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Message par Lila Sam 28 Mai 2011 - 17:44

Hamza Muslim

merci beaucoup pour ton "long post", vraiment très intéressant et en plein dans le sujet.

En le lisant, j'ai visualisé plusieurs fois des démarches similaires dans le bouddhisme, surtout le zen. La purification par les gestes matériels est en tous cas un point commun entre les deux.

On ne la retrouve qu'à l'état de trace chez les chrétiens, en effet: le baptême, le "priez sans cesse", mais certains sages chrétiens ont compris plus loin, comme je ne sais plus quel saint qui, novice dans un couvent, devait nettoyer le sol, et il le faisait comme une prière, en répétant "Seigneur, purifie mon âme comme je nettoie ce sol".

Voilà encore une chose que peut apporter une "progression spirituelle": c'est de donner un sens profond à chacun de nos gestes, même les plus ordinaires; et ce n'est pas rien ! J'ai de plus en plus de plaisir de ces "petits gestes" depuis que j'ai compris cela.

Dans une conférence lors d'un week ens inter-confessionnel, un intervenant expliquait que la respiration était notre première nourriture, un moyen d'échanger de façon très intime avec l'Univers. Les orientaux parlent aussi du "prâna", énergie vitale qui est dans l'air, et dont on peut intensifier l'absorption en étant conscient pendant sa respiration (ce qui est une des bases de la méditation zen).

Je suis sûre qu'en cherchant bien, on trouvera encore d'autres point communs.

J'espère que la conversation continuera parce nous avons quelques pistes intéressantes, et il n'est pas facile de trouver des interlocuteurs pour ce genre de sujet. Merci à vous.

Lila
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Message par _Hamza Muslim Sam 28 Mai 2011 - 18:04

Maitre Eckhart était un initié chrétien de haute volée, je te conseille de le lire (même s'il fut souvent décrié par des théologiens "rationalisants" chrétiens qui ne connaissaient que très peu de chose à la métaphysique et à la spiritualité).

Il y a l'excellent livre (malgré quelques confusions, notamment entre le mysticisme et l'initiation) : Shankara, Ibn 'Arabi et Maître Eckhart: La Voie de la Transcendance de Reza-Shah Kazemi, où il analyse la transcendance de saints de l'Islam, de l'Hindouisme et du Christianisme.


Présentation de l'éditeur
Le sommet de la quête mystique et la réalisation de la transcendance sont-ils une seule et même chose, ou y a-t-il autant de sommets qu'il y a de religions ? Pour répondre à cette question fondamentale, l'auteur analyse en profondeur, et selon des critères soigneusement définis, l'essentiel des enseignements de trois mystiques majeurs, éminemment représentatifs de leur tradition : Shankara pour l'hindouisme, Ibn Arabi pour l'islam et Maître Eckhart pour le christianisme. Au terme d'une comparaison minutieuse, sa conclusion est qu'il est justifié de parler d'une seule essence transcendante de réalisation spirituelle, quel que soit le point de départ religieux. Sans doute, en dépit de remarquables similitudes, la structure formelle et la délinéation extérieure des conceptions en tant que telles peuvent-elles diverger selon les voies envisagées, mais leur contenu, à l'image de l'absolue Unité de la Réalité qu'il vise, ne peut être qu'un. L'auteur nous propose ensuite une critique raisonnée de diverses mésinterprétations réductionnistes et typiquement modernes du phénomène de la transcenclance. Extrêmement précieux par la qualité de son approche comparative, ce livre satisfait à la fois aux exigences du témoignage spirituel le plus authentique et de la recherche universitaire la plus rigoureuse.

Biographie de l'auteur
Chargé de recherches à l'Institut d'Etudes Ismaéliennes de Londres, Reza Shah-Kazemi a obtenu en 1994 le diplôme de docteur en Etudes comparées des religions à l'Université du Kent à Canterbury. Il est en outre administrateur du Fonds Matheson, administrateur, mutateur et chargé de recherches à Alam al-Khayal à Lahore, et membre de l'Institut Royal Aal al-Bayt d'Amman. Il participe aussi régulièrement à l'émission de la BBC. Pause for Thought. Parmi ses publications, on peut citer : Justice et Remembrance : An Introduction to the Spirituality of imam Ali (Londres, 2006), The Other in the Light of the One : The Universality of the Qur'an and Interfaith Dialogue (Cambridge, 2006), ainsi que My Mercy Emcompasses All - The Koran's Teachings on Compassion, Peace & Love (Berkeley, 2007). Ce dernier ouvrage vient d'être traduit en français sous le titre Ma Miséricorde embrasse toute chose (Editions Tasnîm, Lille, 2009).


Je viens de découvrir un livre du même auteur que je ne connaissais pas : Islam et bouddhisme : Un fond commun

Vu que tu es bouddhiste, cela t'intéressera peut-être, avec cet autre livre que je conseille à tout ceux qui aimeraient en savoir plus sur le bouddhisme, loin des préjugés habituels : "Images de l'Esprit : Shinto, Bouddhisùe, Yoga" de Frithjof Schuon.


Pour en revenir au sujet initial, et à l'Islam pour ma part, toute la vie du musulman est en phase avec le sacré, c'est ainsi que pour les gestes de la Sunna du Prophète - sallallâh 'alayhi wa sallam -, il faut le comprendre dans le sens le plus étendu que celui-ci peut avoir, c'est-à-dire comme toute action qui s'accomplit dans le temps. Cela peut-être des paroles (invocations, formules sacrées telles la basmallah,...), des mouvements du corps (usage de la droite, façon de s'assoir, de faire les ablutions, de manger, de marcher, de prier, ...),... René Guénon a d'ailleurs souvent fait allusion à la « théorie du geste »... :

"On pourrait dire encore que les rites sont des symboles « mis en action », que tout geste rituel est un symbole « agi » (1) ; ce n’est en somme qu’une autre façon d’exprimer la même chose, mettant seulement plus spécialement en évidence le caractère que présente le rite d’être, comme toute action, quelque chose qui s’accomplit forcément dans le temps (2), tandis que le symbole comme tel peut être envisagé d’un point de vue « intemporel ». En ce sens, on pourrait parler d’une certaine prééminence du symbole par rapport au rite ; mais rite et symbole ne sont au fond que deux aspects d’une même réalité ; et celle-ci n’est autre, en définitive, que la correspondance qui relie entre eux tous les degrés de l’Existence universelle, de telle sorte que, par elle, notre état humain peut être mis en communication avec les états supérieurs de l’être.


(1) Nous noterons particulièrement, à ce point de vue, le rôle joué dans les rites par les gestes que la tradition hindoue appelle mudrâs, et qui constituent un véritable langage de mouvements et d’attitudes ; les « attouchements » (en anglais grips) employés comme « moyens de reconnaissance » dans les organisations initiatiques, tant en Occident qu’en Orient, ne sont pas autre chose en réalité qu’un cas particulier des mudrâs. (2) En sanscrit, le mot karma, qui signifie tout d’abord action en général, s’emploie d’une façon « technique » pour désigner en particulier l’« action rituelle » ; ce qu’il exprime alors directement est ce même caractère du rite que nous indiquons ici."

(René Guénon, Aperçus sur l'initiation, chap.XVI :Le rite et le symbole)

L'Islam, comme toute tradition véritable du passé, n'admet pas qu'un geste soit fait en dehors du souvenir d'Allâh et de la soumission à Allâh. Tout est sacré et rien ne peut être profane. Il faut savoir qu'"en toute rigueur, il n’existe pas réellement de domaine profane, mais seulement un point de vue profane" (Cf. "Illusion de la vie ordinaire", René Guénon). Toutes nos actions ont une répercussion dans les mondes (Cf. "Actions et réactions concordantes", René Guénon).


"On ne saurait exagérer l’importance pratique de l’adab dans la vie spirituelle en général. Dans le cas présent, on en trouvera la marque profonde et savante non seulement dans la louange divine et la sollicitation des grâces, mais dans le mode même de conception des vérités initiatiques fondamentales. Celles-ci, bien qu’affirmées avec toute la netteté doctrinale voulue, épousent ici d’une façon impeccable les canons sacrés de cette Servitude absolue qui, loin d’être la rançon d’un exotérisme « anti-intellectuel », mais faite de Science, de Contemplation et de Vertu, apparaît comme une forme originale et complète en soi, de la Sagesse universelle. Nous y trouvons les traits providentiels de la « Sainteté muhammadienne ». En réponse à la question de savoir par quelle disposition est justifiée la qualité de « Sceau de la Sainteté Muhammadienne » (Khâtam al-Wilâyah al-Muhammadiyyah) – titre qui appartient à Muhy-d-Dîn lui-même –, ce maître spirituel a précisé : « Par la perfection des Vertus les plus nobles dans les rapports avec Allâh (bi-tamâm Makârim al-Akhlâq ma’ Allâh) ! » Et on remarquera qu’il y a en cela une référence précise au type spirituel de Sayyidnâ Muhammad, le « Sceau de la Prophétie » qui a dit : « j’ai reçu les Sommes des paroles et j’ai été envoyé pour parfaire les Vertus les plus Nobles »."
(Michel Vâlsan, Oraisons métaphysiques, Etudes Traditionnelles n° 278, Sept. 1949, p. 251).

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Message par Lila Sam 28 Mai 2011 - 18:16

waaaaaa ! J'aime ce que tu écris ici ! supercontent

Merci pour les références, je note tout cela !

Le rapprochement entre bouddhisme et Islam est surprenant parce que dans leur forme exotérique, tout les sépare, mais il me réjouit d'autant plus !

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Message par Imala Sam 28 Mai 2011 - 18:57

Le titre est "progresser", et je parlais de la progression spirituelle, en me demandant ce qu'elle est, concrètement, ce qu'elle apporte, et comment elle se présente dans les différentes "religions" ou voies. J'ai évidemment cité le bouddhisme puisque c'est le seul que je connaisse un peu.
Je te fais un résumé de la question.

Que se soit dans un cheminement spirituel ou autre, on rencontre souvent cette notion de progresser, d'avancer sur le chemin.
Ce serait intéressant de donner des exemples, qui nous permettent de voir ce que la progression spirituelle nous apporte de concret.

Me concernant, cette progression m’apporte plus de lucidité. Sur moi-même principalement.

…Quoi qu’en ce moment j’aurai tendance à faire du surplace… Mais je ne crois pas que ce soit, comme il a été dit plus haut, (avec d’autres mots) faute de me rattacher à une méthode, ou à une doctrine…

Je me demande si ce n'est pas finalement une forme de psychothérapie,


Entre autre, oui, je le crois aussi. Mais pas définitivement, ou seulement.

et s'il y a réellement quelque chose en plus.
Si "oui", c'est quoi ce "plus" ?

Je ne nie pas son existence, parce que le matérialisme et le scientisme n'arrivent pas à décrire ce que je vis, je sens la Vie beaucoup plus forte et vaste que cela

Mon expérience ressemble aussi à cela. Une conviction profonde, intérieure, une conviction qui ressemble à une respiration lente et paisible (c’est la meilleure description qui me vienne) qu’il y a plus, et autrement.

Je n’avais pas lu cette intervention "un intervenant expliquait que la respiration était notre première nourriture, un moyen d'échanger de façon très intime avec l'Univers" -avant de répondre, et cela me réjouit !

mais en attendant d'en savoir plus, je me contente de cet aspect "psychothérapie" qui ne peut faire que du bien.


Si la Vie est plus forte et vaste que cela, si Dieu est Autre que nos fécondités intérieures prévisibles, alors, il me semble que nous ne pouvons que marcher vers plus de lumière, non ?

Pour en revenir au sujet initial, et à l'Islam pour ma part, toute la vie du musulman est en phase avec le sacré, c'est ainsi que pour les gestes de la Sunna du Prophète - sallallâh 'alayhi wa sallam -, il faut le comprendre dans le sens le plus étendu que celui-ci peut avoir, c'est-à-dire comme toute action qui s'accomplit dans le temps. Cela peut-être des paroles (invocations, formules sacrées telles la basmallah,...), des mouvements du corps (usage de la droite, façon de s'assoir, de faire les ablutions, de manger, de marcher, de prier, ...),... René Guénon a d'ailleurs souvent fait allusion à la « théorie du geste »... :

... Je n'ai jamais pu adhérer aux gestes, ou symboles mis en pratiques de manière concrète, et journalière dans ma vie chrétienne. Ponctuellement, oui, mais pas quotidiennement. Lorsque je m'y forçais, j'ai toujours eu le sentiment de "jouer une comédie"... D'autre part, j'ai souvent eu le sentiment que la manière de marcher sur le chemin pouvait être facilement confondu avec le chemin lui-même, ou tout du moins, que la frontière entre les deux était floue...

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Message par _Hamza Muslim Sam 28 Mai 2011 - 19:00

Oui, la sincérité est une condition sine qua non, de même que la distinction entre les moyens et les fins.

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Message par JO Sam 28 Mai 2011 - 19:02

tu parlais de cas concrets .J'ai essayé bien des chemins, les ai tous quittés mais chacun m'a appris beaucoup . Je ne sais pas si j'ai progressé. Chaque bout de chemin apprend quelque chose et je crois , comme "le messie récalcitrant", que nous sommes incarnés "pour apprendre et jouer ( expérimenter)" . C'est ce que j'ai lu de plus convaincant, en quarante ans de cheminement hasardeux . Avec, aussi : "ne croyez rien que vous n'ayez testé" ( à peu près, conseil du Bouddha , je crois). Et les deux conseils se rejoignent . Mais l'élève ne doit pas encore être prête, n'ayant pas rencontré de maître auprès de qui rester .
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Message par Imala Sam 28 Mai 2011 - 19:16

n'ayant pas rencontré de maître auprès de qui rester
.

!!!

..."N'appelez personne maître, n'appelez personne père..." Jésus
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Message par tango Sam 28 Mai 2011 - 19:22

Bonjour à tous...
je viens de découvrir ce sujet, certes un peu confus, mais j' y ai trouvé quelques somptueuses interventions.
Hamza Muslim, merci pour tes posts qui décrivent relativement bien ce que peut-être le cheminement indiqué par l' Islam... et ce qui me plait bien c'est que tu te sois intéressé à ce que peuvent être les autres voies.
Oui la Voie est Une dans l' Absolu, et, ses manifestations dans le relatif sont multiples.

J'ai remarqué que Lila se posait quelques questions au sujet de la raison de parcourir un chemin.
Je dirais que la psy a le rôle de ramener sur la voie du troupeau un mouton égaré, mais d'aucune manière elle n'aurait le rôle de transformer un mouton en lion.
Ce qui veut dire que la psy n'a rien à voir avec un cheminement spirituel... Mais bien sur pour aborder un cheminement spirituel, il faudra être dans un équilibre psychologique suffisamment stable... Il me semble que dans toutes les doctrines les maîtres enseignants sont très vigilants sur la capacité de leurs élèves.

Le titre du sujet est "Progresser"...
Oui, consciemment comme inconsciemment on progresse, on pourrait dire que de toutes façons le cheminement spirituel se pratiquerait même à notre insu.
Je pourrais dire qu'en ce qui me concerne, ça c'est passé inconsciemment... ce n'est qu'ensuite que j'ai réalisé avoir parcouru une voie... voie dont je retrouve, en toutes doctrines, de curieuses similitudes...
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Message par _Hamza Muslim Sam 28 Mai 2011 - 19:29

Dans toutes les Traditions véritables, on retrouve des enseignements (dans les Textes, ou dans leurs manifestations à travers les grands maitres spirituels) qui montrent clairement que la diversité (illusoire et riche à la fois) voulue par l'Absolu, se voit transcender par l'Unité. Car si les chemins sont multiples, la destination est Une.

Comme il est dit dans les Veda : "Tu es Cela", "Tu es Un, mais Tes Noms sont multiples".

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Message par tango Sam 28 Mai 2011 - 19:47

Hamza Muslim a écrit:Dans toutes les Traditions véritables, on retrouve des enseignements (dans les Textes, ou dans leurs manifestations à travers les grands maitres spirituels) qui montrent clairement que la diversité (illusoire et riche à la fois) voulue par l'Absolu, se voit transcender par l'Unité. Car si les chemins sont multiples, la destination est Une.

Comme il est dit dans les Veda : "Tu es Cela", "Tu es Un, mais Tes Noms sont multiples".
comme il est dit dans le coran: "toutes les âmes sont une"
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Message par _Hamza Muslim Sam 28 Mai 2011 - 19:56

tango a écrit:
Hamza Muslim a écrit:Dans toutes les Traditions véritables, on retrouve des enseignements (dans les Textes, ou dans leurs manifestations à travers les grands maitres spirituels) qui montrent clairement que la diversité (illusoire et riche à la fois) voulue par l'Absolu, se voit transcender par l'Unité. Car si les chemins sont multiples, la destination est Une.

Comme il est dit dans les Veda : "Tu es Cela", "Tu es Un, mais Tes Noms sont multiples".
comme il est dit dans le coran: "toutes les âmes sont une"

Toutes les âmes proviennent de la même origine, et retourneront à la même destination (Dieu) : "Et vers Lui se fera votre retour".

«Ceux qui disent: "Notre Seigneur est Allah", et qui se tiennent dans le droit chemin, les Anges descendent sur eux. "N'ayez pas peur et ne soyez pas affligés; mais ayez la bonne nouvelle du Paradis qui vous était promis."» (Coran 41 : 30).
«Si Allah l’avait voulu, certainement il aurait fait de vous une seule communauté traditionnelle (umma), mais il vous soumet à des «épreuves» selon ce qu’Il vous a apporté. Cherchez à vous devancer les uns les autres pour les bonnes œuvres. Vous retournerez tous à Allâh, et alors Il vous informera de ce en quoi vous divergez maintenant.» (Coran 5 : 48). Dieu indique donc que le but de l'être humain, ainsi que la raison de l'existence de communautés diverses et variées, s'expliquent en raison du fait que, l'objectif est de connaitre Dieu (par Lui-même et par Sa Création), de participer à l'harmonie universelle (participant ainsi à la paix avec Lui et Sa Création), notamment par le biais de la Connaissance et de l'accomplissement de bonnes oeuvres, afin de se rapprocher de Dieu, de réaliser son être (et d'embrasser la piété). Les juifs, chrétiens, hindous et autres croyants traditionnels affirment que Dieu (Conscience cosmique, Esprit Universel, Cause Première, etc.) est Un, mais leur voie (du moins dans la forme) diffère (au niveau de la Loi, et non vraiment de la Voie, bien que chaque voie possède ses propres spécificités liées à la tradition à laquelle elle se rattache) de celles des musulmâns, bien que les finalités sont généralement les mêmes : rejoindre Dieu dans la paix (universelle).


Dernière édition par Hamza Muslim le Sam 28 Mai 2011 - 20:44, édité 1 fois

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Message par Imala Sam 28 Mai 2011 - 20:30

l'objectif est de se soumettre à Dieu, et donc de faire le plus de bonnes oeuvres possible, afin de se rapprocher de Dieu et de choisir la piété.

Les oeuvres plutôt que la foi, donc ?
Il ne s'agirait donc pas de croire que Dieu existe, et qu'Il a créé l'homme ; il ne s'agirait pas de croire que le devenir de l'homme c'est de retrouver ce Souffle reçu à la genèse qui le fait, là, en image de Dieu, promis à Sa ressemblance, donc à Son origine première, il ne s'agirait pas de se défaire de ce qui l'entrave et l'habille de superflu, mais au contraire, il s'agirait de faire pour avoir, ou gagner. Il s'agirait toujours et encore "d'acheter".

Alors, je dis : non merci. Je ne veux pas de ce Dieu là, ni de ce genre de progrès.

Et je pense que si c'est ainsi que l'on croit pouvoir progresser, on se trompe.

Dans l'absolu, faire s'oppose quasiment toujours à être..., et si c'est faire pour avoir (se rapprocher de Dieu, rejoindre Dieu au "paradis", ou dans la paix universelle), ce n'est pas pour plus de vie ici et maintenant, même si on la peint aux couleurs de la piété, mais une porte que l'on ouvre à toutes sortes de déviances possibles.

Il y aura toujours des fanatiques pour croire que leurs actes sont propres à rapprocher de Dieu...

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Message par tango Sam 28 Mai 2011 - 20:33

Hamza Muslim
ce que tu dis me correspond tout à fait...
Les juifs, chrétiens, hindous et autres croyants traditionnels affirment que Dieu (Conscience cosmique, Esprit Universel, Cause Première, etc.) est Un, mais leur voie (du moins dans la forme) diffère de celles des musulmâns, bien que les finalités sont généralement les mêmes : rejoindre Dieu dans la paix (universelle).
Mais je vois en toi, encore quelque part, une distinction entre les musulmans et les autres.
Aussi, il serait intéressant que tu développes cette distinction.
Comme il est écrit dans le Coran: " Si tu donnes tout ce que tu sais, Dieu te donneras tout ce que tu ne sais pas".
Je suis intimement convaincu de la véracité de cette citation, aussi je te propose de nous faire partager ce que tu sais... tout cela pour aller dans le sens du sujet: "progresser".
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Message par tango Sam 28 Mai 2011 - 20:50

Imala a écrit:
l'objectif est de se soumettre à Dieu, et donc de faire le plus de bonnes oeuvres possible, afin de se rapprocher de Dieu et de choisir la piété.

Les oeuvres plutôt que la foi, donc ?
Il ne s'agirait donc pas de croire que Dieu existe, et qu'Il a créé l'homme ; il ne s'agirait pas de croire que le devenir de l'homme c'est de retrouver ce Souffle reçu à la genèse qui le fait, là, en image de Dieu, promis à Sa ressemblance, donc à Son origine première, il ne s'agirait pas de se défaire de ce qui l'entrave et l'habille de superflu, mais au contraire, il s'agirait de faire pour avoir, ou gagner. Il s'agirait toujours et encore "d'acheter".

Alors, je dis : non merci. Je ne veux pas de ce Dieu là, ni de ce genre de progrès.

Et je pense que si c'est ainsi que l'on croit pouvoir progresser, on se trompe.

Dans l'absolu, faire s'oppose quasiment toujours à être..., et si c'est faire pour avoir (se rapprocher de Dieu, rejoindre Dieu au "paradis", ou dans la paix universelle), ce n'est pas pour plus de vie ici et maintenant, même si on la peint aux couleurs de la piété, mais une porte que l'on ouvre à toutes sortes de déviances possibles.

Il y aura toujours des fanatiques pour croire que leurs actes sont propres à rapprocher de Dieu...
Imala
Je vois dans ta réaction autant la révélation de tes certitudes, et, autant la révélation de tes craintes...
Effectivement l'expression dans le relatif peut créer certaines confusions.
Mais je pense qu'il ne s'agit pas seulement d' un Dieu extérieur à soi auquel il faudrait se soumettre, mais plutôt de trouver le dieu en soi qui se mettrait en harmonie avec le Dieu extérieur.
Ainsi quand Hamza Muslim dit qu'il faut se soumettre à Dieu, c'est aussi en soi-même qu'il faut trouver la résonance.
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Message par _Hamza Muslim Sam 28 Mai 2011 - 21:06

Tout à fait, Dieu est à la fois Transcendant et Immanent !

Le concept d’immanence (tashbîh) est le caractère d'avoir son principe en soi-même, dont l'activité non seulement n'est pas séparable de ce sur quoi il agit, mais qui le constitue de manière interne. Ce concept doit se distinguer de la transcendance (tanzîh), qui est le fait d'avoir une cause extérieure et supérieure.

"Par la transcendance, tu Le conditionnes,
Et par l’immanence, tu Le limites.

Si tu professe les deux, tu es sur la bonne voie,
Tu es un Imâm et un Maître de Connaissances.

Qui parle de « parité » (ishfâ’) est un associateur,
Qui parle d’ « imparité » (ifrâd) un unificateur.

Prends garde à la « ressemblance » si tu es un « second » ;
Prends garde à la transcendance si tu singularises.

Tu n’es pas Lui et pourtant tu es lui ; tu Le vois,
Au cœur des choses, libre et conditionné."
(Cheikh al-Akbar Ibn Arabî, Fusûs al-Hikâm, Verbe de Nûh).

Ce poème est un enseignement métaphysique (qui est sur-rationnel, et non pas irrationnel), et n'est pas à comprendre du point de vue théologique.

Dieu est à la fois supérieure et "extérieure" à la Création (en vertu de Sa dimension d'Infinitude) et à la fois à l'intérieure de Sa Création, sans quoi nous ne pourrions pas attester de Sa Réalité, or, on l'atteste, tous plus ou moins à notre manière. L'intelligence coïncidant avec la capacité de concevoir l'Absolu : "Si les matérialistes avaient raison, cette intelligence serait un luxe inexplicable ; sans l'Absolu, la capacité de le concevoir n'aurait pas de cause. La vérité de l'Absolu coïncide avec la substance même de notre esprit...". (Frithjof Schuon, "Sur les traces de la religion pérenne", p. 11).

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Message par Tibouc Sam 28 Mai 2011 - 21:38

Lila a écrit:Je vais continuer répondre à Tibouc.

Bien sûr, on pourrait, comme Dan, s'arrêter à l'aspect extérieur des religions et en conclure qu'elles sont juste là pour soulager des angoisses. C'est vrai, mais à un niveau très très bas. Même la psychothérapie classique va plus loin que cela: elle permet de surmonter aussi des complexes, divers traumatismes, des inhibitions, etc...

La progression spirituelle fait tout cela aussi, du moins dans certains cas, comme certains ont évoqué ici (merci Wink )

Quand je demande si elle n'est pas que "cela" (une sorte de psychothérapie), je ne la limite pas à la guérison des petits bobos de l'esprit, mais à aller beaucoup plus loin, par exemple devenir capables d'augmenter sa réceptivité, sa sensibilité, sa créativité, sa conscience, sa maîtrise, sa connaissance des lois de la Vie, bref toutes ce choses qui sont méprisées par les scientistes, mais que beaucoup de personnes expérimentes tous les jours.

J'évoque donc une sorte de super-psychothérapie, à plusieurs niveaux.
Moi ce que j'en pense, c'est que la spiritualité (en la différenciant bien sûr du fanatisme qui n'a rien à voir) amène, à terme, à l'amour universel.
Et je doute qu'on puisse y arriver avec une psychothérapie (même si celle-ci peut évidemment être très interessante).
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Message par Imala Sam 28 Mai 2011 - 21:47

mais plutôt de trouver le dieu en soi qui se mettrait en harmonie avec le Dieu extérieur.

J'aime cette vision des choses, elle correspond à ce que je voudrais vivre.

La vérité de l'Absolu coïncide avec la substance même de notre esprit..."

Vite lu et sans réfléchir, je me dis que je crois profondément à cela... puis, je me demande qu'est-ce donc que la vérité, a fortiori celle de l'Absolu ?

Peut-être ne faudrait-il simplement pas s'arrêter aux mots... si ce n'est pour aller dans le sens de ce fil, mais à ce qu'ils font résonner en nous...

Un autre mot, mais celui-là me dérange profondément : soumettre.

Je ne veux pas me soumettre à Dieu. Je veux l'aimer.

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Message par _Hamza Muslim Sam 28 Mai 2011 - 21:51

C'est une question de définition alors.
Le mot islam signifie s'harmoniser (donc dans la paix et l'amour) au Principe Suprême (Dieu), ceux qui ont vraiment la Foi sont ceux qui sont sincères (en même temps que l'Amour) envers cet engagement. Un verset du Coran le dit d'ailleurs fort bien.

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Message par tango Sam 28 Mai 2011 - 22:08

Hamza Muslim a écrit:Tout à fait, Dieu est à la fois Transcendant et Immanent !

Le concept d’immanence (tashbîh) est le caractère d'avoir son principe en soi-même, dont l'activité non seulement n'est pas séparable de ce sur quoi il agit, mais qui le constitue de manière interne. Ce concept doit se distinguer de la transcendance (tanzîh), qui est le fait d'avoir une cause extérieure et supérieure.

"Par la transcendance, tu Le conditionnes,
Et par l’immanence, tu Le limites.

Si tu professe les deux, tu es sur la bonne voie,
Tu es un Imâm et un Maître de Connaissances.
Tout à fait d'accord...
N' accepter que la transcendance nous déresponsabiliserait, et, n'accepter que l'immanence nous illusionnerait... La Voie du milieu est souveraine.
Qui parle de « parité » (ishfâ’) est un associateur,
Qui parle d’ « imparité » (ifrâd) un unificateur.

Prends garde à la « ressemblance » si tu es un « second » ;
Prends garde à la transcendance si tu singularises.

Tu n’es pas Lui et pourtant tu es lui ; tu Le vois,
Au cœur des choses, libre et conditionné."
(Cheikh al-Akbar Ibn Arabî, Fusûs al-Hikâm, Verbe de Nûh).

Ce poème est un enseignement métaphysique (qui est sur-rationnel, et non pas irrationnel), et n'est pas à comprendre du point de vue théologique.
Oui, très bien dit... comme quoi tout se rejoint, tout est lié...

Dieu est à la fois supérieure et "extérieure" à la Création (en vertu de Sa dimension d'Infinitude) et à la fois à l'intérieure de Sa Création, sans quoi nous ne pourrions pas attester de Sa Réalité, or, on l'atteste, tous plus ou moins à notre manière. L'intelligence coïncidant avec la capacité de concevoir l'Absolu : "Si les matérialistes avaient raison, cette intelligence serait un luxe inexplicable ; sans l'Absolu, la capacité de le concevoir n'aurait pas de cause. La vérité de l'Absolu coïncide avec la substance même de notre esprit...". (Frithjof Schuon, "Sur les traces de la religion pérenne", p. 11).
Rien à rajouter... Si ce n'est de mettre le doigt sur cette difficulté à localiser Dieu dans notre espace habituel... comme si nous avions besoin de le savoir tangible... Il enveloppe le cosmos dans toute son éternité et en même temps il s' y manifeste dans chacune des singularités.
Merci pour ces citations... je devine en toi un sacré baroudeur. rire
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Message par tango Sam 28 Mai 2011 - 22:29

Imala a écrit:
La vérité de l'Absolu coïncide avec la substance même de notre esprit..."
Vite lu et sans réfléchir, je me dis que je crois profondément à cela... puis, je me demande qu'est-ce donc que la vérité, a fortiori celle de l'Absolu ?
La Vérité de l' Absolu est Une mais indicible... La ramener toute entière dans le relatif est impossible... Nous ne pouvons en ramener que quelques fulgurances singulières adaptées à chacune des circonstances.
Peut-être ne faudrait-il simplement pas s'arrêter aux mots... si ce n'est pour aller dans le sens de ce fil, mais à ce qu'ils font résonner en nous...
Oui, c'est cela, juste ressentir tout en acceptant de ne pas pouvoir le prononcer.
Un autre mot, mais celui-là me dérange profondément : soumettre.
Cette soumission se fait par rapport à soi-même, mais il ne s'agit là que d'une étape, celle de l'introspection qui doit détruire toutes les illusions. Une fois l'éveil atteint, on ne parle plus de soumission, parce que le comportement devient naturel... il n'y a plus de lutte intérieure, plus d'hésitation.
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Message par Lila Dim 29 Mai 2011 - 12:46

Tibouc a écrit:Moi ce que j'en pense, c'est que la spiritualité (en la différenciant bien sûr du fanatisme qui n'a rien à voir) amène, à terme, à l'amour universel.
Et je doute qu'on puisse y arriver avec une psychothérapie (même si celle-ci peut évidemment être très interessante).
Je la vois comme un préalable.
Mais tu dois avoir raison aussi, que l'Amour est la Voie directe, la plus rapide.
Le problème c'est que tant qu'on n'a pas guéri de ses problèmes psychiques, on n'est pas capable d'amour pur: on est toujours intéressé, attaché, notre amour est teinté de possessivité, de jalousie, ou d'aveuglement, d'exigences (même par rapport à un dieu).

"Tu as raison, Jonathan, continue à étudier l'Amour" (R. Bach)

L'Amour est la direction dans laquelle pointe Jésus, mais il ne donne pas beaucoup de détails. C'était quand même une révolution, à l'époque, où le Dieu était cruel et despotique.

Il se retrouve au centre de la démarche des soufis (si j'ai bien compris).
Le bouddhisme insiste plus sur la psychothérapie d'abord, parce qu'elle est nécessaire pour avoir la conscience qui permet d'aimer "juste".

Je pense que les deux approches sont complémentaires, se renforcent mutuellement.
Ma maman, qui a lu deux livres que je lui avais donné parce qu'elle voulait comprendre le bouddhisme, a eu une réflexion très juste: "Jésus dit qu'il faut s'aimer les uns les autres, et Bouddha explique comment il faut le faire".


@ HM, Tango et Imala
je passe en vitesse, je vous lirai à l'aise plus tard Wink

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Message par Lila Dim 29 Mai 2011 - 13:07

En discutant sur un autre fil, j'ai encore trouvé une conséquence positive de la "progression": c'est l'augmentation de la sensibilité à la beauté de la Nature: on la ressent de plus en plus profondément, à la fois sa vanité, sa cruauté, mais aussi son harmonie et sa beauté incroyables, sans limite. C'est source de beaucoup de joies. Idem avec le comportement des autres vis à vis de soi: on devient plus indifférent aux attaques, allergiques aux flatteries, émerveillés par la gentillesse.
Tout cela donne beaucoup de force pour passer au-dessus des épreuves.

Il est dit qu'il ne faut pas s'engager dans une Voie pour acquérir des avantages, mais pourquoi pas, au fond ? Ce nest pas une mauvaise motivation. Du moment que notre "intérêt" se fait aussi pour les autres et non pas à leur détriment. Si on devient capable de plus d'amour, ils en profiteront aussi Wink

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Message par maya Dim 29 Mai 2011 - 15:55

Bonjour à tous,

La progression dans le chemin spirituel est souvent faite de hauts et de bas. Dans nos affrontements avec la vie, dite extérieure, nous sommes souvent tentés de perdre de vue la signification centrale de notre existence. Les tentations du monde nous font oublier la transcendance au profit des buts proches du moi, bons ou mauvais.

Pour moi la connaissance et l"exercice" ce que j'appelle pratique doit etre quotidiens dans les petites choses comme les plus ardues (contacts avec les autres, émotions...) C'est ainsi que l'on peut progresser. Et je n'oublie jamais qu'avoir une illumination n'est pas etre "éveillé"
Je crois avoir dis sur un autre post que j'ai été baptisée catholique, ensuite je suis devenue protestante en me mariant...mais sans avoir approfondi ces deux branches de la chrétienté,
Lors d'un séjour assez long au Japon pour le job de mon époux, je me suis beaucoup intéressée à la beauté des temples zen et aux jardins japonais...puis à la cérémonie du thé. J'ai fait un séjour de deux mois dans un temple en assistant à toutes les cérémonies avec les quelques moines qui y vivaient. Première initiation au bouddhisme qui m'a complètement secouée, une espèce de chaos créateur. Mais j'étais très jeune...et la vie, les enfants et le travail en France ont repris le dessus.

Beaucoup de lectures pourtant..la Bhagavad Gita, Karlfried Graf Durckheim, les mystiques chrétiens....presque tout le temps, les voies soufies "Jalalyyah (voie de la rigueur) ou Jamaliyyah(voie de la Beauté) m'ont beaucoup intéressée lorsque après beaucoup de souffrance, j'ai décidé de divorcé après de longues années de mariage. Une psychothérapie faite à ma demande m'a aidée et avec une amie musulmane j'ai passé huit jours en Turquie chez des soufis.

Mais j'avais toujours "Dieu" qui dans mes réflexions ne passait pas...et je n'avais jamais quitté ma ligne bouddhiste du début...en allant dans un temple zen en France;j'ai donc repris le chemin en approfondissant cette voie. En 2003,j'ai rencontré et cela ne pouvais pas etre autrement...celui que je considère comme mon "miroir"...un Maitre tibétain que je rencontre tous les ans depuis lors au Népal. Ce n'est pas un Rinpoché connu, comme beaucoup de grands Lamas qui donnent des enseignements dans des "tours du Monde" américains ou européens...

J'ai appris pendant ce trajet, depuis toutes ces années l'humilité, la patience et de plus en plus le non-attachement. Tout ce qui m'iritait il y a quelques années me laisse presque indifférente, les obstacles me font lacher-prise car je sais maintenant ce qu'est l'impermanence...et que deux jours après les choses seront différentes. J'ai aussi gagné quelque chose que je n'attendais pas, une liberté totale qui m'a rapproché de la Nature...qui me rend au centuple.
Je vis ce que le Zen appelle l'idée de "mushotoku" "sans but ni esprit de profit" donc l'acte pour l'acte,la concentration totale dans l'esprit du moment. Le zen en sanscrit est Dhyana = méditation.
J'ai encore tant à apprendre...
blabla
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Message par _Hamza Muslim Dim 29 Mai 2011 - 15:59

Merci Lila et Maya pour vos magnifiques interventions !

Les oeuvres d'auteurs traditionnels (Guénon, Valsân, Gilis, etc.) ou traditionalistes comme Lings, Burckhardt, Schuon, Evola (en dehors des aspects politiques qu'il développa), Coomaraswamy, etc. ont pu balayer le chemin des obstacles (im)posés par le monde moderne, concernant les cheminements spirituels. Ils sont d'une grande aide pour se débarrasser des pollutions qui encombrent le corps et l'esprit !


Les trois moments de la critique guénonienne du monde moderne

Article placé le 14 juil 2009, par Mecanopolis

Par Jean Borella

Une société est en crise, non quand elle connaît des tensions internes ou des agressions externes, mais lorsque les institutions et les règles qui la constituent et qui sont chargées d’assurer la vie du groupe humain représentent elles-mêmes une source de difficultés et s’opposent à la satisfactions des besoins auxquelles elles devaient répondre.



L ‘état de crise survient pour deux raisons majeures : d’une part les principes ou valeurs qui inspirent les institutions perdent leur force et leur évidence à mesure que le temps s’écoule ; d’autre part et corrélativement, toute structure institutionnelle ou juridique tend à se durcir et à engendrer des structures chargées de remédier aux défauts des structures premières. La force propre de la loi est en effet inversement proportionnelle à la force intrinsèque du principe, c’est-à-dire à son immanence dans le cœur et l’intelligence des hommes quand ils se soumettent spontanément à la norme. Au paradis terrestre la règle ou la loi est presque inexistante et l’immanence de la norme dans l’être adamique est presque totale. Mais, par le péché originel, l’homme a perdu la grâce de cette immanence, alors la société institutionnelle devient nécessaire afin de combler la perte de cette grâce par la contrainte de l’obligation légale. Et comme la chute se continue jusqu’à épuisement des possibilités les plus inférieures de l’état terrestre, la société est forcée d’accroître les contraintes obligatoires. Les lois prolifèrent, tachant, sans y parvenir, de combler par leur démultiplication réticulaire le vide de plus en plus béant qu’engendre l’effacement des principes dans le cœur humain. Or, avec les règlements prolifèrent aussi les contradictions qu’ils soutiennent entre eux. Vient le moment où les contradictions propres au système institutionnel l’emportent sur les satisfactions qu’il devait procurer. Toute l’énergie sociale s’emploie à remédier aux défauts du système et non plus à répondre aux besoins permanents de la vie des hommes. C’est alors que la société est en crise.

Il résulte de cette mise en place du concept de crise trois conséquences essentielles. La première est qu’une crise est toujours interne à une société donnée. Les événements extérieurs, cataclysmes et guerres, peuvent la détruire complètement, ils n’ont pas de signification pertinente relativement à l’état de crise. De dures conditions de vie peuvent même, par la simplification qu’elles imposent, favoriser la guérison d’une société malade et l’aider à retrouver le sens de l’essentiel. La deuxième conséquence est qu’une crise est aussi un jugement. C’est d’ailleurs le sens du mot Krisis en grec, qui signifie également : triage, choix, discrimination. C’est une sorte de jugement

immanent : la société en crise révèle nécessairement la vérité sur elle-même. Le voile des illusions se déchire parce que le mensonge des intentions est des prétentions déclarées se révèle insoutenable. En sorte qu’il devient de plus en plus aisé d’y voir clair, si du moins on dispose de la lumière doctrinale qui permet de faire accéder la simple contradiction des faits à la vérité de l’intelligible, car le sens de l’histoire ne se donne jamais tel quel et demande toujours à être déchiffré et reconnu. Enfin, troisième et dernière conséquence, la crise, envisagée en elle-même, se produit lorsque les tensions équilibrées que la société avait établies entre ses principes inspirateurs et ses règles instituées se transforment et s’activent en conflits, comme si la dialectique du Ciel et de la Terre, de l’Amour et de la loi, de l’inspiration et de la discipline, comme si cette dialectique devenait folle : les principes ne portent plus la loi, son joug se fait plus lourd sur le front des hommes révoltés, en même temps que sa force se dilue dans la proliférations des prescriptions.



René guénon, alias Abdul Whalid Yayhia


Les trois moments de la critique guénonienne du monde moderne

Chose remarquable, on constate que ces trois conséquences correspondent exactement aux trois axes de la critique guénonienne du monde moderne. Cette critique en effet, s’est exprimé

essentiellement en trois ouvrages : Orient et Occident en 1924, La crise du monde moderne en 1927, Le règne de la quantité et les signes des temps en 1945. Chacun de ces ouvrages est construit sur une opposition : opposition, dans l’espace, de l’Orient et de l’Occident, opposition, dans le temps, du monde traditionnel et du monde moderne, opposition, dans l’être, de la qualité ou essence et de la quantité ou matière.

Or, l’opposition dans l’espace de l’Orient et de l’Occident a pour objet de rendre évidente la nature interne de la crise Occidentale : l’Orient vit dans l’équilibre et l’harmonie des principes régissant immémorialement la vie humaine. Tout y est en ordre parce que chacun occupe la place à laquelle le destine sa nature. Au contraire, l’espace occidental est un espace brouillé, dérangé, désordonné. La société occidentale ne doit chercher qu’en elle-même, dans ses contradictions internes, les causes de ses difficultés. Nul danger extérieur ne la menace. L’espace oriental ignore l’espace occidental et c’est plutôt l’Orient qui doit craindre de voir son propre espace tout entier envahi par l’Occident.
Le deuxième ouvrage, La crise du monde moderne, bâti sur l’opposition temporelle entre un passé traditionnel et une modernité antitraditionnelle correspond à notre deuxième conséquence : toute crise est un jugement, elle est la vérité du moment cyclique qui se fait jour, celui où les tensions internes ont eu suffisamment de temps pour développer entièrement leur nature de contradictions potentielles et la rendre effective. Or, comment ce passage de la tension à la contradiction est-il possible, sinon par l’apparition d’un déséquilibre entre les tendances dont les oppositions s’annulaient dans l’unité synthétique d’un équilibre ?

L’édifice social ne peut alors que s’écrouler, de même que s’écroule la voûte de l’église, si la poussée qu’exerce l’une des moitiés de l’arcature l’emporte sur l’autre. Cette image est d’autant plus exacte que le déroulement du temps s’effectue comme le parcours d’un cycle dont l’origine se situe dans le principe divin et dont le mouvement consiste au fond à épuiser successivement toutes les possibilités d’éloignement à l’égard de ce principe. Il arrive donc un moment où la force sattvique d’attraction que le Principe exerce sur les réalités manifestées cesse progressivement de prévaloir sur la force tamasique d’éloignement, ces deux forces agissant en sens contraire sur le diamètre rajasique de la roue cosmique afin de la faire tourner. Alors son mouvement s’accélère de plus en plus, la forme sattvique freinant de moins en moins l’attraction vers le bas. Mais, bien évidemment, la roue cosmique s’immobilise lorsque sattva devient nul. Tel est le schéma général de la doctrine cyclique que Guénon expose précisément au 1er chapitre de La crise du monde moderne, chapitre intitulé d’ailleurs l’Age sombre, c’est-à-dire, en sanskrit, l’Age kali. A la vérité, le mot kali signifie bien la couleur sombre ou noire, lorsqu’il est écrit avec un a long. Mais, dans l’expression kâli-yuga, on le trouve le plus souvent écrit avec un a court, et il signifie alors « l’âge des conflits », époque où toutes les contradictions s’avivent et deviennent destructives, ce qui répond très exactement à la deuxième conclusion de notre analyse initiale.

Avec Le règne de la quantité et les signes des temps, ce qui était un schéma cyclique général, donc envisagé, selon la dimension temporelle, est maintenant considéré du point de vue des principes cosmologiques qui régissent notre monde et tout ce qu’il contient. Tout se passe comme si les deux descriptions précédentes selon l’espace et selon le temps se combinaient pour aboutir à une description générale, faite cette fois du point de vue de l’être, et sous l’éclairage doctrinal le plus élevé. Cet éclairage est celui que fournit la dialectique du pôle essentiel et du pôle substantiel de la Manifestation universelle, et plus particulièrement de la forme et de la matière, ou de la qualité et de la quantité, qui en sont l’expression au niveau humain. Cette dialectique concerne tous les êtres, toutes les productions de ce monde et toutes les formes que peuvent revêtir les activités des hommes. C’est ici, croyons-nous, que Guénon a donné la mesure de son génie. Les deux ouvrages précédents, principalement le second, justement célèbre, renferment des analyses rigoureuses et convaincantes. Mais, d’une certaine manière ils ne sont pas sans analogue dans la littérature de l’époque. Si Guénon publie La crise du monde moderne en 1927, c’est en 1928 que Freud écrit Malaise dans la civilisation, en 1931 que Valéry publie Regards sur le monde actuel et Bernanos La grande peur des biens-pensants, enfin en 1935 que Husserl publie La crise des sciences européennes, pour ne citer que quelque uns des ouvrages où s’exprime la conscience vive d’une impasse pour toute la civilisation occidentale. Certaines de ces études ne sont pas sans mérite, bien que la manière dont Guénon traite son sujet dans ses deux premiers livres l’emporte déjà par sa rigueur intransigeante, par sa maîtrise intellectuelle et une puissance synthétique peu commune. Mais dans le troisième, il offre à son lecteur des aperçus sur le temps, sur l’espace, les métiers, la monnaie, la solidification du cosmos physique, les modes idéologiques, etc., qu’à notre connaissance on ne rencontre nulle part ailleurs. Ce livre est vraiment le couronnement de son œuvre critique.

Signification et fonction de la critique de Guénon

Après avoir mis en place le concept de crise, nous avons rappelé les trois moments essentiels de la description qu’en a donnée Guénon relativement au monde moderne, nous efforçant d’en rendre la cohérence manifeste. Mais cette critique n’est pas de l’art pour l’art, ou de la science pour la science. Si magistral et si impressionnant qu’en soit le tableau, il a une signification et une fonction bien précises sur lesquelles il convient maintenant de nous interroger. Au demeurant, quel intérêt y aurait-il à répéter les analyses guénoniennes ? Elles sont connues et l’on ne peut qu’inviter à s’y reporter. Si notre propre discours a un sens, ce ne peut être que dans la mesure où il se demande ce que peuvent être la signification et la fonction d’une critique de la société actuelle. Demande plus difficile qu’il n’y paraît et que la seule théorie est sans doute impuissante à satisfaire.

La première réponse qu’on puisse apporter à la question posée, c’est que la critique de Guénon est un combat. Le Sheykh Abd El-Wahid n’est pas un sociologue s’abandonnant aux charmes de ses constructions théoriques, c’est un pourfendeur d’idoles. Le but poursuivi n’est pas mince et il est d’ailleurs avoué : il s’agit de faire disparaître le monde moderne. Il écrit, dans les dernières pages de son deuxième livre, cette phrase extraordinaire : « si tous les hommes comprenaient ce qu’est le monde moderne, celui-ci cesserait d’exister ». Et certes l’auteur ne poursuit d’autre fin que de nous amener à cette compréhension. A cet égard, la dernière phrase du livre résume tout son contenu en même temps qu’elle assigne au lecteur de bonne volonté la tâche qui désormais lui incombe et l’espérance qui l’anime ; il s’agit de l’antique devise initiatique : « Vincit Omnia Veritas ». Devise qui convient d’abord à un ordre de chevalerie. La vérité, ici, n’est pas envisagée comme le repos de l’intelligence dans la paix de l’être, mais comme une arme, et même comme la seule arme victorieuse.

Il semble que cette partie de l’œuvre guénonienne ait fait l’unanimité. Même ceux qui refusent la doctrine métaphysique ou les thèses sur la Tradition primordiale reconnaissent volontiers que ce combat, Guénon le mena de main de maître. Aussi bien y-a-t-il toujours quelque chose de réjouissant dans un jeu de massacre : les idoles ne sont vraiment plaisantes que renversées. Toutefois, et plus particulièrement sur ceux qui ont adhéré véritablement à l’œuvre de l’iconclaste, l’effet d’une telle critique n’est probablement pas sans danger. L’unanimité des adhésions repose peut-être ici sur quelques malentendu. C’est ce que nous devons examiner, du double point de vue, objectif et subjectif, et, bien entendu, sans récuser la nécessité et la salubrité d’une telle critique, car, sur qui l’a comprise, les prestiges de la modernité sont sans pouvoir.

Du point de vue objectif, il s’agit de savoir si les discriminations ou les oppositions radicales que formulent Guénon répondent toujours à la nature des choses. Assurément, une certaine simplification est inévitable en la matière, surtout au regard de l’importance de l’enjeu. Mais il ne faut pas non plus tuer le patient à force de remède. Ainsi de l’opposition à peu près absolue que Guénon établit entre l’Orient et l’Occident. Sans mettre en question la supériorité intrinsèque de la contemplativité orientale, il est permis cependant d’observer que l’Orient comporte aussi ses imperfections et ses manques, et nous n’en citerons qu’un seul exemple, exemple qu’aucun guénonien ne saurait contester : c’est un fait que la quasi-totalité des hindous croit, dur comme fer, à la réincarnation, qui est, pour Guénon, une hérésie métaphysique ; c’est un autre fait que la quasi-totalité des chrétiens n’y croit pas, et donc que sur ce point ils se situent à un niveau doctrinal supérieur à celui des orientaux. D’une manière générale , on a l’impression que, dans cette comparaison entre l’Orient et l’Occident, tous les orientaux sont de purs shankariens, adeptes du Vedânta le plus élevé, tandis que les occidentaux se situent, dans l’ensemble, au niveau de l’exotérisme le plus obtus, et, dans le meilleur des cas, au niveau le plus irrémédiablement onto-théologique. C’est évidemment insoutenable. Le Vedânta shankarien n’est que l’une des cinq écoles que l’on distingue traditionnellement dans l’interprétation du Védânta. Et le courant néo-platonicien, d’Origène, de S. Augustin, de S. Denys l’Aéropagite à S. Anselme, S. Alber le Grand, Maître Eckhart, Thomas Gallus, Nicolas de Cues et même S. Thomas d’Aquin, a illuminé beaucoup d’esprits.

En outre, dès lors que cette critique et ce rejet de l’Occident s’adressent à des occidentaux, ne risquent-ils pas de les désespérer sur eux-mêmes et sur les possibilités que leur offre leur propre tradition ? Guénon ne tire-t-il pas d’une main ce qu’il donne de l’autre ? Nous voici conduit par là au deuxième point que nous voulions examiner.

Il s’agit d’apprécier les effets subjectifs qu’une telle critique ne peut manquer d’avoir sur ceux qui en prennent connaissance. Assurément, nous l’avons dit, elle est en mesure de libérer nos intelligences et de les guérir. Mais, il faut bien l’admettre, elle place aussi son lecteur dans une situation quelque peu étrange, ce qui, du reste, ne tient nullement à Guénon lui-même, mais à la nature de toute critique de la modernité, et ce dont il convient de prendre conscience.

Toute critique est un savoir de l’illusion. Mais le savoir de l’illusion n’équivaut pas à sa disparition. Certes, le monde moderne disparaîtrait si tous les hommes en apercevaient la vraie nature. Mais cette supposition ne se réalisera pas. Seul, un petit nombre d’esprits entreront dans cette connaissance. Et c’est justement pourquoi cette connaissance est aussi redoutable que salvatrice. Entrer en possession de la vérité, fût-ce dans un domaine aussi contingent que les erreurs de la modernité est un bien inestimable. Mais le monde dont on est alors irrémédiablement et définitivement séparé, continue d’être ce qu’il était. Le regard que nous jetons sur lui ne le réduit pas en cendres. Les idoles semblent se rire de nos lucidités. Grande est la force du présent, inlassablement attestée à chaque minute de notre vie, alors que s’effacent l’un après l’autre, les signes du Transcendant dont la Tradition nous avait miséricordieusement entourés.

Nous introduire dans le savoir du Kâli-yuga, c’est assurément nous protéger, mais au moyen d’une clôture invisible et immatérielle. C’est en nous-mêmes qu’elle est dressée, tandis que notre vie quotidienne et extérieure continue de se dérouler au milieu des impies.



Du bon usage spirituel de la critique guénonienne

On voit bien que le savoir de la modernité, comme tout savoir authentique mais théorique, ne déchire le voile de Mâyâ qu’au regard de l’esprit. Et peut-être n’a-t-on pas suffisamment remarquer l’analogie profonde qui unit la voie de la discrimination métaphysique entre le Réel et l’illusoire, et la voie de la critique de la modernité qui délivre l’esprit des erreurs de l’actualité. Au vrai, la seconde n’est que le prolongement de la première, ou plutôt elle n’en est qu’une application rendue nécessaire par le malheur des temps. Telle est la vraie signification de cette critique qui se présente comme le premier moment d’un jnäna-yoga dont les siècles anciens n’avaient sans aucun doute aucun besoin

Mais alors il en résulte qu’elle ne saurait avoir sa fin en elle-même. Hélas, c’est pourtant ce que nous sommes presque invinciblement entraînés à oublier, d’une part parce que l’effort requis pour une telle prise de conscience est déjà considérable, et d’autre part , parce que la lucidité conquise nous installe dans une situation de supériorité à l’égard de tous les aveugles subjugués par le Baal Modernité ; elle nous offre même la satisfaction suprême de pouvoir nous considérer légitimement comme des martyrs de la cause traditionnelle. Et de cela, nous n’avons que trop tendance à nous suffire dans la colère et l’amertume cent fois remâchées. Nous ayant éveillés à la conscience de la misérable indigence du temps présent, la critique guénonienne nous permet de mesurer, à la petitesse de ce qui nous reste, la grandeur de ce que nous avons perdu. Et cette conscience est déjà, par elle-même, un tel prodige, qu’elle peut combler notre besoin de vérité. D’autant que la modernité n’est pas avare de décadence, ravivant constamment notre sens critique, provoquant à plaisir notre bile prophétique et nous conduisant peu à peu à perdre de vue l’essentiel. Quand, dans la paix d’une civilisation traditionnelle, un homme entreprend le voyage de l’Esprit, et qu’il cherche à se déprendre de l’illusion d’un monde qui se donne pour la seule réalité, ce qui demeure une fois traversé le voile de Mâyâ, c’est Atma, le Soi divin.

Lorsque l’homme d’aujourd’hui entre dans la connaissance du monde moderne, ce qui reste, quand il a traversé l’illusion de la modernité, c’est encore le monde. Et trop souvent, oubliant que le voyage n’est même pas commencé, et qu’il faut laisser les morts enterrer les morts, nous retournons vers cette modernité que nous venons de quitter pour l’accuser encore. Craignons alors, comme la femme de Lot fascinée par Sodome et Gomorrhe sous le soufre et le feu, d’être pétrifiés en statue de sel.

On le voit, le bon usage d’une critique de la modernité est moins évident qu’il n’y paraît. Pour nous en avertir, il suffit du reste de rappeler cette étonnante parole du Prophète Muhammad : « N’insultez pas au siècle , car le siècle lui-même est Dieu ». Autrement dit, ce qui nous est demandé, c’est un effort de discrimination objective et subjective : rejeter l’erreur sans haïr les hommes. Ce monde dont nous refusons les mensonges et les impostures, implacablement, c’est aussi le nôtre, c’est le temps de notre vie, celui que Dieu nous a donné pour notre bonheur et notre sanctification.

Il nous faut donc, pour conclure, intégrer la critique de la modernité dans la voie spirituelle et tenter de définir ce que pourrait être une spiritualité de la critique. Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible d’échapper à l’illusoire suffisance d‘une critique de l’illusion.

Le premier point qu’il faut souligner, c’est que le combat mené est celui de la vérité. Si, par son premier terme, la devise que Guénon nous a conférée réfère à la chevalerie, par son dernier terme, veritas, elle référe au sacerdoce. Si la vérité vainc tout, ce n’est pas qu’elle soit plus forte, c’est qu’elle dépasse toute opposition et tout plan d’existence. Elle les dépasse sans avoir d’effort à fournir, par elle-même et la simple réalité de son essence. C’est nous, serviteurs inutiles de la vérité, qui combattons. La vérité ne combat, elle est la victoire. Et c’est pourquoi aussi la critique guénonienne ne ressemble à aucune autre. On pourrait objecter, en effet, que dans un monde en crise, donc en conflit, cette œuvre n’est elle-même que l’une des forces en présence et donc quelle accroît le désordre. Mais cela n’est pas, car elle ne situe pas sur le plan même où s’affrontent les combattants, mais perpendiculairement, comme l’éclair jaillissant du Ciel. Et sans doute est-ce cela que la doctrine évolienne n’a pas compris. Nous n’avons aucun tigre à chevaucher. Nous n’avons pas à descendre dans l’arène, et ne serait-ce que pour la simple raison que, de toutes manières, nous y sommes déjà. Bref, Guénon ne nous enrôle sous aucune bannière. Mais nous avons d’abord et avant tout à faire exister la vérité en nous-mêmes, dans notre intelligence. Le combat que nous menons est contre nos propres ténèbres. Par le simple fait que la lumière se fait dans un esprit, le monde moderne tout entier vacille.

Le deuxième point est que la critique de la modernité nous instaure prophètes du présent. La lumière que nous recevons par elle et sous laquelle seule les figures de la modernité se révèlent pour ce qu’elles sont, nous situe d’emblée dans l’axe de l’origine. Elle nous ramène spéculativement à l’aube du temps, là où repose la vérité de l’être.

Contemporains, par la connaissance, du commencement éternel, établis dans l’invariable permanence du Principe, nous contemplons en même temps le déroulement du cycle dans l’épuisement de ses dernières possibilités. Du même coup nous sommes libérés des surprises du vivace aujourd’hui. Par une conséquence qui n’est paradoxale qu’en apparence, d’apercevoir le surgissement du présent dans la lumière intemporelle de l’origine, nous le rend intelligible et familier, parce que nous en comprenons le sens et la raison d’être. Notre refus de la modernité ne résulte ni de la haine ni de l’ignorance

Mais le troisième point est le plus secret et le plus intérieur. Toute voie spirituelle est retour à l‘Origine, remontée du temps, réminiscence, au cœur même du devenir dont nous sommes le fruit, de l’acte créateur par lequel Dieu nous enfante. C’est à quoi nous initie la critique de la modernité en opérant la conversion de toute notre âme, en rééduquant en nous un esprit, une sensibilité, une mémoire, un sens du réel et de la beauté à nous-mêmes ignoré, en désenfouissant l’homme nouveau hors des sédiments du présent, en nous offrant le pressentiment de l’homme verdoyant dans sa grâce originelle.



La critique que Guénon a faite de la modernité est elle-même un signe des temps. Sa vérité est telle qu’elle a rompu, pour beaucoup de ses lecteurs, les charmes les plus puissants des idoles quotidiennes. Mais si nous voulons qu’elle soit autre chose qu’une idéologie de rejet face aux idéologies d’acquiescement, autre chose qu’une amertume lucide au milieu des enivrements ténébreux, nous devons la laisser nous enseigner sa vérité profonde qui est de nous restituer à notre enfance la plus transcendante.

Jean Borella

Source : http://www.mecanopolis.org/?p=8661

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Message par maya Dim 29 Mai 2011 - 16:19

J'ai reçu ceci d'un ami bouddhiste hier...C'est très intéressant mème si je ne suis pas d'accord sur tout, par exemple l'évolution. Beaucoup de références à des livres ésotériques anciens de toutes les religions...un dévoilement de ses expériences d'éveil...

Mais prenez le temps de l'écouter.

Cela dure plus d'une bonne heure, mais les références que donne Marcel Messing sur l'éveil vers l'Unité etc....je suis d'accord à 100/100.
https://www.youtube.com/watch?v=nmMyqgJvebQ

Marcel Messing était antropologue, et a travaillé dans une grande bibliothèque aux Pays-bas où sont conservés beaucoup de manuscrits anciens comme l'Enfer de Dante et autres je crois (voir sur wikipédia) Je ne le connaissais pas...et vous ???? blabla
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