Les couleurs de la nuit

[Dari]

Je contemple le bleu noir des infinis vides
Dessus le roc d’airain marqué d’une fêlure
Les couleurs de l’hiver font les pensées livides
Plus sauvage est le vent plus froide est la morsure

Le monde est-il infâme ou est-il merveilleux
Un regard subjectif crée le fond de l’image
Juger de l’existence est assez périlleux
Quand nous évoluons tout au long du voyage

Aujourd’hui nous savons le fruit de nos erreurs
Fruit de la connaissance du mal et du bien
La vitesse du sol énergie des langueurs
Fait le rêve immobile où il n’arrive rien

Nous prions quelquefois la déesse des ombres
Kali fait la danse des rats et des serpents
Sceptiques et curieux nous scrutons les lieux sombres
Le hasard de la roue se fait à nos dépens

Mais nous ne croyons plus aux magies telluriques
Nous devenons des corps abandonnant leurs âmes
Puisque déjà la mort emplit nos vœux christiques
Éros est la folie que dans un cri tu clames

Nous chevauchons la braise et l’encre et le satin
Mélangeant les métaux précieux et les mensonges
Et en se réveillant le lendemain matin
Nous gardons la poussière étoilée de nos songes

Si nous pouvions rester auprès de nos pénates
Au lieu de rechercher ailleurs la quintessence
Demeurer sereins en composant des sonates
Effleurer d’un violon la pâle efflorescence

Les couleurs de la nuit font les pensées légères
Feu de l’absence offrant à nos sentiments graves
L’éternel aliment des amours éphémères
Sanguine ambiguïté de tendresses si suaves

Passion folie stupeur : illusion du remord
Le stupre est une drogue où perdent les plus sages
Le plaisir un grand loup qui sans arrêt vous mord
Dont nos adorations sont les reflets sauvages

Nous mûrissons toujours en contemplant le gouffre
En vaquant dans le vide ainsi que des rapaces
Aérienne errance où malgré tout le cœur souffre
Nous tremblons d’émotion malgré nos carapaces

[Cochonfucius]

Magnifique !

[gaston21]

Oui, nous mûrissons toujours, à en devenir blets, avant le gouffre... Très poétique!