loin mais il me semble avoir lu qu'il était un véritable "caméléon", présentant aux autres le visage que l'on attendait de lui.
C'est une caractéristique des pervers manipulateurs ça il me semble..

Oui, cela a été évoqué par l'accusation, qui a parlé aussi de "faux dominé".
Mais il peut simplement s'agir d'un timide qui sans cesse a peur de déplaire et qui, du coup, se range toujours du côté de son interlocuteur.
Par ex,. si X lui dit "noir", il dira, comme X, que c'est noir. Si Z lui dit "blanc", il dira comme Z, que c'est blanc.
Une peur pathologique de déplaire, un besoin excessif de plaire à tout le monde.

Le pervers narcissique est une personne qui a une image dévalorisante d'elle-même et qui se valorise en rabaissant les autres.
On ne trouve aucune trace (apparente du moins) de ce rabaissement des autres dans son passé.
Mais peut-être était-ce uniquement dans son couple ? quoiqu'il dise le contraire puisqu'il parle d'humiliations répétées de sa femme.
Laquelle n'était pas du tout reconnue comme telle non plus.
Mais, là aussi, peut-être uniquement dans le couple...

Nous en sommes réduits à des hypothèses, des suppositions.
Plusieurs scénarii sont envisageables.

[Bulle]

Les sms portés au dossier contrastent me semble-t-il avec la carte amoureuse de la victime tout de même.
Et son attitude de veuf éploré tient bien de la manipulation narcissique : il se met en vedette devant les médias. C'est tout de même gonflé quand on est le criminel !
Mais pauvres parents : aussi bien d'un côté que de l'autre d'ailleurs...

[Magnus]

Et son attitude de veuf éploré tient bien de la manipulation narcissique : il se met en vedette devant les médias. C'est tout de même gonflé quand on est le criminel !

Se mettre en vedette pour manipuler ? Ou déni de la réalité suite au traumatisme de ce qu'il vient de commettre ?
J'ai commis l'irréparable, c'est monstrueux, je ne veux plus en entendre parler, cela me fait trop souffrir. Donc, je m'installe dans mon mensonge, il est plus supportable que la réalité.
De plus, j'aime énormément mes beaux-parents, qui eux aussi m'aiment, je ne veux pas les perdre.
Désormais, d'ailleurs, quand il parle à sa belle-mère, il lui dit "Maman".

Son but en essayant de calciner entièrement le corps (qui ne sera que partiellement calciné) était de faire croire qu'il s'agissait du meurtre d'une joggeuse, comme il y en avait déjà eu auparavant dans la région.
Il s'agissait de ne retrouver aucune trace de sa femme, et ainsi il pourrait continuer à garder les avantages d'une situation sociale qu'il n'avait pas avant d'épouser Alexia, et surtout de garder l'affection de ses beaux-parents qui disaient de lui qu'il était le gendre idéal.

[Bulle]

C'est bien manipuler ça non ?
S'il est traumatisé par ce qu'il vient de faire, il y a plus simple : avouer.

[Magnus]

C'est juste. Mais l'aveu était pour lui impensable, car il aurait tout perdu immédiatement. Alors, d'accord, c'est vrai, il a manipulé.
Mais peut-être pour s'auto-persuader qu'il n'avait pas commis ce crime, car à ses propres yeux c'était trop monstrueux.
C'est sans doute aussi la raison pour laquelle à l'enterrement d'Alexia, il a mis son costume de mariage : par ce geste, il revenait en arrière... .

[Bulle]

Ou c'était pour mieux persuader les autres et ne pas être soupçonné...
Parce que revenir en arrière je veux bien, mais accuser son beau-frère c'est tout de même bien du mensonge sans scrupules...

D'après des amis du couple : ce couple ne fonctionnait plus.
Par contre l'un comme l'autre jouaient le jeu vis à vis de leur famille. Ce qui montre qu'ils avaient espoir que cela s'arrangerait ? Pour ne pas faire de peine ?
Ils comptaient sur un enfant pour rafistoler leur couple possible. L'enfant ne venant pas ils se sont peut-être renvoyé la responsabilité à la tête l'un de l'autre, comme c'est un grand classique.
Et à la fin un craque complètement. Ou les deux, elle craque et lui annonce qu'elle a décidé de partir et lui n'a pas pu accepté, il craque et devient violent...

[Magnus]

Au procès, sa belle-mère (ou son beau-père, je ne sais plus) lui a demandé s'il l'avait tuée parce qu'elle comptait divorcer. Il a répondu non, qu'elle ne voulait pas le quitter. Ca, c'est sa version.
Mais j'en doute. Il m'étonnerait fort, dans un contexte de couple aussi tendu, qu'elle n'ait jamais parlé de séparation.

...mais accuser son beau-frère c'est tout de même bien du mensonge sans scrupules...

Oui, son accusation de complot de la belle-famille est absolument ignoble.
Je ne sais pas si ça été reconnu comme tel, mais pour moi c'est une circonstance aggravante.
Comme s'il avait un compte à régler avec sa belle-famille.

[Magnus]

Par contre, je viens de lire que :
"L'avocat général avait requis la réclusion criminelle à perpétuité pour Jonathan Daval, auteur d’un "crime conjugal (…) presque parfait" contre sa femme Alexia au motif qu’elle voulait le quitter.

[Bulle]

Scénario tout à fait possible : et il était inimaginable pour lui qu'elle puisse le quitter, tant qu'à la perdre autant que tout le monde la perde.

[Gerard]

Si vous l'avez suivie, que vous inspire cette affaire ?

 Je pense que ce mec est entré dans l'Histoire avec sa tronche de fausse pleureuse.



 Aucun veuf d'une femme assassinée n'osera plus pleurer à des funérailles, de peur d'être comparé à Daval.

...

[Nuage]

 Aucun veuf d'une femme assassinée n'osera plus pleurer à des funérailles, de peur d'être comparé à Daval.

Non mais ça va pas de dire ça Gérard ....
Quand on est en deuil de sa femme qu'on aime, on s'en fout de Daval, c'est le cadet des soucis, bon sang ...

Peut-être en revanche, qu'on aimerait être plus seul pour pleurer. Mais chacun est différent.

Il vrai que ce serait regrettable que quelqu'un suivant comme il peut gérer ses émotions, se freine de s'exprimer (extérioriser) ou ressentir, ce qu'il ressent sous prétexte ou peur de ce que l'on pourra penser de lui (ou pire, comme un interdit tabou) en rapport à cette dramatique chronique Daval.
J'espère bien que dans l'avenir, les c@ns qui pensent à la place des autres avant même de savoir, seront une espèce en voie d'extinction.

[Jipé]

Le Jonathan qui pleure à l'enterrement de sa femme n'est peut-être que l"autre" Jonathan, celui qui est fragile, introverti, sensible et, à en croire ses propos aux enquêteurs, dévalorisé et castré psychologiquement.
Je pense toujours qu'il a une double personnalité et dans cette crise elles sont entrées en conflit, un conflit explosif.

[Bulle]

Bonne remarque !
Mais vous savez quoi : personnellement lorsque je dois aller à un enterrement et ce même de personnes que je ne connaissais absolument pas, et c'était le cas lorsque je devais accompagner mon père qui ne pouvait pas se déplacer seul : je pleure comme une madeleine !
Voir les autres pleurer me fait pleurer

[loofrg]

Des situations telles que les enterrements peuvent aussi provoquer des fous rires nerveux, ce genre de rires gênants vu le contexte, mais impossibles à réprimer.

[Bulle]

Exact ! Je me souviens d'un "oh regarde le prêtre a un sac à main qui fume" (oui j'ai encore honte) qui a provoqué un sacré fou-rire et de sacrées engueulades ensuite...

[loofrg]

Un sac à main qui fume ! Elle est bonne celle-là

[Magnus]

Le Jonathan qui pleure à l'enterrement de sa femme n'est peut-être que l'"autre" Jonathan, celui qui est fragile, introverti, sensible et, à en croire ses propos aux enquêteurs, dévalorisé et castré psychologiquement.
Je pense toujours qu'il a une double personnalité et dans cette crise elles sont entrées en conflit, un conflit explosif.

Je le pense aussi.
Ceci dit, chacun, selon les éléments qu'il a en sa possession, selon ceux qui le frappent le plus, selon aussi son identification à tel ou tel personnage plutôt qu'à un  autre, peut imaginer de multiples scénarii.
Je pense d'ailleurs que d'ici peu, un film sortira sur cette affaire.