La pornographie

[Tibouc]

Que pensez-vous de la pornographie ?
Est-elle un bien ou un mal pour la société ?
Pensez-vous qu'elle devrait être interdite ou pas ?

Moi je ne suis pas du tout contre, je trouve même sa bien après des siècles d'oppression de l'Eglise qui pronait une sexualité épurée (seulement pour avoir des enfants). C'est sympa quand t'es tout seule, et il parait que ça peut relancer la libido du couple.
On dit que c'est dégradant, mais bon, personne n'a obligé les acteurs (actrices) pornographique à faire ce qu'ils (elles) font, il me semble.
Ma seule réserve est que des jeunes font leur éducation sexuelle en regardant des films pornographiques. Et ils pensent que ceux-ci décrivent la réalité, alors qu'ils décrivent une version grossière de la sexualité. Il faudrait donc, je pense, faire comprendre aux gens qu'un film pornographique est avant tout une fiction.

Et vous quel est votre avis sur ce phénomène de société ?

[Magnus]

Il faudrait d'abord s'entendre sur la définition de la pornographie.
N'est-elle pas l'érotisme des autres, celui que ne supportant pas pour soi, on veut interdire aux autres ?

[MrSonge]

Je suis mitigé.
Je n'ai jamais rien eu contre la "bonne" pornographie, si j'ose dire. Celle qui était justement beaucoup plus réelle que les vidéos industrielles d'aujourd'hui, celle qui était plus professionnelle dans la technique et paradoxalement plus naturelle dans le jeu des acteurs. Évidemment, sous réserves que lesdits acteurs aient librement consenti à tourner le film, bien sûr...
En revanche, je suis catégoriquement opposé à la "mauvaise" pornographie, la pornographie industrielle, souvent amateur, mal filmée, sur-jouée de manière ridicule (faut faire du bruit, sinon on n'y croit pas !), avec des acteurs « surhumains » qui persuadent le spectateur que la norme pour un acte sexuel réussi, c'est de tenir aussi longtemps qu'eux, que le comble de l'érotisme c'est de râler des obscénités en plein milieu de l'acte etc...

[Geveil]

J'ai honte de dire que j'ai regardé deux ou trois fois des films pornos, et ça me laissait un goût de sang dans la bouche.

[Magnus]

La "bonne pornographie", c'est tout un art, qui semble aujourd'hui réduit à trembler le plus possible avec son camescope, de telle sorte que lorsque la belle montre ses fesses, l'agité qui la filme zoome sur sa figure, se rend subitement compte que ce n'était pas ça qu'il fallait filmer, en revient à l'arrière-train au moment où elle le revêt, retourne vers son visage sans qu'elle ait eu le temps de se composer un vrai regard enflammé, capote ensuite sur un bout de pièce sans importance, revient sur sa poitrine lorsqu'elle se rhabille, fait un zoom arrière quand il faut faire un zoom avant et inversément, coupe la moitié des cuisses dans le sens de la largeur, laisse pendouiller à mi-chemin entre le membre viril et le visage mal cadré de la nana un morceau de bas-ventre au sexe indéfini, s'attarde sur un pot de fleurs qui ne fait même pas partie du fétichisme du décor, se disproportionne dans les temps de repos et les temps d'action, bref ne respecte rien d'un cinéma digne de ce nom.
Les tout premiers films pornos étaient pires encore : ils relevaient plus de la gynécologie que de l'érotisme !
Où sont donc passés les grands-maîtres de l'érotisme ?
Néanmoins, le style "amateurs" doit son succès au fait que chacun peut s'identifier aux personnages car ils sont ceux de tous les jours, sans artifices inutiles, et le voyeur ou la voyeuse peut plus facilement s'imaginer qu'il s'agit de sa voisine ou de son voisin, cela lui donne l'impression de pénétrer dans leur intimité.

[_pandore]

Pour moi ...
Un mélange de curiosité et de voyeurisme mais pas un besoin.
J'ai déjà répondu au sujet d'euthanasie...

[Mayali]

Comme le dit Tibouc, les jeunes font leur éducation sexuel avec ça....
De nos jours combien de jeunes hommes préfèrent les femmes plus âgées uniquement parce que les jeunes filles ne font pas tout ce qui se passe dans ses films ? Comment les jeunes filles peuvent-elles apprendre à faire l'amour alors que les jeunes rêves de "baise" ? qu'elles pression sur le dos des femmes qui n'aiment pas forcément toutes les positions où tous les actes décrits dans ces films mais qui savent que leurs hommes ne rêvent que de ça à force d'en voir... combien de cas de rupture à cause de mauvaise sexualité dans le couple dû à ces écarts ? ces films poussent les jeunes à voir les femmes comme des "chiennes" et à leur en demander toujours plus sinon ils vont voir ailleurs... alors je suis contre ces films, tout ça nous ramène un peu à un autre sujet qui traite de perversité...

[Magnus]

Pour moi ...
Un mélange de curiosité et de voyeurisme mais pas un besoin.

Chut ? Trop tard, tout le Net est maintenant au courant !

J'ai déjà répondu au sujet d'euthanasie...

Alors, il ne te reste plus qu'à lire l'explication donnée ici.

[_pandore]

Zut j'ai trop parlé ... les carottes sont cuites!
M.D.Infos

[Imala]

Je suis résolument contre. Oui, c'est obcène et dégradant ! Quand à l'interdire... Je ne crois pas ! L'être humain devrait pouvoir se responsabiliser sans qu'on lui dise toujours et en tout ce qu'il peut ou non faire. Si il veut le faire, quoi qu'il veuille faire en cette matière, et bien qu'il le fasse. Il n'y a que lui que cela concerne en définitive.

Imala

[bernard1933]

Personnellement, je partage l' avis de Tibouc . Les images de violence
sont autrement plus pernicieuses . Et que nous sert-on à la télévision ,
sinon des polars sanglants ou, parfois des images d' actualité qui ne peuvent que traumatiser les enfants ? Il y a quelques années, la littérature érotique était soigneusement cachée; et souvenez-vous des kiosques de l' époque . Le seul reproche qu 'on puisse faire au porno, c' est parfois le manque de poésie...mais il en faut pour tous les goûts !
Pour le paisible et le uhlan . En tant que paisible, que dois-je dire
d' autre ?

[Geveil]

D'accord avec Imala, pas d'accord avec Bernard.
Comme je le disais, ayant vu des films porno, ils me laissaient un goût de sang dans la bouche. C'est donc que je les ressens comme de la violence.
De toutes façons, comme je le disais dans une autre discussion, le coït en phase finale est un acte violent, non ?

[Tibouc]

J'ai honte de dire que j'ai regardé deux ou trois fois des films pornos

Tu as honte pour deux ou trois pornos ?
Qu'est-ce que je devrais dire moi alors ?

[Geveil]

Je me sens sale après avoir vu cela, pas toi ?

[Tibouc]

Ben non, je ne me sens pas sale. Meme si je vais me laver les mains après (pardon j'ai pas pu m'empêcher de faire cette blague...).

J'aimerais comprendre ton point de vue Gerève. Qu'y a-t-il de sale à prendre du plaisir à regarder un film pour adulte, du moment, comme je l'ai dit dans mon premier message, qu'on sait que c'est une fiction et qu'on ne fera pas ça dans la réalité ?

[JO]

je n'en ai jamais regardé! Dois-je avoir honte ?
Pas envie . Non par angélisme, ayant eu une vie sexuelle épanouie jusque 77 ans -âge où on ne lit plus Tintin- Mon compagnon ne détestait pas les revues érotiques. Peut-être regardait-il ces films - nous ne vivions pas toujours ensemble ... Pour moi, c'était son jardin . Il suffisait au mien, au-delà de toute espérance . Et, depuis, le souvenir n'accepterait pas de succédané .
Mais je pense qu'il faudrait les regarder avec les ados , pour en parler , expliquer, "philosopher", intégrer , la sexualité, qui n'a pas plus à voir avec le porno que le cana dry avec le champagne .

[_La plume]

Je suis d'accord avec Imala et Gerêve, c'est dégradant pour l'être humain, avilissant pour l'âme. Il faut être pervers pour apprécier ce genre de spectacle

[Jipé]

Je me sens sale après avoir vu cela, pas toi ?

Il y a souvent chez les hommes un sentiment d'infériorité soit par le physique, soit par le côté inhibition ( "je ne peux pas demander cela, ou si je demande, j'aurai un refus, ce qui me frustrera").
Donc voir sans pouvoir, est difficile et se transforme en "ce n'est pas bien, ou c'est dégueulasse", ce qui diminue l'insatisfaction.
C'est une manière de refouler un désir, ou de le biaiser par un refus de satisfaire une demande pulsionnelle.

[Geveil]

Jipé, je me sens inférieur, c'est sûr, au nombre et à la durée des prestations, par exemple, ou à la taille du pénis, mais ça n'a rien à voir avec le fait de me sentir sale. Je trouve que c'est aussi salissant que de regarder un film de violence ou de s'arrêter pour voir un accident sanglant ( Voyeurisme ).
C'est un sentiment que je partage avec La plume, apparemment, mais qui est peut-être du à ma structure cérébrale ou à mon éducation.
Après, on peut se demander si c'est à ceux qui ne ressentent pas cela ou à ceux qui le ressentent qu'il manque une case ?
Il est possible que pour un bonhomme qui bande en permanence et dont la prostate produit des grandes quantités de liquide séminal et les testicules de grandes quantités de testostérone, non seulement ça ne pose pas problème, mais ce soit un excellent exutoire et que ça excite aussi les femelles.

En résumé, y-a-t-il lieu de faire des généralités et de la philosophie sur ce thème? Autrement dit, cette discussion a-t-elle quelque intérêt ?

[_La plume]

Je crois que la pudeur ou une certaine vertu est innée, et ne s'explique pas par l'éducation. Deux frères éduqués pareillement peuvent avoir des réactions très différentes. La pornographie avilit l'image que je me fais de l'être humain qui cherche justement à se dégager de ses pulsions animales et pire encore des désirs malsains de son attachement mental à l'image de l'acte. Car les animaux sont spontanés, ils n'ont pas besoin de pornographie. Mais l'homme trouve un plaisir mental pervers à contempler l'image dégradée de son état d'être humain.

Faut pas chercher des explications chez les psys, ce sont eux les plus malades !
Je pense que ce sentiment de gêne qui vient de l'esprit face à la pornographie est une réaction saine et normale.

[Jipé]

Bien sûr Gerève qu'il y a une question d'éducation ainsi qu'une question de génération. Les parents d'après mai 68 sont devenus moins pudique devant leurs enfants par exemple, sortir de la salle de bains à poils n'en gênait pas ou moins...
Regarder un film porno demande un état d'esprit, qu'est-ce qu'on y cherche exactement ? Est-ce que c'est ludique ou est-ce qu'il y a un besoin derrière ? Selon cet esprit, notre propre intentionnalité est une image de nous en miroir, elle peut être déplaisante parce que non conforme à l'image que nous nous faisons de nous-mêmes.
Elle apparaît en décalage car irrationnelle de ce que nous voudrions être, montrer aux autres.
Ce décalage est culpabilisant, il fait ressentir/ressortir la différence entre ce que nous sommes et ce que nous voudrions être.
Ressentir une excitation sexuelle devant un film porno est quelque part ne pas pouvoir maîtriser son propre contrôle devant quelque chose que l'on dit "sale" "dégoutant", et donc schématiquement, la tête dit non et le corps dit oui, ce qui pour certains n'est pas acceptable.

[Jipé]

Faut pas chercher des explications chez les psys, ce sont eux les plus malades !
Je pense que ce sentiment de gêne qui vient de l'esprit face à la pornographie est une réaction saine et normale.

Généraliser les psys comme des "malades" ne sert strictement à rien, c'est parler pour ne rien dire...
Entre une réaction de gêne et une réaction de parler de porno comme étant avilissant pour l'être humain, il y a une différence. Un film porno n'a jamais été fait pour donner une belle image d'un couple qui s'aime d'amour tendre, tout comme des images de guerre ne font pas du soldat un être plein d'humanité pour son adversaire...

[Tibouc]

Moi j'ai tendance à penser que c'est une éducation "traditionnelle" qui fait du sexe un tabou, voire un péché, qui fait que certains éprouvent un sentiment de gène devant les films pornos.

[_La plume]

Un film porno c'est fait pour quoi sinon pour pour exacerber les plus bas instincts de l'être humain ? C'est avilissant pour la personne humaine.

[Geveil]

Ton analyse, Jipé, est très psy et ce n'est qu'un aspect de la réalité.
Le nœud du problème ( Sans allusion, quoique nous soyons dans un sujet sur la porno ) est de savoir s'il existe un sens "moral" inné ou s'il n'est qu'acquis ( et non kaki ).

S'il est inné, alors PEUT-ÊTRE que mon sentiment de rejet est sain.
S'il est acquis, alors on peut le mettre sur le compte d'une névrose.

A partir de là, il faut remettre ce problème entre les mains de spécialistes.