"Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Ronron : Comment «l'absolu-tout ce qui est» ne pourrait-il pas inclure tous les temps?Imala a écrit:
Comment "ce qui vient" pourrait-il être circonscrit par un discours ou par un écrit, aussi élaboré, ou ...saint soit-il ?
En effet, également : Je Suis qui Je Suis... Au présent atemporel.
S'il y a quelque intention au fait qu'il y a quelque chose plutôt que rien, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'oméga est en alpha...
Pourquoi pas ! Nous nous efforçons plus ou moins tous, à travers des images,des mythes, des symboles, des paraboles, et parfois des concepts de donner du sens à ce "quelque chose plutôt que rien"...
(Suite...)
Donc, se tourner vers l’expérience.
Quelle expérience ? Et n’est-elle pas tout à fait suspecte ? Le travail de déconstruction ne lui est-il pas aussi fatal qu’à toutes les argumentations de l’intellect ?
De fait, il y a, c’est patent, bien des gens pour qui Dieu, leur Dieu, résiste à la déconstruction menaçante ; mais il y en a beaucoup d’autres pour qui elle opère puissamment, même si c’est de façon déconcertante. Il arrive qu’elle soit dissimulée : la façade paraît intacte, mais il n’y a plus rien derrière. Il arrive encore que la foi en Dieu la plus vive (et peut-être précisément pour cela) soit éprouvée à fond par le sentiment de sa disparition.
La première façon dont Dieu disparaît, c’est par effacement pur et simple. Nous avons déjà depuis longtemps quitté le temps des schismes : le grand schisme silencieux, c’est celui des millions d’hommes et de femmes qui sont partis sur la pointe des pieds, et ne se sentent même plus préoccupés par la question. En un sens nous avons aussi quitté le temps de l’athéisme, qui s’occupait encore de Dieu, pour le nier ou le détruire. Ce n’est plus le meurtre de Dieu : il est enseveli et son tombeau est oublié et perdu. Il n’y a plus de trace divine. Car c’est le mode d’exister de l’homme qui a tout à fait quitté cette région-là, où le divin faisait partie du présent et du nécessaire. Ce qui disparaît, c’est cette relation de l’homme à Dieu, qui constituait Dieu comme Dieu.
Reste, il est vrai, ou peut rester l’objet culturel. Paradoxe apparent ; c’est au moment où Dieu a disparu qu’on peut considérer les objets religieux comme patrimoine de l’humanité. Staline ou Ceausescu faisaient démolir les églises : sottise et barbarie, elles sont de l’art qui, avec la science, constitue le pilier de notre culture. Il n’est pas jusqu’à la théologie qui ne mérite d’être relue : grand témoignage d’un passé de l’esprit, qui a place dans la généalogie de notre pensée. Et comment comprendre nos peintres, musiciens, écrivains, penseur, Pascal, Racine ou même Hugo ou Baudelaire, si l’on ignore tout du christianisme ?
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Imala, la parole est d'argent et le silence est d'or, mais je dois dire que ta parole est d'un bel argent, pur et brillant.
Geveil- Akafer
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Geveil, redeviendrais-tu amoureux ? C'est le printemps ! Imala, comment ne pas croire à la télépathie ? Le vieux lion frémit...
gaston21- Seigneur de la Métaphysique
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Vous êtes adorables tous les deux !!!
Geveil... Tu me surprendras toujours ! C'est lorsque je m'y attends le moins que tu m'apporte une petite douceur ! Merci pour ce beau compliment.
Un gros en retour !
Mais cet intérêt culturel, lié à une tranquille tolérance (qui parfois réconforte à tort les croyants), n’est pas autre en son fond que celle qu’on a pour les temples mayas ou pour le mythe grec. Il signifie une distance qui rend impossible d’« y être ». Le signe en est que lorsque pour diverses raisons l’on peut être amené à assister à une cérémonie religieuse, où l’on est censé participer, adhérer, croire, ce qu’on éprouve irrésistiblement, c’est l’ennui. Symptôme qu’assez souvent éprouvent les croyants eux-mêmes et qui devrait leur donner à songer.
On peut encore parler de Dieu, si l’occasion s’en présente. Mais parler à Dieu ou entendre sa parole, cela n’a plus de sens. Quand à la pure élévation mystique, fut-elle toute philosophique, c’est une expérience du vide.
Mais il est un autre symptôme de l’effondrement de Dieu apparemment si paradoxal qu’il peut être invisible ou même prêter à contresens.
Car c’est un certains retour du religieux. Apparemment, en effet, il signifie que Dieu perdure et revient.
Croyance, prière, ferveur, mœurs saintes (au moins désirées), rituels et prédications enflammées… Mais Dieu, si j’ose dire, n’est plus en sa place Dieu. Le Dieu n’est plus au cœur de ce qui fait la substance de la vie ; il prend place dans le grand jeu universel, il est la forme que revêt, pour certains, devant l’angoisse qui menace de déferler, l’intense besoin de s’en protéger par la fixation sur des objets rassurant — et de surmonter la solitude meurtrière par le grand échauffement collectif. Le signe, cette fois, est que c’est une religion de l’immédiat, qui croit fermer la parenthèse des tristes années de doute et de questionnement. Elle est sans question, c’est à-dire sans pensée. Elle correspond assez exactement à ce qu’attend d’elle le monde de la consommation à outrance, elle en a le style : satisfaction immédiate, euphorie, marketing.
En fait, cette religiosité vérifie l’athéisme : elle produit un Dieu qui est projection du désir et de l’angoisse. Elle rétrécit prodigieusement ce qui était l’espace du divin. Elle anémie à fond ce qui en faisait la gravité et même le tragique. Elle défait Dieu.
Et elle méconnait à quel point les « dieux » véritables du monde où elle subsiste (et dont la tolérance, encore un coup, devrait l’inquiéter) sont des puissances indifférents ou hostiles à ce qu’elle croit sauver, car c’est le sexe, le pouvoir et l’argent. On ne tolère que ce qui ne remet pas en cause l’essentiel : un chèque sans provision est aujourd’hui un méfait bien plus grave qu’un blasphème.
Geveil... Tu me surprendras toujours ! C'est lorsque je m'y attends le moins que tu m'apporte une petite douceur ! Merci pour ce beau compliment.
Un gros en retour !
Mais cet intérêt culturel, lié à une tranquille tolérance (qui parfois réconforte à tort les croyants), n’est pas autre en son fond que celle qu’on a pour les temples mayas ou pour le mythe grec. Il signifie une distance qui rend impossible d’« y être ». Le signe en est que lorsque pour diverses raisons l’on peut être amené à assister à une cérémonie religieuse, où l’on est censé participer, adhérer, croire, ce qu’on éprouve irrésistiblement, c’est l’ennui. Symptôme qu’assez souvent éprouvent les croyants eux-mêmes et qui devrait leur donner à songer.
On peut encore parler de Dieu, si l’occasion s’en présente. Mais parler à Dieu ou entendre sa parole, cela n’a plus de sens. Quand à la pure élévation mystique, fut-elle toute philosophique, c’est une expérience du vide.
Mais il est un autre symptôme de l’effondrement de Dieu apparemment si paradoxal qu’il peut être invisible ou même prêter à contresens.
Car c’est un certains retour du religieux. Apparemment, en effet, il signifie que Dieu perdure et revient.
Croyance, prière, ferveur, mœurs saintes (au moins désirées), rituels et prédications enflammées… Mais Dieu, si j’ose dire, n’est plus en sa place Dieu. Le Dieu n’est plus au cœur de ce qui fait la substance de la vie ; il prend place dans le grand jeu universel, il est la forme que revêt, pour certains, devant l’angoisse qui menace de déferler, l’intense besoin de s’en protéger par la fixation sur des objets rassurant — et de surmonter la solitude meurtrière par le grand échauffement collectif. Le signe, cette fois, est que c’est une religion de l’immédiat, qui croit fermer la parenthèse des tristes années de doute et de questionnement. Elle est sans question, c’est à-dire sans pensée. Elle correspond assez exactement à ce qu’attend d’elle le monde de la consommation à outrance, elle en a le style : satisfaction immédiate, euphorie, marketing.
En fait, cette religiosité vérifie l’athéisme : elle produit un Dieu qui est projection du désir et de l’angoisse. Elle rétrécit prodigieusement ce qui était l’espace du divin. Elle anémie à fond ce qui en faisait la gravité et même le tragique. Elle défait Dieu.
Et elle méconnait à quel point les « dieux » véritables du monde où elle subsiste (et dont la tolérance, encore un coup, devrait l’inquiéter) sont des puissances indifférents ou hostiles à ce qu’elle croit sauver, car c’est le sexe, le pouvoir et l’argent. On ne tolère que ce qui ne remet pas en cause l’essentiel : un chèque sans provision est aujourd’hui un méfait bien plus grave qu’un blasphème.
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
.
Bonjour Imala,
quand j'ai commencé à lire le premier extrait de ce fichu bouquin, je me suis dit : << L'auteur nous parle pendant trois plombes du mot "Dieu" mais il n'aborde pas le concept. Comparé aux traités que j'ai déjà lus sur le sujet, celui-ci nous prend plutôt pour des jambons. >>
Je reviens à présent sur cette impression. Car, oui, heureusement, tu as posté la suite du livre, et on y voit déjà plus clair.
Évidemment, suis-je bête ! L'auteur s'adresse aux hommes de notre temps. Voilà ce que c'est de trop se frotter à des auteurs anciens parlant de Dieu, on en perd l'habitude des craintes des hommes de notre temps. Évidemment, l'auteur fait tous les efforts possibles et imaginables pour arriver à réveiller le << sentiment du dieu ineffable >> chez des hommes qui ont déjà connu --- excusez du peu --- Galilée, Darwin, Freud, Marx, Nieztsche...
Alors, ça laisse des traces !
D'où le fait que maintenant je vois avec une certaine tendresse, je dois dire, les efforts démesurés de ton scribouillard pour essayer de ranimer la flamme chez des gens qui doivent l'avoir vingt fois éteinte...
# # #
Je prends le risque de commencer mon commentaire maintenant, alors que la totalité du bouquin n'est pas encore donnée. Comme cela, je prends un risque véritable, celui de fournir des commentaires "à côté de la plaque" si jamais le livre ne tourne pas comme je le prévois --- mais la contrepartie est que cette prise de risque VALIDE a posteriori mon discours au cas où j'ai vu juste.
Mon sentiment est que l'auteur sait tout d'abord que la question est piégée : chacun sur cette terre vient avec << SON >> idée de ce que renferme le mot << Dieu >>, et, maintenant qu'il n'y a plus de grands dogmes unificateurs (comme au temps où le catholicisme était triomphant et les hérétiques brûlés en place de Grève), eh bien, du coup, chacun fait son petit supermarché de la métaphysique, vaz-y pour un peu d'animisme, ou un peu d'immanence, ou un peu de soufisme, un peu de zen, un peu de morale comme ci comme ça, etc...
C'est très reposant d'être croyant de nos jours...
Donc, l'auteur commence par y aller mollo, en tapant dans le sens du << mot >> Dieu, parce qu'il sait qu'il va se faire canarder par tous ceux qui ont mal dormi la nuit dernière sur l'oreiller de la métaphysique, ces mauvais coucheurs éternels pinailleurs du verbe...
Ensuite, le ton vire vers le fait que Dieu est mort, Dieu est vide, Dieu c'est beau mais comment y croire encore ?
Ton théologien, Imala, est un théologien du Désespoir, du Vide, du Creux, de la Mort de Dieu (comme il y en a eu après Auschwitz)... Un paumé viscéral qui a l'honnêteté de le reconnaître et d'en faire fond pour se poser THE question.
# # #
Je ne vais pas plus loin pour l'instant.
Mais je te pose une question : --- laissant Dieu de côté pour l'instant, --- ne reste-t-il pas Cela, cette Chose Monumentale, alors :
La Question
???
.
Escape
Bonjour Imala,
quand j'ai commencé à lire le premier extrait de ce fichu bouquin, je me suis dit : << L'auteur nous parle pendant trois plombes du mot "Dieu" mais il n'aborde pas le concept. Comparé aux traités que j'ai déjà lus sur le sujet, celui-ci nous prend plutôt pour des jambons. >>
Je reviens à présent sur cette impression. Car, oui, heureusement, tu as posté la suite du livre, et on y voit déjà plus clair.
Évidemment, suis-je bête ! L'auteur s'adresse aux hommes de notre temps. Voilà ce que c'est de trop se frotter à des auteurs anciens parlant de Dieu, on en perd l'habitude des craintes des hommes de notre temps. Évidemment, l'auteur fait tous les efforts possibles et imaginables pour arriver à réveiller le << sentiment du dieu ineffable >> chez des hommes qui ont déjà connu --- excusez du peu --- Galilée, Darwin, Freud, Marx, Nieztsche...
Alors, ça laisse des traces !
D'où le fait que maintenant je vois avec une certaine tendresse, je dois dire, les efforts démesurés de ton scribouillard pour essayer de ranimer la flamme chez des gens qui doivent l'avoir vingt fois éteinte...
# # #
Je prends le risque de commencer mon commentaire maintenant, alors que la totalité du bouquin n'est pas encore donnée. Comme cela, je prends un risque véritable, celui de fournir des commentaires "à côté de la plaque" si jamais le livre ne tourne pas comme je le prévois --- mais la contrepartie est que cette prise de risque VALIDE a posteriori mon discours au cas où j'ai vu juste.
Mon sentiment est que l'auteur sait tout d'abord que la question est piégée : chacun sur cette terre vient avec << SON >> idée de ce que renferme le mot << Dieu >>, et, maintenant qu'il n'y a plus de grands dogmes unificateurs (comme au temps où le catholicisme était triomphant et les hérétiques brûlés en place de Grève), eh bien, du coup, chacun fait son petit supermarché de la métaphysique, vaz-y pour un peu d'animisme, ou un peu d'immanence, ou un peu de soufisme, un peu de zen, un peu de morale comme ci comme ça, etc...
C'est très reposant d'être croyant de nos jours...
Donc, l'auteur commence par y aller mollo, en tapant dans le sens du << mot >> Dieu, parce qu'il sait qu'il va se faire canarder par tous ceux qui ont mal dormi la nuit dernière sur l'oreiller de la métaphysique, ces mauvais coucheurs éternels pinailleurs du verbe...
Ensuite, le ton vire vers le fait que Dieu est mort, Dieu est vide, Dieu c'est beau mais comment y croire encore ?
Ton théologien, Imala, est un théologien du Désespoir, du Vide, du Creux, de la Mort de Dieu (comme il y en a eu après Auschwitz)... Un paumé viscéral qui a l'honnêteté de le reconnaître et d'en faire fond pour se poser THE question.
# # #
Je ne vais pas plus loin pour l'instant.
Mais je te pose une question : --- laissant Dieu de côté pour l'instant, --- ne reste-t-il pas Cela, cette Chose Monumentale, alors :
La Question
???
.
Escape
Escape- Affranchi des Paradoxes
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Mais je te pose une question : --- laissant Dieu de côté pour l'instant, --- ne reste-t-il pas Cela, cette Chose Monumentale, alors :
La Question
???
... Que je ne comprends pas. Je veux dire : je ne comprends pas ta question.
Je ne sais pas si "mon" théologien est un théologien du Désespoir, du Vide, du Creux, de la Mort de Dieu (comme il y en a eu après Auschwitz)... Un paumé viscéral qui a l'honnêteté de le reconnaître et d'en faire fond pour se poser THE question, mais je sais en effet, qu'il est honnête dans sa manière de croire que ce qu'il a à dire, et qu'il dit, est susceptible d'en intéresser, enrichir, plusieurs...
Sinon, j'aime bien tes commentaires, Escape.
Imala
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 21/05/2008
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Il est un troisième symptôme plus troublant encore. Le mieux que je puisse faire est d’offrir ici quelque citation.
« Dieu permit que mon âme fût envahie par les plus épaisses ténèbres et que la pensé du Dieu si douce pour moi ne soit plus qu’un sujet de combat et de tourment (…). L’image que j’ai voulu vous donner des ténèbres qui obscurcissent mon âme est aussi imparfaite qu’une ébauche comparée au modèle ; cependant je ne veux pas en écrire plus long, je craindrais de blasphémer… J’ai peur même d’en avoir trop dit… »
« Mon Dieu je ne vous aime pas, je ne le désire même pas, je m’ennuie avec Vous. Peut-être même que je ne crois pas en Vous (…). Si vous avez envie que je croie en Vous, apportez-moi la foi. Si Vous avez envie que je Vous aime, apportez-moi l’amour. Moi je n’en ai pas et je n’y peux rien. »
« Les gens pensent que ma foi, mon espérance et mon amour me comblent en profondeur et que l’intimité avec Dieu et l’union avec sa volonté imprègnent mon sœur. Si seulement ils pouvaient savoir… J’éprouve que Dieu n’est pas Dieu, qu’il n’existe pas vraiment. C’est en moi de terribles épreuves. Comme si tout était mort en moi, car tout est glacial. »
« J’ai connu des heures de doute, des demi-journées de doute. Il n'y avait plus rien. Rien n’était debout et ne rayonnait de ce à quoi j’avais cru et m’étais donné. Je continuais. Je faisais comme si. Mais je voyais venir le jour où je n’aurais absolument plus la foi. »
On songe : « Voilà des croyants bien en peine, en marge de leur foi, sur le chemin de la grand défaite. »
Mais qui sont-ils, au fait ?
Thérèse de Lisieux, sainte et docteur de l’église
Marie Noël, grande poétesse chrétienne.
Mère Teresa de Calcutta, béatifiée.
Le cardinal Congar, pilier du concile Vatican II.
Si ces gens-là ne sont pas au cœur de ce qui s’appelle la foi, qui donc peut y être ?
Mais tous les connaisseurs savent bien que les plus grands mystiques (et pas seulement chrétiens) ont connu l’expérience de la nuit. Toutefois, à lire attentivement ce qui précède, je crois bien qu’apparaît un trait déconcertant ; cette nuit-là semble attaquer jusqu’aux fondements de la foi, ce n’est pas du silence ou du retrait de Dieu qu'il s’agit, mais bien de sa radicale et définitive disparition. C’est comme si la traditionnelle « épreuve » prenait un degré.
On dira : « Mais ces gens-là sont restés croyants ! Et d’autres croyants, soumis à même épreuve, peuvent y trouver réconfort. » Or leur expérience indique ce qu’on pourrait appeler la condition de Dieu dans le monde actuel, précisément quand Dieu est pris tout à fait au sérieux ; comme s’il fallait alors traverser une absence où les vieilles assurances, métaphysiques ou religieuses, ne pouvaient plus donner de la voix.
Que conclure ?
C’est ici à chacun de conclure par lui-même, selon sa propre expérience. Cela peut aller de la pure indifférence jusqu’à la réaffirmation tranquille — ou violente — d’une foi assurée d’elle-même ; ou prendre un autre chemin.
Je n’ai pas à juger, je ne peux que proposer. Mais alors il convient que j’aille vers ce qui paraît le plus radical, le plus difficile et posant les questions les plus dures. A ma mesure, bien sûr, laissant ouverte la possibilité de beaucoup plus fort.
En ce cas, ce qui disparaît ici, ce n’est plus seulement telle ou telle croyance en Dieu, ou même l’idée de Dieu, ou même ce mot ou tout mot semblable ; ce qui disparaît, c’est la région même où Dieu était nommé, j’entends : Dieu comme Dieu, dans sa puissance et sa présence (car il reste « inévitable », comme simple objet du passé).
C’est comme si Dieu avait été, au milieu de l’océan des détresses humaines, une île de sauvegarde. L’île a explosé. Il ne reste plus à sa place qu’une mer, lisse ou agitée, mais où l’île est oubliée.
S’il y a une suite à ce qui s’est narré jusqu’ici, qu’est-ce que ce peut-être ?
(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Si Dieu disparaît, l’homme prend sa place !
Tel est le grand moment de l’athéisme d’Occident. Il est d’abord euphorique : c’est une libération, Dieu ne pèse plus, raison, désir, politique, tout se déploie sans que Dieu vienne limiter ou contredire.
Mais cette euphorie peut être trompeuse. Et Nietzsche, par exemple, annonçait lui-même une crise redoutable. C’est que, dans un temps second, c’est une responsabilité écrasante qui va peser sur l’homme, Dieu avait, si l’on ose dire, une fonction capitale, dont l’ampleur va paradoxalement se montrer dans la disparition de Dieu.
La fonction en question n’a pas de nom, parce qu’elle est en amont de tout ce qui pourrait la définir. Elle assure en l’être humain ce que lui permet d’assumer sa condition humaine. La dire raison est à la fois trop étroit et équivoque ; la référer au langage est méconnaître qu’elle est parole inaugurale, autorisant l’être humain à parler. Cette fonction est ce par quoi l’ordre tient, c’est-à-dire ce qui fait que l’être humain peut se supporter d’être, bienheureusement séparé des peurs et fureurs primordiales, de l’abîme de violence infinie où se déferaient même les violences ordinaires — où tout ne serait que cette nuit fulgurante et glacée, dont seuls quelques poètes ont pu, au plus grand péril d’eux-mêmes, approcher la parole.
Tant que Dieu est nommé en cette place, il peut en quelque sorte masquer l’urgence de la fonction ; la lutte même contre Dieu se nourrit de lui, l’ennemi à combattre peut servir de raison de vivre et de point d’appui. Mais on n’y tient pas indéfiniment. Il faut que la place soit prise.
Cette nécessité, toutefois, peut demeurer invisible. On peut croire que le monde — le monde tel qu’on le perçoit — tient tranquillement par lui-même et sans danger, et qu’on est qui l’on est, avec chaque chose en sa place. On n’en est pas plus soucieux que de la qualité de l’air quand elle est bonne ou de la pesanteur qui nous tient debout sur la Terre, tant qu’elle voudra bien tourner.
(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Dis moi Imala, tu nous livre ces extraits en les tapant sur ton clavier ou les scannes-tu ?
manuramolo- Maître du Temps
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Je les tapes !
Imala
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Il est vrai que le monde où nous sommes tient précisément à nous faire oublier cette condition nôtre. Curieusement, y participent aussi bien le règne de l’économie-techno-science qu’un certains retour du religieux. On y vit sous anesthésie.
Mais l’être humain peut s’éveiller ; par crise personnelle ; en voyant le monde les yeux ouverts ; en songeant aux terrifiantes expériences du XXe siècle est à ce qu’elles signifient. Les « substituts de Dieu » ont engendré le pire.
Il semble alors que l’homme, s’il s’éveille, soit dans une situation étrange. Dieu ou tout ce qui osait prendre sa place se sont pour lui comme effacés. Mais cela ne supprime pas pour autant ce-qui-est-en-cause-là. On n’est plus du tout dans un rapport entre une idée de Dieu et une idée de l’homme pensées à part, entre lesquelles il faudrait établir un rapport. Ce qui est premier, c’est une relation qui se tient en l’homme — ou, si l’on préfère, c’est l’être humain en tant qu’il porte cette relation.
Relation à qui ? A quoi ? Le point décisif, c’est que ce n’est pas relation à quelque chose ou à quelqu’un, de la manière dont nous percevons les choses et les gens : comme, d’une façon ou d’une autre, à ce qui dépend de nous fut-ce très illusoirement. Cette relation-ci n’a pas d’objet, pas de vis-à-vis que nous tiendrions sous notre pouvoir ou notre savoir. Pour ces désirs-là (si puissants !), c’est la relation à rien. On peut dire : à l’insaisissable. Mais du moins quel sens a –t-elle ? Elle est en l’être humains lui-même, l’ouverture irréparable, irrépressible, irréductible à ce qui défait sa prétention, lui révèle sa limite, lui ouvre les possibles, lui signifie le respect qu’il doit à tout ce qui est et qu’il n’a pas créé et, plus que tout, à l’autre être humain, son proche et semblable. De là peuvent venir aussi bien les plus grandes angoisses et les plus grands dangers, que ce qui donne à l’homme la puissance de supporter sa condition.
L’athéisme retournait la relation à Dieu : non plus l’homme soumis à Dieu, mais l’homme maître de Dieu. Il s’agit ici d’un nouveau retournement : non plus l’homme ramenant tout à lui, mais reconnaissant en lui ce qui demeure hors de toute prise ou emprise ; et non point comme ce qui lui est extérieur ou étranger, mais comme ce qui est son être propre, bien que, par rapport à tout genre de possession, dans une distance infinie.
Il faut ici éviter la méprise. L’homme croyant peut se dire, tout heureux, qu’on retrouve ce qu’on avait perdu. La disparition de Dieu n’était qu’une fiction. Dieu est toujours là. « Il n’y a pas d’athées, disait Maurice Blondel, il n'y a que des idolâtres *. » L’idole tombée, Dieu reparaît.
Mais ici, le processus est inverse. Il ne s’agit pas de faire rentrer ce qui s’annonce dans l’espace connu du Dieu connu, mais de l’explosion de cet espace-là. Qu’en sera-t-il finalement ? Nul ne le sait encore, puisque ce qui s’annonce est l’inconnu. Mais ce moment doit être accepté en ce qu’il est ; où il ne s’agit pas de revenir en arrière, mais de traverser et aller plus loin.
J’évoquais cette mer d’où l’île a disparu. Mais il se peut qu’en les profondeurs sous-marines, le volcan, dont l’île était un dépôt provisoire, fasse explosion.
Dieu disparu, c’est désenchantement du monde et solitude des humains. La question devient une question humaine : comment survivre ? Elle paraît obsolète et ridicule à ceux… qui ne l’entendent pas.
* Dans le contexte de l'oeuvre de Blondel, cette phrase a une autre portée qu'ici !
(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
A lire ces extraits, j'en arrive à penser que la conception et la croyance en Dieu sont nées et se sont développées en fonction de notre propre angoisse devant les malheurs qui nous entourent et nous menacent, notre propre mort incluse.. Dieu est le fruit de nos angoisses, donc de notre émotion . Tiens, un Dieu créé par notre cerveau de mammifère et non par notre néo-cortex ? Et puis, quand ce dernier prend le dessus, quand nous prenons conscience de l'injustice du monde, des innocents qui payent pour les corrompus et les pourris, des enfants qui meurent..., le doute s'installe, et Dieu se meurt sans faire de bruit...Les religions jouenr sur l'émotion, jamais sur la raison.
Je pense à l'abbé Pierre, que j'ai beaucoup admiré, et qui , dans son livre "Mon Dieu...pourquoi ?", exprime son doute, à soeur Emmanuelle qui, elle aussi, l'exprime.
Dieu naît dans nos tripes, pas dans notre crâne...
Je pense à l'abbé Pierre, que j'ai beaucoup admiré, et qui , dans son livre "Mon Dieu...pourquoi ?", exprime son doute, à soeur Emmanuelle qui, elle aussi, l'exprime.
Dieu naît dans nos tripes, pas dans notre crâne...
gaston21- Seigneur de la Métaphysique
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Dieu naît dans nos tripes, pas dans notre crâne...
... Et c'est ce dont nous "accouchons", lorsque Dieu naît dans nos tripes, qui posent problème...
Ne faudrait-il pas plutôt accoucher de soi ?
En ce sens, je crois que les doutes lorsqu'on a la foi, c'est ce qui peut nous arriver de mieux... Même si pour cela, il nous faut traverser "la grande nuit de l'âme"...
Silouane (moine Russe) se plaignant dans la prière de ne plus pouvoir louer et adorer Jésus-Christ avait reçu cette réponse : "Tiens ton esprit en enfer ! Sans désespérer."...
Imala
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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Si vraiment la place où l’homme mettait son Dieu se vide de tout objet, si ce qui nous est le plus nécessaire passe hors toute saisie ou toute prise, où le connaîtrons-nous ?
En ce qu’il advient de l’homme, en ce que devient son chemin d’humanité. Ce chemin n’est pas défini par une méthode ou par l’idée, il se tient en amont, du côté de cette naissance prodigieuse : l’avènement d’humanité. C’est pourquoi, aussi bien, il peut partir de n’importe où, là où se tient l’être humain juif ou grec, grec ou barbare, comme disait saint Paul, et pour se faire plus contemporain, croyant ou incroyant, chrétien ou d’ailleurs, etc. Il ne demande que d’être à ce qui se donne là et d’avancer à travers l’épaisseur de la pâte que nous sommes, à travers même l’en bas qui nous habite, où peut-être nous avons glissé. Toute existence humaine vaut, car il suffit au plus démuni, au plus défait, d’entendre la parole qui parle là, pour habiter la lumière irrépressible.
C’est pourquoi celui qui part du Dieu auquel il croit a grande chance de le perdre : jusqu’à éprouver la non-foi — pour que la relation soit pure. Et celui qui part de l’absence ou de la négation de Dieu peut voir s’annoncer, dans son travail sans concession pour s’établir en l’homme, le don venant vers lui de l’Imprenable.
Immense tâche, tâche infinie. Car il faut traverser les équivoques de Dieu et tout ce qui s’ensuit (et qui peut, bien sûr, prendre tout autre allure que ce que nous avons décrit). C’est traverser, du même pas, les équivoques de l’existence. Les deux équivoques se multiplient l’une par l’autre, créant cette prodigieuse confusion où, si l’on peut dire, Dieu est tombé, avec tout ce qui lui ressemble.
Il se peut alors que par la force même du chemin fait, Dieu paraisse comme rien ; et tout ce qui s’y rapporte, le nomme, en parle, comme un voile léger jeté sur l’opacité du réel. Toutes les objections des incrédules semblent avoir le rude bon sens du constat.
Mais il se peut, de l’autre coté, que l’œuvre où l’homme s’investit tout entier, se passant de Dieu et du reste, vienne au bord d’un océan de déréliction, d’un vertige du néant et de destruction. Comme si la longue marche arrivait au bord de la mer et que le pays espéré soit par-delà cet immense abîme liquide, où les dures certitudes d’autrefois ne servent pas plus qu’à un navigateur perdu sur l’océan le manoir de ses ancêtres.
Ou bien — mais c’est finalement même chose — comme si la critique forte de ses pouvoirs, la volonté de dépassement ou le relativisme sûr de lui sentaient s’effondrer le sol sur lequel il faut bien s’appuyer, faute de quoi c’est le gouffre des pensées impossibles et des angoisses immaîtrisables.(A suivre...)
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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Pouvons-nous risquer cette pensée : que l’expérience humaine, lorsqu’elle est menée vers l’extrême, c’est-à-dire vers sa vérité, est une même fondamentale expérience où se rejoignent ceux que les oppositions et querelles dont nous avons hérité semblaient séparer.
Alors la grande affaire, l’unique affaire est que le chemin ne se perde pas dans la ténèbre, que se lève, au cœur même de la nuit, la lumière irrépressible que rien ne détruira.
Et la critique, ici, défait toute objectivation ou représentation de Dieu ; comme elle défait toute prétention à enclore l’être humain dans une suffisance satisfaite.
A ce titre, que soit le point de départ — Dieu, tel Dieu, pas de Dieu —, le chemin essentiel est le même. Il commence par un déjà là d’humanité qui a ses assurances — hors de quoi, c’est l’angoisse absolue, le vertige de l’inhumain. Il continue par la mise à l’épreuve de l’être humain, dans la confrontation de ce qui l’assure avec sa condition réelle.
L’épreuve peut varier, forte ou faible, héroïque ou paisible (par les exemples donnés plus haut, on a vu quelle intensité elle peut prendre dans la foi elle-même).
On peut du moins évoquer ce que l’être humain peut attendre de là : que vienne vers lui ce qui coïncide avec son désir le plus puissant et sa lucidité la plus aiguë — pout tout l’homme et tous les hommes.
Cela ne peut que demeurer ouvert, en amont de toute théorie, allant vers le toujours plus loin. Nommer Dieu est alors aussi redoutable que de ne pas le nommer. Le mouvement de l’opposition entre Dieu et non-Dieu commençait entre croyance aveugle et incroyance prétentieuse. Il va vers une étrange limite où affirmation et négation tendent à se joindre : dire qu’il est — ou qu’il n’est pas —, c’est effacer tout prétention à le saisir.
Mais s’il en est ainsi, ce qui se présente est une espace nouveau. Il n’est plus commandé par nos répartitions classiques : foi et raison, religion et laïcité, théologie et philosophie. Ces distinctions peuvent avoir sens, mais l’espace premier n’est pas commandé par elles.
Du même coup, les relations humaines prennent une autre figure. Celui qui nomme Dieu et celui qui ne le nomme pas peuvent s’éprouver proches, profondément proches, par leur façon d’habiter la vie, l’esprit de recherche et d’ouverture, le lien d’amitié qui se soutient par-delà toute prétention. En revanche, l’un et l’autre étrangers à ceux qui paraît-il, sont de même conviction, opinion ou appartenance qu’eux-mêmes, en butte fréquemment à leur hostilité, et dans l’impossibilité de se faire entendre d’eux. Autre paysage, vraiment.(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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N’est-ce pas ce qu’il faut bien constater ? « Celui qui croyait en Dieu, celui qui n’y croyait pas » ont pu être frère d’armes dans la Résistance. Et la même fraternité se retrouve aujourd’hui, pour la justice et la vérité. Mais les fanatiques de toute espèce et intégristes de toute croyance, même si entre eux ils s’entretuent, appartiennent au même monde : celui précisément de la mort.
On fera objection : ce chemin d’humanité n’est pas universel, non seulement parque beaucoup ne le prennent pas, mais parce qu’ils n’y songent même pas. Mais l’universel, en tout domaines est toujours ce qui advient à l’humanité ; il n’est pas d’emblée manifeste ni admis par tout le monde. Ainsi en science même, où le plus élémentaire a une histoire. Il n’est même pas vrai qu’une vérité, dès que parue, s’impose à tous. Il faut un second temps, d’acceptation et digestion si l’on peut dire, et d’autant plus long et rude que le neuf ébranle plus fortement l’ancien.
On ne sera pas surpris qu’il en soit de même ici, pour ce qui est sans doute aux humains le plus difficile à reconnaître et à porter.
En revanche, il est bien vrai que cela est pour tous, puisque ne présupposant rien d’autre que la présence humaine. En un sens, rien de plus humble ! C’est pourquoi ce sont les plus simples, le pauvres et démunis qui peuvent y avoir accès, tandis que bien des savants, encombrés de leur savoir, demeurent à la porte.
Mais ce qui demeure ainsi, n’est-ce pas rien ? Pour nous, où nous sommes, qui nous sommes, le vide ? La raison et l’expérience protestent contre ce qui paraît renvoyer l’être humains aux fumées mystiques les plus suspectes.
On peut, pour y répondre, reprendre l’image fameuse du soleil : y fixer le regard aveugle, mais il n’empêche que le soleil éclaire tout. Et pour l’homme de foi : plus on s’approche de Dieu, plus il s’éloigne, mais la lumière change.
C’est pourquoi précisément l’expérience jugera de ce qu’il en est ; cela se situe dans toute l’épaisseur de l’expérience humaine, dans ce qui opère comme donation de vie, libération, puissance. Non plus une expérience « religieuse », qui serait comme renvoyée à la cette région-là, soumise aux feux croisés de la critique, mais l’expérience enfin humaine, radicale et totale, délivrée de ce qui l’enferme et l’exténue.
C’est alors cette purification de la pensée qui défait toute clôture et toute prétention, qui critique la critique elle-même, quand elle méconnaît que le lieu de la crise extrême exige accueil et création. Une telle purification est au cœur de la pointe de la science.
C’est cette présence ou ce retour des grands symboles où ce qui appartient aux sens et à la chair se révèle présence de l’esprit, ouvre le visible à l’invisible. Ultime œuvre d’art.
C’est ce mouvement, cet élan qui ne se résigne pas au malheur et à l’iniquité ; cet élan, avant tout ce qui va lui donne forme, méthode, institutions, et donc capable de critiquer et défaire toute crispation d’appareil ou d’idéologie. C’est l’âme de la politique, quand elle est à la hauteur des enjeux.
C’est, de façon décisive, ce qui se tient au cœur des relations humaines quand elles sont présence partagée, écoute réciproque, soin, partage, amour, et allant jusque vers l’ennemi et l’étranger. Au cœur de cet entre nous se tient tout l’insalissable, qui fait que chaque humain est pout tout humain l’infini, et non ce qu’il peut saisir, par savoir ou pouvoir, y compris sous prétexte du bien ou de la vérité.
C’est dans ce que l’homme est pour l’homme qu’on sait ce qu’il en est de la relation primordiale. Et pas seulement dans le discours, dans l’intention, le ressenti, mais dans l’effectif. C’est pourquoi tout ce qui éclaire les humains sur leurs relations est éclairement de ce qu’est réellement pour eux le « ce sans quoi », le « ce à partir de quoi » ils peuvent humainement subsister.(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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Voilà que le chemin semble mener au silence. La question n’est plus de croire en Dieu, le nommer ou pas. La grande différence semble passée ailleurs : en ce que sont les humains, confrontés à leur condition ; en leur courage à vivre, leur lucidité ; et, suprêmement, en ce qu’ils sont les uns envers les autres.
Ce qui reste alors de Dieu (si l’on peut dire), c’est cet espace nu et vide qui se tient entre les humains, et qui signifie seulement (mais quel seulement !) qu’il n’y a nulle emprise de l’un sur l’autre, seulement le regard, la voix, le visage, la présence qui donnent à chacun d’être délivré de l’abîme, de la haine solitaire — ce monstre impensable.
Ce qui demeure — ou ce qui advient —, c’est cet espace qui s’élargit et se creuse sans cesse entre nous et ainsi nous rassemble. C’et en lui que nous pouvons être, les uns aux autres, accueil, liberté, nourriture ; nous ensemble, dans le tout premier lien d’humanité, qui est aussi le plus haut, car il est vrai qu’alors nous ne sommes tenus par rien, rien ne précède cette donation pure qui fait qu’être les uns aux autres est vie.
Pourtant, est-ce que Dieu ne continue pas à faire différence ? Car il y a ceux qui le nomment et ceux qui ne le nomment pas.
Quel sens y a-t-il à le nommer
Il faut voir où. Ce n’est pas tant le discours sur Dieu qui fait ici question. C’est plutôt ce qui donne chair à la relation à Dieu, chair de parole, à savoir la prière.
Des humains parlent à Dieu, et ils écoutent la parole de Dieu — car la prière, en son plein, est cet échange. D’autres, non.
La différence parait claire.
Elle ne l’est pas du tout. La prière est prise tout entière dans ce mouvement que nous avons décrit à propos de Dieu. Elle baigne dans cet énorme amoncellement du « religieux » où Dieu, depuis des millénaires, ne cesse d’être invoqué. Même si elle fait choix dans cette immensité (si par exemple elle se veut chrétienne), c’est encore dans la reprise d’une histoire gigantesque — où il y a de tout. Avec, du coup, la nécessité d’y faire un rude travail de vérité : sauver la tradition, c’est la délivrer de ce qui l’encombre et la défait.(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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Si donc quelqu’un prie, il convient de voir du moins à quelles conditions sa prière doit répondre pour ne pas être prise dans l’équivoque. Car il n’y a de prière juste qu’à s’en libérer. Travail qu’on peut craindre infini et qui travaille tout l’homme. La prière est lieu de la demande, de l’angoisse, du repentir, de l’espérance, de l’exultation. De tous les dangers, multipliés sans mesure parce que tout est jeté en Dieu. En particulier, la demande, c’est-à-dire le désir, est sans doute le mouvement de la prière, et peut-être l’ultime (voyez le Notre Père). Purifier la prière, c’est purifier le désir, jusqu'à ce qu’il rejoigne la volonté de Dieu. Mais rien de plus suspect que cette « volonté ». Elle a servi tous les pouvoirs, encouragé tous les masochistes.
Purifier, purifier. C’est-à-dire en venir à déconstruire Dieu, puisque c’est « mon » Dieu — ou le notre. Les mystiques les plus orthodoxes le savent (on conçoit que l’autorité religieuse s’en méfie !). S’approcher de Dieu, c’est le rendre lointain par rapport à tout ce que nous avons construit : le vrai Temple est l’Ailleurs, le souffle que tu entends, mais dont tu ne sais ni d’où il vient ni où il va.
Mais l’équivoque est toujours renaissante : aucune « bonne doctrine », aucune ferveur ne peut s’en croire préservée. Il y faut une vigilance permanente et, puisque toutes les relations y sont concernées, ce ne peut être que par une critique radicale et toujours ranimée.
Car la critique elle-même peut se faire illusoire. C’est ainsi que plus ce qu’on se risque à penser de Dieu veut correspondre à la relation la plus forte et la plus libérante, plus en un sens le risque croit. Des « images » de Dieu, à la façon des dieux grecs et latins, peuvent donner place aisément à la critique ; mais un Dieu plus élaboré, si j’ose dire, peut se prétendre le « vrai » Dieu, triomphant des idoles. Et plus il est « pur esprit », « tout-puissant », « créateur et sauveur », plus l’équivoque est redoutable. Car elle est d’abord dissimulée, par les discours et les pratiques afférentes. Elle ne se dévoile que dans l’analyse des relations réelles.
Ainsi peut se révéler, par exemple, que l’image qu’on avait de la puissance de Dieu ne pouvait que le rendre odieux ; alors que si l’on nomme cette « puissance », ce ne peut être que nommer l’impensable, et tout ce que nous en pouvons connaître, c’est au cœur de la relation elle-même insaisissable, ce qui nous donne puissance contre les forces de destructions.
La prière, allant son propre chemin, est ainsi critique de la pensée. Elle met à mal tout ce qui fait de Dieu un objet de pensée, fût-ce dans les hauteurs philosophiques, fût-ce pour le nier ; car c’est établir là une relation de savoir, alors que le non-savoir rigoureux est principe de la connaissance.
Nous avons déjà évoqué, à cet égard, les « preuves de Dieu ». Le philosophe qui en discute croit détacher l’objet Dieu de sa subjectivité ; elle d’autant plus présent qu’elle ne se dit point.
L’étrange dialogue avec Dieu — absurde à qui n’en a vu que l’extérieur — devient, par son exigence même, ce qui laisse le hors-de-tout-nom dans son Nom propre mystérieusement imprononçable, par-delà tout idée, même d’infini ou d’altérité.
Mais le mot de « prière », évidemment, peut gêner ; il peut évoquer tant d’autres choses que ce qu’on évoque ici. Misère de tout le langage religieux ! Disons que ce mouvement de l’être humain, qui accueille et va, se porte vers le désir absolument pur, le désir nu, qui ne sait rien, qui n’a pas d’objet, non par angoisse ou nostalgie du ventre maternel, mais parce qu’il est la transgression extrême. Il passe par-delà les élévations de l’âme vers le Bien, l’Être, l’Essence ineffable, le Rien qui et tout ; car ces élévations sont encore de l’âme de ce monde, allant son propre chemin. Mais ce désir transgresse la frontière du monde, il ne tient que par ce qui vient vers lui de l’ailleurs autre que tout autre.(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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La parole humaine, si l’homme parle encore en cet espace, passe dans une condition étrange : on ne peut la posséder, la réfléchir, elle fuit tout ce qui voudrait (à nouveau) en faire un objet. Il y a, dans cette parole impuissante à même se connaître, quelque chose qui peut sembler comme enfantin ; mais ne méprise l’enfant que celui qui ne connaît point l’homme.
Parole en quelque sorte jetée dans le vide, pont vertigineux par-delà tout, vers une autre rive dont il n'y a aucun savoir. Mais c’est cet écart, en effet vertigineux, qui peut être lieu de naissance de la plus haute pensée, parce que précisément il est l’amont de tout.
Quand aux modalités, tout est permis. Tout peut être bon et tout peut être funeste. L’espace de cette relation-là excède tout espace connu. Il convient, à nous les humains, d’avoir récits, annonces, discours, rites, célébrations. Le nier est prétention, illusion de l’esprit pur. S’y fier est imprudence. Reste que, dans l’habituel de la religion (chrétienne en particulier), le clavier de cette musique est incroyablement rétréci, et la composition ou l’improvisation étrangement pauvrettes.
En tout doit se faire vérité. Il faut donc s’attendre à ce qu’il y ait épreuve. Elle peut aller jusqu’à l’extrême. Il peut arriver que la prière tue la prière, c’est-à-dire que l’intensité même du désir qui l’anime consume et défasse tous les supports, tous les langages. Ce peut être comme l’acte de la « fine pointe de l’âme », mais vécue peut-être comme la grande Absence, qui dépasse toutes les limites de l’espace religieux et fait traverser la grande fin de tout.
Et pourtant qui se tient là, dans la disposition de la juste humilité — soit l’acceptation et l’accueil du toujours plus grand —, qui se tient là est, même ne le sachant pas, dans la paix primordiale, non pas le grand effacement, mais Shalom, la puissance de vie délivrée de l’horreur du meurtre.
Oui, il est possible que cette prière-là, dépassant la prière, opère des façons les plus profanes, les plus irréligieuses qui soient. C’est une couleur de l’âme, une tonalité du chant intérieur, c’est cette puissance de l’esprit qui habite la plus haute pensée, la critique enfin délivrée de tout le goût de mort, l’engendrement du monde par-delà le monde.
C’est pourquoi tout ce que nous appelons « religion » s’en trouve transmué. Le contenu des choses religieuses, doctrine, rites et pratiques, quitte le lieu clos où il ne cesse de se réduire et confiner, pour parler et agir dans l’espace d’humanité. Plus fortement, c’est en cette parole- et-action surgissant parmi les humains que se crée l’espace où cette parole parle. Elle engendre son propre lieu.
Il se peut qu’alors se lève au cœur de l’homme un désir de feu, capable de transgresser la loi du monde, un désir humble, très humble, d’une puissance incalculable, jusqu’à perforer les évidences, croire l’impossible et faire la substance de la vie.
Ce désir peut habiter l’homme d’en bas, le défait, l’humilié, le supplicié. Il réunit ceux qui le goûtent par-delà tout mur et toute frontière. Il est amour, il est la violence extrême de cet amour qui passe l’autre côté de raison et sagesse, qui sont plaine et repos, vers l’autre versant de la montagne, le paysage inconnu.
Le mot « prière » est trop lourd et trop compromis. Pas de mot. Voilà qui va vers le silence.
Il faut l’avouer : ce que je viens de dire peut paraître insupportable, en tout cas étranger non seulement à bien des incroyants, mais à bien des croyants eux-mêmes ; comme si, en fait, s’aggravaient à fond des difficultés déjà pressenties ou ressenties.
Mai quoi, il est impossible, si l’on se risque vraiment à parler en ce lieu-là, de garder jusqu’au bout une neutralité qui survole tout. Cette prétention-là est plus suspecte que tout le reste. Elle s’imagine, non seulement hors ce qui est en cause, mais capable d’en juger du haut — de quoi ? Du plus haut que Dieu même ?(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 21/05/2008
Au-delà de dieu...
Bonjour Imala,
Vous avez écrit : '' Si dieu disparaît, l'homme prend sa place ! ''
Mais qu'en est-il des autres spiritualités comme le bouddhisme par exemple, avec
sa branche zen ?
La notion d'un Absolu conçu comme un être suprême (dieu) unique créateur de l'univers, lui est totalement étrangère. Dans le bouddhisme zen par exemple, il
n'y a aucune référence à des divinités comme c'est le cas avec le bouddhisme ti-
bétain. Le Bouddha n'a jamais fait la moindre allusion à ce concept de dieu.
Lorsque des gens venaient à lui pour lui poser des questions du type : '' les dieux existent-ils et émanent-ils de l'Unique, du Brahman. (Réalité Suprême, l'Absolu) ? '' ou : '' les yogis survivent-ils après la mort ? '' ou encore :
'' l'âme existe t-elle et si oui où est-elle située ? ''
La tradition rapporte que le Bouddha gardait '' un noble silence '' qu'il rompait parfois pour leur répondre que se poser ce genre de questions, éloignait
de la vraie connaissance de soi et de celle des processus psychologiques qui gé-
nèrent les angoisses, qu'elles soient existentielles ou non, en empêchant d'atteindre cette Paix, ce Silence transcendant, que désigne le terme
de : nirvana.
Ainsi dans certaines spiritualités : bouddhisme, sâmkhya, etc. ou certains yoga,
c'est lorsque ces pensées générées par le mental au sujet de l'absolu ( qu'il tente de se représenter à lui-même, grâce à ce concept d'un Etre (dieu) ou bien autrement ) disparaissent ; qu'il lui devient possible d'être mieux à même de développer cette faculté d'observateur, de Vision-témoin propre
à la conscience ; permettant ainsi à l'individu de se délivrer mentalement de ce processus occasionnant ces projections particulières de pensées, que l'on appelle croyances religieuses ; en lui donnant ainsi accès à cette dimension d'ouverture, qui permet d'atteindre à cette Paix transcendante qui ne dépend pas du nombre des expériences de la vie et de leur entrepos dans le stock de la mémoire ; mais de ce nouveau statut représenté par une Conscience positionnée au-dessus de toutes les pensées qui traversent cette partie d'elle-même que l'on désigne par le terme de mental.
Dès lors dieu disparaît, et l'homme - l'ego - ne prend pas sa place.
A la dite place, peut même s'installer un genre de mental nouveau, plus lumineux, qui non seulement ne se laisse plus entraîner et ne répond plus auto-
matiquement, comme l'ancien, aux activités mécaniques de certaines pensées, mais qui au contraire manifeste une forte tendance à les faire disparaître complètement.
Par la suite peut même apparaître par intermittence ou s'installer progressi-
vement, une étrange félicité que les cellules et la matière semblaient receler depuis toujours, mais qui était cachée par le ronron sans fin et les inquiétu-
des du mental ordinaire, ainsi que par le vital : cette partie, ou zone de manifestation et d'expression des instincts, des passions, des émotions.
Il n'y a là non seulement aucun passage obligé vers ces sombres nuits et ces angoisses de l'âme, que connaît la majorité des mystiques des monothéismes ; mais de plus, cette nouvelle félicité peut même commencer à remplacer progressivement chez certains, les passions et les désirs comme moteurs de leurs actions et de leurs oeuvres.
Ces vérités sur les possibilités humaines étaient connues par quelques courants gnostiques, qui ne visaient pas tous comme cela a été souvent affirmé à tort, à une simple libération des âmes hors de ce monde matériel.
En Inde dans la majorité des '' écoles '' le karma-yoga ( yoga des oeuvres et de l'action ) ainsi que le jnana-yoga ( yoga de la connaissance de ce Soi non engagé dans les travaux et les activités de la nature, ainsi que dans les processus mentaux ) ont il est vrai, une forte tendance à être utilisés afin de préparer l'homme à accomplir des actions désintéressées, en vue d'une libération - par absence de désirs car ils enchaîneraient l'âme - hors de la roue du cycle des renaissances - '' réincarnation '' - Mais l'ancienne connaissance de l'Inde - Véda - savait que cette félicité dont j'ai parlé, est le véritable levier de la transformation de la nature humaine, et que sa manifestation progressive en ce bas monde permettrait d'orienter l'organisation des sociétés humaines, vers une harmonie inimaginable et impossible à réaliser au moyen des pâles et vacillantes lueurs de la raison et du mental humains.
Vous avez écrit : '' Si dieu disparaît, l'homme prend sa place ! ''
Mais qu'en est-il des autres spiritualités comme le bouddhisme par exemple, avec
sa branche zen ?
La notion d'un Absolu conçu comme un être suprême (dieu) unique créateur de l'univers, lui est totalement étrangère. Dans le bouddhisme zen par exemple, il
n'y a aucune référence à des divinités comme c'est le cas avec le bouddhisme ti-
bétain. Le Bouddha n'a jamais fait la moindre allusion à ce concept de dieu.
Lorsque des gens venaient à lui pour lui poser des questions du type : '' les dieux existent-ils et émanent-ils de l'Unique, du Brahman. (Réalité Suprême, l'Absolu) ? '' ou : '' les yogis survivent-ils après la mort ? '' ou encore :
'' l'âme existe t-elle et si oui où est-elle située ? ''
La tradition rapporte que le Bouddha gardait '' un noble silence '' qu'il rompait parfois pour leur répondre que se poser ce genre de questions, éloignait
de la vraie connaissance de soi et de celle des processus psychologiques qui gé-
nèrent les angoisses, qu'elles soient existentielles ou non, en empêchant d'atteindre cette Paix, ce Silence transcendant, que désigne le terme
de : nirvana.
Ainsi dans certaines spiritualités : bouddhisme, sâmkhya, etc. ou certains yoga,
c'est lorsque ces pensées générées par le mental au sujet de l'absolu ( qu'il tente de se représenter à lui-même, grâce à ce concept d'un Etre (dieu) ou bien autrement ) disparaissent ; qu'il lui devient possible d'être mieux à même de développer cette faculté d'observateur, de Vision-témoin propre
à la conscience ; permettant ainsi à l'individu de se délivrer mentalement de ce processus occasionnant ces projections particulières de pensées, que l'on appelle croyances religieuses ; en lui donnant ainsi accès à cette dimension d'ouverture, qui permet d'atteindre à cette Paix transcendante qui ne dépend pas du nombre des expériences de la vie et de leur entrepos dans le stock de la mémoire ; mais de ce nouveau statut représenté par une Conscience positionnée au-dessus de toutes les pensées qui traversent cette partie d'elle-même que l'on désigne par le terme de mental.
Dès lors dieu disparaît, et l'homme - l'ego - ne prend pas sa place.
A la dite place, peut même s'installer un genre de mental nouveau, plus lumineux, qui non seulement ne se laisse plus entraîner et ne répond plus auto-
matiquement, comme l'ancien, aux activités mécaniques de certaines pensées, mais qui au contraire manifeste une forte tendance à les faire disparaître complètement.
Par la suite peut même apparaître par intermittence ou s'installer progressi-
vement, une étrange félicité que les cellules et la matière semblaient receler depuis toujours, mais qui était cachée par le ronron sans fin et les inquiétu-
des du mental ordinaire, ainsi que par le vital : cette partie, ou zone de manifestation et d'expression des instincts, des passions, des émotions.
Il n'y a là non seulement aucun passage obligé vers ces sombres nuits et ces angoisses de l'âme, que connaît la majorité des mystiques des monothéismes ; mais de plus, cette nouvelle félicité peut même commencer à remplacer progressivement chez certains, les passions et les désirs comme moteurs de leurs actions et de leurs oeuvres.
Ces vérités sur les possibilités humaines étaient connues par quelques courants gnostiques, qui ne visaient pas tous comme cela a été souvent affirmé à tort, à une simple libération des âmes hors de ce monde matériel.
En Inde dans la majorité des '' écoles '' le karma-yoga ( yoga des oeuvres et de l'action ) ainsi que le jnana-yoga ( yoga de la connaissance de ce Soi non engagé dans les travaux et les activités de la nature, ainsi que dans les processus mentaux ) ont il est vrai, une forte tendance à être utilisés afin de préparer l'homme à accomplir des actions désintéressées, en vue d'une libération - par absence de désirs car ils enchaîneraient l'âme - hors de la roue du cycle des renaissances - '' réincarnation '' - Mais l'ancienne connaissance de l'Inde - Véda - savait que cette félicité dont j'ai parlé, est le véritable levier de la transformation de la nature humaine, et que sa manifestation progressive en ce bas monde permettrait d'orienter l'organisation des sociétés humaines, vers une harmonie inimaginable et impossible à réaliser au moyen des pâles et vacillantes lueurs de la raison et du mental humains.
Arkora- Sorti de l'oeuf
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Hello Arkora,
Je ne sais pas. Je ne suis pas bouddhiste, et les connaissances que j'ai de cette religion étant très limitée, je ne me risquerai pas à vous répondre de manière détaillée.
Juste ceci peut-être : je crois comprendre que le bouddhisme part de la condition humaine pour réaliser son potentiel divin, sa nature de Bouddha, et si le sanskrit "Bodhicitta" signifie littéralement "la conscience de l'éveil (bodhi)" = la ferme détermination d'atteindre l'état de Bouddha pour le bienfait de tous les êtres, le Christ semble avoir alors une longueur d'avance sur lui comme sur les autres hommes, puisqu'il part de l'état divin pour assumer la condition humaine, comme un Bodhisattva, avant de remonter en gloire en permettant, par son incarnation et sa résurrection, à tous les humains d'être "sauvés" (ou encore les libérer du Samsara ?), pour autant qu'ils y consentent et qu'ils y mettent du leur...
Bref, j'ignore beaucoup trop de choses concernant le sujet de votre intervention pour en dire quelque chose de signifiant.
Imala
Mais qu'en est-il des autres spiritualités comme le bouddhisme par exemple, avec
sa branche zen ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas bouddhiste, et les connaissances que j'ai de cette religion étant très limitée, je ne me risquerai pas à vous répondre de manière détaillée.
Juste ceci peut-être : je crois comprendre que le bouddhisme part de la condition humaine pour réaliser son potentiel divin, sa nature de Bouddha, et si le sanskrit "Bodhicitta" signifie littéralement "la conscience de l'éveil (bodhi)" = la ferme détermination d'atteindre l'état de Bouddha pour le bienfait de tous les êtres, le Christ semble avoir alors une longueur d'avance sur lui comme sur les autres hommes, puisqu'il part de l'état divin pour assumer la condition humaine, comme un Bodhisattva, avant de remonter en gloire en permettant, par son incarnation et sa résurrection, à tous les humains d'être "sauvés" (ou encore les libérer du Samsara ?), pour autant qu'ils y consentent et qu'ils y mettent du leur...
Bref, j'ignore beaucoup trop de choses concernant le sujet de votre intervention pour en dire quelque chose de signifiant.
Imala
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Un petit mot à tous ceux qui ont lu et apprécié le sujet de ce fil : malheureusement je n'ai pas le droit de continuer.
Bien sûr, j'aurai dû m'en aviser avant que l'on me rappelle à l'ordre !!!
J'avais juste bêtement envie de "passer entre les gouttes" !!!
C'est très bête ?
Eh, oui !
Sinon, si vous avez envie de connaître la fin du livre, vous le trouverez aux éditions Albin Michel.
Et si ce livre vous a intéressé, je suis prête à parier que vous aimerez "Le Dieu pervers", du même auteur.
Je ne peux que vous le recommander. (Desclée de Brouwer)
Imala
Bien sûr, j'aurai dû m'en aviser avant que l'on me rappelle à l'ordre !!!
J'avais juste bêtement envie de "passer entre les gouttes" !!!
C'est très bête ?
Eh, oui !
Sinon, si vous avez envie de connaître la fin du livre, vous le trouverez aux éditions Albin Michel.
Et si ce livre vous a intéressé, je suis prête à parier que vous aimerez "Le Dieu pervers", du même auteur.
Je ne peux que vous le recommander. (Desclée de Brouwer)
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