Re: Quelle est votre croyance athée à part celle là ?

[Muad'Dib]

Je te prie de m'excuser d'être tatillon (j'ai parfois ce défaut), mais il ne faut pas faire l'amalgame entre une définition et un classification. C'est important que les mots et les concepts soient définis, c'est la base du langage, et cela permet une certaine précision. En revanche la volonté farouche de vouloir faire rentrer l'objet dans une catégorie (ou un concept) mène au contraire facilement à l'imprécision. Si tel objet ne rentre pas dans une catégorie facilement, c'est peut-être qu'il faudrait songer à lui en créer une sur-mesure (cf. les virus, vivant ou non).

Mais je ne t'excuse pas. Tu as bien raison d'être tatillon.
Je suis bien d'accord que ce n'est pas la même chose. Je voulais simplement souligner que les deux sont intimement liés: la classification ne peut pas se faire si les mots désignant les classes ne sont pas (bien) définis; et d'un autre côté, un "problème" de classification nous amène à revoir les définitions des mots de classe, voire à en créer de nouvelles comme tu le dis.

La catégorisation abusive est une nuisance pour l'esprit, parce qu'elle induit de fait des erreurs de jugement, pouvant aller jusqu'à l'erreur de raisonnement, qui sont à la limite du perceptible. Je vais prendre un exemple hyper-polémique pour illustrer mon propos: l'avortement.

Les pro-avortement vont dire qu'un foetus ne doit pas être considéré comme un être vivant à part entière (classification non-vivant).
Les anti-avortement soutiennent que dès l'instant où l'oeuf est fécondé, le décrocher est un meurtre (classification dans les vivants).

Voici là un grand biais psychologique. Les deux camps ont en effet relativement tord. En effet, un organisme ne passe pas de non-vivant à vivant comme ça, pouf, en un claquement de doigt. C'est progressif. A la fécondation on a juste une cellule. A l'accouchement, on a un être humain à part entière. Entre les deux, le curseur varie de l'un à l'autre si je puis dire.

Il est donc clair qu'on ne peut pas se permettre d'avorter tous les quatre matins sans raison valable et prétendre avoir les mains blanches et propres. Inversement on ne peut pas accuser de meurtrière (avec ex communion) une malheureuse qui se fait avorter suite à un drame.

Si les gens apprenaient à relativiser leur système de classification, ils comprendraient plus facilement certaines évidences... et accessoirement, ils se comprendraient aussi mieux entre eux...

Et encore une fois, je suis bien d'accord avec toi (je me demande parfois pourquoi on discute vraiment, il semble que nos désaccords soient plus des malentendus qu'autre chose).
Le principe de classification répond à notre façon naturelle de voir le monde, laquelle consiste à regrouper en "mêmes" des choses pourtant uniques. Une vache dans le pré de gauche, et une vache dans le pré de droite ne sont pas les mêmes, elles ne sont même pas constituées des mêmes atomes. Mais ce sont toutes les deux des vaches quand même. Il est plus facile de traiter l'information regroupée ainsi. En fait, il serait même impossible de ne pas le faire.

Mais il est très juste que, quand bien même une certaine nécessité, il y a des limites claires à la classification. Et, comme tu le soulignes, de potentielles erreurs de jugement. Effectivement, de très nombreux concepts (surtout les concepts abstraits) ont des frontières très floues, formant des continuums avec d'autres concepts. Croire qu'on peut dresser une barrière nette entre deux éléments proches pour permettre de les classer est probablement le genre de conséquence néfaste de l'habitude de classer.

Mais la classification révèle parfois un véritable ordre des choses. Tous les biologistes ou généticiens qui s'attaquent à la cladistique savent qu'en classant, ils représentent la hiérarchie du vivant.

[Vent d'Est]

Entièrement d'accord