Les enfants, la télé, la pub

[loofrg]

Sur un autre sujet, je parlais d’une pub pour les bananes…Cela m’a fait me souvenir que, petit, j’adorais regarder les pubs qui passaient en boucle sur les chaînes de télévision. Je n’étais d’ailleurs pas le seul dans ce cas, il en était de même concernant tous mes copains.

Il est très étonnant de penser à quel point j’adorais regarder ces petits courts métrages, ceci, comparé à cette extrême répulsion que j’éprouve a contrario aujourd’hui à leur égard.

Une des caractéristiques des enfants, c’est qu’ils n’ont aucune difficulté à voir et à revoir un film, un dessin animé, à entendre et à réentendre une histoire ou une chanson, disons même qu'ils en font expressément la demande.

Je me dis finalement que cela doit avoir un lien avec cette nécessité qui est celle pour eux de devoir apprendre, apprendre en règle générale, à savoir qu'un enfant, proportionnellement à son âge, aura à faire jour après jour l'expérience de l'inconnu, de la nouveauté, et que ce désir de voir et de revoir, d’entendre et de réentendre les pubs, films, histoires, chansons, est une chose qui leur permet probablement d’assimiler nombre de connaissances, plus, de pouvoir assurer celles qui sont acquises et ainsi de pouvoir ressentir une forme de maîtrise quant à la situation.

Et donc, ce matraquage qui est celui de la publicité semble entrer tout naturellement dans cet ordre des choses…Pour un enfant, c’est très rassurant je pense de voir cent fois la même pub, cela doit donner un caractère familier à cet objet qu’est la télévision, d'où l'attraction qu'elle peut avoir sur eux.

La télé, avec cette régularité qui est celle des jours et heures de transmission des émissions pour la jeunesse, est un objet qui génère une forme de routine, et la pub accentue ce caractère particulier...On sait là dessus que les routines permettent à l'enfant de se structurer...

[loofrg]

Concernant cette période qu’est l’enfance et proportionnellement à l’évolution qui s’opère entre l’état de nourrisson jusqu’à celui de petite fille ou de petit garçon, ceci peut-être jusqu’à l’âge de sept ans, âge qui selon le dicton serait celui de l’entrée dans la raison, il ne me semblerait pas idiot, concernant cette période de la vie donc, de vouloir la qualifier de sortie progressive du chaos, l’état de nourrisson, voir celui in utero étant un paroxysme concernant l’intensité de l’état chaotique dont tout humain est amené à faire l’expérience dans sa vie.

Là-dessus, quoi de plus symptomatique de l’émergence d’une organisation dont l’effet serait de chasser le chaos, que la répétition, la régularité ou que la similitude.

On dit souvent qu’un bon professeur ne doit pas hésiter à répéter ni à corriger cent fois la même erreur, ceci, s’il souhaite que son enseignement s’imprime dans le cerveau de son élève.

Les programmes télévisuels me semblent d’ailleurs tirer leur faculté à pénétrer les cerveaux par ce biais, par le biais de la répétition, et concernant la pub, c’est peu de le dire.

Aussi, mis à part son contenu qui peut parfois laisser à désirer, la télé s’avère être un outil cognitif d’une puissance absolument exceptionnelle, et bien sûr, à l’instar de n’importe quel outil, tout dépend de ce que nous voulons en faire.

Ce qui est certain, considérant cette évolution, laquelle partant du chaos, finit par aboutir à un état organisé, c’est que l’enfant est tout d’abord vierge face à ce qu’on lui propose comme programme : lorsqu’il est tout petit, il n’en n’est pas encore à traiter les informations il me semble, il en est à les emmagasiner. Il est donc évidemment crucial, s’il se trouve une télé dans la maison, que le parent choisisse intelligemment les programmes qu’il souhaite pour son enfant, car un tel choix participe me semble-t-il d’un choix éducatif.

En d’autres termes, un enfant devant une télé, ce n’est jamais du point de vue éducatif, une chose anodine. Et donc, ignorer cet aspect, c’est en quelque sorte céder son rôle d’éducateur à cet objet qu’est la télé…et pareil évidemment concernant internet.