Un nouveau mouvement : Akklesia

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Message par _tromken Dim 16 Mai 2010, 23:51

Libremax, moi non plus je ne suis pas né avec ces idées.
J'ai tout comme toi été endoctriné dans l'idée que la raison du plus fort est toujours la meilleure.
C'est-à-dire la raison de la généralité.
J'ai cherché, j'ai lu, et surtout j'ai éprouvé ces idées qu'on m'avait inculqué.
Je les ais trouvé faillibles parce que le général est l'ennemi de l'Un.

L'extériorité mise au centre de la vie finit toujours par devenir l'ennemi de mon intériorité,
parce que celle-ci est particulière, unique. Parce que la généralité, même la plus capable de produire
de la diversité, ne saurait le faire que sur la base générale d'une gamme, de « do à do » par exemple.
Elle ne saurait donc m'offrir, pour chaque infime instant de mon existence, ce que mon esprit et
ma volonté sont capables de concevoir, eux, hors de toutes les limites, dans un infini des possibles
où nulle gamme fondamentale n'existe.

« Ma chair n'est pas ta chair, ma volonté n'est pas ta volonté » disait Max Stirner.
C'est pourquoi, s'il est un dieu, son esprit doit devenir chair un jour, et affirmer
que l'homme particulier a la prérogative divine et doit juger de tout, être la mesure de tout.
Sinon, que dieu se fasse raison et fonde des généralités. Qu'il devienne immonde docrtine,
vérité éternelle, lois intouchables, règles de droit rigides et immuables, bref, une statue.
Qu'ainsi nous nous moquions de cette lâche idole, incapable d'avoir du sang et de la chair.
C'est ici que l'église, vue machialéviquement comme corps de christ est une idole.
Car l'église n'est qu'une généralité, l'esprit du christ — c'est chaque-un,
et la somme de ces chaque-un ne fait qu'un somme mathématique, pas un esprit,
ou alors un esprit totalitaire qu'il faut jeter dans les flammes puisqu'il viole l'individu.

Dans la généralité, l'homme particulier n'est que l'exemplaire d'une race générale :
un poireau dans un champ de poireau, ou une brebis dans un troupeau.
Il n'est pas connu par son nom particulier, unique et inimitable.

Va par exemple t'acheter Crainte et Tremblement de Kierkegaard,
ou l'excellent Par delà le bien et le mal de Nietzsche.
Chez Kierkegaard tu seras amené à briser les concepts tout pondus de la masse
qui t'ont été inculqués dès ton plus jeune âge… par exemple :

La foi est justement ce paradoxe : l'individu, en tant qu'individu, est plus grand que le général.
ou
Le christianisme n'est pas une doctrine, mais « une communication d'existence ».
et encore
Car l'idée de l'Église n'est pas qualitativement différente de l'idée de l'État,

Mais bien sûr, le général a ses points positifs puisqu'il conduit l'homme précisément
à être mis en défaut devant son existence particulière.
Plus le général le restreint et plus le fouet du général le cingle.
Aussi, les uns bêleront et obéiront, quand d'autres, entrant en eux-mêmes, s'éveilleront
à leur individualité, découvriront leur liberté et s'en iront vers le dieu irréligieux et adogmatique.

De fait, dans le même ouvrage, tu liras Kierkegaard faire cette remarque :
L'éthique est le général et, comme tel, exprime encore le divin.
C'est pourquoi l'on a raison de dire que tout devoir est, au fond, un devoir envers Dieu ;
Le devoir devient le devoir en relation à Dieu, mais, dans le devoir lui-même,
je n'entre pas en relation avec Dieu.


Comprends-tu qu'ici, dieu, c'est le général, c'est-à-dire son ombre, mais non lui ?

Si je dis que c'est mon devoir d'amer Dieu, je ne dis au fond qu'un tautologie
dans la mesure où « Dieu » est entendu ici de façon abstraite comme étant la divinité,
c'est-à-dire le général, c'est-à-dire le devoir.

Toute l'existence humaine s'arrondit alors et prend la forme d'une sphère parfaite
dont l'éthique est, à la foi, la limite et le contenu.
Dieu devient un point invisible et évanescent, une pensée impuissante
dont la force ne s'exerce que dans l'éthique qui emplit l'existence.


bien à toi Libremax, lutte et persévère,
celui qui cherche trouve.

_tromken
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Message par libremax Lun 17 Mai 2010, 12:01

Cher Tromken,
je poursuis mes interrogations. surtout n'y voyez pas de condamnation, prenez-les si vous le voulez bien, comme le regard d'un candide. Je vous parais et vais vous paraître encore comme un endoctriné incapable de juger par lui-même, mais que voulez-vous, vous m'intéressez.

Je les ais trouvé faillibles parce que le général est l'ennemi de l'Un.
L'extériorité mise au centre de la vie finit toujours par devenir l'ennemi de mon intériorité,
parce que celle-ci est particulière, unique. Parce que la généralité, même la plus capable de produire de la diversité, ne saurait le faire que sur la base générale d'une gamme, de « do à do » par exemple.
Elle ne saurait donc m'offrir, pour chaque infime instant de mon existence, ce que mon esprit et ma volonté sont capables de concevoir, eux, hors de toutes les limites, dans un infini des possibles où nulle gamme fondamentale n'existe.

Jusqu'ici, tout cela me semble évident, et ne m'explique pas en quoi la masse, que j'associe à la communauté, devrait être forcément un ennemi, à moins de considérer qu'elle n'a qu'une tendance : se substituer à mon individualité, ce que je ne saurais imaginer, puisque la masse, par définition n'a pas de désir ni d'objectif. Le seul à vouloir éventuellement me conformer à une non-identité communautaire, c'est moi. Bien sûr, je peux subir des pressions qui vont m'empêcher de découvrir par moi-même ce que je vais penser.
Mais dès lors, se pose une question cruciale, qui peut-être vous déplaît, mais de grâce n'y voyez, encore une fois, nulle condamnation :
En quoi suis-je certain que mon intériorité soit un repère absolu (car c'est ce qui ressort, pour l'instant, de ce que vous m'écrivez)? J'ai inévitablement besoin, à une étape ou à une autre de mon chemin, d'un garde-fou, d'une référence, de cette extériorité qui n'est pas moi. Puisque déjà, il y a danger selon vous que j'aille me perdre dans la masse, en quoi ma seule conscience individuelle est-elle fiable?
Se confronter à des lois, à une généralité, n'est-il pas dès lors fondamentalement sain, non pas pour que je m'y noie, mais pour que je puisse évoluer et aller à la rencontre des autres individualités qui m'entourent?

« Ma chair n'est pas ta chair, ma volonté n'est pas ta volonté » disait Max Stirner.
C'est pourquoi, s'il est un dieu, son esprit doit devenir chair un jour, et affirmer
que l'homme particulier a la prérogative divine et doit juger de tout, être la mesure de tout.
Sinon, que dieu se fasse raison et fonde des généralités. Qu'il devienne immonde docrtine,
vérité éternelle, lois intouchables, règles de droit rigides et immuables, bref, une statue.
Qu'ainsi nous nous moquions de cette lâche idole, incapable d'avoir du sang et de la chair.
C'est ici que l'église, vue machialéviquement comme corps de christ est une idole.
Car l'église n'est qu'une généralité, l'esprit du christ — c'est chaque-un,
et la somme de ces chaque-un ne fait qu'un somme mathématique, pas un esprit,
ou alors un esprit totalitaire qu'il faut jeter dans les flammes puisqu'il viole l'individu.

Mais cher Tromken, ne versez-vous donc pas dans l'excès inverse? L'individu ne devient-il pas votre idole? La liberté de conscience, Le respect et l'amour de "chaque un", comme vous dites, sont ce qui fait que la vie est digne d'être vécue, mais rejeter toute communion, n'est-ce pas l'orgueil qui, à ne chercher que le respect de l'individu, s'en trouve incapable de prendre en compte l'Autre, s'il ne cherche pas le commun pour établir la rencontre?

Dans la généralité, l'homme particulier n'est que l'exemplaire d'une race générale :
un poireau dans un champ de poireau, ou une brebis dans un troupeau.
Il n'est pas connu par son nom particulier, unique et inimitable.

Je vois ce que vous voulez dire. Et je devine la référence sous-jacente à ce que vous dites, que je retourne pourtant. S'Il a utilisé l'image du troupeau, ça ne l'a pas empêché de dire qu'Il connaissait chacune de ses brebis par son nom. Faut-il rejeter à fortiori toute idée de communauté spirituelle qui soit pourtant respectueuse de chacun?
L'individu doit-il se considérer seul au point de ne vouloir rien établir avec son prochain? Si néanmoins c'est la rencontre, éventuellement l'échange, en tout cas la paix, qu'il recherche, n'y a-t-il pas une assemblée qui naît ?

De fait, dans le même ouvrage, tu liras Kierkegaard faire cette remarque :
L'éthique est le général et, comme tel, exprime encore le divin.
C'est pourquoi l'on a raison de dire que tout devoir est, au fond, un devoir envers Dieu ;
Le devoir devient le devoir en relation à Dieu, mais, dans le devoir lui-même,
je n'entre pas en relation avec Dieu.


Comprends-tu qu'ici, dieu, c'est le général, c'est-à-dire son ombre, mais non lui ?

Bien entendu !
Enfin, la Bible elle-même n'est-elle pas ponctuée d'un bout à l'autre d'exécrations des rites et des gestes posés sans intériorité, de la part de Dieu? Je suis entièrement d'accord avec ça. Ce ne fait pas du devoir un démon. C'est ce que nous y mettons, ou pas, qui le détourne.

Si je dis que c'est mon devoir d'amer Dieu, je ne dis au fond qu'un tautologie
dans la mesure où « Dieu » est entendu ici de façon abstraite comme étant la divinité,
c'est-à-dire le général, c'est-à-dire le devoir.

Toute l'existence humaine s'arrondit alors et prend la forme d'une sphère parfaite
dont l'éthique est, à la foi, la limite et le contenu.
Dieu devient un point invisible et évanescent, une pensée impuissante
dont la force ne s'exerce que dans l'éthique qui emplit l'existence.

Ma foi, si je m'en tiens au seul "devoir d'aimer Dieu", ça devient surtout un non-sens.
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