Les Complies rouges

[Magnus]

Il fut un été
Moins seul que celui-ci
Mais aussi tu sais
Au détour de quelque ennui
Deux étions de pluie.

Il fut des hivers
Froids et pervers
Et des hiers
Au ralenti
Deux étions finis.

Il fut un printemps
Qui dura longtemps
Et des temps
Emerveillants
Deux étions amants.

Il est un automne
Morne et monotone
Un automne de nonnes
Tristes et fatiguées
Deux est séparé.

[Magnus]

Voix si tranquilles du silence
Et ton apaisante présence
Tus sont les drames ô mon âme
D'antan il reste aujourd'hui
Midi est pâle mais infini
Sous l'humble soleil d'ici
Un enfant rit
Une femme prie
Cela me suffit

[Magnus]

L'ombre avance
Le long de la piste de danse
Cette nuit-là près de Saint-Paul-de-Vence
Elle se met à tournoyer autour de toi
T'enveloppe sous la musique et les émois
Et t'emporte loin très loin de moi
Qui m'éveille devant cette fontaine de Provence
Ecrasée de soleil un midi fou de lancinance
Il y a une cabane
Là sous le platane
Où Vincent crée du jaune et de l'errance

L'ombre donc avait avancé
Puis elle avait tournoyé
Comme des corbeaux hébétés
Dans ce dernier champ de blé

[Magnus]

Le père s'en est allé
Un matin
Le père s'en est allé
Comme si de rien n'était
En plein juin
En plein juin il s'en est allé, le père
Il avait perdu son regard sévère

[Cochonfucius]

Magnifique et sobre évocation !

[Magnus]

Une longue étendue tout de blanc ouatée
Mais nulle part ton pas sur la neige gravé
Mars est devenu une farce
Avec le temps tout s'efface

[Magnus]

Instantanés figés dans le passé
Lointaines figures familières
Visages oubliés mais tant aimés
Souvenirs d'hier et d'avant-hier
Sur une simple note de Bach en Ré

[Magnus]

Dans sa chambre à coucher
Un grand rosaire accroché
Sur la porte d'entrée
Et au mur un crucifié
Pour tous les affligés
Une horloge arrêtée
Un chapelet sur l'oreiller
La pluie bat le pavé
Quel fut donc son péché
Elle qui a tant aimé

Non il n'est pas rentré
Sans doute est-il fâché
Depuis toutes ces années
Plus haut dans le passé
Il l'avait soudain laissée
Et sur son front ridé
Un baiser déposé
Juste un peu de pitié

Le regard épuisé
Sur les textes sacrés
Une larme a coulé
Une certaine piété
Un soupir fatigué
Son âme est résignée
Son coeur est esseulé

Puis dans la nuit ventée
Ne sachant où aller
Ni vers qui se tourner
Le pas mal assuré
Elle s'en va hébétée
Au hasard des sentiers
La raison chavirée

Fait très peu relaté
Deux mots sur un papier
Rubrique chiens écrasés
Une vieille dame décédée
Le long d'une chaussée

Une tombe abandonnée
Un certain jour d'été
Le mot d'un étranger
Ne l'ayant pas oubliée

Sur cette destinée
Un sourire s'est arrêté
Et là dans une allée
Un oiseau a chanté













                 

[Magnus]

Un quai de gare le soir
Ne servant même plus
A se dire au revoir
Un instant nu et noir

[Magnus]

Chaque fois que je prononce ton prénom
Je me souviens de tout ce que je n'ai pas vécu avec toi

[Magnus]

Ne m'écris plus, maman
Tu es trop loin, maintenant
Ne gémis plus, maman,        
Tout va bien à présent

[Magnus]

O France que je traverse
Depuis le nord brumeux
Jusqu'au sud lumineux
Un jour de fuite et d'ivresse
Sur les sommets de Saint-Paul-de-Vence
Quelques colombes, une église et une messe
Un vagabond en détresse qui se croit en vacances
Jusqu'à ce que, malchance, le train de nuit
Guide mon errance vers le gris et l'ennui
Que j'avais quittés sur un coup de folie
Pourtant, c'est là que tu étais, ma mie

[Magnus]

__________________________________________

Un après-midi gris et solitaire
Regardant depuis son fauteuil voltaire
Le froid du nord balayer la rue morte
Le téléphone sonna qu'elle décrocha
Au bout il y avait une voix :
- C'est moi. Je suis de passage.
- C'est toi... . Quel est le message ?
- Revenir te tenir un peu compagnie.
- Mais tu m'avais dit que tout était fini.
- Nous resterons là à ne rien nous dire.
- Ca servira à quoi, dis-moi ?
- A être deux.

___________________________________________



C'est hélas dans ton regard
Que je vois que le mien est vide


___________________________________________


Viens dans mes bras
Pour un dernier slow maladroit
L'hiver fut long et froid
Mais l'air déjà est celui du printemps
Viens dans mes bras, viens,
Pour une dernière tendresse à ton oreille chuchotée

____________________________________________




Courage ma mie
Plus que quelques jours de gris
Plus que quelques jours d'ennui
Plus que trois ou quatre nuits
Et l'un de nous deux saura enfin
Quel était le prix de l'autre

________________________________________



Dans ce fauteuil où tu m'auras tant attendu
Je pleure toutes ces heures à jamais perdues
Tandis qu'au dehors tombe la pluie
Et qu'une certaine feuille de nécrologie
Te fige quelque part dans un paradis
Dont nous n'aurons ici jamais joui
_____________________________________________







Dormir... dormir...
Dormir jusqu'au sourire prochain
Et puis, là, ébloui
Loin des inutiles matins
Revivre enfin !

______________________________________________




N'avoir que son chien à qui parler
Que des souvenirs auxquels penser
Et que la nuit pour oublier

_______________________________________________











Il vivait dans l'hier et l'antan
Il n'était plus vraiment d'aujourd'hui
A cause de demain qu'il fuyait

________________________________________________


Mourir subitement à vingt ans !
Mourir sans avoir vécu le pire


_________________________________________________



Il y avait trop de bruit
Autour de nous deux
Nous n'entendions plus notre amour

_________________________________________________


Sur une piste déserte
Un vieux couple danse lentement
Un dernier slow pour l'hiver
Le seul depuis très longtemps

________________________________________________




Que vienne maintenant
L'heure du pardon
et de la réconciliation
Je nous veux calmes et sereins
Ne regrettant surtout rien

Que vienne maintenant
Au coin de l'âtre la paix du soir
Nos mots auront meurtri auront blessé
Laissons-les patiemment s'adoucir
Échangeons-nous pour demain incertain
Un sourire et cessons de maudire

Que vienne maintenant
La fin du chagrin
Tu es seule je le sais
Et je suis seul tu le sais
Nous avons vécu
Comme des étrangers
Il est temps de nous rapprocher
Nous rapprocher doucement
Nous apprivoiser enfin

Je t'ai surprise un chapelet entre les doigts
A qui à quoi te raccroches-tu ?
Quelles sont tes peurs et tes drames tus ?
Où étais-je pendant ce temps ?
Sinon en face de toi
Mais toi tu ne me voyais pas
Pourquoi ?!

Que vienne maintenant le temps sans questions
Nous n'avons pas les réponses à tout il faut s'y faire
Que vienne maintenant le temps sans questions
Ce temps qui rétrécit et là aussi il faut s'y faire


Que vienne maintenant le temps...

Sourire, s'adoucir...

Se rapprocher, s'apprivoiser...

Le calme, le repos...

_______________________________________________






Chaque hiver
- Parce qu'il fait noir beaucoup trop tôt -
J'ai pleuré sur le ventre de femmes de passage
Des femmes sans sourires et sans langage
Souvent lasses et résignées
Des femmes que l'amour avait quittées
Ou que le mari avait trompées
Ou que la vie avait mutilées
Parfois des folles ou des cuitées
L'une d'elles s'est d'ailleurs suicidée
Il n'y a pas de miséricorde pour qui a échoué

___________________________________________




On va passer à table, on va manger

En silence

Car les mots déjà ont tout dit
Le pire comme le meilleur
Le bonheur et le malheur
Les murmures et les cris
La haine et ses répits
L'indifférence et la tendresse
Les dépits et les messes
La pitié et la piété

______________________________________________




Novembre bientôt
Novembre et ses cimetières
Vides je les préfère
Quand on ne sait pas
Vraiment pourquoi
Ni pour qui
Quelqu'un erre
Qui fuit les foules et les fleurs
Qui apporte une simple phrase au bout des lèvres
Ou sur un papier plié
Discrètement glissé
Quelque au revoir sincère
La fidélité au-delà des années

Ou quelque emmuré en lui-même
Qui a n'a pas eu assez de je t'aime
Et qui prie
Là
L'au-delà...

Ou bien l'un ou l'autre de ces poètes tourmentés
Par l'inspiration délaissé
Peut-être par l'amour abandonné
Ou encore une âme inquiète
Scrutant des augures qui l'interprètent

____________________________________________




Sur Youtube,
clic au hasard
Un vieux tube
Un slow surgit
Et te voici
En plein dans ma mémoire

Comme tu es belle !
Je me nourris maintenant d'antan
L'antan de la jeunesse et des je t'aime éblouis
L'antan de la jeunesse, des je t'aime éblouis, celui de toutes les folies
Quant tout encore est éternel
Ciel comme tu es belle !

Et puis comme moi sans doute
Plus loin sur la route...
...Les peurs, les doutes
Les ans qui tombent
Des pas vers la tombe
Des vêtement usés dont on se dépouille lentement
Une sorte de strip-tease hideux
Duquel sont absents les dieux

Mais aussi
La parole incertaine le geste hésitant
L’œil vague le pas claudicant
Les mots qui tremblent, comme se cherchant
Les gens qui viennent plus rarement...
On commence à vivre en rampant

_______________________________________________




Une grande maison froide au bord de l'hiver
Entre eux ce n'est même plus la guerre
Les jours passent
Tous pareils, tous inutiles, tous indifférents
Les jours lassent

Et puis de temps en temps eh bien l'on se ment
Il faut bien réussir à faire semblant

Mots creux pendant les repas silencieux
Question d'entendre parler au moins un peu


Dehors, le vent gémit
Et de fugitives figures amies
La nuit se font soupirs
Sur un futur désormais éteint
Et quand le jour revient
C'est tout à fait pour rien

_____________________________________________



Deux silhouettes hésitantes se croisent parfois
Le pas traînant
L’œil fuyant
Entre eux ce n'est même plus la guerre
Dans la grande maison froide au bord de l'hiver

Il arrive que l'un des deux s'excuse d'être encore là
En un balbutiement teinté de reproche résigné...

_____________________________________________



De tendresse
Un mot, un seul

Ou une lueur
Une seule
A travers la douleur
Et la folie

Ou bien ma mie
Ta main une dernière fois sur ma main
Pour ne pas laisser notre destin aux chiens
Et comme s'il pouvait y avoir un lendemain

__________________________________________________



Il déposa sur son front un baiser
Mais déjà elle s'en était allée

Avait-elle pleuré, avait-elle crié ?



________________________________________________




Et pour ton sourire
Qui ne trouvait dans mon regard aucun écho
Pardon et merci

________________________________________________




Je te retrouverai un soir dans le noir au hasard de nulle part

_________________________________________________

[Magnus]

O Amants des Cieux sourds
Aux souffrances et aux secrets lourds
O Vierges éteintes
Aux larmes non essuyées
O toi Humanité
Hurlée
Ecrasée
Torturée
L'An Mil du Sauveur
Est passé
Dieu s'est tué avec la Chute
Et les ors vieillis des Temples
Les statues mortes et muettes
Les prières murmurées
Têtes basses et lasses
N'ont rien changé
Cette Création fut une erreur
Un hymne fou à l'horreur
                       et la terreur
Eve n'a point péché
Elle fut étranglée
Sur l'Autel du non-sens immolée
Et les prêtres ensoutanés de Mystères
                        n'ont rien su expliquer
Meurs donc ô planète maudite
Et que vienne pour nous le sommeil éternel
Le Néant enfin, le Néant bienfaisant !

[Magnus]

Je viens de retrouver une vieille théière
Qui bien sûr me rappelle hier
Le temps des quatre heures heureux
Le temps où nous étions deux

Une table, des fenêtres claires,
Le soleil qui jaillit du jardin
La confiture le matin sur le pain

Je viens de retrouver la mémoire
Celle de bien avant le désespoir
Celle qui apaise quand vient le soir

[Magnus]

Il voit les gens passer
Sur une place
Il voit les gens parler
Aux terrasses
Il rêve d'une dulcinée
Qui viendrait l'aimer
Dans son rez de chaussée
Quand il éteint la télé
Quand les volets sont fermés
La nuit est maint'nant tombée
Des anges viennent le frôler
De visages ressucités
Il est en train de rêver

Mais le voici réveillé
Par un lourd trait de clarté
Jaune dans la rue ennuitée
Cinq heures ont à peine sonné
Quelqu'une passe sur le pavé
Silhouette chagrinée
Qu'il va aller consoler
Par amour ou par pitié

Deux-trois éclairs en tremblées
Illuminent le visage apeuré
- Apeuré et familier -
D'une vieille histoire usée
Songe ou bien réalité ?

[Magnus]

Les femmes qui passent maintenant
Ne sont que des figures d'antan
Ou bien ont l'âge lourd des ans

Les femmes qui passent maintenant
Pourraient être mon enfant
Ou un rêve de jeune amant

Les femmes qui passent maintenant
Ont le regard hésitant
Ainsi que le geste lent

La femme qui passe maintenant
C'est toi il y a longtemps
Un jour d'été flamboyant

[Magnus]

Qu'ai-je écrit que n'ai-je pas écrit
Tous les non-dits ont-ils été mis
Dans ces vers où vous fûtes toutes
De doutes de peines et de déroutes
Le long de la route
De joies et de bonheur
De heurts et de malheurs
Sur les épines du doute
Maîtresses traîtresses
Amantes éblouissantes
Femmes terrassantes
Amies fidèles
Égéries modèles
Ou mantes religieuses
Entre temps ces lassantes
Heures creuses
Parfois des passantes
Du hasard et du noir
Qu'ai-je écrit que n'ai-je pas écrit
Tout a-t-il donc été dit
Femmes-enfants et femmes finies
Celles qui pleurent et celles qui crient
Les douces et les gentilles
Les folles au prénom maudit
Les sages aux murmures bénis
Les tendres et les résignées
Qu'ai-je écrit que n'ai-je pas écrit
Du baiser de volupté au baiser de démence
De la rencontre de chance ou de malchance
Du visage rayonnant au visage fermé
Du sourire maternel
Au sourire cruel
De la jeunesse
Et de la vieillesse
Qu'ai-je écrit que n'ai-je pas écrit
Des jours d'ennui aux nuits de folie
Des coups de foudre éblouis
Aux désillusions de la vie

Qu'ai-je écrit, enfin, que n'ai-je pas écrit
De Toi multipliée à l'infini ?

[Magnus]

Il habite une maison près d'un étang calme
Son cœur ne bat plus pour aucune femme
Son passé  il a décidé de l'oublier
Son avenir de ne plus jamais y penser
Mais si la nuit dans ses rêves une ombre surgit
Il devient un enfant voulant que sa maman lui sourie
Alors il ouvre la lumière et prie devant un crucifix

Le matin se lève sur l'étang calme
Le long duquel passe une étrange dame
Et dans la brume l'histoire de sombres drames
Que se racontent les villageois dans leurs fantasmes
Son passé revient alors brusquement avec vacarme
Le vent se met à siffler et la peine est dans son âme

Il s'endort dans la maison près de l'étang calme
En versant sans vraiment savoir pourquoi quelques larmes
Des larmes comme seuls en versent les vieux
Bientôt rappelés là-haut dans les Cieux


Il y avait une maison près d'un étang calme
Une ombre une nuit un crucifix et de la pluie
De la brume du vent une mystérieuse dame
Puis peu après minuit c'était déjà demain
La flamme vacilla et lui s'est éteint.

[Magnus]

Notre amour à peine commencé
Se meurt inachevé
Loin de son premier été

Va, sois heureuse
Moi, je ne sais pas
Pas ici en tout cas
Va, sois heureuse
Je n'insiste pas
Il y avait un temps pour tout
On part fatalement sur un dernier émoi
Un début et une fin de nous

Mais quelque part
Quelque part dans une autre lumière
Il y aura ton sourire et mes mots ne seront plus ténèbres

Oui, quelque part,
Quelque part dans un autre regard
Les ans ne seront plus un drame ni un obstacle
Et nous ne serons plus jamais en débâcle

Quelque part, oui,
Quelque part avec d'autres valeurs
Il sera possible enfin, le bonheur
Ce sera le moment d'une tout autre heure

Je te laisse
Je vais... quelque part

Comme une tendresse
Qui tout simplement change d'adresse

[Magnus]

Il savait le déclin du jour
Ainsi que la fuite des amours
Il savait l'âme du sourire
Et la tendresse des rides
Le poids d'un simple murmure
La valeur d'une éphéméride
La leçon des brisures
Le pourquoi des ruptures

Il savait la quiétude de la nuit
Et la paix des rêves de minuit
Il savait la douceur de la piété
Et l'hypocrisie d'une certaine pitié

Il donnait à ses fleurs
Des prénoms de femmes
Et à ses femmes
Des prénoms de fleurs
Il parlait à Notre-Dame
Quand arrivait l'heure
De la vaine peur

Il savait du futile tout l'inutile
Et de l'essentiel le vrai goût du miel

De la vie il savait le superficiel
Et de la consolation du Ciel
Quelques versets de l'un ou l'autre psaume
Mettant sur ses pourquoi un fragile baume
Il savait l'hymne des archanges
Et des démons la perfide louange

Il savait des êtres
La face obscure
Et la face pure
Et leur mal-être
Et des mots la maîtrise
Et bien sûr la traîtrise

Mais de Toi hélas il était orphelin
Car tu n'avais pas encore croisé son destin
Il était sur le point de mourir sans lendemain
Tant il est vrai qu'il savait très bien...


...Qu'il ne savait rien.

[Magnus]

Aimer
Aimer à n'en plus finir à n'en plus haïr
Aimer jusque tard jusqu'au dernier sourire
Aimer au-delà des larmes et des soupirs

Vous dire que vous êtes belles infiniment
Vous dire que vous êtes belles comme le ciel
Malgré vos griffes malgré le temps et les tourments

Aimer
Aimer pour vivre aimer pour oublier
Aimer pour fuir la nuit aimer en été
Aimer en toutes saisons pour casser le temps
Aimer envers et contre tout aimer tout le temps

Vous dire que vous êtes belles infiniment
Vous dire que vous êtes belles comme le ciel
Malgré vos griffes malgré le temps et les tourments

Aimer
Aimer pour revenir dans le passé aimer en hiver
Aimer à cause du froid et de la misère
Aimer parce que Dieu est mort hier
Aimer le rire aux lèvres et le cœur fier

Vous dire que vous êtes belles infiniment
Vous dire que vous êtes belles comme le ciel
Malgré vos griffes malgré le temps et les tourments

Aimer
Aimer pour atteindre le renouveau aimer au printemps
Aimer pour que renaissent les fleurs et le soleil d'antan
Aimer pour entendre à nouveau le rire des enfants
Aimer pour la beauté et toujours en être étonné

Vous dire que vous êtes belles infiniment
Vous dire que vous êtes belles comme le ciel
Malgré vos griffes le temps et les tourments

Aimer
Aimer quand le temps devient morne aimer même en automne
Aimer pour tapisser de nos pas lents les feuilles mortes
Aimer pour que rien ne disparaisse en quelque sorte
Aimer à tort ou à raison et ne jamais fermer la porte

Vous dire que vous êtes belles infiniment
Vous dire que vous êtes belles comme le ciel
Malgré vos griffes le temps et les tourments

T'aimer.

[Magnus]

Et puis tu vois
C'était pas comme ça
Que ça devait se terminer
C'était pas sur une note en ré
C'était pas en osant à peine jouer du piano
Ni en faisant attention à nos moindres mots

Non, tu vois, c'était pas comme ça
Qu'il fallait s'en aller
Même pas comme ça qu'il fallait pleurer
C'étaient pas ces gémissements
Ni cette lâcheté d'enfants tremblants
Et ça devait pas se passer en plein été
L'été, il est fait pour le bonheur, l'été

Et c'était pas comme ça
Qu'il fallait une dernière fois s'aimer
Non, pas sur ces mots balbutiés
Ni sur ces regards hébétés

Ce n'était, tu vois, même pas comme ça
Qu'il fallait ne jamais se revoir...

[Magnus]

Un slow
Par delà l'horizon
Un slow
Sans aucune illusion
Un slow qui tangue sur hier
Un slow qui danse l'éphémère

Un slow...
Un slow de vague à l'âme
Une lueur qui se pâme
Et ta tête sur mon épaule
Nous avions le plus beau rôle

Un slow...
La musique qui chavire
Se languir des nuits perdues
Et dans un certain sourire
Se perdre sans avenir
S'étonner le long des rues
Mortes, longues, lentes et tièdes
Dans nos yeux est le remède...

Un slow...
Un slow pour tomorrow

Le matin est trop court
Le cœur soudain est sourd
D'en bas je vois bouger les rideaux...
Mais c'était beau, tu sais, c'était beau.

[Magnus]

Il vente sur l'avenue morte,
Closes sont toutes les portes.
Des maisons froides et vides
S'alignent toutes pareilles.

Aux arbres, des branches presque décharnées
Grimacent et se flagellent dans le jour lent et livide.