Que la guerre...moderne est jolie !

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Message par bernard1933 Dim 9 Mai 2010 - 11:04

Ci-dessous un article du Figaro de ce jour qui nous sensibilise aux atroces tueries de la dernière guerre . Difficile d' imaginer de tels carnages ; 400 000 tués du côté russe et 600 000 prisonniers ; combien de tués côté allemand ?
Cette période épouvantable est passée ! On tue intelligemment et sans faire mal ! Bon, on a multiplié le nombre et la puissance des explosifs par un facteur x , mais en définitive, qu' apprend-on ? A Bagdad, on a surtout offert le spectacle d' un superbe feu d' artifice ; à Gaza, quelques civils qui n' ont pas eu de chance, et puis... ce n' était que des arabes...Et en Afghanistan ? On ne bombarde que les endroits inhabités...
A moins que...les hommes soient plus difficiles à tuer, qui sait...Comme les chats...

" Ah Dieu ! Que la guerre est jolie ! " ( Apollinaire )


Viazma, les cicatrices de la guerre saignent encore ( Le Figaro 9-5-2020 )

La bataille de Viazma en Russie dura deux semaines en octobre 1941, 400 000 soldats soviétiques y perdirent la vie.

Le premier souvenir de guerre de Kapitolina Matveevna se résume à l'arrivée, un après-midi d'octobre 1941, d'un officier allemand dans la maison où elle habitait avec sa mère et ses frères aînés. Assisté d'un interprète, le soldat du Reich les avertit qu'une bataille va avoir lieu la nuit prochaine, dans leur village de Bogoroditskoe, et les invite à se protéger. La famille se réfugie dans une tranchée creusée dans le potager de la maison, puis le militaire allemand grimpe avec ses troupes sur une colline voisine.

Quelques heures plus tard, c'est un tank de l'Armée rouge qui s'approche. Un soldat en descend et menace de jeter une grenade dans l'abri familial. «Heureusement, ma mère a montré la colline sur laquelle l'ennemi s'était positionné et le soldat s'est calmé. Les nôtres ont crié “Hourra !” et l'attaque a commencé. Notre maison a pris feu, des bombes ont explosé près de notre tranchée, les vaches et les cochons ont hurlé toute la nuit. Nous sommes restés sous terre durant trois jours sans manger. À l'extérieur, les cadavres étaient éparpillés partout. Puis les Allemands ont pris position. Comme l'hiver a été trop rude, ils ont attendu le printemps pour nous obliger à enterrer les corps, par crainte des épidémies», raconte Kapitolina. Elle avait alors 8 ans.

«Une victoire spirituelle et un échec militaire»

Aujourd'hui, cette fragile babouchka de 78 ans habite toujours Bogoroditskoe, dans une petite isba bleue mal chauffée qu'on atteint par un chemin de terre envahi par la boue. Le village se situe à l'endroit précis de la ligne de front de Viazma où, soixante-neuf ans plus tôt, cinq armées soviétiques en sous-effectifs, prises de court par la rapidité de l'avancée allemande, se sont retrouvées encerclées par les troupes nazies, tentant désespérément d'échapper au piège. L'opération «Typhon», dans laquelle Hitler avait engagé 65% de ses divisions motorisées, devait constituer le prélude à la prise de Moscou. La bataille de Viazma durera deux semaines, jusqu'au 13 octobre 1941. Quelque 400 000 soldats soviétiques y ont perdu la vie, 600 000 ont été faits prisonniers. Il a fallu attendre les années 1960 pour que l'URSS accepte d'entrouvrir cette page noire de la Grande Guerre patriotique.

L'historiographie officielle rappelle que, grâce à l'héroïsme de l'Armée rouge, l'avancée allemande a été ralentie de deux semaines. «En réalité, pas plus de trois jours», rectifie Igor Mikhaïlov, un historien local, qui ajoute : «La bataille de Viazma fut une victoire spirituelle mais un échec militaire.»

Partout, dans cette région, la terre conserve les séquelles de la guerre. Face à la maison de Kapitolina Matveevna, sur l'autre rive enneigée de la rivière Bebria, une église en ruine témoigne de la violence des combats. L'édifice est encore lézardé d'éclats de balles et d'obus. La région est couverte de marécages desquels émergent, au début du printemps, les restes de combattants. Il y a deux ans, près de Bogoroditskoe, quatre corps ont été trouvés au hasard d'une promenade.

Pour Nina Koulikovskikh, le mois de mai signifie justement le début des fouilles. Directrice du Centre d'éducation patriotique Dolg (comme «Devoir»), cette femme énergique a quitté il y a douze ans son poste de professeur d'histoire pour se consacrer à la mémoire des disparus de Viazma, pour un salaire de 9 000 roubles (225 euros) mensuels. À la tête d'une équipe de chercheurs et de volontaires majoritairement bénévoles, elle organise plusieurs camps dans la région de Smolensk pour exhumer des corps, dont l'immense majorité sera enterrée dans des «champs de mémoire» proches du lieu de bataille : environ 2 500 chaque année. Depuis peu, les dépouilles allemandes sont rendues aux autorités de leurs pays. «Après la chute de l'URSS, il fallait trouver une idéologie de jeunesse qui puisse se substituer à celle du Komsomol. La recherche des soldats était la solution. Quand tu habites dans un territoire où la guerre a engendré autant de malheurs, tu ne peux pas l'oublier», explique Nina, qui a également embarqué dans sa passion ses deux fils de 17 et 22 ans.

Aujourd'hui, l'organisation Dolg possède 35 antennes dans la région de Smolensk. Sur la base des archives du ministère de la Défense et les témoignages des -rares- survivants, ses équipes s'enfoncent dans la forêt, à la recherche du seul véritable indice permettant l'identification du soldat : son médaillon. La mission est couronnée de succès lorsque les descendants du défunt sont retrouvés. Ainsi, Nina montre avec fierté une urne rouge scellée, ornée d'une feuille de laurier, dans laquelle ont été rassemblés les restes d'Abdullah Menkechev, ancien soldat soviétique du Kazakhstan, né en 1905 et mort très loin de chez lui, à 50 mètres des rives de la Volga. Bientôt, son petit-fils viendra à Viazma récupérer ce bien inestimable et rendre enfin à son grand-père, combattant anonyme de l'Armée rouge, une vraie sépulture, dans son village kazakh.
Par Pierre Avril
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