De la sensation à l'être

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Message par Geveil Sam 8 Nov 2008 - 15:09

INTRODUCTION: Un glissement s’est fait entre le sens du mot vivant tel que je l’applique à moi même et le sens que les scientifiques en donnent. Ils énoncent un certains nombre de critères qui caractérisent ce qu’on a coutume d’appeler vivant. Mais ce faisant, ils entrent dans un cercle vicieux. En effet, comment ont-ils dégagé ces traits? En étudiant des êtres vivants. Mais si les traits étaient à dégager, comment savaient-ils qu’ils étaient vivants? Je présume que c’est par ressemblance avec eux-mêmes. Or eux-mêmes n’avaient pas besoin de ces critèrepour se savoir vivants. Pour moi, être vivant, c’est ressentir(1 ). Est-ce qu’un microbe ressent quelquechose? Les scientifiques me diront qu’ils n’en savent rien et que ce n’est pas une question scientifique. Alors pourquoi le nomment-ils vivant?

POSTULAT: Il existe une réalité à 99% indépendante de moi, que j’appelerai “l’extérieur”(2) .

DEFINITION: je dis que je suis vivant parce que le lieu d’un ensemble de sensations que je nommerai “le sensitif”. (Et je n’ai nul besoin que les biologistes m’expliquent ce que ça veut dire pour savoir que je le suis.)

ANALYSE: Tout état du sensitif est du à un changement dans l’extérieur. Il existe des niveaux dans les états du sensitif.

DEFINITIONS: pour simplifier, j’appelerai “sensation” un état du sensitif et “stimulus” un changement de l’extérieur provoquant une sensation.
Exemples: une vibration éléctromagnétique de longueur d’onde 0,5 Angstrom provoque l’état jaune du sensitif, une vibration accoustique de fréquence 436 Hz provoque l’état “la” du sensitif, l’agitation des molécules provoque l’état chaleur du sensitif, etc.........

DEFINITION: La conscience est la sensation des sensations.

ANALYSE: tout état de conscience est du à une variation dans le sensitif.

Exemples: Vous changez de logement, vous restez éveillé jusqu’à accoutumance à votre nouvel environnement sonore. Une ambulance passe, la sirène retentit, variant en intensité et en fréquence, vous prenez conscience de son passage, etc.... Le tic-tac de votre pendule s’arrête, vous vous réveillez et en prenez conscience. Notez bien cette remarque, un état de conscience peut-être aussi bien créé par l’apparition d’une sensation nouvelle que par la disparition d’une sensation connue. Ce sont là des prises de conscience que j’appelerais “passives”.
L’activité aussi conduit à la prise de conscience, puisque l’activité provoque un changement dans l’environnement, que ce soit en se déplaçant ou en focalisant son attention.
Enfin, il est clair que des sensations sont liées aux mouvements de notre physiologie, sensations dont nous ne sommes habituellement pas conscients par accoutumance, mais des variations de ces sensations peuvent provoquer des états de conscience, par exemple, on peut prendre conscience des battements du coeur lorsqu’il accélère. Il est intéressant de noter que moyennant un peu d’entraînement, on peut prendre conscience des battements cardiaques même lorsque leur fréquence est constante, mais ce n’est possible que parce qu’il s’agit de battements ; je renforce ainsi cette idée qu’un état de conscience ne peut provenir que d’un mouvement dans le sensitif.


Il existe des niveaux de conscience, plus le changement dans le sensitif est important et rapide, plus le niveau de conscience est élevé. Un état de conscience, c peut donc se mesurer par la dérivée du sensitif s par rapport au temps t:

c =a|ds/dt |

On constate que lorsqu’une variation se répète régulièrement, il y a accoutumance et l’état de conscience qu’elle suscite tend à disparaître.
Le coefficient a serait donc une fonction continue décroissante du temps traduisant l’accoutumance, ce qui se traduirait par:

c =a(t)ds/dt où a (0)=1 et a(∞)=0

CONSEQUENCES: Pour maintenir la conscience dans état constant, on peut agir sur les trois termes de l’équation ci-dessus:

Sur ds: des stimuli plus intenses
sur dt: des stimuli plus courts
sur a(t): des stimuli variés

Ne perdons pas de vue que la disparition d’une sensation est aussi une variation ds du sensitif.

Ces différentes façons d’agir sur les termes de la formule conduisent quatre choix de vie:

La société de consommation- Augmenter le nombre et l’intensité des stimuli conduit à notre société de consommation ce qui ne serait pas une mauvaise chose en soi s’il n’y avait l’accoutumance. On mange plus, des mets plus variés, dans les discothèques, le son est toujours plus fort, assorti de flash éblouissants, les tenues de plus en plus tapageuses, mèches de cheveux vertes, rouge vif, la télé nous assomme de clips étourdissants et de films de violence, d’horreur, les véhicules de sport ou de transport vont toujours plus vite,etc...Mais ce choix mène à une impasse à cause de l’accoutumance, par exemple sur route à 90 puis sur autoroute à 130. Quand vous revenez à 90 vous avez l’impression de rouler lentement. D’où la nécessité pour maintenir l’impression de vitesse de rouler toujours plus vite et au bout il y a....... la mort. Autre exemple: vous entrez dans une pièce odorante. L’odeur peut vous séduire ou vous incommoder, mais au bout d’un certain temps vous ne sentez plus rien, c’est l’accoutumance. Pour maintenir la sensation odorante, il faut augmenter les doses de gaz odorant dans la pièce. Cette remarque est valable pour tout: la boisson, le tabac, les drogues,la danse, la musique. Quand le haschisch ne suffit plus on passe à des drogues plus fortes, dans les discothèques on augmente le niveau sonore et le rythme jusqu’aux limites du supportable et au delà même puisqu’on sait maintenant que les habitués des boites de nuit deviennent sourds. A la télé on nous abrutit de clips, maelström de bruit et d’images. Cela est valable aussi pour la fringale d’achat. Ce mode de vie conduit à la mort, non seulement car on atteint des limites biologiques (embonpoint, maladies cardio-vasculaires, overdoses, cirrhoses, accidents de la route) mais aussi parce que pour produire toutes ces excitations à une population toujours plus nombreuse, on a besoin d’énergie et qu’on épuise les ressources naturelles de la planète, sans parler de la pollution. Le pire c’est qu’il conduit à la mort sans même qu’on soit passé par le bonheur, car chez ceux qui le pratiquent, le sentiment de vide subsiste et les pousse parfois au suicide.
Comment échapper à ce destin funeste?


L’ épicurisme
: J’ai dit ci-dessus que lorsque l’on consomme, on peut choisir, pour maintenir un niveau de conscience constant à augmenter les excitations, en nombre et en intensité. Or il est un autre moyen de maintenir le niveau de conscience , voire de l’élever, c’est d’éduquer nos sens ce qui, à stimulus égal, permet de mieux ressentir. C’est ainsi qu’un fin gourmet, ayant éduqué son sens du goût, éprouve beaucoup plus de plaisir à déguster un grand vin qu’un néophyte. Idem pour un mélomane capable de déceler le 1/16ème de ton à l’écoute de la musique, id° pour un peintre à la vue d’un tableau, id° pour un yogi dans la pratique de l’amour tantriste, id° pour un sportif assistant à un match dans sa spécialité, etc...Mais il existe des limites physiologiques et le vieillissement d’ où finalement l’ennui. On raconte l’histoire d’un condottière qui ayant bu un filtre d’immortalité finit par tout connaître du monde, d’où ennui, déprime et souhait de mort. Comment échapper à l’ennui, i.e. maintenir sa conscience à niveau constant ?
Question: qu’est-ce qui est toujours nouveau et permet ainsi de renouveler en permanence les sensations et donc de se maintenir à un niveau de conscience constant ou même de plus en plus élevé?

La création- Vivre c’est chanter, danser, aimer, lutter et surtout, surtout créer, créer par son travail, créer son corps par le sport la danse ou la musique, peindre, écrire, faire du théâtre. Il est bien évident que par définition, créer amène toujours du nouveau, créer dans les arts et inventer dans les sciences et la technique augmente ∂s. ∂t dépend de la vitesse d’éxécution; plus un être sera habile et entraîné, plus il créera dans le même intervalle de temps. Quant au coefficient a(t), l’accoutumance, il est toujours possible de changer de champs de création s’il devient trop faible, mais il est rare, en création que ce coefficient faiblisse beaucoup. Il faut donc que la société cesse de produire pour la consommation à outrance et fasse tout pour développer les facultés créatices de l’homme.

Par l’ascése? En diminuant le nombre et l’intensité des stimuli. C’est moins évident mais j’en ai parlé dans une remarque ci-dessus, à propos de la pendule qui s’arrête. C’est ainsi que j’expliquerais le fait que des moines bouddhistes se retirent pendant des années, et la conscience vaste et limpide dont parle Matthieu Ricard, viendrait de la suppression progressive des mouvements du sensitif. En extrapolant , on peut penser qu’à la limite, à l’instant de la mort , toutes les sensations disparaissant en un temps infiniment bref, ∂s/∂t sera infiniment grand et le niveau de conscience infini.

Conclusion: C’est cette conscience infinie dont l’être a besoin pour se sentir être . Elle n’a ni forme ni couleur, puisque tous les sensations ont disparues, plus de durée et pour la même raison, n’occupe plus d’espace. Bref, l’Être n’a pas d’attribut ou les a tous, ce qui revient au même, ( Pour bien comprendre cela, je rappelle que le blanc n’est pas une couleur, mais la synthèse de toutes les couleurs) C’est le tout qui n’est rien, réponse à la grande question philosophique: “pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien”. La réponse est paradoxale: il y a et il n’y a pas à la fois. Une telle conscience pourrait-elle émerger de l’univers, comme aboutissement de l’histoire? A supposer que ce soit possible, l’être ne pouvant se connaître que dans la fusion avec l’autre, dès lors qu’il aurait atteint la totalité , dès lors qu’il serait de nouveau l’Un seul et unique, ne se connaîtrait plus, pas plus qu’une épée ne peut se couper elle-même, et ne serait plus rien. Nous arrivons alors à cette conclusion, c’est que l’Être n’aurait d’autre choix pour maintenir sa conscience à niveau constant, c’est-à-dire se sentir être, que de créer.
La vie n’est donc rien d’autre qu’une grande respiration à l’échelle cosmique.
Unité,
Expiration: scission, dispersion ( Big-bang ? ), diversité,
Inspiration: fusions, réunification.
Unité
Etc....
Et ceci se fait à ( presque) toutes les échelles, comme dans un hologramme, le tout est contenu dans d’infimes parties.

1- Ce raisonnement est aussi valable pour les émotions et la pensée.

2- Les concepts d'extérieur et d'intérieur sont tout à fait discutables. Voir mon post " Intérieur et extérieur" ( https://www.forum-metaphysique.com/post.forum?mode=newtopic&f=26.
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Message par Invité Dim 9 Nov 2008 - 10:44

Gereve, tu critiques les scientifiques qui définissent l'être vivant d'aprés l'observation de ce qu'ils estiment être vivant, mais tu fais la même chose.
pour moi la conscience est inhérente au vivant mais n'est pas forcément le vivant puisque je suis incapable de savoir si une amibe a accès à quelque forme de conscience.
par contre je peux affirmer qu'un corps vivant a la capacité de se regénérer de lui même et que cet état concernant un corps matériel est provisoire. ainsi je puis déclarer qu'une amibe est vivante ainsi qu'un lémurien, mes enfants, la terre et peut-être l'univers.

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Message par Geveil Lun 10 Nov 2008 - 13:39

zelda a écrit:Gereve, tu critiques les scientifiques qui définissent l'être vivant d'aprés l'observation de ce qu'ils estiment être vivant, mais tu fais la même chose.

Ahbon? Expliques!
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Message par Invité Jeu 1 Oct 2009 - 17:47

J'aime bien ta prose Gereve !

Ils énoncent un certains nombre de critères qui caractérisent ce qu’on a coutume d’appeler vivant. Mais ce faisant, ils entrent dans un cercle vicieux. En effet, comment ont-ils dégagé ces traits? En étudiant des êtres vivants. Mais si les traits étaient à dégager, comment savaient-ils qu’ils étaient vivants? Je présume que c’est par ressemblance avec eux-mêmes. Or eux-mêmes n’avaient pas besoin de ces critère pour se savoir vivants.

Bah, il faut bien définir les mots, non ?
Exemple : Qu'est-ce qu'une planète ? On donne quelques critères qui définissent une planète. Mais comment on dégage ces quelques traits ? En étudiant des planètes. Mais si les traits étaient à dégager, comment savait-on que c'étaient des planètes ? Je présume que c’est par ressemblance avec la leur (la Terre).
Tu vois le problème ? En fait, ton raisonnement pourrait s'appliquer avec toute partie de la connaissance, et donc on pourrait remettre en question tous les mots de notre dictionnaire... :whistle:

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Message par Invité Jeu 1 Oct 2009 - 17:58

Miphum, ta remarque est pertinente, et a d'ailleurs déjà été formulée par les philosophes de l'école sceptique (comme Pyrrhon, etc.) : toute tentative de s'adresser au contenu du monde est ultimement circulaire dans son aspect épistémologique. On appelle cela le << diallèle >>.

Du diallèle, on peut déduire, au choix, que se baser sur des autoréférences est inévitable, ou bien, que personne ne sait au juste ce qu'est la vie, ce qu'est un chat, ce qu'est une planète, ce qu'est quoi que ce soit...

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Message par Invité Jeu 1 Oct 2009 - 18:06

Escape a écrit:Miphum, ta remarque est pertinente, et a d'ailleurs déjà été formulée par les philosophes de l'école sceptique (comme Pyrrhon, etc.) : toute tentative de s'adresser au contenu du monde est ultimement circulaire dans son aspect épistémologique. On appelle cela le << diallèle >>.

Du diallèle, on peut déduire, au choix, que se baser sur des autoréférences est inévitable, ou bien, que personne ne sait au juste ce qu'est la vie, ce qu'est un chat, ce qu'est une planète, ce qu'est quoi que ce soit...

Ça me paraît revenir à la question « réalisme ou formalisme ? ». Pour moi, se baser sur des autoréférences est inévitable, ça m'apparaît même comme étant évident, mais bon c'est peut-être parce que je suis justement très formaliste.
Si le chat est défini naturellement et non défini par l'homme de manière autoréférentielle, qu'est-ce qui a défini le chat ? Dieu ? dubitatif

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Message par bernard1933 Jeu 1 Oct 2009 - 18:38

Miphum, qu' est-ce-qui définit l' espèce de bestiole que tu as choisi pour avatar ? Oui, scientifiquement, c' est quasi du vide, mais encore ! Tiens, mon épagneul est en train de ronfler sous la table à repasser. Et je suis plus fort que Pyrrhon, car je sais que les deux ne sont
qu' énergie; lui n' en avait certainement aucune idée . Mais le bon sens paysan me suffit pour savoir que la table à repasser ne va pas courir derrière le chevreuil.
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Message par Invité Jeu 1 Oct 2009 - 20:06

On peut parfaitement ne ressentir aucun vertige au fait que les mots dont nous usons sont définis circulairement... après tout, c'est un genre de vertige difficile à faire passer, et le commun s'en bat les rognons.

Cependant, même si les mots sont définis par diallèle, les choses, elles, ne sont pas définies par diallèle, et même pas définies du tout. Elles sont vécues, ce qui est bien différent. Et même, cette vie est antérieure à toute définition, car l'acquisition du langage est un phénomène tardif, et l'acquisition d'une langue savante, encore plus tardive.

De toute manière, le véritable problème, c'est la différence de régime entre la réglementation des mots par des définitions (d'une part) et l'acquisition des choses par du vécu (d'autre part). C'est dans cette différence de régime que se situe le problème épistémologique que les sceptiques mettent en avant : si les choses que j'ai appris à (re)connaître par mon vécu sont présentées aux autres ou à la science par le biais de mots qui ne trouvent leur justification que via une circularité, n'est-ce pas la preuve au fond que le régime verbal (< verba = parole) est menteur, tandis que le régime réel (< res = chose) est le seul vrai ?

En d'autres termes, à quoi bon définir ?

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Message par Geveil Jeu 1 Oct 2009 - 21:59

Miphum a écrit:Bah, il faut bien définir les mots, non ?
Ah bon, pourquoi ? Voir l'intervention d'Escape.
D'autres part, les mots désignent quelque chose. C'est la chose qu'on définit, pas le mots.
Exemple : Qu'est-ce qu'une planète ? On donne quelques critères qui définissent une planète. Mais comment on dégage ces quelques traits ? En étudiant des planètes. Mais si les traits étaient à dégager, comment savait-on que c'étaient des planètes ? Je présume que c’est par ressemblance avec la leur (la Terre).
Tu vois le problème ? En fait, ton raisonnement pourrait s'appliquer avec toute partie de la connaissance, et donc on pourrait remettre en question tous les mots de notre dictionnaire... :whistle:
Oui, j'aimerais être un tyran pour imposer à l'Académie française de redéfinir sinon tous les mots, du moins certains d'entre eux.
Mais ton exemple n'est pas superposable au mien, en maths on dirait qu'ils ne sont pas......
Spoiler:
.
En effet, quand je dis " je vis" je fais allusion à l'ensemble des sensations, perceptions, émotions et pensées qui m'habitent ( Le verbe "habiter" n'est peut-être pas adéquat, mais pour des raisons de clarté, je ne vais pas en discuter maintenant ).
Quand je parle de planète, je fais allusion à un sous-ensemble des perceptions qui m'habitent. Or, la science consiste précisément à classer nos perceptions et à trouver des relations entre les classes ainsi constituées.
Donc, définir une planète ce n'est pas la décrire, mais définir une classe de perceptions qui ont des caractères communs.
De la même façon, définir la vie, ce n'est pas définir une vie, mais une classe qui a des caractères communs que l'on connaît, autonomie, faculté de se reproduire, etc...
La question fondamentale que je pose est donc, je le répète, si un biologiste dit qu'un microbe est un être vivant, ce microbe éprouve-t-il quelque chose ? Le biologiste ne peut me répondre. Dans ce cas le mot vivant a subi comme je le dis plus haut, un glissement de sens.
Je vais plus loin, je ne sais pas si tu es vivant, car quoique pourvu de toutes les caractéristiques du règne vivant tel que défini par les biologistes, je ne peux accéder à ce qui fait que tu es vivant, à savoir, tes sensations, tes émotions, tes pensées, encore que celles-ci puissent être transmises partiellement par la parole.
Alors que lorsqu'il s'agit d'une planète, on parle d'un objet.
Quand on parle d'une tomate, on parle d'un fruit, mais on ne sait pas ce qu'est une tomate car pour le savoir, il faudrait être une tomate.
Quand on parle de fourmi, on ne sait pas ce qu'est une fourmi, pour le savoir ........
Ceci dit, on n'utilise pas le mot "tomate" en souvenir d'avoir été une tomate, on désigne un fruit, c'est-à-dire une sous-ensemble de perceptions , le rouge, le rond, le lisse, une odeur et un goût particuliers qui se retrouvent à peu près ( Sauf pour les tomates venant d'Espagne ) à chaque fois qu'on est devant ce fruit, d'où la classe " tomates ".
Donc, pour finir, dans le cas des planètes, des tomates et des fourmis, il n'y a pas glissement sémantique, par contre il peut y avoir affinement et enrichissement du sens du mot.
Un entomologiste en sait beaucoup plus que moi sur le sens du mot " fourmi", mais nous parlons bien de la même chose, ou plus exactement, la définition que j'en donne est une partie de celle qu'en donne l'entomo, à quelques détails près, sans doute.
Alors que pour ce qui est du mot "vivant", moi je parle de mon vécu et le biologiste d'une classe de phénomènes. Les sens que je donne à ce mot et celui qu'en donne le bio sont totalement disjoints.

Escape,
Si je comprends bien ton intervention, tu veux dire à quoi bon définir, il faut se contenter de vivre.
Oui, mais comme je le dis à Miphum, définir, c'est en fait constituer une classe, et c'est une démarche fondamentale de la recherche scientifique.
La science nous aide à comprendre comment fonctionne le monde, or d'une part, la curiosité est une composante de la vie, donc chercher et comprendre c'est vivre, d'autre part, grâce à la compréhension de la façon dont les choses fonctionnent, nous sommes en mesure de les combiner pour en créer de nouvelles qui apportent de la nouveauté dans notre vie.
Bien sûr on peut se demander si le portable est véritablement une contribution à la vie, mais c'est un autre débat.
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Message par JO Mar 17 Nov 2009 - 18:57

a frontière du vivant devient aussi floue que celle qui sépare matière et énergie ...
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Message par Invité Mar 17 Nov 2009 - 20:50

Escape a écrit:En d'autres termes, à quoi bon définir ?

Escape le Réducteur !
Mes instincts ne sont pas du même avis !
Aussi, je décide de les réduire au silence !

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Message par Régis Mar 17 Nov 2009 - 23:23

Escape a écrit:On peut parfaitement ne ressentir aucun vertige au fait que les mots dont nous usons sont définis circulairement... après tout, c'est un genre de vertige difficile à faire passer, et le commun s'en bat les rognons.

Cependant, même si les mots sont définis par diallèle, les choses, elles, ne sont pas définies par diallèle, et même pas définies du tout. Elles sont vécues, ce qui est bien différent. Et même, cette vie est antérieure à toute définition, car l'acquisition du langage est un phénomène tardif, et l'acquisition d'une langue savante, encore plus tardive.

De toute manière, le véritable problème, c'est la différence de régime entre la réglementation des mots par des définitions (d'une part) et l'acquisition des choses par du vécu (d'autre part). C'est dans cette différence de régime que se situe le problème épistémologique que les sceptiques mettent en avant : si les choses que j'ai appris à (re)connaître par mon vécu sont présentées aux autres ou à la science par le biais de mots qui ne trouvent leur justification que via une circularité, n'est-ce pas la preuve au fond que le régime verbal (< verba = parole) est menteur, tandis que le régime réel (< res = chose) est le seul vrai ?
Les mots sont circulaires d'après moi parce qu'ils sont le résultat de notre intellect, qui ne repose sur rien de physique. C'est un système virtuel en quelque sorte, quelque chose "de transparent". Ils sont bâtis ex nihilo, contrairement au vécu, qui lui existe de manière substantielle. Comme la morale finalement, non ? Celle-ci à mon est arbitraire.

Me rappelle mon histoire de la troisième patte du poulet sur laquelle tu étais intervenu sur un forum concurrent :-)

"La patte droite du poulet n'est pas la gauche, et vice-versa. Cela est vrai non seulement logiquement, mais aussi en tant que fait, on ne peut pas assembler complètement la patte droite et la patte gauche. Quand un agriculteur parle de la patte d'un poulet, il se réfère à une patte précise, la droite ou la gauche, ou les deux. Dans ce cadre de référence, il n'y a pas de problème. Par contre, si quelqu'un parle de la patte d'un poulet simplement dans son esprit, un problème se pose. Cette patte, conçue intellectuellement, peut être la patte droite ou la patte gauche, ou les deux pattes. Conçue d'une manière intellectuelle, cette patte, qui peut être la patte droite ou la patte gauche ou les deux, n'est pas par ce fait la patte droite elle-même, ni la patte gauche elle-même, ni les deux. J'appellerai « la troisième patte du poulet » une telle parole conçue seulement dans l'esprit. C'est là ce que l'on appelle une idée générale, abstraite, ou logique.

Dans ce monde de la parole, on aime à exprimer un sens unique ou un sens similaire, associé, d'un mot. Un mot ne peut pas renfermer de significations contradictoires. Ce type de mots est directement rattaché à la conscience égotique, et l'utilisation de tels mots s'accompagne toujours d'un sentiment d'auto-satisfaction ou de plaisir. N'importe quelle justification ou excuse est combinable en composant des phrases avec des mots de cette nature. Tant qu'une telle combinaison se rapporte à une lecture de faits existant dans le Réel, et tant qu'elle se mêle avec une vision de la réalité dans son ensemble (qui contient de nombreux éléments contradictoires), elle peut être féconde. Mais une manipulation libre et irréfléchie de ces mots, sans attention portée à la richesse de la réalité, peut s'avérer désastreuse. En d'autres termes, un tel résultat se produit lorsque la troisième patte du poulet commence à marcher par elle-même..." (Shigeto Oshida)

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Message par JO Mer 18 Nov 2009 - 8:32

Salutaire mise en garde !
D'où, sans doute, la nécessité de préciser à quel vécu on se rapporte . Dans certains sujets, on s'efforce de ne pas être trop personnel : on devient abstrait et on perd de vue la troisième patte, qui se réfère à notre propre vécu .Du coup, le lecteur ne sait pas à quelle patte se vouer pour comprendre .
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Message par Invité Mer 18 Nov 2009 - 11:37

Aquelo empego la Jo, (Elle est drôle Jo!)
Baume de Passetemps (caverne de Passetemps que le virtuel)
Chez nous dans le midi, alors que le soleil n'est pas encore levé, la patte de poulet sera jetée au loin dans la mer..attachée au filin, le pêcheur avec des gestes séculaires ramènera le poulpe sur le bord du rivage..
Quant à savoir si la 3ème patte de poulet servira d'appât ...
"Tan qué viro, faï dé tour"...

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Message par Cochonfucius Mer 18 Nov 2009 - 12:18

C'est lorsque le pêcheur n'arrive à se procurer aucune patte de poulet, que la troisème va lui servir.

Muni de cette "patte virtuelle", il pourra parcourir son environnement pour voir s'il trouve une chose qui lui ressemble suffisamment.

Faute de grives, on mange des merles.
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Message par Invité Mer 18 Nov 2009 - 12:23

Heureusement que Cochonàtoutcompris est là pour relever le débat ..
Je commencais à avoir 1 début de névrose..ou 1 grippe de poulet va savoir..

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Message par Régis Mer 18 Nov 2009 - 13:19

Cochonfucius a écrit:C'est lorsque le pêcheur n'arrive à se procurer aucune patte de poulet, que la troisème va lui servir.

Muni de cette "patte virtuelle", il pourra parcourir son environnement pour voir s'il trouve une chose qui lui ressemble suffisamment.
Dans ce texte, la troisième patte est une image pour parler de la raison abstraite. A ne pas confondre avec l'intuition, par exemple, qui est plus efficace pour se débrouiller dans son environnement que la raison abstraite.

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Message par Cochonfucius Mer 18 Nov 2009 - 17:56

Dans l'exemple que nous examinons, l'objet à substituer à une patte de poulet (si on n'en a pas) est une sardine.

C'est sûr que la pensée abstraite, à elle seule, ne trouve pas cette réponse; il faut connaître les poulpes.
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Message par Régis Mer 18 Nov 2009 - 21:14

Cochonfucius a écrit:Dans l'exemple que nous examinons, l'objet à substituer à une patte de poulet (si on n'en a pas) est une sardine.

C'est sûr que la pensée abstraite, à elle seule, ne trouve pas cette réponse; il faut connaître les poulpes.
On est d'accord. La troisième patte du poulet dans le texte ci-dessus ne désigne point la raison, mais la raison qui se déconnecte peu à peu de la réalité, la troisième patte qui marche par elle-même. C'est-à-dire l'idéologie.

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Message par Invité Mer 18 Nov 2009 - 22:09

..j'ai Free portant et ben j'ai pas tout compris !..

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Message par Cochonfucius Jeu 19 Nov 2009 - 11:29

C'est des vieux délires platoniciens, pas forcément très opérationnels en ce monde.
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Message par JO Jeu 19 Nov 2009 - 11:35

le poete n'a pas besoin de raison câlinchat
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Message par Invité Jeu 19 Nov 2009 - 12:27

sujet passionnant qui mérite mûre réflexion. Je vais encore le relire avant de réagir.
En général, je passe trop vite et pas le temps...

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Message par Geveil Jeu 19 Nov 2009 - 15:29

Leela, si après tes réflexions, tu peux m'éclairer sur la troisième patte du poulet et sur les messages de Curare, je t'en serai reconnaissant.
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Message par Régis Jeu 19 Nov 2009 - 18:04

Cochonfucius a écrit:C'est des vieux délires platoniciens, pas forcément très opérationnels en ce monde.
En écrivant que « lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté », Cochonfucius décrivait justement ce processus d'idéologie où la troisième patte du poulet commence à marcher par elle-même. Et Dieu sait que cette phrase illustre la sagesse de ce philosophe, au moins autant que le fait son goût pour la cochonnaille.

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