L'huni-manité

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Message par Thierry Ven 17 Fév 2012 - 8:33



Le paradigme du moi dérivé a conduit l'humanité à explorer son inhumanité. Il reste donc pour les millénaires à venir à découvrir "l'huni-manité" avant qu'il ne soit trop tard.



Aucune philosophie n'a permis d'établir durablement et à l'échelle planétaire une conscience du flux vital et de la nécessité absolue d'oeuvrer à la préservation de la Vie. Les philosophies se sont contentées d'explorer le champ humain, cette conscience égocentrée. Tout le mal est là. Ce raisonnement, qu'il soit cartésien, existentialiste, nihiliste, matérialiste, déterministe, marxiste ou autre n'aura été qu'une succession de conflits intellectuels étant donné que rien de tout ça n'aura été capable de contrer cette vision du moi encapsulé.
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http://www.cles.com/entretiens/article/de-l-inhumanite-353


Michel-Antoine Burnier
De l’inhumanité

Pour Michel-Antoine Burnier, politologue, journaliste, écrivain, ami de longue date et conseiller personnel de Bernard Kouchner - jusqu’à la nomination de ce dernier au poste de gouverneur du Kosovo -, l’inhumanité se définit par rapport à l’idée que l’on se fait de l’humain. « Or, notre idée de l’homme, dit Burnier, est très récente. Soumis à nos critères actuels d’indignation morale, la quasi-totalité des grands hommes de l’histoire - y compris les savants et les philosophes - seraient aujourd’hui en prison pour barbarie. »

Paradoxe suprême : c’est l’épouvantable succession de génocides du XXe siècle qui nous aurait fait le plus progresser en humanité.

Privilège redoutable de la condition humaine : elle n’est jamais acquise. On n’est jamais tout à fait humain. Pourquoi, sinon, prendrait-on la peine de préciser, parlant d’une personne particulièrement subtile et bonne : « C’est quelqu’un de vraiment très humain » ? Et pourquoi déplorerait-on, hélas trop souvent, l’inhumanité de tel ou telle de nos congénères ?

Être humain, c’est un processus, ce n’est pas un état. Cela se gagne jour après jour.

Cela se découvre, se révèle, se conquiert. Et c’est, oui, une singularité inouïe, un privilège d’espèce. Si nous avons, hélas de plus en plus souvent, à déplorer l’inanimalité de telle poule ou de tel porc - grandis en batterie, exécutés en série et finalement jaugés dans nos assiettes -, c’est parce que ces malheureuses bêtes ont été happées par notre industrieuse inhumanité. Pour parler de ce sujet aux contours parfois dangereusement nébuleux, nous avons pris un homme concret. Formé à la philosophie et aux sciences politiques, auteur de nombreux essais, romans et parodies, Michel-Antoine Burnier, qui fut successivement rédacteur en chef de l’Evénement d’Emmanuel d’Astier, d’Actuel et conseiller de l’Express, s’est aussi beaucoup intéressé à l’histoire. Nous avions d’autant plus envie de l’interroger sur la notion d’inhumanité qu’il est, depuis plus de trente ans, l’ami et le conseiller d’un homme qui n’a cessé de se jeter à corps perdu, sur le terrain, contre les pires irruptions d’inhumanité de l’histoire présente : Bernard Kouchner, fondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde. Aussi est-ce un peu la philosophie du fameux « devoir d’ingérence contre l’inhumanité » qu’en interviewant Michel-Antoine Burnier, nous sommes allés interroger.

Nouvelles Clés : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit »... On peut dire que le programme central de la Révolution .française, désormais censé s’appliquer à six milliards d’individus, demeure dramatiquement inachevé. Nous le savons bien, à la fin du siècle de la décolonisation et de la Croix-Rouge internationale, mais aussi de la Shoah et du Goulag. On ne naît pas humain, dit-on, on naît comme un « projet humain » et on ne devient éventuellement humain que dans des circonstances très particulières. Lesquelles ?

Michel-Antoine Burnier : J’ai tendance à penser que Michel Foucault n’a pas complètement tort : l’homme, au sens où nous l’entendons, est une invention récente, puisqu’il suppose un individualisme réel, une notion de la liberté, la capacité de reconnaître son semblable comme humain et un minimum d’organisation sociale, à la fois structurée et relâchée, pour que tout cela fonctionne. Bref, il faut les fondements de notre civilisation. Les autres grandes civilisations, de l’Indus à l’Égypte des Ptolémée, de Rome à Cordoue, de la Chine à Byzance, sont parvenues au même degré de développement que la nôtre à l’époque de la Renaissance. Mais elles n’ont pas donné lieu à ce que nous appelons l ’homme aujourd’hui, c’est-à-dire à l’humanisme. Elles en sont restées à des conceptions autoritaires et collectives du comportement, qui ne servent ni l’invention ni le développement, puis sont entrées en décadence. La civilisation occidentale, démarrant d’un socle commun à toutes ces grandes civilisations, a développé une forme particulière qui lui a permis d’accéder à un stade ultérieur. Toutes les autres se sont arrêtées à un moment donné ; la seule qui, parvenue au même point, a rebondi sur autre chose, c’est l’Europe de la Renaissance. Ce n’est pas un phénomène national. Il est né en Italie, mais a grandi aussi en Europe du Nord, en France, à Prague, à Londres, etc. Ce que nous appelons aujourd’hui inhumanité est un comportement qui va contre ce courant de base qui fonde notre civilisation à partir du XIV" ou du XV" siècle. Si l’on prend toutes les civilisations antérieures à la nôtre, les comportement inhumains sont absolus et ne paraissent pas particulièrement scandaleux. La cruauté romaine, pourtant terrible, ne révulse pas grand monde, en tout cas ni les moralistes ni les philosophes romains. Cicéron ne se demande pas : « Comment penser après le massacre épouvantable des esclaves insurgés dirigés par Spartacus ? » Alors que les Occidentaux se demanderont après 1945 : « Comment penser après Auschwitz ? » Si la grandeur de la civilisation romaine est incontestable - nous en sommes issus et pour une part nous l’aimons, forcément -, elle se fonde aussi sur des massacres atroces et sur la disparition de peuples entiers. En Gaule, vous avez entre un quart et une moitié de la population massacrée en dix années de conquête - les chiffres sont abrupts : sur cinq millions de Gaulois qui vivaient à l’époque, un million de morts au minimum et un million déportés comme esclaves. Rome a fait disparaître des peuples entiers, par exemple les Lygiens. Des génocides au sens universel...

N. C. : Quand a-t-on commencé à s’en indigner ?

M.-A. B. : Grosso modo à partir de Montaigne. L’humanisme naît autour de 1500. L’un des premiers à s’indigner est sans doute Las Casas, quand il revient des Amériques et qu’il raconte de quelle façon on massacre les Indiens. Il est incontestable que mille ou mille cinq cents ans plus tôt, il n ’y avait eu aucun Plutarque, aucun Sénèque pour dire : « C’est mal d’avoir fait disparaître le peuple lygien », alors que, dès la Renaissance, il se trouve des gens pour dire : « Dites-donc, ce que vous faites avec les Indiens d’Amérique, ce n’est pas bien. » À mon avis, c’est donc à partir de là que l’on commence à définir l’inhumanité : le massacre atroce et systématique des autres hommes, et leur asservissement massif. Bien sûr, et malheureusement, tout cela ne cesse pas pour autant. En un sens, le processus s’accélère même jusqu’au XXe siècle, où se produisent deux phénomènes énormes : 1°) les techniques permettent des massacres de masse à des échelles soudain industrielles - c’est la Première Guerre mondiale ; 2°) le nazisme surgit, c’est-à-dire l’inhumanité absolue.

Mais le nazisme ne nous apparaît comme atroce que parce que nous avons des siècles d’humanisme derrière nous. Car on peut, sinon, trouver énormément d’entreprises du même genre dans le passé, sans que les contemporains y aient vu quoi que ce soit à redire. Bien sûr, Gengis Khan ou Tamerlan n’étaient pas spécialement bien vus des populations... Mais Alexandre le Grand, et même César, gardent une réputation très flatteuse. Dans l’optique humaniste moderne, parce que nous savons à peu près ce que nous entendons par humanité, le nazisme nous permet de définir a contrario l’inhumanité totale et absolue. Sa monstruosité a secoué nos morales à tel point que nous sommes en train, très lentement, très difficilement, soixante-dix ans plus tard, de revoir notre définition de l’humain : il est apparu en effet que la morale humaniste classique, néo-chrétienne ou néo-kantienne, n’a pas pu empêcher Auschwitz, ni les Khmers rouges, ni le Rwanda, ni le Kosovo...

N. C. : Justement : à quoi ressemblerait un nouvel humanisme qui serait, lui, efficace ?

À quelque-chose qui intégrerait le fameux « devoir d’ingérence » cher à Bernard Kouchner ?

M.-A. B. : Je crois, oui. Nous connaissons actuellement une mutation très importante. Si Hitler surgissait en 2033 et non en 1933, le « devoir d’ingérence » pousserait les démocraties à attaquer l’Allemagne dès le début : empêcher Auschwitz. Mais cette politique - comme Léon Blum le regrettera plus tard, trop tard - ne pouvait s’imposer à l’époque, ni pendant les années qui ont suivi la Libération, parce qu’il fallait que tout cela mûrisse. Nous commençons tout juste à concevoir un droit d’ingérence préventif. La référence au nazisme est maintenant constante : nous avons connu le mal absolu. Le stalinisme aurait d’ailleurs très bien pu jouer ce rôle symbolique ; il se trouve que c’est le nazisme, coup de chance pour les communistes d’hier et d’aujourd’hui.

N. C. : Lors du débat provoqué par la publication du Livre noir du communisme, on a entendu, de nouveau, des gens s’insurger contre lefait que l’on ose comparer le nazisme - un système qui cria haut et fort son inhumanité - et le communisme - un système qui aurait malheureusement dérivé, mais dont le projet de départ était beau...

M.-A. B. : Concrètement, au XXe siècle, l’inhumanité a pris ces deux visages-là, qui sont en réalité très proches.

Le nazisme a été une caricature construite pour lutter contre le communisme. S’il n ’y avait pas eu le bolchévisme, Hitler n’aurait pas eu les matériaux ni l’organisation pour construire le nazisme - c’est quand même très ressemblant. Et jusque dans les idéologies. Le marxisme n’a jamais été un humanisme ! Quand on lit les textes de Marx et que l’on observe son comportement, on trouve les prémisses des appels systématiques au massacre que lancera Lénine. Bien avant la révolution d’Octobre, Jean Jaurès explique que si on applique à un pays les thèses du Manifeste publié par Marx en 1847, les dirigeants révolutionnaires ne représenteront bientôt plus qu’une bande campée sur le territoire et que ce sera la dictature la plus effroyable jamais vue.

Pourquoi, alors, continue-t-on à craindre de rapprocher nazisme et bolchévisme ? Cela tient simplement à la pression des anciens communistes, qui refusent d’aller jusqu’au bout de leur honte. Le communisme aurait eu une visée plus universaliste ? Mais qui a bien lu les textes fondateurs du nazisme ? Il faudrait remonter le temps et aller interviewer le jeune homme ou la jeune fille qui adhèrent au parti nazi à l’âge de seize ans, en 1937... À quoi pensaient-ils ?

À la fraternité humaine, à la joie d’être jeunes et ensemble, à la fin de la corruption bourgeoise et des vieilles morales... bref à tout ce à quoi pensaient, au même moment, les jeunes communistes - et à quoi nous avons continué à penser bien des années après...

N. C. : Qui sont les principaux penseurs antitotalitaires, selon vous ? Hanna Arendt ?

M.-A. B. : Hanna Arendt a décrit un type d’individu : c’est Eichmann, d’une inhumanité propre à ce siècle, la jonction entre le barbare et le bureaucrate, qui dit : « J’obéissais aux ordres ! » Mais Hanna Arendt n’est pas la première ; on a ce regard chez Souvarine, chez Gide, chez Koestler, chez Aron, chez Merleau-Ponty, dont l’évolution - de Humanisme et Terreur aux Aventures de la dialectique, c’est-à-dire d’un volontarisme marxiste à une nouvelle forme d’humanisme - est frappante...

N. C. : Quelle découverte font ces penseurs ?

M.-A. B. : Je crois qu’en général les humains vivent les phénomènes avec une relative lucidité ; ensuite, l’historiographie (qui se fait passer pour de l’histoire) obscurcit tout. Prenez l’exemple de la Révolution française : on a vécu comme une découverte troublante, récemment, le fait qu’il y ait eu deux révolutions, 1789 et 1793 - la seconde anéantissant les acteurs de la première. Or, la dualité de la Révolution (d’abord les Droits de l’homme, ensuite la Terreur) a été tout naturellement perçue par les contemporains, et pendant une grande partie du XIXe, tout le monde le savait ; Dumas l’explique très bien, Tocqueville aussi, etc. Et puis l’historiographie de la IIIe République, à partir de 1880, fondée sur un gauchisme antérieur, a expliqué qu’il n’y avait eu qu’une seule Révolution. La phrase de Clemenceau « la Révolution est un bloc », vient de son réquisitoire, à la Chambre des députés, contre une pièce de théâtre, Thermidor, écrite par Victorien Sardou en 1891, où l’on voyait Robespierre comme un méchant sanguinaire : figurez-vous que cette pièce a été interdite par la République radicale, au nom de la phrase de Saint-Just : quiconque l’attaque en détail [la Révolution] est un traître.

N. C. : Lorsque les générations d’après guerre (c’est-à-dire beaucoup d’entre nous) comprendront, dans les années 70, la nature foncièrement totalitaire de leur bel idéal, une évidence s’imposera : la genèse de toute cette inhumanité remonte justement, pour une bonne part, à la Révolution .française, plus précisément à 1793. Nous avons été, nous Français, le laboratoire d’où est sortie cette forme nouvelle d’inhumanité : la terreur idéologique moderne.

M.-A. B. : C’est évident en effet. C’est l’historien François Furet qui a le mieux défini les deux révolutions françaises : 1989, révolution voltairienne des droits de l’homme - celle des philosophes -, et 1993, révolution rousseauiste et terroriste - qui conduit les philosophes à la mort.

N. C. : Pour vous, Jean-Jacques Rousseau est un penseur inhumain ?!

M.-A. B. : La Terreur de 1793 est la stricte application du Contrat social ! Il n ’y a qu’à le relire : Rousseau y prévoit l’exclusion de l’individu qui ne se soumettrait pas à la Volonté générale, comme plus tard Staline élimine qui ne se soumet pas au parti, c’est clair et net. Robespierre est d’un rousseauisme exacerbé et plus la Terreur avance, plus on cite Rousseau, plus on le tutoie, plus on s’adresse à lui comme au maître sublime, etc.

La pensée de Rousseau est aussi coupable que celle de Marx. Mais pour en revenir à la différence supposée entre les régimes autoritaires de droite - nazisme et fascisme - et les régimes autoritaires de gauche - de Robespierre aux bolchéviks -, eh bien la querelle est désormais tranchée : le parti communiste yougoslave est devenu le parti nationaliste serbe fascistoïde conquérant, qu’on a vu à l’oeuvre - avec matraquage des opposants, propagande, invasion des voisins, racisme, « sous-races », épuration ethnique, etc. —, dans une continuité absolue, avec les mêmes gens, quasiment les mêmes slogans, les mêmes troupes spéciales, la même organisation, etc. Bref, la démonstration n’est plus à faire. Il y a une continuité directe entre les deux. Le fameux discours du Champ des Merles n’a jamais fait que marquer le passage de l’un à l’autre.

N. C. : Vous voulez dire qu’on a eu la chance que cela se passe dans un petit pays comme la Serbie et pas en Russie ?

M.-A. B. : Cela peut malheureusement encore se produire en Russie. Sauf que le communisme russe est très délabré, alors que le yougoslave tenait encore la route...

N. C. : Fondamentalement, l’idée judéo-chrétienne de « défendre un faible » révulsait les idéologues nazis, qui y voyaient le signe d’une maladie quasiment... écologique : comment peut-on aimer un faible, se demandaient-ils, c’est-à-dire aimer une pathologie ?

M.-A. B. : Les marxistes pensaient pareil ! Ils avaient le même culte physique de la jeunesse, les mêmes démonstrations avec pelle sur l’épaule, les mêmes torses nus, les mêmes crânes rasés, les mêmes cheveux blonds.

N. C. : Finalement notre humanisme n ’est-il pas d’essence judéo-chrétienne. C’est la Bible qui rend l’humain radicalement différent de l’animal !

M.-A. B. : Oui, d’une certaine façon... Ce n’est cependant qu’une des interprétations que l’on peut tirer de la Bible, ce livre très composite, dont l’avantage est la richesse et la durée...

Mais les interprétations médiévale ou inquisitoriale de la Bible, par exemples, n’ont rien à voir avec celle que nous avons de nos jours. Les pires horreurs espagnoles de la Renaissance ont été directement justifiées par des passages bibliques. Qui saurait dire si le christianisme a sauvé plus de gens qu’il n’en a fait tuer ? Quant à moi, je crois fondamentalement que la source de notre humanisme est gréco-latine. La Bible y a apporté des éléments, c’est évident...

N. C. : Seulement des éléments ? Nous sommes issus d’un croisement des deux, non ?

M.-A. B. : Oui sans doute, mais vous savez, la Bible sans la Grèce et Rome, ça n’est vraisemblablement qu’une petite religion intolérante et intolérable. Le judaïsme du temps du Christ nous serait très difficile à avaler ! - ce qui n’empêche pas qu’il y ait une qualité émotionnelle et littéraire très grande chez un certain nombre de prophètes bibliques : pour moi, c’est du Victor Hugo. Un christianisme tiré de la Bible a dominé le Moyen Âge, l’obscurantisme et la cruauté.

Tout ne commence que lorsque la Renaissance revivifie l’Antiquité.

Mais il me semble que le vrai terrain qui a permis l’émergence de l’humanisme, c’est le bourg de la Renaissance, c’est le bourgeois, c’est l’auto-administration (même si elle reste longtemps assez autoritaire) des gens des villes à l’écart du pouvoir spirituel, et avec un retrait relatif du pouvoir temporel. Tout d’un coup, l’espérance n’est plus le Ciel, c’est la société urbaine rationnelle - et il est remarquable que la plupart des penseurs de cette époque sont des architectes, des urbanistes rêvant de cités idéales.

Ce phénomène-là - la naissance de la bourgeoisie -, vous ne le trouvez ni en Égypte, ni en Mésopotamie, ni dans les États de l’Indus, ni à Rome (qui est gouvernée de manière administrative centralisée), absolument pas en Chine... Bref, on ne le trouve qu’en Europe, au début essentiellement en Italie et dans les pays du Nord... La seule démocratie connue de nous, c’est l’humanisme bourgeois. Le problème, c’est d’empêcher la bourgeoisie de s’accaparer cette belle découverte !

N. C. : Et la fameuse thèse de Max Weber sur le décollage protestant du capitalisme ?

Selon lui, sans les protestants, le modèle occidental ne serait jamais devenu mondial...

M.-A. B. : Je n’en suis pas complètement sûr. Parce que le catholicisme, au moins, vous laisse de temps en temps tranquille, alors que le protestantisme, jamais. Quant aux comportements autoritaires induits par le protestantisme, ils n’aident pas toujours à l’émancipation des êtres. Le calvinisme présente des aspects proches d’un pré-totalitarisme moderne, et les attaques de Luther contre les révoltes paysannes (avec en outre des phrases antisémites qui se terminent par : « Il faut les brûler ! ») nous font frémir - on peut trouver dans Luther toute la prophétie « Terre Materne » de Hitler !

N. C. : Ce qui nous ramène à l’inhumanité. À partir de quand regarde-t-on l’homme comme un être très dangereux ? Arrivant en poste au Kosovo, votre ami Kouchner disait qu’il n’avait plus du tout confiance dans l’être humain et que sa seule façon de tenir était de constamment prévoir le pire, de façon à avoir parfois une minuscule surprise positive.

M.-A. B. : La découverte que l’homme est sans cesse capable du pire ? Mais elle est vieille comme le monde ! Toutes les religions vous expliquent que le mal existe, notamment les religions juive et chrétienne, qui situent le mal et le péché à l’origine même de l’humanité.

Empiriquement, I’humanité ne fait, de toute façon, que passer sans cesse d’une guerre à l’autre. Nous nous en sommes déshabitués, en Europe, depuis 1945, mais le sort ordinaire de l’humanité, c’est le village qui brûle, les enfants éventrés, les femmes violées, les hommes tués ou emportés en esclavage. Nous autres, Européens de la seconde moitié du XXe siècle, nous vivons dans une bulle que la guerre yougoslave, d’une certaine façon, est d’ailleurs venue crever. D’où un certain sentiment d’urgence...

Après le nazisme, notre humanisme s’est doté d’exigences telles que si l’on jugeait à l’aune de nos indi- gnations morales d’aujourd ’hui les grands hommes de I ’histoire, on les flanquerait quasiment tous au trou ! La façon dont Diderot se comportait avec sa bonne, Voltaire avec ses affaires, Montaigne lui-même avec ses paysans... nous révulserait : ce n’est qu’abus de la personne et du bien social, coups de bâton, enfermement, esclavagisme, abandon, séparation des familles. Tycho Brahé, le fameux astronome dont nous parlons avec aménité dans nos livres d’astrophysique, a dû se faire rappeler à l’ordre de nombreuses fois par le roi du Danemark avant d’arrêter de mutiler sauvagement les paysans de ses terres ! Et pour prendre un exemple beaucoup plus proche et terre-à-terre, si l’on avait appliqué aux patrons français des années cinquante les critères de l’abus de bien social que nous appliquons aujourd’hui dans nos lois, 90 % du patronnat français aurait fini en prison.

Dans le crime, c’est pareil. Prenons le dictateur Milocevic. Qu’a-t-il fait d’autre que les Français en Algérie de 1954 à 1962 ? À l’époque, la France a en effet prétendu que des territoires qui manifestement n’étaient pas peuplés de Français d’origine lui appartenaient, que cela relevait de sa souveraineté, que personne n’avait à s’en occuper, etc. Elle a ainsi déplacé deux millions de personnes, fait probablement 350 000 morts (moins que ce que le FLN a prétendu, mais c’est tout de même considérable) , pratiqué la torture partout, installé des tribunaux d’exception... Bref, il y a moins d’un demi-siècle, la France a fait plutôt pire en Algérie que Milocevic au Kosovo.

N. C. : L ’OTAN aurait dû intervenir ?

M.-A. B. : La question d’une intervention extérieure s’est posée. Souvenons-nous que la guerre d’Algérie a fait l’objet de violents débats lors de chaque assemblée générale de l’ONU, avec des motions condamnant la France et une permanente volonté d’intervenir dans les affaires françaises de la part des Américains - ne parlons pas des Soviétiques. On espérait d’ailleurs que Kennedy, une fois élu, interviendrait et pèserait pour écarter l’armée française de l’Algérie.

Conclusion ? Eh bien, je crois que nous avons beaucoup évolué. Il y a des choses que l’on ne tolère plus, et c’est bien. Cela ne veut certainement pas dire que nous soyons devenus purs et innocents ! Mais il est certain que la succession des génocides du siècle nous a obligés à avancer. Autrement dit, c’est le mal qui fait progresser les hommes !

Je crois que l’un des grands progrès de la conscience humaine est réellement dû à la Seconde Guerre mondiale. Nous avons complètement identifié, non seulement le mal absolu et total, mais, de plus en plus, ses prémisses. L’humanisme, aujourd’hui, c’est d’abord d’empêcher le retour d’Auschwitz par tous les moyens, c’est-à-dire de protéger les minorités.

C’est vrai aussi pour les moeurs. La pédophilie nous apparaît comme d’une inhumanité absolue - mais je peux vous garantir que si l’on avait arrêté tous ceux qui tripotaient des petits garçons et des petites filles au XIXe siècle, aussi bien dans la bourgeoisie que dans la classe ouvrière ou la paysannerie, et dans les collèges et internats religieux, une bonne part des adultes se serait retrouvée en prison. Notre notion de l’humanité est en train de se resserrer. Il faut s’en réjouir. À une condition : qu’elle n’essaie pas de se dépasser elle-même. Le nazisme a été une tentative de dépasser les injustices et les insuffisances de la société libérale bourgeoise, on voit où ça a versé. Le stalinisme a représenté une tentative parallèle. Il ne faut surtout pas fabriquer une troisième idéologie qui, prétendant dépasser notre civilisation, nous ramènerait en arrière. Moyennant quoi, je suis frappé que nous ayons à ce point évolué.

Les choses bougent paradoxalement d’autant plus - et en mieux - qu’il n ’y a pas de définition de l’homme éternel. L’homme le plus humain d’il y a quelques siècles nous semblerait fichtrement inhumain aujourd’hui. Il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Il faut se résoudre à une pensée relativiste. On en est arrivé au point que si l’OTAN avait mené une guerre brutalement inhumaine en Yougoslavie, elle aurait été tant désapprouvée par ses opinions publiques qu’elle aurait été obligée de mettre fin à la guerre, c’est-à-dire d’accepter une défaite. C’était les rois qui décidaient de la guerre autrefois, maintenant les peuples occidentaux ont presque le pouvoir de décider de la paix. Renversement de perspective vertigineux.
Propos recueillis par Patrice van Eersel



Le plus effroyable à mes yeux est de constater à travers les centaines de livres que j'ai pu lire que rien n'équivaut à la philosophie des ethnies comme celle des Kogis et que j'aurais mis 50 ans à le découvrir.



Je ressens parfois un profond dégoût envers l'Occident. Et en même temps, c'est bien parce qu'il existe ici des livres que j'ai pu décuvrir ce peuple. Est-ce que ça atténue la douleur de ces massacres perpétrés depuis l'époque des Conquistadors ? Certainement pas. Et même si d'autres livres me montrent que ces massacres continuent. Je préfèrerais être ignorant. Qu'il n'y ait aucun livre, que je ne connaisse rien de ces Peuples Premiers mais qu'ils puissent vivre dans la paix.



"L'huni-manité" prendra forme lorsqu'il n'y aura plus rien à raconter sur les hommes parce qu'ils vivront tous en osmose avec la Terre et les formes de Vie qui la peuplent.
Thierry
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Message par Thierry Ven 17 Fév 2012 - 20:40

La "sous-ciété."

Il m'est impossible d'utiliser le terme de société pour désigner cet environnement social et surtout spirituel dans lequel j'évolue. D'autant plus en lisant tout ce que la société Kogis a mis en place et cette osmose fascinante dans laquelle ce groupe humain évolue depuis des siècles.



Si j'utilise le terme de "sous-ciété" pour désigner le monde occidental, c'est parce qu'il s'agit à mes yeux d'un espace de basse synergie. Une société digne de ce nom existe au contraire dans une haute synergie. Cette synergie prend forme dès lors que les individus ont opté pour une exploration lucide de leur implication dans une harmonie constante au regard de la Nature et du flux vital.

Ce n'est pas le système occidental qu'il faut blâmer. Ce soi-disant système n'a aucune existence spontanée, il n'est que le reflet de l'état de conscience des gens qui le composent. Un système n'est que l'amalgame de composants. Les individus sont ces composants et le système est activé par les liens qui unissent les composants. Un moteur de voiture n'a pas d'existence en soi, ce sont les liens entre chaque composant qui lui donnent ce semblant d'existence. Il est totalement absurde de dire qu'un moteur ne fonctionne pas. Il s'agit d'identifier le composant défectueux. Pas d'accuser l'ensemble.



Le terme de "société" correspond à un paradigme extrêmement puissant. Les individus ont été conditionnés à s'en remettre à ce système et à quelques groupes ou individus chargés d'entretenir le système. Un paradigme est une "super théorie". Il propose les modèles de pensées auxquels chaque composant du système va apprendre à se référer. On trouve des paradigmes dans le domaine scientifique mais le concept de "société" s'établit dans un espace psychologique et philosophique. Inutile de se référer à des données politiques, économiques, sociales, historiques. Tout cela n'est qu'un habillage d'un formatage philosophique.

Un paradigme se nourrit de schémas mentaux. Ceux qui nous concernent dans cette "sous-ciété" de basse synergie s'établissent au cœur de l'ego. Ces schémas mentaux sont destinés à préserver le paradigme. Une fois que les schémas mentaux sont appliqués à la masse entière, le paradigme devient une "réalité". Il ne s'agit pas du "réel" mais d'une interprétation des phénomènes dans le cadre du paradigme. La "réalité" est instaurée de façon à propager le fonctionnement institutionnel. Non pas gouvernemental mais un fonctionnement philosophique. C'est là qu'il faut dépasser la condamnation infantile de la "société".



Même les leaders de cette "sous-ciété" ne sont pas conscients de l'illusion dans laquelle ils évoluent. Ils ont simplement adopté les schémas mentaux de leurs pairs et les ont développés pour leurs propres intérêts. Personne, parmi les leaders, qu'ils soient politiques ou économiques, n'est conscient du courant qui les emporte. On ne demande pas à un carburateur d'être conscient de son appartenance à un moteur. On lui demande d'effecteur sa tâche avec soin. Les leaders de cette "sous-ciété" ne sont que des carburateurs et ils n'ont aucune vision verticale de l'ensemble.



Les manipulations dont ils sont régulièrement accusés ne s'établissent toujours qu'au cœur de ce paradigme. Les schémas mentaux sont modulables mais nourrissent toujours le paradigme. La prochaine élection présidentielle n'est que la confrontation de schémas mentaux dans une "réalité" illusoire et perverse. Aucun changement de paradigme n'est envisagé car cela signifierait que les leaders prendraient le risque de ne plus être les leaders. Leur objectif n'est que de porter une étiquette différente de celle de leur adversaire. La philosophie interne au système reste la même.



L'idée fondamentale est de modifier les composants du moteur pour lui donner un rendement différent et si possible "meilleur" au regard de la "réalité" instaurée. Mais il n'est pas question de réfléchir à la justesse du moteur lui-même. On ne touche qu'aux schémas mentaux. Pas à la source de ces schémas.



Les individus sont responsables du paradigme en se sens qu'ils l'entretiennent à travers les schémas mentaux qu'ils ont adoptés. Le système n'existe qu'à travers cette adhésion. Non seulement comportementale mais bien avant tout philosophique.

Si ce paradigme nourrissant cette "sous-ciété" existe, c'est en raison de notre fonctionnement. Nous sommes encapsulés dans un moi tout puissant et tout ce qui ne participe pas à cette identité est extérieure à ce moi. Cette scission est à la source de la dualité et de la basse synergie que j'ai évoquée. Ce modèle fondamental conditionne toute la "réalité" qui convient au maintien du paradigme. Le système s'auto-entretient à travers le figement philosophique des individus. On peut parler désormais de "méta-modèle" ou "méta-paradigme", c'est à dire ce qui est au-delà du paradigme lui-même. Comme un moteur qui fonctionnerait de lui-même, sans aucun pilote...Mû par sa propre énergie. Un mouvement perpétuel.



La société des Kogis est organisée autour d'une idée radicalement différente de celle du moi encapsulé. C'est celle de l'unicité. Il n'y a pas de séparation mais une osmose qu'il faut entretenir. L'individu n'est pas qu'un composant d'un moteur. Il est conscient du moteur et du rôle qu'il tient au cœur de ce système. Il n'agit pas en restant centré sur le fonctionnement de la pièce qui le constitue et de son rôle parcellaire parce qu'il n'est jamais dissocié du moteur lui-même. On pourrait comparer cela également avec une cellule constituant le bout infime d'un doigt. Cette cellule a conscience de l'existence de l'individu auquel elle appartient malgré le gigantisme de l'ensemble dans lequel elle évolue. C'est une vision macroscopique qui donne à l'existence de l'individu une énergie bien plus puissante que celle d'une cellule qui se croit isolée et toute puissante. Le moi n'est pas une entité en elle-même mais un réceptacle de l'énergie vitale qui anime un ensemble d'une complexité infinie. Il ne s'agit pas pour autant de la négation de l'individu étant donné que l'individu puise dans cette appartenance une nourriture spirituelle impossible à saisir dans le champ limité du moi encapsulé.



Le moi encapsulé est séparé du flux vital parce que ses schémas de pensées créent un voile opaque. Ca n'est pas la vie qui l'anime mais lui qui donne à la vie l'image d'une réalité qui convient au maintien de son identité. Les pensées, les sentiments, les perceptions, les réflexions, les actes, les intentions sont irrémédiablement au service de ces schémas. Là encore, le fonctionnement est terriblement pervers étant donné que chaque instant de l'existence participe à l'édification puis au renforcement de l'identification. Le moi existe à travers lui-même et s'auto-persuade de la justesse de son raisonnement. On retrouve par conséquent à l'échelle de l'individu le fonctionnement inhérent au paradigme de l'ensemble. C'est en cela que le système qui apparaît comme responsable du mal être des individus est un leurre. Le moi accuse un système qu'il a lui -même constitué parce que dans cette lutte, le moi, lui-même, se renforce.

Même les individus qui disent œuvrer à la constitution d'une quête spirituelle ne sont bien souvent que des ego établissant dans une lutte philosophique le renforcement de leur moi pour la simple raison qu'ils reproduisent un fonctionnement individuel au cœur duquel se trouve toujours le moi encapsulé. C'est en cela qu'il me semble extrêmement délicat de parvenir à rompre les schémas de pensées et tous les conditionnements qui en découlent lorsque l'individu a déjà évolué dans la dimension enivrante de la "sous-ciété".

L'avenir de l'humanité appartient aux groupes ethniques ayant su préserver depuis des millénaires une vision uniciste de l'existence.

Les "sous-ciétés" modernes verront s'éveiller quelques individus "dé-capsulés" mais ils ne seront sans doute jamais suffisamment entendus pour que des schémas de pensées opposés prennent suffisamment de puissance pour parvenir à insérer dans la masse un nouveau paradigme.



Je rêve parfois d'une intervention de la vie elle-même. Que le réel en vienne à s'imposer à la réalité. Par la force si nécessaire.

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Message par zizanie Sam 18 Fév 2012 - 0:41

Est-ce un point de vue métaphysique idéaliste?

Je ne sais pas mais c'est une vision du style "le meilleur des mondes" que tu nous présentes là?
et que signifie:
L'avenir de l'humanité appartient aux groupes ethniques ayant su préserver depuis des millénaires une vision uniciste de l'existence?
Quelles sont ces sociétés?
Que devient le métissage dans cette vision sociétale élitiste?
N'y a-t-il pas comme une germe de sectarisme, ou pire?

Voila six question, j'en attends six réponses.
Merci.
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Message par freefox Sam 18 Fév 2012 - 1:17

Bonsoir Thierry,

Très intéressants vos deux textes.
C'est du dense!
Je préfère attendre un peu avant d'en discuter.
Pour l’encapsulage je me demande si vous n'idéalisez pas un peu trop ces peuples "premiers"? Pour en avoir côtoyé certains je dirais qu'ils ne sont pas meilleurs ni pires que nous (tout autant encapsulés que l'est chaque être humain) mais que les liens qui les relient à leur environnement sont entretenus alors que chez nous il y a eu rupture.
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Message par Thierry Sam 18 Fév 2012 - 17:39

freefox a écrit:Bonsoir Thierry,

Très intéressants vos deux textes.
C'est du dense!
Je préfère attendre un peu avant d'en discuter.
Pour l’encapsulage je me demande si vous n'idéalisez pas un peu trop ces peuples "premiers"? Pour en avoir côtoyé certains je dirais qu'ils ne sont pas meilleurs ni pires que nous (tout autant encapsulés que l'est chaque être humain) mais que les liens qui les relient à leur environnement sont entretenus alors que chez nous il y a eu rupture.
sourire
Chez les Kogis aussi, il y a des conflits et il doit bien en être de même dans tous les Peuples premiers.
Quand le gvt colombien a demandé aux Kogis de se mettre à la culture du café, certains Kogis s'en sont chargés. Après quelques récoltes, ces Kogis se sont retrouvés avec une certaine "richesse" et ont acheté des objets qui ont fini par être convoités par la communauté. Conflits de personnes. Le clan s'est réuni et à discuter pendant des SEMAINES...La décision a été prise de brûler tous les plans de café. Cohésion sociale. Évidemment que les ressentis négatifs existaient pour ceux qui étaient privés de cette ressource matérielle. Alors le clan a encore discuté et discuté. Le moi encapsulé est accompagné par la communauté et il adhère à ce qui maintient la cohésion du clan puisque sans cette cohésion il perdrait ce qu'il a de plus cher : le clan.
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Message par Thierry Sam 18 Fév 2012 - 17:48

zizanie a écrit:Est-ce un point de vue métaphysique idéaliste?

Je ne sais pas mais c'est une vision du style "le meilleur des mondes" que tu nous présentes là?
et que signifie:
L'avenir de l'humanité appartient aux groupes ethniques ayant su préserver depuis des millénaires une vision uniciste de l'existence?
Quelles sont ces sociétés?
Que devient le métissage dans cette vision sociétale élitiste?
N'y a-t-il pas comme une germe de sectarisme, ou pire?

Voila six question, j'en attends six réponses.
Merci.
Idéaliste, je n'en sais rien. J'essaie juste d'avancer dans ce qui m'intéresse.
L'avenir de l'humanité appartient aux groupes ethniques au regard de l'impasse dans laquelle les civilisations matérialistes avancent.
Inuits, Navajos, Lacandons, Kogis, Lapons, Boshimans, Guaranis, Tchoukches, Nenètses, etc etc...Le métissage existe aussi chez ces peuples. sans qu'ils y perdent leur culture.
Alors pour ce qui est du sectarisme, je pense que les sociétés matérialistes sont mal placées pour donner des leçons...
http://www.survivalfrance.org/
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Message par Thierry Sam 18 Fév 2012 - 19:58

Je ne m'intéresse pas qu'aux Peuples premiers. J’essaie depuis plusieurs années de comprendre les mécanismes économiques, financiers, bancaires. Etant donné que j’ai juste mon BAC littéraire, c’est une tâche qui s’est révélée ardue et il m’a fallu lire beaucoup et garder pas mal de données pour entrevoir le début d’une compréhension. Au vu de cette crise systémique, j’ai repris une partie d’anciens documents et j’ai tout relu. Consternant de voir à quel point l’entêtement des dirigeants et leur vision court-termiste et mercantile ont pu générer un « monstre » qu’ils ne maîtrisent plus du tout.
Voilà pourquoi je ne crois pas au maintien en l'état des sociétés matérialistes. Elles ne maîtrisent plus ce qu'elles ont créé.
___________________________________________________________________________

« Si tout ceci ressemble à un château de cartes, c’est bien parce que c’en est un. Et il va s’effondrer, avec de sérieuses conséquences non seulement pour les banques et les investisseurs, mais aussi pour l’économie dans son ensemble. »


Par Steven Pearlstein, Washington Post, 5 décembre 2007 (incroyable cette date!!!! )

Selon le journaliste écossais Charles Mackay, les hommes deviennent fous en masse, mais retrouvent la raison un par un.

Nous en sommes seulement au début du processus qui verra le monde financier retrouver la raison après l’éclatement de la plus grande bulle du crédit que le monde ait connue.

Tout le monde semble admettre maintenant qu’il y aura de nombreux emprunts impayés et que le prix des logements va chuter nationalement pour la première fois depuis la grande dépression. Des prêteurs et des fonds d’investissement sont en faillite, et les banques ont procédé à de douloureuses dépréciations et viré leurs directeurs. Il y a également un large consensus sur le fait qu’une récession est à l’horizon.

Mais croyez moi, nous n’avons encore rien vu.

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que, contrairement à ce que vous avez entendu le président Bush déclarer, il ne s’agit pas uniquement d’une crise de l’immobilier et des emprunts hypothécaires. Les géants financiers qui ont créé, packagé, noté et assuré tous ces emprunts subprimes, sont les mêmes, administrés par les mêmes dirigeants, touchant les mêmes primes, utilisant les mêmes techniques financières et de gestion du risque, que ceux qui ont créé, packagé, noté et assuré les emprunts du secteur de l’immobilier d’entreprise, des crédits de cartes de paiement et des crédits finançant le rachat d’entreprises.

Il est très peu vraisemblable que ces établissements ait fait un meilleur travail dans ces autres secteurs que dans celui des emprunts hypothécaires. Mais l’étendue de leurs erreurs de jugement ne sera révélée que lorsque l’économie ralentira - ce qu’elle va sûrement faire.

Au cœur de ce désastre en cours, se trouvent les Collateralized Debt Obligation (CDO) (produits obligataires structurés) qui ont été à l’origine du boom dans l’immobilier et le crédit au début des années 2000. Durant les dernières années, le marché des CDO a explosé, donnant lieu non seulement à des prêts hypothécaires, mais à une expansion de toutes les formes de crédit. Selon certaines estimations, l’en cours des CDO serait de près de 2 000 milliards.

Mais commençons tout d’abord par les CDO adossés à des emprunts immobiliers.

Aujourd’hui, tout le monde sait que la plupart des créances sur ces emprunts ne sont plus détenues par les banques jusqu’au remboursement. Elles sont regroupées par paquets et vendues à des investisseurs, de façon semblable à des bons.

Dans la version la plus simple, chaque investisseur possédait un petit pourcentage de l’ensemble, et recevait la même rémunération que les autres. Puis quelqu’un a eu l’idée d’améliorer le système en vendant ces actifs en tranche, correspondants à différents niveaux de risque de crédit. Avec ce montage, si un emprunt du paquet était en défaut de paiement, seules les tranches les plus risquées absorberaient toutes les pertes avant de perdre toute valeur, puis le processus se répéterait de tranche en tranche selon un risque décroissant.

Grâce à ce découpage, les crédits hypothécaires ont pu être répartis entre les différentes familles d’investisseurs. Les tranches les plus risquées, avec les notes les plus basses, étaient cédé à des fonds d’investissements à la recherche de hauts rendements et acceptant les risques inhérents. Les plus sûres, offrant un rendement inférieur, et notées « AAA » comme les bons du Trésor, ont été achetées sur les marchés monétaires et par les fonds de pensions évitant les investissements risqués. Les tranches les moins recherchées étaient celles du milieu, nommées « mezzanines, » qui présentaient des rendements moyens avec un risque supposé modéré.

Suivez moi bien, maintenant, c’est là que cela devient intéressant. Car nous en arrivons au moment ou les banques ont eu la riche idée d’acheter des groupes de tranches mezzanine dans différents paquets. Puis, en utilisant des modèles informatiques sophistiqués, elles se sont persuadées, tout comme les agences de notation, qu’en répétant ce même processus de découpage, elles pouvaient se servir de ces actifs mezzanine pour créer une nouvelle famille de titres, certains à risques, certains mezzanines, mais la plupart pourvus de la note AAA que la plupart des investisseurs recherchaient.

C’était une « merveilleuse » combinaison d’alchimie financière, qui a permis aux banques de Wall Street et aux agences de notations d’empocher des milliards de dollars de rémunération. Tant d’argent emprunté a été utilisé - pour acheter les emprunts initiaux, acheter les tranches de CDO, puis acheter les tranches de CDO de tranches de CDO - donnant au système un tel effet de levier, que les retours sur investissements - au moins sur le papier - étaient très attractifs. Et ont bien sûr attiré les fonds d’investissements britanniques, les banques allemandes, les villages norvégiens et les fonds de pensions de Floride.

Ce que nous savons aujourd’hui, c’est que les banques d’investissement et les agences de notation ont sous-estimé le risque que les défaillances d’emprunteurs puissent atteindre des niveaux tels que même les investissements notés « AAA » perdent leur valeur.

Une étude réalisée par Eidesis Capital, un fonds spécialisé dans les CDO, estime que pour les CDO créés durant les années 2006 et 2007, à l’exception de ceux des tranches AAA qui perdront de 6 à 31%, les autres investisseurs vont perdre toute leur mise.

Les analystes de JP Morgan qui ont observé ce secteur, évaluent les pertes totales à au moins 300 milliards, pour la plupart encore dissimulées. Ceci inclut au moins 30 milliards de dépréciations supplémentaires dans les plus grandes banques et les fonds d’investissement, et beaucoup plus pour les fonds spéculatifs qui pour la plupart se refusent à reconnaître la réalité.

Pendant ce processus de liquidation, les agences de notations sont en train de mener une réévaluation à la baisse qui forcera de nombreuses banques, fonds de pensions et fonds intervenant sur les marchés monétaires à vendre leurs CDO sur un marché si déserté par les acheteurs, que lors d’une vente récente, E-Trade n’a réussi à obtenir que 27 centimes du dollar pour un portefeuille pourtant très bien noté.

Dans le même temps, les banques qui sont forcées de conserver les CDO dans leurs livres de comptes seront obligées de mettre de côté une grande partie de leur capital comme réserve de garantie, ce qui réduira considérablement la quantité d’argent disponible pour attribuer de nouveaux crédits.

Les conséquences ne s’arrêtent pas là. Les pertes sur les CDO menacent maintenant la note « AAA » de plusieurs compagnies d’assurances qui ont acheté des titres de CDO ou ont assuré les CDO contre les pertes. Ces assureurs fournissant également leur garantie aux investisseurs pour les bons émis par les collectivités locales, les états et les municipalités ont revu à la baisse leurs émissions de bons, face à des investisseurs réticents.

Si tout ceci ressemble à un château de cartes, c’est bien parce que c’en est un. Et il va s’effondrer, avec de sérieuses conséquences non seulement pour les banques et les investisseurs, mais aussi pour l’économie dans son ensemble.

Ce n’est pas là seulement un avis personnel. Mais c’est la raison pour laquelle les banques gardent leurs liquidités, ce qui fait que l’en cours des crédits bancaires et du papier commercial se réduit drastiquement.

C’est pourquoi les fonctionnaires du Trésor travaillent à plein temps pour tenter de lutter contre la marée montante des défaillances d’emprunteurs.

C’est pourquoi les fonctionnaires du budget des Etats et de la Fédération anticipent une diminution sévère des revenus fiscaux l’an prochain.

Et c’est pourquoi la Réserve Fédérale met désormais de côté ses craintes au sujet de l’inflation et du dollar en se dirigeant résolument vers une baisse des taux d’intérêts et en injectant des liquidités dans le système bancaire.

Ce n’est peut-être pas 1929, mais on peut parier que c’est bien plus grave que la crise financière de 1987, celle des Caisses d’Epargne de 1990 ou l’éclatement de la bulle Internet de 2001.



Ce système a conduit à la mise en faillite de Lehman Brothers avec les conséquences que l’on sait…







___________________________________________________________________________







Un article de Michel Drac

Chronique d'une crise annoncée 26/10/08
Je poursuis, au risque de lasser, ma modeste réflexion sur la crise économique en cours. Après avoir analysé la situation mondiale (basculement du centre de gravité de l’économie globalisée vers l’Asie), la situation des Etats-Unis (crise structurelle induite par la dérive inégalitaire du capitalisme, renforcée par le libre-échange et artificiellement différée par une bulle monétaire et d’endettement) et les conditions de sortie probables de la crise (gestion par la stagflation dans le cadre d’une négociation mondiale, risques de dérapage réels mais gérables), je vais maintenant essayer de faire le point sur la situation de l’Europe, et plus particulièrement de la France.

Où en sommes-nous ?
La crise américaine nous a maintenant rattrapés dans sa dimension financière. Cette contamination, sur le plan strictement financier, a été extrêmement rapide (beaucoup plus rapide que la contamination par la crise de 1929).

Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers fait faillite, discrètement poussée dans la tombe par sa rivale JP Morgan, et non secourue par un secrétaire au trésor, Henri Paulson, qui vient quant à lui d’une autre rivale, Goldman Sachs. Quinze jours plus tard, les européennes Dexia, Fortis et Hypo Real Estate sont au bord du gouffre. Il faut que les gouvernements français, hollandais, belges et allemands volent à leur secours. La purge de la finance américaine s’est répercutée en deux semaines seulement, et avec une intensité qui en dit long sur l’imbrication des intérêts entre les systèmes bancaires américains et européens.

Très vite, les marchés s’affolent. Les banques ne se prêtent plus du tout entre elles, ce qui déclenche une famine de crédits générale, au moment précis où de nombreux acteurs, chancelants, ont désespérément besoin de liquidités. Il est intéressant de noter qu’en l’occurrence, cet affolement a été irrationnel, plus irrationnel encore que lors des krachs « ordinaires ». La panique a gagné très vite, parce que c’était (pour la première fois dans l’histoire du capitalisme depuis 1929) le cœur bancaire du système financier qui s’avérait non fiable. En quelques jours, les marchés ont adopté des valorisations des actifs qui ne peuvent s’expliquer que par l’anticipation d’une récession sévère et prolongée. Si l’on reprend mon article « Quand l’imprévisible est certain », c’est l’entrée de l’Europe directement dans la phase 3 du cycle de krach, pratiquement sur l’heure, dès le déclenchement de la phase 1 (qui est représentée, chez nous, par le contre-choc de Lehman Brothers).

On assiste alors à des phénomènes relativement comiques. Ainsi, dans les jours qui suivent l’annonce du plan Paulson (850 milliards de dollars injectés, donc mesure inflationniste), le dollar remonte contre l’euro. Explication : craignant que le système financier international ne fasse complètement faillite, le capital se réfugie aux USA (énorme demande de bons du trésor), persuadé que même si c’est de là que la crise est partie, c’est aussi là que pour finir, l’argent sera le plus en sécurité – sous-entendu : la faillite des USA engendrant celle de la planète, elle n’aura pas lieu, alors que dans le cas des pays européens, sait-on jamais… Paradoxe : alors même que l’Amérique entérine sa faillite partielle, cette faillite américaine profite momentanément aux Américains, parce qu’elle fait redouter la faillite totale de leurs satellites.

Confrontées à la débâcle impressionnante des bourses du monde entier, les banques centrales tentent une opération spectaculaire : l’abaissement simultané de tous les taux directeurs, partout dans le monde, ou presque. Résultat : néant. Le marché remonte une heure, puis il reprend son trend baissier. Du jamais vu.

Le 5 octobre, les Européens se réunissent pour tenter de définir un plan d’action. Echec : l’Allemagne fait la mauvaise tête. Alors, dans la semaine du 6 au 10 octobre, la tendance « bear » se transforme en krach galopant, accéléré par la spéculation frénétique des petits malins qui jouent la baisse sur le marché à terme. Pratiquement toutes les places perdent entre 15 % et 20 % de leur capitalisation boursière. Le 10 octobre au soir, on peut très sérieusement se demander si la finance mondialisée ne va pas imploser à très brève échéance, complètement, provoquant un phénomène jamais vu : la crise systémique globale, authentiquement globale.

Le 12 octobre, un G7 exceptionnel est organisé. Entre temps, les Allemands sont venus à composition : à leur tour, ils ont été rattrapés par la crise, avec la faillite de Hypo Real Estate. On remarquera à ce sujet que cette faillite est arrivée juste à propos pour obliger le seul pays européen vraiment récalcitrant à s’aligner sur la proposition anglaise : un plan de soutien massif, en Europe comme aux USA. On en déduira ce qu’on pensera pouvoir en déduire, pour ma part, je me bornerai à relever la coïncidence.

Le G7 du 12 octobre prend un ensemble de décisions qui ressemblent à une « opération de la dernière chance » à l’échelle mondiale. Les Européens vont mettre en place un plan de 1.700 milliards d’euros (presque un an du PIB français), les Américains vont rajouter au plan Paulson une « rallonge » de 250 milliards de dollars. A la demande des Britanniques (y compris les conservateurs !), les gouvernements (y compris américain) s’engagent désormais à nationaliser les banques plutôt que de les laisser tomber en faillite. La garantie des dépôts bancaire devient théoriquement illimitée, mais à quel coût ! Au total et compte tenu des injections réalisées précédemment, la masse financière que la sphère publique met à disposition du secteur bancaire se montera donc à 3.500 milliards de dollars (2.200 milliards en Europe, 1.300 milliards aux USA). La France contribuera à hauteur de 360 milliards (40 milliards pour des mesures de recapitalisation, 320 milliards pour un fonds de garantie des prêts interbancaire).

Le 13 octobre, les marchés repartent à la hausse, shootés par cet énorme soutien public. Pratiquement toutes les places boursières gagnent 10 % ou presque. Le taux du marché interbancaire se détend enfin, les banques se prêtent à nouveau entre elles. En apparences, la crise est en voie de résolution.

En réalité, les difficultés ne font que commencer.

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Pour commencer, personne ne peut décemment garantir que les 3.500 milliards de dollars injectés par la puissance publique vont suffire à surmonter le credit crunch (crise du crédit) en cours de déploiement.

Si l’on s’en tient dans un premier temps aux dettes stricto sensu, sans prendre en compte le marché des dérivés, les données sont les suivantes, pour les principales économies du monde occidental :

En milliards de dollars PIB nominal Dette totale en % PIB Dont privé Dont public
Etats-Unis 14 000 34 300 245% 150% 95%
Allemagne 3 300 6 900 210% 140% 70%
Grande-Bretagne 2 700 5 800 215% 170% 45%
France 2 600 4 200 160% 95% 65%
Italie 2 100 3 200 195% 85% 110%
Autres pays occidentaux 9 000 14 400 160% 115% 55%
TOTAL Am Nord + Europe 33 700 68 800 205% 130% 75%



L’Occident dans son ensemble apparaît donc endetté à hauteur de 205 % de son PIB. Compte tenu de la structure du PIB des pays occidentaux, cela représente à peu près neuf années de production industrielle. Certes, les Etats-Unis établissent un record historique, avec leurs douze ans de production engagée par l’endettement ( !). Mais le reste de l’Occident est à peu près sur les mêmes ordres de grandeur – et la France est loin d’être le plus mauvais élève de la classe, quoi qu’on en dise. Compte tenu des 50 % à 100 % du PIB en endettement caché que représente notre nationale « bulle des retraites des fonctionnaires », nous sommes tout bonnement dans la moyenne.

Peut-on rembourser une dette de 68 trillions de dollars, avec un PIB de 32 trillions ? Réponse : non. La dette, pour être remboursée, doit être prélevée sur les revenus. Une dette de 205 % du PIB représente des intérêts à 11 % du PIB, si l’on admet un taux de rémunération du capital à 5 % (norme de ces dernières années). Comme la croissance des pays occidentaux plafonne à 2 % (version optimiste), et en admettant une inflation de l’ordre de 3 % (pour laisser une marge aux prêteurs à 5 %) une fois défalquée la fausse croissance générée jusqu’ici par l’endettement, les 6 % restants sont structurellement non remboursables (à peu près la moitié). C’est une situation de faillite, dont nous ne pourrions sortir que par une formidable croissance durable (de l’ordre des + 7 % des trente glorieuses) combinée avec un étalement des remboursements sur de nombreuses décennies (moratoire ou quasi-moratoire sur les intérêts). Etant donné qu’il n’y aura ni moratoire (comment faire avaler aux créanciers ?) ni rebond de la croissance (par quel miracle ?), on peut considérer que l’Occident est en dépôt de bilan.

Sur les 68 trillions de dettes accumulées qui « financent » l’actif des créanciers, une très forte proportion ne sera pas remboursée – ou alors, en monnaie de singe. Et le montant de l’impasse est beaucoup, beaucoup plus élevé que 3,5 trillions. Il serait présomptueux de se risquer à un calcul précis, mais il est probable que cette impasse se chiffrera en fin de compte en dizaines de milliers de milliards de dollars. Il faut bien le comprendre : les 3,5 trillions déjà annoncés par Paulson & co, c’est juste le début des festivités.

Outre ce problème central de l’endettement total des acteurs non financiers, un facteur aggravant : la finance spéculative mondialisée, totalement dérégulée, a prouvé de manière éclatante qu’en dépit des assurances des néolibéraux, le jeu des acteurs dans un environnement dérégulé ne converge pas vers les meilleurs choix économiques. Cette finance est devenue complètement folle. Pour dégager toujours plus de rentabilité, les fonds spéculatifs ont utilisé des effets de levier monstrueux, prenant des positions à terme disproportionnées, pour faire travailler un argent qu’ils n’avaient pas.

Le marché des dérivés a atteint des proportions inimaginables. On a calculé que le total de ces marchés avoisine 450 trillions de dollars, soit plus de 5 ans du produit brut mondial. C’est de la démence pure et simple : aussi longtemps que les bulles spéculatives ont été prolongées à la hausse, les acteurs de ces marchés délirants s’en sont sortis par la cavalerie. A présent que les bulles implosent, une à une (immobilier, subprimes, matières premières, bientôt sans doute les crédits Alt-A à peine moins pourris que les subprimes…), les acteurs des marchés dérivés vont se retrouver massivement confrontés à des engagements qu’ils ne peuvent pas assumer.

Fondamentalement, les marchés dérivés ne modifient guère les équations économiques réelles. Mais ils vont contribuer à rendre l’affaire proprement ingérable, puisqu’ils vont fonctionner comme un accélérateur de faillite. Les fonds spéculatifs parient un argent qu’ils n’ont pas, mais leurs créanciers s’attendent à être payés avec cet argent qui n’existe pas. On arrive là à des niveaux d’absurdité tels que la modélisation économétrique devient impossible. Il n’y a plus de pilote dans l’avion, et s’il y en avait un, il n’aurait pas de tableau de bord !

Quand la finance virtuelle contamine l’économie réelle
Au total, la richesse des pays occidentaux (somme des patrimoines particuliers et collectifs) doit avoisiner 90 trillions de dollars. Nous avons une dette collective équivalente à environ 75 % de ce montant, et une partie importante de cette dette ne pourra pas être remboursée. Il faut donc s’attendre à une révision brutale de notre richesse collective, quand il va s’avérer que nos 90 trillions d’actifs sont contaminés par 10, 20 ou 30 trillions de passif irrécouvrable. Très schématiquement, pour solder l’affaire, il faudrait spolier les occidentaux de 15 à 30 % de leur patrimoine. Et d’une manière ou d’une autre, c’est bien ce qui va se passer.

Bien sûr, dire les choses comme ça, c’est simplifier à outrance. En pratique, la spoliation peut prendre des formes très diverses. Mais en pratique, beaucoup de gens croient aujourd’hui qu’ils possèdent quelque chose, et vont s’apercevoir demain qu’ils ne possèdent plus rien. Il faut bien comprendre cette idée, tellement simple qu’elle heurte l’entendement : quand il y a des gens qui ont des créances et qu’il s’avère que ces créances sont irrécouvrables, il y a des gens, les mêmes ou d’autres, qui perdent leurs avoirs. Forcément.

Pour l’instant, une spoliation directe, sous forme de gel des comptes bancaires par exemple, ne semble pas à l’ordre du jour. Comme on pouvait s’y attendre, les classes dirigeantes s’apprêtent à gérer la crise par la stagflation. Plutôt que d’anéantir l’argent, ils vont le dévaluer. C’est la dynamique qui s’est enclenchée avec le plan Paulson, et que le « plan européen » du 12 octobre a poursuivie – et qui sera poursuivie, encore et encore, dans les mois et les années qui viennent.

Bien entendu, le pouvoir économique n’annoncera pas brutalement cette entreprise de résorption de l’endettement par l’inflation. Pour l’instant, la communication organisée par les dirigeants est d’une grande habileté. Comme il n’est évidemment pas question de faire appel public à l’épargne (difficile de trouver beaucoup d’acheteurs d’obligations par les temps qui courent), et comme il n’est pas non plus question d’officialiser le déficit public comme arme de destruction financière massive (éviter la panique), on entretient pour l’instant le flou. En France, on nous explique que la garantie de 320 milliards d’euros qui vient en appui du plan d’injection de capital de 40 milliards ne sera probablement pas utilisée. Eu égard aux véritables enjeux, qui se chiffrent en milliers de milliards, nous avons là une sorte de trait d’esprit comique involontaire – mais pour l’instant, cela suffit à tranquilliser le public.

En l'occurrence, il y a de très fortes chances pour que les garanties soient sollicitées. S'il n'y a plus de confiance entre les banques, c'est pour une bonne raison. C'est parce qu'elles savent qu'il y a, dans le système, des milliers de milliards de dollars de dettes qui ne seront jamais remboursées par les débiteurs eux-mêmes. A partir de là, le seul moyen de sortir de la crise, c'est que quelqu'un rembourse les dettes : soit les créanciers (annulation de la dette), soit le consommateur (inflation), soit l'Etat, c'est-à-dire le contribuable. C’est aussi simple que cela.

La suite du film est déjà écrite.



La contamination de la crise financière à l’économie réelle est inévitable, dès lors que le système n’a pas été mis en redressement judiciaire pur et simple. Les signaux se multiplient d’ores et déjà, à la mi-octobre :

- Le moral des investisseurs est en chute libre, en Europe comme aux USA.

- La production industrielle est en baisse aux USA, elle ne se maintient en Europe que grâce à une excellente performance allemande, pour l’essentiel conjoncturelle.

- Le chômage entame sa remontée, au fur et à mesure que l’économie réelle entre en phase de rétractation.

- Le seul moyen d’enrayer un cercle vicieux de la récession serait, dans l’esprit du système actuel, le soutien à la consommation. Mais ce soutien est impossible, sauf à remettre en cause les conséquences de la dérive inégalitaire du capitalisme. A présent que le moteur de la dette est tombé en panne (impossible de continuer à faire croître un endettement déjà vertigineux), c’est au contraire la contraction de la demande qui est à l’ordre du jour. Tous ces propriétaires de maisons qui vont voir leur capital fondre (et continuer à devoir rembourser leurs prêts), tous ces détenteurs de portefeuilles d’action qui vont voir leur portefeuille fondre, tous ces petits cadres flippés par l’angoisse du chômage : tous ces gens-là vont devoir se serrer la ceinture. Très vite, les secteurs fortement dépendants de la confiance des ménages vont entrer en contraction. Aux Etats-Unis, les ventes des chaînes de magasin sont en train de caler, mais les biens de consommation ne sont pas, à ce stade, le problème essentiel. Les biens d'équipement, l'automobile, le logement : krach de la demande en perspective !

Pour empêcher la récession déflationniste qui menace, les autorités vont injecter de la monnaie, toujours plus de monnaie. On va assister à une course de vitesse entre déflation par contraction de la demande et inflation par création monétaire – et comme l’inflation fait moins mal sur le coup, c’est elle qui gagnera : les autorités feront ce qu’il faut pour ça.

Très vite, nous allons voir se tendre les relations entre le système bancaire et le régulateur, parce que les banques vont avoir tendance à conserver les liquidités que les autorités leur injecteront. C’est qu’elles ont leurs propres problèmes : anticipant les défauts de paiement potentiellement monstrueux des acteurs spécialisés dans l’effet de levier tous azimuts, les banques vont reconstituer un matelas de sécurité, de sorte que pour injecter dans la demande 1 euro, il faudra que les autorités en créent par exemple 2.

C’est pourquoi, très vite, le pouvoir va se retrouver pris en tenaille entre deux des cinq risques que je mentionnai dans mon article précédent :

- Le gel économique par accroissement de la pression sur les consommateurs, qui ne pourra être combattu qu’en injectant toujours plus de monnaie dans le circuit,

- Le risque de voir les créanciers de l’Occident (le Japon, en particulier) taper du poing sur la table si leurs avoirs en dollars sont dévalués dans des proportions insupportables.

(C’est en fait la Chine qui a tapé sur la table en août 2011)

Obligés de piloter à la fois les contraintes internes (limiter la récession) et externes (éviter l’effondrement des monnaies occidentales), les autorités vont piloter à vue. Nous risquons d’assister à une politique de « stop and go » accélérée, qui pourrait présenter un caractère assez surréaliste, avec une alternance déconcertante de mesures inflationnistes et de retour forcé à l’orthodoxie monétaire. Il en résultera un dérèglement général des prix, et nous verrons certainement des phénomènes très étranges, avec des « poches de déflation » au milieu d’une toile de fond inflationniste.

Le déficit budgétaire américain est déjà en forte augmentation. Cela va s’accentuer, et il est très probable que le fameux « critère de Maastricht » de 3 % de déficit public va voler en éclat très rapidement dans la zone euro. (C’est fait…)

Déjà, la très vertueuse Allemagne de Merkel a annoncé qu’elle renonçait à son objectif d’équilibre structurel des comptes publics.

Malgré cela, les marges de manœuvre pour mener des politiques de compensation des effets sociaux de la crise seront très limitées, de sorte que l’accompagnement de la population précaire sera relativement restreint. D’ores et déjà, on sent monter la grogne sociale. Des salariés de l'automobile ont manifesté vendredi midi au Mondial de l'Automobile à Paris pour exprimer leur ras-le-bol face à la multiplication des plans sociaux. C’était un coup de semonce. Nous allons assister à des conflits de classe plus durs, qui recouvriront d’ailleurs souvent un conflit générationnel implicite. Ces salariés de l’automobile se comportaient en pratique comme des trentenaires producteurs en révolte contre la dictature des actionnaires sexagénaires du vieux baby-boom et des quinquagénaires consommateurs du jeune baby-boom : tout un symbole.

Dans ces conditions, le pouvoir soldera la crise sur la partie de la population qui risque le moins de faire « péter le système » par une révolte ouverte. Le solde des 10, 20 ou 30 trillions de dollars fictifs qui gonflent pour l’instant les fonds de retraite des baby-boomers sera probablement trouvé en grande partie sur ces mêmes fonds de retraite. On ne peut pas s’empêcher d’y voir une forme de justice : après tout, cette génération du baby-boom est la principale responsable du désastre. Elle n’a pas fait d’enfants, elle en paiera le prix quand les fonds de retraite auront implosé. Des vieux pauvres qui meurent seuls, vous en verrez beaucoup dans les vingt ans qui viennent.

Le délicat partage du fardeau
Confrontés à des tensions internes de plus en plus ingérables, les Etats vont entrer en compétition pour savoir qui doit porter le fardeau de la catastrophe. Il était visible, le 5 octobre, que le « Prime » britannique Gordon Brown a eu beaucoup de mal à faire avaler son « plan Paulson européen » aux Italiens (Berlusconi s’est lâché au sujet du système financier international, avant de se rétracter en catastrophe) et surtout aux Allemands. L’image restera, pour l’Histoire, d’Angela Merkel faisant la bise à Nicolas Sarkozy devant les caméras. Mais dans la coulisse, on ne devait pas franchement jouer love story.

Le retour des égoïsmes nationaux est à l’ordre du jour. Il n’est pas certain que la soi-disant Union dite Européenne y survive bien longtemps. Si les critères de Maastricht explosent, ils ne le feront pas forcément partout dans l’euroland de manière synchrone, ni dans les mêmes proportions. L’Allemagne, dont la population est traditionnellement très disciplinée, possède une étonnante aptitude à se mobiliser. Ce n’est pas le cas de l’Italie et de la France. L’Etat de l’endettement privé en Angleterre est tel qu’en cas de krach financier provoquant l’implosion de la City, on peut vraiment se demander ce qui va se passer Outre Manche. (On vient d’en avoir un aperçu…)

La France, qui paye aujourd’hui pour l’Europe bien plus qu’elle n’en retire, risque d’être le maillon faible. Vers le retour du Franc ? – L’hypothèse, farfelue il y a peu, prend de plus en plus consistance.

Pour l’instant, les européens ont fait front commun. Mais c’est un front contraint. Il est de plus en plus clair que c’est la pression mise par Washington sur l’Union Européenne qui a enclenché la dynamique de soutien à la bourse. Le sommet de Paris, purement européen, le 5 octobre, n’avait débouché que sur un constat de désaccord. C’est le G7, aux USA, qui a tranché.

C’est à ce niveau-là que se trouve la coordination, et il est clair que l’Union Européenne, en l’occurrence, est un non-acteur. De toute manière, les vraies décisions seront prises largement en fonction des accords entre Japon, Chine et USA (avec la Russie dans le rôle peu confortable d’ennemi potentiel de l’empire américain en implosion). Dans l’histoire, les « zéropéens » bruxellois comptent pour assez peu de choses. Raison pour laquelle, sans doute, ils vont très largement payer une crise née aux USA, et résultant principalement de la politique américaine. La gestion du risque numéro 3 (explosion du consensus USA-UE si la baisse du dollar transfère le mécanisme de délocalisation vers l’Europe) va se faire tout bonnement en imposant à l’Europe de payer pour la faillite américaine, ce qui va reporter sur l’euro une partie de la baisse prévisible du dollar. C’est le mouvement auquel nous assistons depuis deux semaines : légère baisse de l’euro face au dollar, baisse prononcée du couple dollar-euro face au Yen.

Ah, on donnerait cher pour être petite souris, et pour assister aux négociations entre asiatiques et américains ! Pour l’instant, on remarquera simplement que nous assistons à l’accouchement pénible d’un Nouvel Ordre Mondial – un ordre vraiment nouveau, cette fois-ci.

Le risque 4 (les rivalités exacerbées dans le cadre de la redéfinition du système financier international) est maintenant avéré, mais les asiatiques devraient se montrer bons camarades, car ils ont une trouille bleue de la faillite américaine, et cela pour deux raisons excellentes :

- Ils possèdent probablement quelque chose comme 6 trillions de dollars d’actifs aux USA, essentiellement en bons du trésor (perte actuelle : probablement déjà plusieurs centaines de milliards).



- Ils savent très bien que si l’Amérique implose, elle peut devenir folle et utiliser le dernier argument qui lui reste : la plus grande armée du monde.

D’un autre côté, Chinois et Japonais ne peuvent pas tolérer que l’Amérique transforment leurs actifs en brouettes de monnaie weimarienne…

C’est de la balance entre ces deux termes du dilemme que dépendra leur attitude face à Washington, et on commence, à condition d’y regarder de près, à pouvoir deviner comment la question sera résolue. La semaine dernière, une discrète dépêche d’agence nous informait que le groupe bancaire japonais Mitsubishi UFJ Financial prenait une participation de 21% dans la banque américaine Morgan Stanley, émanation de JP Morgan, cœur du cœur du capitalisme anglo-saxon depuis 150 ans. Or, et c’est là que réside la véritable nouvelle, les Japonais ne se contentent pas de mettre au pot. Ils acquièrent un siège au conseil d'administration.

Je crois que cette dépêche d’agence annonce en filigrane ce que sera l’issue de la crise sur le plan géostratégique : l’Amérique reconnaît qu’elle doit désormais associer l’Asie au leadership mondial. A ce stade, j’en ai conscience, cette thèse n’a pour tout soutien qu’une affaire emblématique et marginale – un détail dans l’Histoire, un petit détail de rien du tout. Mais franchement, ça paraît tellement logique.

Le prix de ce condominium sera probablement, pour l’Asie, la renonciation à une grande partie de ses créances américaines. Une crise d’ajustement très violente attend maintenant la Chine, et dans une moindre mesure le Japon. En Chine, il faut s’attendre à des mouvements assez rudes. Pour l’instant, le marché intérieur n’est pas organisé pour offrir des débouchés satisfaisants à l’industrie chinoise, et les transferts de technologie ne sont pas achevés. La crise américaine, d’une certaine manière, survient dix ans trop tôt pour la Chine – et c’est sans doute pour cette raison que les Japonais vont sauter sur l’occasion pour pérenniser leur alliance avec les USA, quitte à la réviser.

En partie ruiné par la faillite américaine, le système chinois va devoir gérer une rétraction considérable de ses débouchés. Plusieurs indices laissent penser que cette rétraction a d’ailleurs déjà commencé. Les secteurs de l’industrie chinoise les plus dépendants de la consommation occidentale sont entrés en crise de la demande. L’industrie du jouet, par exemple, a perdu presque la moitié de ses fabricants en moins d’un an. Paradoxe : l’Amérique peut faire de sa faillite une arme géostratégique redoutable.

D’autres pays vont souffrir de la crise américaine. L’Iran est en crise économique. Des troubles sociaux sont à craindre à brève échéance. L’inflation est déjà de plus de 25 % en rythme annuel dans ce pays confronté à un ensemble de déséquilibres structurels profonds. La baisse de la demande pétrolière, et donc des cours, ne va rien arranger. Spectacle étonnant : l’Amérique est en train d’imploser économiquement, mais cette implosion risque d’être, pour elle, l’occasion de nuire à ses ennemis.

Les scénarios pour l’Europe

Déflation ou inflation ?

Et concrètement, que va-t-il maintenant se passer pour nous, grouillots de base d’un Occident en faillite ?

Je ne suis pas devin (et d’ailleurs, vous aurez le droit dans quelques mois de vous moquer de mes prédictions), mais ce qui me paraît le plus probable, c’est une crise en deux temps :

- d’abord une récession assez violente et déflationniste,

- ensuite une longue période de stagnation accompagnée d’une violente inflation.

Une déflation, pour commencer, parce que les acteurs économiques en situation de pré-faillite vont chercher à vendre leurs actifs, coûte que coûte, pour trouver des liquidités. Ce sont surtout les actions, l’immobilier et les matières premières (bulles spéculatives en voie d’implosion) qui vont souffrir. Les prix des marchandises seront stables, la crise de la demande compensant largement les créations monétaires, dans un premier temps. Baisse des actifs, stabilité des prix à la consommation : on a déjà un début de concrétisation de ce mécanisme dans le découplage observé depuis quelques mois dans l’immobilier, avec des prix à l’achat qui baissent, et des loyers qui montent.

Ce contexte déflationniste, qui va rappeler les conséquences immédiates de la crise de 1929, durera sans doute un an ou deux, pas plus. Cette période devrait logiquement voir se dérouler une récession assez violente. Je m’étais risqué à estimer une contraction mécanique de l’activité, simplement par implosion des secteurs virtuels/fictifs, de l’ordre de 6 % aux USA. A cela pourrait s’ajouter l’impact sur l’économie réelle, par contrechoc. Je ne serais pas surpris que nous assistions à une récession pire que celle de 1993, avec une baisse du PIB américain de 10 % au moins, étalée sur deux ou trois ans, et un choc moindre, mais tout de même très significatif, en Europe. Sortez les mouchoirs.

Ensuite, la résorption de l’énorme dette irrécouvrable (10, 20, 30 trillions ?) va s’étaler sur de nombreuses années. A ce moment-là, les déficits budgétaires exploseront, la zone euro sera complètement réaménagée, et la planche à billets va chauffer pour de bon. La croissance sera faible, parce que les fondamentaux de la production ne seront pas au rendez-vous, et parce que la désorganisation générale des prix va décourager l’activité. Cependant, nous n’assisterons probablement pas à un crash intégral comme celui des années 30. Les gouvernements ne referont pas les erreurs de l’entre deux guerres. Il y aura une forte inflation (la valeur de la monnaie pourrait être divisée par deux ou trois, si la dette irrécouvrable est intégralement monétisée), mais l’affaire sera gérée sur la durée, au moins une décennie. Vous ne verrez pas les spectacles terrifiants de l’Allemagne de 1923, ni les 10 millions de chômeurs qui amenèrent Hitler aux portes du pouvoir dès 1932. Mais vous verrez une longue stagflation, morose et caractérisée certainement, ici ou là, par de très fortes tensions sociales.

L’ajustement de la structure de classe
La grande inconnue, c’est la manière dont le pouvoir va gérer les conséquences sociopolitiques de cette période de déclin.

Il faut se souvenir, à ce propos, que nous assistons en réalité à un retour à la normale. En 1950, 90 % de la population stagnait sous un salaire annuel inférieur à 10.000 euros actuels. Pas de télévision, pas de téléphone portable (pas de téléphone du tout, d’ailleurs, très souvent), pas de vacances ou alors au Crotoy, pas de voiture, un costume solide par an, et de la viande une fois tous les dix jours. C’est en gros le niveau de vie actuel des neuf dixièmes de l’humanité – en fait, c’est même mieux !

Depuis 60 ans, deux phénomènes majeurs avaient en Occident modifié cet état des choses :

- Entre 1950 et 1980, le revenu moyen exprimé en euro constant avait à peu près été multiplié par 2,5 (plus ou moins selon la façon de redresser les prix). Puis, pendant le quart de siècle suivant, il a encore progressé d’environ 35 %, soit sur l’ensemble de la période un quadruplement du niveau de vie.

- Entre 1950 et 1980, la structure de classe avait subi une déformation considérable. Alors qu’en 1950, cette structure était constituée par une énorme base très resserrée (80 % de la population enfermée aux alentours du salaire minimal de survie) prolongée par un « pic » très étroit (10 % de la population vivant dans l’aisance), en 1980, les gros bataillons appartenaient à une vaste classe moyenne, oscillant en termes de revenue dans un rapport de 1 à 3. Depuis 1980, cette structure a eu tendance à se rapprocher progressivement de la configuration de 1950, mais nous n’avons jusqu’ici fait qu’une très faible partie du chemin nécessaire pour revenir au modèle traditionnel : une base pauvre et égalitaire, une toute petite minorité très riche.

Ce que nous allons vivre maintenant, c’est le retour aux conditions de 1950. Certes, ce ne sera pas une reproduction à l’identique. Nous aurons toujours des téléphones portables, des ordinateurs et, hélas, des télévisions. Mais le niveau de vie des occidentaux va régresser considérablement en moyenne, et la structure de classe a de fortes chances de revenir à un modèle proche de celui qui prévalait avant les trente glorieuses.

- Baisse du niveau de vie : inéluctable, sauf à changer radicalement les termes de l’équation. Les occidentaux produisent aujourd’hui, individuellement, à peu près trois fois plus, en termes de production réelle (industrie, agriculture, services productifs) que les asiatiques. Ils consomment environ dix fois plus (compte tenu du niveau de vie très bas des masses chinoises). Dès lors que les termes de l’échange seront rééquilibrés entre les pays émergents et l’Occident, mécaniquement, nous ne pourrons plus consommer que ce que nous produisons. Et d’ailleurs, comment voudriez-vous que perdure la situation actuelle ? Sauf à imaginer un énorme accroissement de la production mondiale (contrainte écologique), nous allons forcément devoir consommer moins, puisque notre production ne justifie pas notre niveau de vie.
(Cette conséquence me réjouit…La décroissance devient nécessaire pour des raisons économiques alors que les raisons écologiques restaient ignorées)


- Déformation de la structure de classe : la crise va surtout percuter les classes moyennes et populaires. Les riches s’en sortiront plutôt bien. Certes, quelques-uns vont tomber. Mais dans l’ensemble, ils ont les moyens d’échapper aux conséquences de l’effondrement. D’abord la part des dépenses contraintes est plus faible pour eux, donc si leurs revenus baissent, leur niveau de vie n’est pas affecté, ou très peu. Ensuite, ils ont la possibilité d’échapper à l’inflation plus facilement que les pauvres. Quand l’argent se dévalue, ce sont les acteurs qui maîtrisent les instruments financiers performants qui s’en sortent le mieux. Ceux qui vont payer ? Les petits rentiers (retraités, classes moyennes), qui verront leurs économies fondre, et leurs retraites réduites à néant (ou peu s’en faudra). Les salariés, qui risquent fort, en période d’inflation, d’être payés avec une monnaie dévaluée sans réévaluation des salaires « en temps réel ». Et puis il y a les pauvres naïfs qui se sont endettés sur quarante ans pour acheter une cage à lapin dont la valeur va être divisée par deux.



(Mais là, on peut « espérer » une réaction commune de cette masse…Juste un petit espoir…)



Il n’y a guère de doutes : l’issue de la crise, telle qu’elle semble être configurée, est pour la société occidentale un retour à la structure duale des sociétés « d’avant les trente glorieuses ». Un retour vers le passé qui, d’ailleurs, est aussi un alignement sur la structure générale des sociétés humaines – partout ailleurs dans le monde, on en est encore à la situation « d’avant les trente glorieuses ». En pratique, ce que la crise à venir nous promet, c’est l’effacement des gains apportés par le progressisme, tel qu’il se manifesta concrètement en Occident, dans la foulée du New Deal américain, à l’époque où le capitalisme, menacé par l’URSS, était obligé de faire des concessions aux travailleurs.

On parle beaucoup, actuellement, sur Internet ou ailleurs, de la question de savoir si cet ajustement est programmé. Des éléments le laissent penser : on a du mal à croire que les dirigeants occidentaux ont fabriqué sans s’en rendre compte une bulle d’endettement presque aussi grosse que l’économie elle-même. Mais au fond, quelle importance ? Que la crise soit l’instrument d’une politique délibérée de guerre de classes, ou qu’elle soit le résultat d’une guerre de classe inconsciente dont elle va maintenant devenir l’argument, qu’est-ce que ça change ?

La grande question, la seule vraie question en fait, qui se pose à nous désormais, c’est : comment les sociétés occidentales vont-elles réagir à ce grand ajustement en préparation ?

Tout indique que le pilotage de la mutation sera chaotique. Quelques faits divers récents montrent clairement que l’hyperclasse est tout à fait insouciante à cet égard. Le risque numéro 5, « l’incapacité des capitalistes occidentaux à comprendre qu’il n’est pas de leur intérêt de procéder à un ajustement trop brutal sur la structure de classes », est à mon humble avis LE risque principal qui pèse sur nous.

Les dirigeants de la compagnie américaine AIG ont passé des vacances dans un complexe luxueux de Californie quelques jours à peine après le sauvetage de l'assureur pour 85 milliards de dollars ! Ceux de Dexia organisèrent un gueuleton à 300 euros par tête de pipe pour fêter le sauvetage de leur société aux frais du contribuable ! Comment qualifier ces comportements ? Indécence est un mot trop faible. Obscénité serait plus juste. Que signifie cette obscénité ? Que l’hyperclasse a perdu le sens de la mesure.

Plusieurs faits divers récents indiquent qu’aux Etats-Unis, où la crise est plus avancée que chez nous, un désespoir impressionnant est en train de monter dans la classe moyenne. Un petit cadre de la finance en proie à de graves difficultés financières a tué récemment cinq membres de sa famille à Los Angeles, avant de mettre fin à ses jours. Cette tragédie a marqué les Américains, et elle a reçu un écho médiatique disproportionné. Régulièrement, on entend parler de suicides de personnes obligées de quitter leur demeure saisie. Les associations de psychologues et psychiatres ont fait état d’une augmentation de l’ordre de 50 % des demandes d’aide psychologique. L’impact serait d’ores et déjà très supérieur à celui du 11 septembre 2001.

Quand on compare l’attitude des dirigeants du capitalisme mondialisé et l’état d’esprit de la population, on se demande où on va. Ou plutôt, non : on ne se le demande même plus. Il est évident que l’hyperclasse n’est pas capable de modérer ses exigences, pas capable de gérer prudemment l’ajustement de la structure de classe. Nous allons probablement assister à une lutte des classes ouvertes, et potentiellement très brutale. Il est très probable que cela sera, pour l’oligarchie, l’occasion d’accélérer le mouvement vers un gouvernement mondial, ou en tout cas vers un gouvernement unique de l’hémisphère occidental. Et il est certain que cela sera, pour les peuples, la dernière chance avant une longue nuit – la dernière chance de se révolter.

Depuis 1989, en Occident, fondamentalement, nous ne faisions que prolonger la même courbe.

Cette courbe est cassée.

Donc on ne peut plus la prolonger.

L’avenir est ouvert.
___________________________________________________________________________
Le XXI° siècle vient de commencer pour de bon.

MICHEL DRAC



Crise Systémique Globale - Eté 2009 : Cessation de paiement du gouvernement américain
- Communiqué public GEAB N°28 (15 octobre 2008) -



A l'occasion de la parution du GEAB N°28, LEAP/E2020 a décidé de lancer une nouvelle alerte dans le cadre de la crise systémique globale car nos chercheurs estiment qu'à l'été 2009,(un peu en avance sur le calendrier en fait, il a fallu attendre l’été 2011 pour que le relèvement du plafond de la dette entre sur le devant de la scène…) le gouvernement américain sera en cessation de paiement et ne pourra donc pas rembourser ses créditeurs (détenteurs de Bons du Trésor US, de titres de Fanny Mae et Freddy Mac, etc.). Cette situation de banqueroute aura bien évidemment des conséquences très négatives pour l'ensemble des propriétaires d'actifs libellés en dollars US. Selon notre équipe, la période qui s'ouvrira alors deviendra propice à la mise en place d'un « nouveau Dollar » destiné à remédier brutalement au problème de la cessation de paiement et de la fuite massive de capitaux hors des Etats-Unis. Ce processus découlera des cinq facteurs suivants qui sont analysés plus en détail dans le GEAB N°28 :

1.L'évolution récente, à la hausse, du Dollar US est une conséquence directe et provisoire de la chute des bourses mondiales

2.Le « baptême politique » de l'Euro vient juste d'avoir lieu donnant une alternative « de crise » au Dollar US, en tant que « valeur-refuge » crédible

3.La dette publique américaine s'enfle de manière désormais incontrôlable

4.L'effondrement en cours de l'économie réelle des Etats-Unis empêche toute solution alternative à la cessation de paiement

5.« Forte inflation ou hyper-inflation aux Etats-Unis en 2009 », là est la seule question.

Mais on peut déjà se faire une idée de l'évolution à venir en regardant l'Islande que notre équipe suit à la loupe depuis début 2006. Ce pays constitue en effet un bon exemple de ce qui attend les Etats-Unis, et également le Royaume-Uni. On peut considérer, comme d'ailleurs bon nombre d'Islandais aujourd'hui, que l'effondrement du système financier islandais est venu du fait qu'il était surdimensionné par rapport à la taille de l'économie du pays.
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L'huni-manité Empty Re: L'huni-manité

Message par Thierry Sam 18 Fév 2012 - 20:04

J'observe avec beaucoup d'intérêt ce qui se passe en Islande. Jusqu'où vont-ils pousser la réflexion ?
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http://lesmoutonsenrages.fr/2012/01/23/apres-son-refus-de-payer-sa-dette-l%E2%80%99islande-fera-le-triple-de-la-croissance-de-l%E2%80%99ue-en-2012/#more-20236
Je ne cesserai jamais de répéter que l’Islande est LE pays à prendre en exemple,même s’il est complètement ignoré des médias, s’il est loin ou quelle qu’en soit la raison pour ne pas en parler, c’est le pays à suivre! Payer pour les banques? Même pas en rêve, là bas ils ont été emprisonnés! Sauver les banques? Elles ont été nationalisées. Quand à la croissance actuelle, elle se porte au mieux.

Islande a terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et selon les prévisions de la Commission européenne, elle va faire le triple du taux de croissance attendu pour l’UE en 2012 (La croissance de l’UE est prévue à 0,5% en 2012 contre 1,5% en Islande). Pour 2013 la croissance devrait atteindre 2,7%, principalement à cause de la création d’emplois. L’Islande est le pays qui a nationalisé les banques privées et qui a emprisonné les banquiers responsables de la crise.L’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers.

Pendant ce temps dans un pays comme l’Espagne, le ministre l’économie qui fut un grand responsable chez Lehman Brothers, a maquillé les soldes bancaires et a gonflé les résultats pour faire croire à une solvabilité du système financier résultant de la déréglementation des marchés mais ce dernier a fini par s’effondrer.

Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing furent les banques nationalisées en 2008 pour éviter leur faillite et qui furent placées sous contrôle démocratique, plutôt que de profiter d’injections inconditionnelles de capitaux publics, comme en Espagne ou dans les autres pays européens. En juin dernier, l’une d’elle Landsbankinn, a annoncé son intention de rembourser les intérêts aux détenteurs d’hypothèques pour compenser les citoyens de payer leurs pertes.

La révolte pacifique a débuté en 2008, sans que celle-ci soit décrite dans les pages des grands médias européens, qui ont mentionné dans des notes en bas de page que ce pays était un dangereux exemple à suivre. À la fin de 2008, l’ensemble des dette de l’Islande égalait à 9 fois son PIB. La monnaie s’est effondrée et la Bourse a suspendu ses activités après une baisse de 76%.

Le pays a fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 millions de dollars du FMI et 2 500 millions de dollars provenant des pays nordiques et de la Russie. Le FMI, comme d’habitude, a exigé, en échange des mesures « d’ajustement » soit des coupures dans les dépenses sociales qui ont provoqué la colère de la population, la chute du gouvernement et la convocation d’élections anticipées au début de 2009 dans lesquelles la gauche a remporté la majorité absolue et provoquant l’effondrement du Parti de l’Indépendance, un parti conservateur, qui était traditionnellement la force dominante dans le pays, qui n’a conservé que 23,7% des voix.

Le Mouvement Gauche-Vert a gagné 21,7%, Alliance sociale-démocrate 29,8%, le Parti progressiste 14,8% et Mouvement des citoyens 7,2%.

Johanna Siguroardottir a été choisi pour diriger le gouvernement réunissant des sociaux-démocrates, et les écologistes de gauche. En 2010, on a mis sur pied une assemblée constituante de 25 membres, des « citoyens ordinaires » pour réformer la Constitution. Cette même année, le gouvernement a soumis à un référendum sur le paiement ou non de la dette contractée par les banques privées en faillite au Royaume-Uni et dans les Pays-Bas, mais 90% des gens ont refusé de payer.

Ses citoyens ont voté non à cause de l’effondrement de la Banque Icesave et les gouvernements de ces pays couvrent les dépôts à capitaux publics. Le FMI a gelé les prêts en espérant que l’Islande finirait par payer ses dettes illégitimes.

En septembre 2010, l’ancien Premier ministre Geir Haarde a été mis en procès pour négligence dans la gestion de la crise. Interpol a également émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de Sigurdur Einarsson. En avril 2011, les citoyens ont de nouveau dit non à un nouveau référendum sur le paiement de la dette.

Après cela, au mois de décembre la banque Landsbanki a décidé de retourner une partie de la dette. Le montant total des sommes versées par Landsbanki, selon Icenews à 350 milliards de couronnes, soit environ 33% de la dette totale. Pourtant, « les comptes Icesave ne représentent seulement 4% des obligations des institutions financières du pays, soit environ 4000 millions d’euros. 96% restant ne pouvait pas être renvoyé aux créanciers, car il était complètement impossible de le faire parce que le paiements d’intérêts chaque année aurait dépassé les revenus du pays.

Dans les mots de l’économiste Jon Danielsson : « Les (banques) ont accumulé une dette égale à plusieurs fois le PIB annuel. Il n’y a aucune possibilité que les citoyens puissent payer cette dette. »

Il y a quelques jours, les responsable de la Fiscalité en Islande ont inculpé deux officiers supérieurs des banques qui ont commis des fraudes au moyen de prêts non autorisés pendant les opérations qui ont conduit à son système financier à s’effondrer en 2008 : l’ancien PDG responsable de la faillite de Glitnir, Larus Welding et le responsables des finances de l’entreprise, Gudmundur Hjaltason. Ils auraient abusé de leur position pour fournir environ 102 millions d’euros sans la permission, sans garanties de la part des bénéficiaires et sans avoir consulté le département de gestion des risques.

Les agences de notation Moody, Standard & Poor et Fitch font pression pour punir l’endettement sans grand succès et toujours en essayant d’ignorer la reprise économique dans ce pays. Par ailleurs, en 2008, quelques mois avant l’effondrement de ses banques, le pays jouissait encore de la cote triple A donnée par ces mêmes organismes.
Thierry
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