Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Pachyderme d'argent
image d'Herald Dick
Le grand éléphant blanc, se levant à l'aurore,
Aime se promener dans la fraîcheur des bois ;
Il ne boit pas autant que son cousin le roi,
Respirant la rosée qui, fine, s'évapore.
Pour les trolls du jardin, il est un sûr appui ;
Ils se sont installés dans une tour géante
Que, dans sa marche lente,
Il emporte avec lui.
Roi des éléphants
image d'Herald Dick
Le roi des éléphants voyage en Angleterre.
Les breuvages divers lui plaisent plus ou moins,
Il parcourt les vieux bourgs et leurs petits recoins
Qui s’ornent de statues de grands héros de guerre.
Il aime le doux son de la pluie sur la terre ;
La verdeur de l’herbage et la blondeur du foin,
Les tavernes qu’on voit surgir de loin en loin,
Les sages paysans, tenant en main leur verre.
C’est un roi très modeste, il voyage caché,
En manteau rapiécé, en pantalon taché ;
Il s’installe au comptoir où les ivrognes rient,
Leur offre derechef un godet de liqueur,
Leur raconte une histoire où il met tout son coeur,
Avec sa bonne humeur qui n’est jamais tarie.
Astre d'indifférence
image d'Herald Dick
Le soleil dort dans les cieux comme
Un mort en son linceul,
Brave mort qui s'en va tout seul
Ainsi que tous les hommes.
Mais sommes-nous morts à ses yeux,
Nous tous dont se déploie
Chaque jour une immense joie,
Un plaisir merveilleux ?
Buvons un verre de champagne,
Chantons ces quelques vers,
Et que rien n'aille de travers
Dans nos vertes campagnes.
Alpiniste
image d'Herald Dick
Le grand fauve, tirant sa langue de velours,
Escalade les monts de pierre blanche et brune ;
Il est parti très tôt, sous l’oeil froid de la lune,
Vers la lointaine cime entraînant son corps lourd.
Au long du chemin raide, il grimpe, sans détours ;
C’est un versant alpin, ce n’est pas une dune,
Et pourquoi fait-il ça ? Serait-ce pour des prunes ?
Non, c’est pour le plaisir de ne plus voir sa cour.
Le roi des animaux, chaque fois qu’il s’élève
Loin de ses courtisans, fait revivre ses rêves,
Enivrant son esprit d’un air limpide et frais.
Parvenant au sommet, sa conscience frivole
Vers des Himalayas de délire s’envole,
De duc ni de marquis, son âme n’a regrets.
Lenteur du soleil d'or
image d'Herald Dick
Soleil installé dans les airs,
Soleil ami du vent sauvage,
Tu as fait mourir notre herbage ;
Mais notre coeur n'est pas amer.
Soleil, sans toi, la nuit est douce,
Chacun y prend son réconfort ;
Le lendemain, tes rayons forts
Font périr, en forêt, la mousse.
Mais il ne faut pas t'arrêter
À notre plainte, assez modeste :
Tu n'es pas un astre funeste,
Ce n'est pas toi qui fais l'été.
De pourpre à un crocodile d'or
image d'Herald Dick
Ce crocodile est vif, mais jamais agité ;
Il ne se soucie pas de son âme éternelle,
N'ayant jamais appris à compter avec elle,
Il est tout à son oeuvre et à sa volupté.
Il ne regrette pas de ne pas avoir d'ailes :
Dans l'onde, il manifeste assez d'agilité,
Sur terre, il peut courir avec rapidité,
À ces deux éléments, il reste donc fidèle.
Il ne se bâtit point une vie chaste et pure,
Ne souffrant pas beaucoup du dégoût des souillures,
Presque toute pitance étant propre, à ses yeux.
Il ne veut pas, non plus, fréquenter d'autres sphères ;
Elle lui suffit bien, cette vie passagère,
Cette plage d'argent que surplombe un ciel bleu.
Animal d'or et de sable
image d'Herald Dick
C'est un animal d'or au frémissant museau
Qui, tacheté de sable, arpente le coteau ;
Quand il entend sonner la cloche de midi,
Il dévore une proie, ainsi qu'on me l'a dit.
On ne l'observe guère, il vit loin des villages
Et fort vite se meut, sauf quand il prend de l'âge.
Mais, si j'en ai le temps, j'explorerai les lieux
Où chacun peut le voir, un instant, de ses yeux.
Roi des animaux de gueules
image d'Herald Dick
C’est un roi promenant sa royale grandeur ;
Sa couronne n’est point trouvée chez l’antiquaire,
Mais noblement issue d’un vieux trésor de guerre
Reposant dans la cave aux vastes profondeurs.
Du roi des animaux, la riante candeur
Fait que tous ses sujets le traitent comme un frère ;
Il aime se montrer n’importe où, sur sa terre,
Découvrant ses jardins faits d’ombre et de splendeur.
S’il passe en un verger, on lui offre une pomme ;
Dans le milieu du jour, il aime faire un somme,
Où simplement rêver, laisser le temps passer.
C’est le roi, semble-t-il, le plus paisible au monde,
Qui flâne au long du jour sur la terre et sur l’onde,
Et jamais ne voulant d’autres rois surpasser.
Sagesse de la toundra
image d'Herald Dick
Le vieux renne, sur le seuil,
Regardant venir le soir
Est un bestiau sans orgueil,
Un ami des arbres noirs.
Quand il tombe quelques gouttes,
On le voit, presque dansant
Sur le bas-côté des routes,
Rougi du soleil couchant.
Il est content de sa vie,
De la pluie, du ciel, de tout,
Et son âme en est ravie ;
Il est très sage et très fou.
Serpent qui plonge
Le serpent d’argent plonge en infernal séjour
Dont la rouge chaleur patiemment il endure ;
Cela fait plusieurs fois qu’il court cette aventure,
Traversant l’inframonde, et revenant au jour.
Dans le sous-sol il va porter des mots d’amour,
Surprenant des démons l’ombrageuse nature ;
Puis il prend, parmi eux, un peu de nourriture
Et glisse, nonchalant, sur la voie du retour.
Porter de la douceur en la contrée cruelle,
Cette tâche, pour lui, devient habituelle ;
Il la reprend sans cesse, il ne s’en lasse point.
En descendant là-bas, c’est chez lui qu’il retourne ;
Il est frère de ceux qui toujours y séjournent,
Se souvenant qu’il fut, jadis, au même point.
Aigle en contemplation
image d'Herald Dick
L'aigle se penche sur l'abîme,
Son regard est pensif ;
Un pâle rayon, sur la cime,
Vient d'un soleil tardif.
Que regardent tes yeux limpides,
Est-ce un isard danseur,
Est-ce une hirondelle rapide,
Est-ce un sombre chasseur ?
L'aigle qui contemple le monde
Le fait sans nul désir ;
Au val que la lumière inonde,
Dansent ses souvenirs.
Huitième village
image d'Herald Dick
De gueules sont posés, sur un chevron d’argent,
Six arbres arrachés, admirable est la chose,
Ainsi que l’aigle en chef, qu’accompagnent deux roses,
Puis en pointe la flamme, avec le fer tranchant.
Un tel blason d’azur, émail du firmament,
Est celui d’un village aux mille fleurs écloses,
Dont buveurs en taverne un soir paisible arrosent ;
On les a vus, ce jour, oeuvrer modérément.
Le village est inclus dans la ville orgueilleuse
Où grouille chaque jour une foule nombreuse,
Même dans son sous-sol, en des tunnels profonds.
Ces citadins, l’été, se révèlent plus tendres,
Et de meilleure humeur, et mieux faits pour s’entendre,
On s’aperçoit alors qu’ils n’ont pas mauvais fond.
Sonneur-sanglier
image d'Herald Dick
Sanglier noir, sonneur de cornemuse,
Tu mets la joie au coeur de la forêt ;
Plus d'un bestiau se dit qu'il lui faudrait,
Ainsi que toi, rendre un hommage aux muses.
Ta mélodie apprivoise un nuage
Qui est venu arroser mon jardin ;
On voit danser le blaireau et le daim
Au beau milieu du verdoyant herbage.
Sanglier noir, vas-tu former un groupe ?
Les animaux s'en viendraient t'applaudir ;
En les charmant, mais sans les assourdir,
Tu séduirais cette dansante troupe.
Vélo qui plane
image d'Herald Dick
L’extra-terrestre vole aux monts de Slovénie ;
Il va vers la planète où l’attend son amour,
Quelques étoiles d’or s’allument à l’entour,
Sa longue trajectoire en est moins alourdie.
Trop rester sur la Terre eût été maladie,
Donc, il était bien temps d’écourter ce séjour
D’un voyageur qui vint chez nous pour quelques jours ;
Et qu’il voyage en paix, lui qui nous étudie.
Tu trouves ce récit tiré par les cheveux ?
Bon, c’est une fiction, oublie-le, si tu veux,
Choisis, pour t’amuser, d’autres conteurs habiles.
Le vélo, à nos yeux, sera bientôt caché,
Alors, bien sagement, nous irons nous coucher,
Bercés par la rumeur de la terrienne ville.
Concert dans une rue
image d'Herald Dick
Un vieux musicien nous entraîne
En cette heure où le peuple boit ;
On entend fredonner sa voix
Et sonner les notes sereines.
Tout son visage est en éveil,
Il joue la musique éternelle,
Ainsi, nous vibrons avec elle,
Sous la caresse du soleil.
Plus tard, on va lui dire adieu,
Et la mélodie qui ruisselle
Guidera nos pas qui chancellent,
Le soir, à la grâce de Dieu.
Cavalière
image d'Herald Dick
L'Amazone avançant sur les herbages verts
Entre dans la lumière un peu décomposée ;
Sur la selle, légère, artistement posée,
Elle galope, vive, en terrain découvert.
Déjà le chaud soleil a repris la rosée
Et le grand cheval d'or, filant comme un éclair,
Emporte l'héroïne en ce monde trop clair,
Au monde révélée, au péril exposée.
Ne sachant qu'en penser, ils ont, les braves gens,
L'air perplexe devant ce parcours dérangeant,
Soupçonnant la révolte, ou même, l'insolence.
Mes chers concitoyens, vous n'êtes pas méchants,
Si vous ne comprenez la danse ni le chant,
Donnez-leur cependant l'hommage du silence.
Carte postale exotique
image d'Herald Dick
J’écris ces quelques mots, du pays des flamants,
Je les vois ramasser des coquillages blancs ;
Pendant leur temps de pause, ils font le pied de grue,
Cessant de travailler de leur bec en charrue.
Ici plein de bestiaux curieux, qui ne font rien,
On n’est pas sûr d’y voir des animaux terriens,
On ne sait pas toujours où se trouve leur bouche
(Ou alors, il faudrait leur offrir une mouche).
Le plus charmant d’entre eux, un oiseau campagnard
Avec un corps de dinde et un bec de canard.
Ancre d’or, livre d’argent
image d'Herald Dick
L’ancre d’or est posée sur une verte plaine,
Et le livre d’argent est jeté là, tout près ;
On y lit le destin des nains de la forêt,
Ainsi que la chanson des ondines de Seine.
Je reste à bouquiner, sans fatigue et sans peine,
On m’apporte du vin que j’avale d’un trait ;
Au livre sont aussi quelques jolis portraits
De dames de la cour et de charmantes reines.
Auprès de la plus noble est placé un sonneur
De biniou qu’accompagne (et ce lui est honneur)
Une harpiste fine, avenante et fort belle.
Mais la plus belle image aussi, le savez-vous,
Est la contribution d’un illustrateur fou
Qui de gueules et d’or montre une fleur nouvelle.
Soleil austral
image d'Herald Dick
Je suis le fier soleil, habitant du ciel bleu ;
Je m'y installe aussi lorsqu'il est nébuleux,
Et même dans la pluie (on dit que c'est étrange,
Mais c'est ce qu'aiment bien mes compagnons, les anges).
J'éclaire, devant eux, la voie des empereurs,
Le chemin des flâneurs, les boeufs des laboureurs,
J'interviens dans le conte et dans la parabole,
Sur drapeaux et blasons, je suis un vrai symbole.
Tous aiment mon trajet, lentement déroulé,
Mon regard rayonnant, mon corps immaculé,
Mon rôle en l'univers, qui est celui d'un Maître
(Mais je fais bien semblant d'obéir à vos prêtres !)
Aigles de jadis et naguère
image d'Herald Dick
D’aigle héraldique, honorable est la vie,
On se confie à notre entendement,
On nous respecte aussi, profondément,
Bien des oiseaux nous portent de l’envie.
De prédateur, reine n’est poursuivie ;
Sa Majesté s’épargne les tourments
Dont d’autres gens sont taxés lourdement,
Par l’adversaire, ou la foule ennemie.
D’aigle ou de reine un statut l’on acquiert
Si le destin, par chance, le requiert ;
N’en rien avoir n’entraîne pas de blâme.
Aigle serais, si tu l’eusses daigné ;
Ton caractère était plus résigné,
C’est d’un moineau que tu arbores l’âme.
Blaireau de proie
image d'Herald Dick
Dans les lointains règne un blaireau magique,
C'est presque un archange, un Hercule, un dieu ;
Nous sommes heureux qu'il soit pacifique,
Ou nous ne pourrions survivre en ce lieu.
Le barde du coin lui offre un cantique,
Deux ou trois quatrains faits pour ses beaux yeux ;
Garde notre terre, archange homérique,
Car notre rhapsode a fait de son mieux.
Blaireau dont le chant fait vivre et mourir,
Tu dois convertir nos âmes rétives ;
Qui d'être meilleur aurait le désir,
Qu'il reçoive ici ta parole vive.
Ange-lion
image d'Herald Dick
De gueules, l’ange-lion surgit de l’océan,
S’élève dans les airs, franchit les cieux sans nombre,
Puis se laisse flotter au firmament, sans ombre,
Sans bruit, sinon celui de son coeur de géant.
Il plane, loin du sage et loin du mécréant,
Loin de la ville neuve et loin des vieux décombres,
Loin du jour lumineux et loin de la nuit sombre,
Unique voyageur dans le ciel d’or béant.
Il ne regrette point la faune qui moutonne,
Son paisible bonheur n’a besoin de personne,
Pas plus que l’on ne craint d’être seul, quand on dort.
Le jour de ce ciel jaune est comme une nuit calme,
La crinière du lion flotte comme une palme ;
Peut-être, par instants, son coeur bat un peu fort.
Dupanloup dans Strasbourg
image d'Herald Dick
C'est un rendez-vous entre évêques,
Au joli palais de Strasbourg ;
On y mange des petits fours,
On rit dans la bibliothèque.
Le service est fait par des nonnes ;
Dans leur regard, que de douceur !
Restez donc avec nous, mes soeurs,
Vous nous servez mieux que personne.
Dupanloup dans les couloirs rôde,
L'appartement devient obscur ;
L'effroi, soudain, longe les murs,
On dirait une haleine chaude.
Bal de la licorne
image d'Herald Dick
Es-tu licorne, es-tu jolie belette ?
Au long du jour le demande mon chant ;
Je m’interroge, et, doucement marchant,
J’atteins la plaine où mon âme est seulette.
Un arbre mort valse comme un squelette ;
Le vent fredonne un air en le touchant,
Il fait bien chaud, même au soleil couchant,
Même dessous la lune rondelette.
Licorne pure, au jour que je te vis,
Mon coeur en fut totalement ravi,
Saisi fut-il par ta sublime danse ;
Mais, vivra-t-il pour apprendre à danser,
Lui qui n’a plus cet art de s’élancer ?
Il est toujours plus tard que l’on ne pense.
Pyramide en argent
image d'Herald Dick
Vaste tombeau d'argent, haut de trois mille toises,
Qui se va détachant sur les cieux de turquoise,
De l'aigle tu contiens le corps sacrificiel
Venu s'y reposer, encore en pleine gloire,
Ayant fait ses adieux à ce monde illusoire,
Et ton plafond voûté lui tiendra lieu de ciel.
Nul songe n'y survient, nul oeil ne s'y reflète,
L'oiseau de sable dort dans une paix parfaite ;
Tendre est l'obscurité, le silence fort doux,
Qu'orne un subtil refrain, qui vient on ne sait d'où.
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