Danses polonaises
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Danses polonaises
I
Dans les rues des maisons de briques
Avec des fleurs, sur le rebord,
En suivant du vent la rythmique,
Sous l'éclat du soleil du Nord.
J'irai réveiller les bruyères
Qui dormaient encor sous la neige.
Fugace élan de la lumière
Qui se répand sur ce manège.
Au Nord, des visions d'infini,
Mes yeux crevés pleurant des villes,
Des forêts, des vallées, des nids,
Dans la nuit de jais qui défile.
La douleur, la beauté, les cendres
Couvrent le parvis gris des places.
Boulevards où tout est à vendre
Et clochards au pied des palaces.
Nord : violons de mélancolie
- Toujours la mort, l'exil et l'art -
Tremblant au corps de la folie
Sans cesse encensée du départ.
Loin des langueurs d'Andalousie
Et des chaleurs de la Toscane,
De Thor tonnerre ô jalousie
Tintant sur ma chanson profane.
Au Nord, nous irons sans contrainte
Arpenter le ciel et la terre,
Buvant l'espoir, cette âpre absinthe,
Tout en longeant le cimetière.
Ici, marche, chante et respire,
Sous la foudre hyperboréenne.
Un peu de givre que j'expire
Aux façades marmoréennes.
Jusqu'à la cime et jusqu'au jour,
Sentinelle encor en éveil :
La légende, la mort, l'amour
Et le goût sucré des groseilles.
II
Dans tes yeux bleus, je vois le soleil et la mer
- Un éclat de lumière au fond de mes abysses -
J'aperçois l'interstice avant se trahisse
De l'horizon lointain le secret trop amer.
J'ai suivi des années le mouvement des flots
Pour enfin retrouver la ligne et l’archipel.
Résonnant dans mon cœur ce lancinant appel
Auquel j'ai répondu par des marées de mots.
Ampleur toujours nouvelle, et flamme toujours vive,
La chanson répétée dans tous les ports du monde,
Hymne des marins sur le tranchant de la fronde :
Puissance océane ou nostalgie de la rive...
Mais suis-je encor vivant, loin de tes jolis yeux ?
Vitesse, ivresse, rien ne me fait oublier
La douceur de tes bras, je ne peux délier
Le serment de t'aimer, malgré la mort des dieux.
Dans tes yeux bleus je vois cette eau presque turquoise
Où plonger pour ne plus penser à l'existence.
Abolir le malheur, la peur et la souffrance,
Avant de disparaître effacer mon ardoise.
Je suivrai des courants menant au crépuscule
Vers des lieux inconnus - je trouverai de l'or,
Que je ferai fondre au brasier de l'athanor -
Ô trésors de l'esprit, sous un ciel qui recule.
Je t'offrirai la pluie, les fleurs, le feu, le vent,
Sous le chant du sorcier tu deviendras déesse.
Je bâtirai la ville où tu seras princesse,
Par-delà les déserts et leurs sables mouvants.
Mais l'aube, déjà l'aube, aspirant mes chimères,
Rejette ces vaisseaux sur le blanc du rivage.
Avant l'effondrement, j'aperçois ton visage.
Dans tes yeux bleus je vois le soleil et la mer.
III
Perdu dans la nuit polonaise,
Sous la musique assourdissante.
Glacée la pente est plus glissante
Mais plus vivante aussi la braise.
Mélancolie de mon exil,
Arraché au creuset du rêve.
Ah, que cette existence est brève
Mais que cette berge est tranquille.
Ici, nous avons peine à croire
Qu'existe la fureur du monde.
Dans l'antre où le silence abonde,
Toute puissance est dérisoire.
J'entends des langues inconnues
Qui relient le sable et le gel
Mais, hélas, rien n'est éternel,
Notre amour brûle dans les nues.
Alors je sors, ou je m'évade,
Dans les plaines de l'harmonique,
Et, coupant court au pathétique,
Je vais m'enivrer dans un rade.
Sur les avenues nous errons
Puisque ici tout est vacuité.
Je ressens avec acuité
L’absurdité - mais nous verrons
Les magiques cités du Nord,
Au-delà du désert aride -
Un peu de beauté dans le vide :
L'amour, la poésie, la mort.
IV
La splendeur automnale où vibre notre exil
Fait le tapis du sol aux feuilles mordorées.
Le ciel appelle encor à ses rayons dorés
Les derniers souvenirs de l'été dans la ville.
Nous mourons, chaque instant - chaque envolée du rire
Est un ultime éclair illuminant les gouffres,
Un vin réparateur pour le vivant qui souffre -
Mais un soupir d'extase est toujours un soupir.
L'espoir tord mes boyaux, venin qui se répand
Aux couloirs de douleur, qui gonfle mes artères.
L'espoir se tait soudain, aux confins des Enfers,
Demeure un chant de pluie, de misère et de sang.
Fureur de l'existence épanchée sous la plume,
Nous repartons vers l'est, et vers nos origines.
Parfum de dryade, ombre, étoile, encre de Chine
Alimentent l'éclat des torches que j'allume.
L'angoisse a dévoré les bijoux et les chaînes,
Némésis a planté ses dents dans mon échine.
Attiré par la rose, et meurtri par l'épine,
Le faune est resté là étendu dans l'arène.
Que reste-t-il alors de rêve et de tendresse ?
Les valeurs aujourd'hui sont parquées dans les banques.
Le poète a rêvé de fusils et de tanks
Et il s'est réveillé sans que le canon cesse.
Mais le Nord - merveilleux, lugubre, sans pareil -
Électrise mon corps et fait trembler les feuilles.
Une prière à Thor fait fondre le cercueil
Et mon âme renaît comme un essaim d'abeilles.
Car ici la beauté, sereine dans l'épure,
Suture les pensées dans l'ombre des parages.
Dans l'écorce, je vois des milliers de visages :
Aux nuits bleues, le vent froid semant un peu d'air pur.
V
Petit oiseau rêveur au fond de cette cage,
Enchaîné au rocher, petit oiseau sans rage,
Du fond de ta prison tu rêves de voler.
Autour de toi, l'arène envahie par les fauves
Est rouge de ton sang noirci sous des cieux mauves,
Vers ce temple où le bonze a voulu s'immoler.
Le temps coule aux parois, phénomène hémophile,
Sous la pluie froide et lourde aux gouttes volubiles
Et détruisant les fleurs, à même le jardin,
Le feu a consumé les espoirs et les rêves.
Les armées ont marché, à la fin de la trêve,
Sur la cité brûlant du soir jusqu'au matin.
Petit oiseau blessé, tes cris sont de l'acide,
Ton jardin de lumière est devenu aride
Sous le poids des années, des passions et des guerres.
Petit oiseau, le vent ne t'entend plus chanter,
Proclamer le bonheur d'un soleil inventé
Dans les neiges glacées sur un chemin de terre.
Quel sort saura briser les barreaux de ta cage,
Redorer les blasons ternis par le saccage
De tes chants innocents, qui depuis se sont tus ?
Qui saura réveiller le parfum de tes fleurs
Et faire reculer cette hydre du malheur,
Faire encor s'envoler l'oiseau qui s'est perdu ?
VI
Sous le brouillard du Nord, et loin de tout rivage,
Longtemps après avoir dépassé la frontière,
La fleur qui pousse encor dans la toundra sauvage
Apparaît plus jolie, plus noble, plus altière,
Et semble épargnée par le temps et ses ravages.
Ce n'est qu'une illusion - pourtant, je veux y croire -
Ne me réveillez pas, laissez-moi ce mensonge,
Source de beauté à laquelle je veux boire.
Loin des vieilles prisons, la liberté du songe
Est ma seule richesse au sein de la nuit noire.
Par ici, la végétation se raréfie,
Mais cette fleur unique en est plus enivrante.
Je tourne le dos au monde qui s'édifie
Sur le terreau pourri des envies luxuriantes.
Dédaignant le soleil, comme on jette un défi.
Je sens ton éclat noir sur cette neige blanche,
Un peu de sang durci, qui se répand par terre.
Toi déesse sans nom, reine, flèche ou pervenche,
Criblant mon cœur abandonné de ta lumière,
Chatoyante égérie perchée sur cette branche.
Nord toujours : tes yeux clairs, et ta peau si diaphane,
Prendraient ma raison si ce n'était déjà fait.
Culte de ta splendeur, ô cet aveu profane :
Je dormais quand j'ai cru que tout était parfait.
Même la fleur de l'âme au vent mauvais se fane.
Un éclair, une éclipse, un instant de douceur,
Silencieuse extase au roulis du déluge.
Dans l'ombre de satin, tu es comme une sœur,
Tes cheveux la rivière, et ton rire un refuge.
Une énigme : du frêne en feu, tu es la fleur.
VII
Étoile de mes nuits, fardeau de mes journées,
Force inconnue qui sourd du fond de mon errance,
Illuminant ma vie, justifiant la souffrance,
Relevant au levant mes folies ajournées.
Je suis encor ici, mais pour combien de temps ?
Et pour quelle raison ? Cela a-t-il un sens ?
Consumant mon essence en cette danse intense,
Mélancolie mêlant l'automne et le printemps.
Nous roulons - fous furieux, de l'aube jusqu'au soir -
Sur des fils de lumière au long des autostrades.
Roulements de guitare aux modernes dérades,
Vers la mort aiguillés par notre désespoir.
Cette musique est flamme - orage, cri, cyclone -
Détruisant le miroir et brisant la frontière.
Sirocco rugissant qui fait trembler les pierres,
Notre chant, la révolte au-milieu de la zone.
Parmi les rats, les poux - sous les fumées chimiques,
Marchant dans les gravats - sous le fracas des bombes,
Asphyxiés, décharnés, nous enjambons les tombes,
Angoisse qui nous rend rageurs et anémiques.
J'ai vu notre avenir - les larmes et les cendres,
J'ai vu le ciel violet gorgé de pluies d'acide -
Les terres cultivées devenues lande aride,
Ici, le désert croît, puisque tout est à vendre.
Dès lors, c'est à nouveau l'instinct de l'animal
Qui nous meut dans l'horreur, simplement pour survivre.
Horde de prédateurs par le sang rendus ivres
Et nous ne distinguons plus trop le bien du mal.
Je me réveille ici - il y a du rêve, encor -
Tout n'est pas englouti par cette ardeur insane.
Mais déjà, la beauté, camélia qui se fane,
N'est plus que l'illusion d'un sommeil indolore.
Il nous reste un instant de grâce, mon amour,
Un instant avant de sombrer corps et pensée.
Devant le courroux de la déesse offensée,
Nous tenons sans bouger le sommet de la tour.
Longtemps après la guerre, et l'ombre, et la furie :
Planète désertée depuis par les grands singes.
Un alien explorant se creusant les méninges
Dira - mais qui a pu provoquer ces tueries ?
Sans humains. Soudain, le silence est pathétique.
Plus d'or, plus de conflits, plus de bouquets de rage.
Espérons qu'il y aura pour unique héritage
De cette étrange espèce un rayon de musique.
VIII
Au-dessus des rebords du monde,
A chaque heure, à chaque seconde,
Coulent l'espoir et la douleur
Dans un déploiement de couleurs,
Au gouffre où le déluge abonde.
Des commerçants, des fous, des reîtres
Dans le jeu trouble du paraître
Tissent, sous toute latitude,
La toile de ma solitude
Qui va de fenêtre en fenêtre.
Ô voile, haubans, vergues, cordeaux,
Debout sur la proue qui fend l'eau,
Dans la fantaisie d'un voyage :
Emporté par ce vieux mirage
Qui fait s'esclaffer les corbeaux.
Exil, toujours, depuis l'enfance,
Mon verbe est l'écho d'une absence,
D'un vide impossible à combler.
Ce chant se déclarant d'emblée
Le reflet d'un profond silence.
Les idées vont, au compte-goutte,
Sur les stalagmites du doute
Former de jolies fleurs de givre.
Dehors, le vent, l'appel à vivre,
L'appel à poursuivre la route.
Il pleut des hymnes, des promesses,
Des cris de joie et de détresse,
Aux pavés des villes du nord.
La violence du froid qui mord
Ne fait pas faiblir cette ivresse.
J'avance en faisant des détours
Car mon errance est sans retour,
Vibrant d'amour et sans remords :
Sentant le souffle de la mort
Régnant sur l'ombre du séjour.
Je pense à toi, petit cœur noir
Gonflé par la crainte et l'espoir
Derrière une feinte allégresse.
Ta fragilité de princesse
Et ta fureur, vain exutoire.
Je pense à toi depuis l'abîme
Au bord duquel je peins mes rimes
Comme un moine une enluminure :
Palpitation de la blessure
Qui rendit la souffrance intime.
Des truands, des menteurs, des prêtres,
Jouant sur notre illusion d'être,
Font un royaume avec du sable.
Mais ici tout est périssable,
Alors, nous les envoyons paître.
Et si mon psaume est lamentable,
Ivrogne roulant sous la table
Avant les lueurs de l'aurore,
J'allumerai dans l'athanor
La faible bougie d'une fable.
Encor un peu, il faut tenir,
Ce chant qui ne veut pas finir
Se propageant comme la peste
Et, sur un coin du palimpseste,
Marque la cadence à bannir.
Puis, du luxe je me déleste.
Puisque les hommes se détestent
Et s'entretuent pour un peu d'or,
Je ne garderai sur le corps
Que le dernier joyau qui reste :
Talisman qui guide ma plume
Dans la tourmente et dans la brume,
Ardeur qui dirige mes pas
Vers quelque nouveau Kamtchatka,
Flamme qui toujours se rallume.
Au-dessus des rebords du monde,
A chaque heure, à chaque seconde,
Sous un déluge artificiel,
Soudain, s'élève un arc-en-ciel :
Gouffre que la lumière inonde.
Dari- Affranchi des Paradoxes
- Nombre de messages : 357
Localisation : ici et là...
Identité métaphysique : humain, trop humain
Humeur : la nuit sera calme
Date d'inscription : 13/04/2012
Re: Danses polonaises
IX
Soleil du matin sur ma peau
La fragilité du bonheur
Attirant ici les couleurs
La mélodie comme un appeau
Fait s'approcher les étourneaux
Douceur du verbe encor dormant
Rive où passent les nymphéas
Des faux-semblants que tu créas
Les reflets dans cette eau stagnant
Ce miroir que l'automne attend
Aux rayons d'un ciel bleu pervenche
La qualité de la lumière
Ici s'avère singulière
A la fenêtre où je me penche
Chantant la romance en romanche
Rêvant d'une voix sans frontière
D'une chanson sans profondeur
Mélodie simple de candeur
Rêvant d'une envolée solaire
Si fine qu'elle en soit légère
Attentif au poids des paroles
Cherchant l'équation la plus courte
Le vent qui fait bouger la yourte
Loin des cités et des idoles
Cherchant l'ivresse sans alcools
Aujourd'hui la mélancolie
Aux contours incommensurables
Achoppe une échappée jolie
Plutôt qu'un mystère ineffable
Un zeste de sirop d'érable
Et comme si de rien n'était
Poursuivons la mélodie brève
Sur le sable fin de la grève
Partition d'une fin d'été
Aux sortilèges du Léthé
Mon cœur tais-toi ne parle pas
Je sais ce que tu voudrais dire
Plus douloureux que le trépas
Ton couplet fou n'est que délire
Espoir impossible à prédire
Soleil du matin sur ma peau
La fragilité du bonheur
Attirant ici les couleurs
La mélodie comme un appeau
Fait s'ébattre les étourneaux
X
Dans la vaste forêt silence
Manège infime aux écureuils
Feuilles bruissant feu des couleurs
Calme profond dans les sous-bois
Amour je pense encore à toi
Faible énergie de la lumière
Assoupie au-dessus des cimes
Léger clapotis la rivière
Coule le long des berges bleues
Mauve est la lueur de tes yeux
Je ne sais pas chanter si fort
Que tu puisses m'entendre au loin
Sur l'horizon ce petit point
C'est l'étoile
Boréale
Minuscule idéale
Scintillant au matin
XI
Rêveurs, nous débridons les lignes d'avenir,
Ces tempêtes de l'âme où rien ne peut tenir
Qui n'ait d'abord connu la frayeur et l'extase.
Rêveurs, nous deviendrons des notes sur nos lyres,
Chinant aux avenues, traînant sous les zéphyres,
Dehors par tous les temps, légers comme est Pégase.
Devant la raison nue, l'expectative au singe
Butant sur l'horizon, cherchant, blanc comme un linge,
Émerveillé soudain par l'infini du ciel.
Devant cette oraison perdue pour tous les anges
Que la mélancolie fit pour toujours étranges
Perdu dans le cosmos au vent superficiel
Nous irons de Krakow à Florence et à Pise
Sentir sur notre peau le soleil et la bise
Avant que le tombeau garde tous ses mystères
Nous irons en bateau de Byzance à Venise
Goûter la douceur d'eau dont notre âme est éprise
Sous les pourpres fanaux du crépuscule éther
Soleil du matin sur ma peau
La fragilité du bonheur
Attirant ici les couleurs
La mélodie comme un appeau
Fait s'approcher les étourneaux
Douceur du verbe encor dormant
Rive où passent les nymphéas
Des faux-semblants que tu créas
Les reflets dans cette eau stagnant
Ce miroir que l'automne attend
Aux rayons d'un ciel bleu pervenche
La qualité de la lumière
Ici s'avère singulière
A la fenêtre où je me penche
Chantant la romance en romanche
Rêvant d'une voix sans frontière
D'une chanson sans profondeur
Mélodie simple de candeur
Rêvant d'une envolée solaire
Si fine qu'elle en soit légère
Attentif au poids des paroles
Cherchant l'équation la plus courte
Le vent qui fait bouger la yourte
Loin des cités et des idoles
Cherchant l'ivresse sans alcools
Aujourd'hui la mélancolie
Aux contours incommensurables
Achoppe une échappée jolie
Plutôt qu'un mystère ineffable
Un zeste de sirop d'érable
Et comme si de rien n'était
Poursuivons la mélodie brève
Sur le sable fin de la grève
Partition d'une fin d'été
Aux sortilèges du Léthé
Mon cœur tais-toi ne parle pas
Je sais ce que tu voudrais dire
Plus douloureux que le trépas
Ton couplet fou n'est que délire
Espoir impossible à prédire
Soleil du matin sur ma peau
La fragilité du bonheur
Attirant ici les couleurs
La mélodie comme un appeau
Fait s'ébattre les étourneaux
X
Dans la vaste forêt silence
Manège infime aux écureuils
Feuilles bruissant feu des couleurs
Calme profond dans les sous-bois
Amour je pense encore à toi
Faible énergie de la lumière
Assoupie au-dessus des cimes
Léger clapotis la rivière
Coule le long des berges bleues
Mauve est la lueur de tes yeux
Je ne sais pas chanter si fort
Que tu puisses m'entendre au loin
Sur l'horizon ce petit point
C'est l'étoile
Boréale
Minuscule idéale
Scintillant au matin
XI
Rêveurs, nous débridons les lignes d'avenir,
Ces tempêtes de l'âme où rien ne peut tenir
Qui n'ait d'abord connu la frayeur et l'extase.
Rêveurs, nous deviendrons des notes sur nos lyres,
Chinant aux avenues, traînant sous les zéphyres,
Dehors par tous les temps, légers comme est Pégase.
Devant la raison nue, l'expectative au singe
Butant sur l'horizon, cherchant, blanc comme un linge,
Émerveillé soudain par l'infini du ciel.
Devant cette oraison perdue pour tous les anges
Que la mélancolie fit pour toujours étranges
Perdu dans le cosmos au vent superficiel
Nous irons de Krakow à Florence et à Pise
Sentir sur notre peau le soleil et la bise
Avant que le tombeau garde tous ses mystères
Nous irons en bateau de Byzance à Venise
Goûter la douceur d'eau dont notre âme est éprise
Sous les pourpres fanaux du crépuscule éther
Dari- Affranchi des Paradoxes
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Humeur : la nuit sera calme
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Re: Danses polonaises
XII
Quelques vers griffonnés sur la nappe en papier
Qui ne suffiront pas pour payer l'addition.
Quelques vers griffonnés, licornes et griffons,
Avant de s'en aller et de tout oublier.
XIII
Des éclairs noirs et roses
S'écartissent
Du plafond. En retombant des lianes
Pleuvent
Les moments d'ivresse.
Retentissant tonnerre
Sur la joie douce-amère ô danse de l'ombre
Avec la sorgue.
Orgue oblongue au sombre
Tintant à l'aube
Au-dessus des portes.
Fuite
Totale
De la sémantique.
Disjonctions inclusives
Entre
Les bras du fleuve
Et les jardins mouvants, méandres.
Des litotes,
Bribes
De sens, jaillissent
Dans la terre
Sèche.
XIV
La vie a pris mon cœur, mon âme,
Et ne m'a laissé que la flamme
De la musique au crépuscule.
Ainsi je chante aux nuits de givre
Et depuis, à défaut de vivre,
Sur les toits je suis funambule.
Mais quand la ville est un désert,
Drapée d'alcools et de misère,
La vitesse a ce goût d'éther.
Il y a tant de pluies, tant de fleurs,
Tant de parfums et de couleurs,
Tant de beauté sur cette terre.
XV
Productif ou lascif, ce singe est une icône.
Un modèle
Pour la foule
Indistincte – entité, lumière –
Qui nonchalamment, d'une plaine à l'autre,
Va danser pour elle-
Même.
Folie mineure, douce,
Du ressort des astres
Qui minutieusement se détraquent,
Selon leur logique
Spécifique.
Loin dans la steppe,
Voulant former les plus merveilleuses
Compositions possibles.
Mais désarmé pourtant face à l'ombre
Du jour. Rosa rouge,
Bleue, violette.
Saphir du ciel que l'ambre efface.
XVI
La nuit boit mon espoir en liqueur insipide.
Mélancolie du vent tremblant sur le roseau.
Mouvement du soir qui sur l'eau fait quelques rides.
S'échancrant, la ridule est devenue réseau.
Les femmes sont des fleurs, les garçons sont des faunes,
Toujours la nature a le dessus sur le reste.
Dédicace aux amants qui, s'aimant, se détestent,
Ambivalent émoi, au brouillard de la zone.
Mais la rue prend soudain des accents plus sonores,
Les fenêtres s'ouvrant sur la toundra du nord
Comme un gaz inodore embaumant cette ivresse.
Le rythme du printemps contaminant la ville,
La brève et fulgurante offrande d'une idylle
Aux dieux noirs qui boiront cette délicatesse.
XVII
Fureur de mes doigts, sur le clavier,
Douceur
Pleine de poésie et de nervures courant sur la peau.
A ce paroxysme de plaisir
Et douleur
Conjugués
Que nous appelons bonheur.
XVIII
Depuis le fond de mon exil,
Ici, sur le rebord du monde,
Je suis loin des feux de la ville.
Ici, seconde après seconde,
Les violons font la pluie gracile.
De la tige âpre que je fume
Le rougeoiement perce les ombres.
Un tigre au-milieu de la brume.
L'air est débordé par le nombre
Des cigarettes que j'allume.
Je n'ai pas d'idéologie,
Pas de mensonge à propager,
Mais peut-être une analogie
Décrivant le rythme enragé
Par les lois de la biologie.
Je n'ai pas d'or, je n'ai pas d'armes,
Et ne recherche la puissance
Que dans le reflet de ces larmes
Héritées de l'adolescence,
De ces sonorités, les charmes.
Dès lors, je veux finir ces vers
Sans avoir fait de beaux discours.
Et dans une envolée légère,
Dédaignant guerre, espoir, amour,
Apprécier le soleil d'hiver.
XIX
Quand le jour se retire et que le ciel bleu tremble,
Quand la puissance ancienne et rude de la nuit
Déploie son corps de jais, quand les loups se rassemblent
Devant le vieux totem, et qu'ils marchent sans bruit
Jusque dans la forêt, ma plume se réveille.
Nerveuse, scintillant de tout son désespoir,
Et remplaçant pour moi les rayons du soleil,
Puisant l'inspiration dans les lieux les plus noirs,
Elle est mon talisman, mon viatique et ma force.
Les serpents venimeux s'agrippant à mes basques
Font des plaies enflammées tout autour de mon torse :
Loki emprisonné, condamné pour ses frasques...
Mais dans cette prison, ce gouffre, cet exil,
Le chant des profondeurs s'élève au crescendo.
Puisque je suis banni partout sur l'Yggdrasil,
Je murmure aux cobras la psalmodie de l'eau.
Je suis la voix du sage au fond de la caverne
Et la voix du dément criant dans les abysses.
Je suis la voix du roi que l'hypocrisie cerne
Et la voix du mendiant sur lequel la rue pisse.
Puis le décor change à la lueur des chandelles.
Je suis le vieux savant dans la bibliothèque.
Sous la pluie, les croisées battant un peu de l'aile.
Je suis le dieu maudit ressassant son échec.
Hanté par ce vent froid parlant toutes les langues,
Je vais par la pensée de la neige aux tropiques.
Lentement cette fève, extirpée de sa gangue,
Révèle un univers plein de splendeurs tragiques.
La fièvre – charlatan, reître, prince ou sirène –
Je suis le feu, la pluie, la violence et l'amour.
Temple, marché, palais, champ, lupanar, arène,
Et – soudain réveillé – je vois poindre le jour.
XX
Adieu – je pars sur la grand-route
Vêtu d'apories et de doutes,
Je pars pour danser sur la braise.
Adieu – pas de pleurs, ni d'éclats,
Pas de trémolos dans la voix,
Un souvenir au goût de fraise.
Adieu – mes amis et mes frères,
Vous mes liens autour de la terre,
Soyez joyeux, l'aube se lève.
Adieu – mes passions et mes fleuves,
Là que le chant de l'eau s'émeuve,
Au demeurant, mon dernier rêve.
Adieu – fleur, pierre ou chant du soir,
L'amour, le vent, le désespoir,
Et la beauté de la nature.
Adieu – temple, fureur, lumière,
Tout finira dans la rivière
Sous la guitare qui sature.
Adieu – les démons et les anges,
Les nuits de feu, les jours étranges,
L'amour secret que je te voue.
Adieu – la ville et la campagne,
L'océan, les champs, la montagne,
Et les vieux délits que j'avoue.
Adieu – mon cœur plein de sutures
Qui battra jusqu'à la rupture
Avec la mélodie pour loi.
Adieu – ciel, terreur et splendeur,
Le gris des murs et la couleur
Que j'avais retenu de toi.
XXI
Pluie de métal, d'ambre, de rêve,
Et la sève
Fait fleurir des
Animaux protéiformes.
Chant minimal :
Trois notes, une basse,
Une caisse claire, un stylo.
Finitude : évasion du sol sur l'anse,
Vers le delta,
L'ardeur d'un nouveau départ.
XXII
Je suis dans un cocon de verre,
Plus vaporeux qu'un souvenir.
Je peux dans la ville étrangère
A ma guise aller et venir.
Infime, ainsi qu'une poussière,
Nul ne voit passer le soir.
Je n'attire pas la lumière
Car je suis habillé de noir.
Ni les femmes sur le trottoir,
Ni les clochards et les gangsters,
Ni les étudiants qui vont boire
Ne voient ce déplacement d'air.
Je peux passer une heure entière
A regarder Kali qui danse,
Sans que jamais ses yeux de pierre
Ne me stupéfient dans la transe.
Je sais tout, richesse et plaisir,
Espoir, horreur, joie, cécité.
Mais nul n'accède à mon désir :
Ne jamais avoir existé...
Quelques vers griffonnés sur la nappe en papier
Qui ne suffiront pas pour payer l'addition.
Quelques vers griffonnés, licornes et griffons,
Avant de s'en aller et de tout oublier.
XIII
Des éclairs noirs et roses
S'écartissent
Du plafond. En retombant des lianes
Pleuvent
Les moments d'ivresse.
Retentissant tonnerre
Sur la joie douce-amère ô danse de l'ombre
Avec la sorgue.
Orgue oblongue au sombre
Tintant à l'aube
Au-dessus des portes.
Fuite
Totale
De la sémantique.
Disjonctions inclusives
Entre
Les bras du fleuve
Et les jardins mouvants, méandres.
Des litotes,
Bribes
De sens, jaillissent
Dans la terre
Sèche.
XIV
La vie a pris mon cœur, mon âme,
Et ne m'a laissé que la flamme
De la musique au crépuscule.
Ainsi je chante aux nuits de givre
Et depuis, à défaut de vivre,
Sur les toits je suis funambule.
Mais quand la ville est un désert,
Drapée d'alcools et de misère,
La vitesse a ce goût d'éther.
Il y a tant de pluies, tant de fleurs,
Tant de parfums et de couleurs,
Tant de beauté sur cette terre.
XV
Productif ou lascif, ce singe est une icône.
Un modèle
Pour la foule
Indistincte – entité, lumière –
Qui nonchalamment, d'une plaine à l'autre,
Va danser pour elle-
Même.
Folie mineure, douce,
Du ressort des astres
Qui minutieusement se détraquent,
Selon leur logique
Spécifique.
Loin dans la steppe,
Voulant former les plus merveilleuses
Compositions possibles.
Mais désarmé pourtant face à l'ombre
Du jour. Rosa rouge,
Bleue, violette.
Saphir du ciel que l'ambre efface.
XVI
La nuit boit mon espoir en liqueur insipide.
Mélancolie du vent tremblant sur le roseau.
Mouvement du soir qui sur l'eau fait quelques rides.
S'échancrant, la ridule est devenue réseau.
Les femmes sont des fleurs, les garçons sont des faunes,
Toujours la nature a le dessus sur le reste.
Dédicace aux amants qui, s'aimant, se détestent,
Ambivalent émoi, au brouillard de la zone.
Mais la rue prend soudain des accents plus sonores,
Les fenêtres s'ouvrant sur la toundra du nord
Comme un gaz inodore embaumant cette ivresse.
Le rythme du printemps contaminant la ville,
La brève et fulgurante offrande d'une idylle
Aux dieux noirs qui boiront cette délicatesse.
XVII
Fureur de mes doigts, sur le clavier,
Douceur
Pleine de poésie et de nervures courant sur la peau.
A ce paroxysme de plaisir
Et douleur
Conjugués
Que nous appelons bonheur.
XVIII
Depuis le fond de mon exil,
Ici, sur le rebord du monde,
Je suis loin des feux de la ville.
Ici, seconde après seconde,
Les violons font la pluie gracile.
De la tige âpre que je fume
Le rougeoiement perce les ombres.
Un tigre au-milieu de la brume.
L'air est débordé par le nombre
Des cigarettes que j'allume.
Je n'ai pas d'idéologie,
Pas de mensonge à propager,
Mais peut-être une analogie
Décrivant le rythme enragé
Par les lois de la biologie.
Je n'ai pas d'or, je n'ai pas d'armes,
Et ne recherche la puissance
Que dans le reflet de ces larmes
Héritées de l'adolescence,
De ces sonorités, les charmes.
Dès lors, je veux finir ces vers
Sans avoir fait de beaux discours.
Et dans une envolée légère,
Dédaignant guerre, espoir, amour,
Apprécier le soleil d'hiver.
XIX
Quand le jour se retire et que le ciel bleu tremble,
Quand la puissance ancienne et rude de la nuit
Déploie son corps de jais, quand les loups se rassemblent
Devant le vieux totem, et qu'ils marchent sans bruit
Jusque dans la forêt, ma plume se réveille.
Nerveuse, scintillant de tout son désespoir,
Et remplaçant pour moi les rayons du soleil,
Puisant l'inspiration dans les lieux les plus noirs,
Elle est mon talisman, mon viatique et ma force.
Les serpents venimeux s'agrippant à mes basques
Font des plaies enflammées tout autour de mon torse :
Loki emprisonné, condamné pour ses frasques...
Mais dans cette prison, ce gouffre, cet exil,
Le chant des profondeurs s'élève au crescendo.
Puisque je suis banni partout sur l'Yggdrasil,
Je murmure aux cobras la psalmodie de l'eau.
Je suis la voix du sage au fond de la caverne
Et la voix du dément criant dans les abysses.
Je suis la voix du roi que l'hypocrisie cerne
Et la voix du mendiant sur lequel la rue pisse.
Puis le décor change à la lueur des chandelles.
Je suis le vieux savant dans la bibliothèque.
Sous la pluie, les croisées battant un peu de l'aile.
Je suis le dieu maudit ressassant son échec.
Hanté par ce vent froid parlant toutes les langues,
Je vais par la pensée de la neige aux tropiques.
Lentement cette fève, extirpée de sa gangue,
Révèle un univers plein de splendeurs tragiques.
La fièvre – charlatan, reître, prince ou sirène –
Je suis le feu, la pluie, la violence et l'amour.
Temple, marché, palais, champ, lupanar, arène,
Et – soudain réveillé – je vois poindre le jour.
XX
Adieu – je pars sur la grand-route
Vêtu d'apories et de doutes,
Je pars pour danser sur la braise.
Adieu – pas de pleurs, ni d'éclats,
Pas de trémolos dans la voix,
Un souvenir au goût de fraise.
Adieu – mes amis et mes frères,
Vous mes liens autour de la terre,
Soyez joyeux, l'aube se lève.
Adieu – mes passions et mes fleuves,
Là que le chant de l'eau s'émeuve,
Au demeurant, mon dernier rêve.
Adieu – fleur, pierre ou chant du soir,
L'amour, le vent, le désespoir,
Et la beauté de la nature.
Adieu – temple, fureur, lumière,
Tout finira dans la rivière
Sous la guitare qui sature.
Adieu – les démons et les anges,
Les nuits de feu, les jours étranges,
L'amour secret que je te voue.
Adieu – la ville et la campagne,
L'océan, les champs, la montagne,
Et les vieux délits que j'avoue.
Adieu – mon cœur plein de sutures
Qui battra jusqu'à la rupture
Avec la mélodie pour loi.
Adieu – ciel, terreur et splendeur,
Le gris des murs et la couleur
Que j'avais retenu de toi.
XXI
Pluie de métal, d'ambre, de rêve,
Et la sève
Fait fleurir des
Animaux protéiformes.
Chant minimal :
Trois notes, une basse,
Une caisse claire, un stylo.
Finitude : évasion du sol sur l'anse,
Vers le delta,
L'ardeur d'un nouveau départ.
XXII
Je suis dans un cocon de verre,
Plus vaporeux qu'un souvenir.
Je peux dans la ville étrangère
A ma guise aller et venir.
Infime, ainsi qu'une poussière,
Nul ne voit passer le soir.
Je n'attire pas la lumière
Car je suis habillé de noir.
Ni les femmes sur le trottoir,
Ni les clochards et les gangsters,
Ni les étudiants qui vont boire
Ne voient ce déplacement d'air.
Je peux passer une heure entière
A regarder Kali qui danse,
Sans que jamais ses yeux de pierre
Ne me stupéfient dans la transe.
Je sais tout, richesse et plaisir,
Espoir, horreur, joie, cécité.
Mais nul n'accède à mon désir :
Ne jamais avoir existé...
Dari- Affranchi des Paradoxes
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Re: Danses polonaises
XXIII
Petit oiseau rêveur qui prend parfois la peau
D'un vautour qui fait peur,
Je connais le secret qui tiendra lieu d'appeau
Pour attirer ton cœur.
Petit oiseau rêveur, le parfum de la reine
A étourdi tes sens.
Volant en zigzag dans les travées de l'arène
Pleine d'effervescence.
Petit oiseau la guerre est loin de ton esprit
Si peu fait pour la ruse.
Tu veux chanter, c'est vrai, durant l'après-midi
Car ce rythme t'amuse.
Petit oiseau, pourtant, je dois te mettre en garde,
Cette arène est un piège.
Quitte la ville et va dans une forêt sarde
Auprès d'un chêne-liège.
Petit oiseau, là-bas, près des sources sacrées,
Tu sauras la façon
- Sans le feu, sans le sang, sans les perles nacrées -
De bâtir ta chanson.
XXIV
Un fauve fatigué des folies de ce monde
Et n'ayant plus le goût pour ce carnage immonde
Vint trouver le corbeau, dans la brume du soir.
Il lui dit : apprends-moi un peu de ta faconde,
Ton ironie de jais, ta rime toujours ronde,
Ton aptitude innée pour narrer les histoires.
Mais rire à nos dépens fait partie de la bile
Animant l'esprit de ce curieux volatile.
Aussi dit-il au lion : bien, tu voudrais chanter ?
Repense à l'antilope, au buffle et au vieux zèbre
Que tu as dévorés dans un instant funèbre :
Chante cette agonie, qui revient te hanter !
XXV
Il est connu que les vieux singes
Qui font peu marcher leurs méninges
Feignent pourtant de tout savoir.
Mais les primates juvéniles
Sont, plus encor que les séniles,
Vaniteux, prétendant tout voir.
Médecine, art, pouvoir, commerce,
Ils savent la quinte et la tierce
Quand il faut jouer de la flûte.
Ils font d'une branche une jungle,
D'une brise un autan qui cingle,
D'un caillou simple un diamant brut.
Parfois fatigué de leurs frasques,
De leurs inventions, de leurs masques,
J'aspire à retrouver le calme.
D'un sifflement profond et grave
J'appelle, à travers la nuit suave
- Rampant, sous les feuilles de palme -
Le grand python qui, plein d'aisance,
Avance, tout en nonchalance,
Et fait vite fuir ces bavards.
Que reste-t-il de leurs sornettes
Et de leurs prétendues conquêtes ?
Un peu d'encre sur un buvard...
XXVI
Il était une fleur dans un profond désert
Qui vit un jour passer un renard famélique.
Elle fut attendrie par son air de misère
Et daigna répondre à son salut pathétique.
La fleur avait trouvé dans le sable une source
Qui malgré le soleil la rendait toujours fraîche.
Le renard qui trottait en suivant la grande ourse
De cette beauté-là fut criblé par la flèche.
"- Fleur magnifique et douce, impossible vision,
Voudrais-tu m'accorder la grâce du refuge ?
Dans cet erg, ici, ma vie n'est que dérision,
Des dieux de la folie, le malin subterfuge.
- Pauvre petit renard, progressant au hasard,
Cesse pour un instant de marcher vers la mort.
Demeure à mes côtés, patient comme un lézard".
Le renard est parti - je crois qu'il avait tort.
Petit oiseau rêveur qui prend parfois la peau
D'un vautour qui fait peur,
Je connais le secret qui tiendra lieu d'appeau
Pour attirer ton cœur.
Petit oiseau rêveur, le parfum de la reine
A étourdi tes sens.
Volant en zigzag dans les travées de l'arène
Pleine d'effervescence.
Petit oiseau la guerre est loin de ton esprit
Si peu fait pour la ruse.
Tu veux chanter, c'est vrai, durant l'après-midi
Car ce rythme t'amuse.
Petit oiseau, pourtant, je dois te mettre en garde,
Cette arène est un piège.
Quitte la ville et va dans une forêt sarde
Auprès d'un chêne-liège.
Petit oiseau, là-bas, près des sources sacrées,
Tu sauras la façon
- Sans le feu, sans le sang, sans les perles nacrées -
De bâtir ta chanson.
XXIV
Un fauve fatigué des folies de ce monde
Et n'ayant plus le goût pour ce carnage immonde
Vint trouver le corbeau, dans la brume du soir.
Il lui dit : apprends-moi un peu de ta faconde,
Ton ironie de jais, ta rime toujours ronde,
Ton aptitude innée pour narrer les histoires.
Mais rire à nos dépens fait partie de la bile
Animant l'esprit de ce curieux volatile.
Aussi dit-il au lion : bien, tu voudrais chanter ?
Repense à l'antilope, au buffle et au vieux zèbre
Que tu as dévorés dans un instant funèbre :
Chante cette agonie, qui revient te hanter !
XXV
Il est connu que les vieux singes
Qui font peu marcher leurs méninges
Feignent pourtant de tout savoir.
Mais les primates juvéniles
Sont, plus encor que les séniles,
Vaniteux, prétendant tout voir.
Médecine, art, pouvoir, commerce,
Ils savent la quinte et la tierce
Quand il faut jouer de la flûte.
Ils font d'une branche une jungle,
D'une brise un autan qui cingle,
D'un caillou simple un diamant brut.
Parfois fatigué de leurs frasques,
De leurs inventions, de leurs masques,
J'aspire à retrouver le calme.
D'un sifflement profond et grave
J'appelle, à travers la nuit suave
- Rampant, sous les feuilles de palme -
Le grand python qui, plein d'aisance,
Avance, tout en nonchalance,
Et fait vite fuir ces bavards.
Que reste-t-il de leurs sornettes
Et de leurs prétendues conquêtes ?
Un peu d'encre sur un buvard...
XXVI
Il était une fleur dans un profond désert
Qui vit un jour passer un renard famélique.
Elle fut attendrie par son air de misère
Et daigna répondre à son salut pathétique.
La fleur avait trouvé dans le sable une source
Qui malgré le soleil la rendait toujours fraîche.
Le renard qui trottait en suivant la grande ourse
De cette beauté-là fut criblé par la flèche.
"- Fleur magnifique et douce, impossible vision,
Voudrais-tu m'accorder la grâce du refuge ?
Dans cet erg, ici, ma vie n'est que dérision,
Des dieux de la folie, le malin subterfuge.
- Pauvre petit renard, progressant au hasard,
Cesse pour un instant de marcher vers la mort.
Demeure à mes côtés, patient comme un lézard".
Le renard est parti - je crois qu'il avait tort.
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Re: Danses polonaises
XXVII
Il était un génie mineur et sans fortune
Qui savait le secret des amours qui paraissent.
Il pouvait deviner les affections qui naissent
Et les favoriser par un rayon de lune.
Il remplissait son rôle invisible en compère,
Toujours bien disposé pour l'innocente idylle,
D'un mot, ou d'un regard, il rendait moins fébriles
L'ardent impétrant et la tremblante rosière.
Un jour, pourtant, lui qui n'était qu'ombre et mirage,
Émanation de feu créée par Aphrodite,
Se sentit porté par une flamme insolite
Comme un peintre s'éprend d'un nouveau paysage.
Il avait pour mission - matin bien ordinaire -
D'unir un prince avec une douce sylphide.
Mais il sentit soudain dans un élan perfide
L'envie de voir le prince agoniser par terre.
Troublé par le désir, et piqué de fureur,
Voilà que l'insensé pour cette belle en pince.
Il abandonne ici la sylphide et le prince
Et court vers Aphrodite en retenant des pleurs.
"- Déesse, lui dit-il, quel est ce monde étrange
Où la joie la plus dense exige le trépas ?
Quel est cet entonnoir où se perdent mes pas
Où le décor, sans cesse inventé, toujours change ?
- Malheureux ! Ce poison dans ton corps, c'est l'amour
Que se vouent les mortels malgré leur courte vie.
Désormais tu devras, de jour comme de nuit,
Te laisser dévorer le foie par ce vautour".
D'autres petits génies, malins et plus prudents,
Ont remplacé depuis ce fou qui s'égara.
Mais on l'entend toujours pleurer dans la toundra,
Alors que la sylphide est loin depuis longtemps...
Il était un génie mineur et sans fortune
Qui savait le secret des amours qui paraissent.
Il pouvait deviner les affections qui naissent
Et les favoriser par un rayon de lune.
Il remplissait son rôle invisible en compère,
Toujours bien disposé pour l'innocente idylle,
D'un mot, ou d'un regard, il rendait moins fébriles
L'ardent impétrant et la tremblante rosière.
Un jour, pourtant, lui qui n'était qu'ombre et mirage,
Émanation de feu créée par Aphrodite,
Se sentit porté par une flamme insolite
Comme un peintre s'éprend d'un nouveau paysage.
Il avait pour mission - matin bien ordinaire -
D'unir un prince avec une douce sylphide.
Mais il sentit soudain dans un élan perfide
L'envie de voir le prince agoniser par terre.
Troublé par le désir, et piqué de fureur,
Voilà que l'insensé pour cette belle en pince.
Il abandonne ici la sylphide et le prince
Et court vers Aphrodite en retenant des pleurs.
"- Déesse, lui dit-il, quel est ce monde étrange
Où la joie la plus dense exige le trépas ?
Quel est cet entonnoir où se perdent mes pas
Où le décor, sans cesse inventé, toujours change ?
- Malheureux ! Ce poison dans ton corps, c'est l'amour
Que se vouent les mortels malgré leur courte vie.
Désormais tu devras, de jour comme de nuit,
Te laisser dévorer le foie par ce vautour".
D'autres petits génies, malins et plus prudents,
Ont remplacé depuis ce fou qui s'égara.
Mais on l'entend toujours pleurer dans la toundra,
Alors que la sylphide est loin depuis longtemps...
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Re: Danses polonaises
XXVIII
(' = e muet)
Poésie ! Pour le vent, l'océan et la terre.
Chemin vers le lointain, pensée sauvage et pierre.
Douce accalmie du songe à l'est, aube et rivage.
Poème', cérémonie du corps face à la mort.
Cette hallucination qui nous rendra plus forts,
Ce cri du nerf humain que le langage étouffe...
Poésie. Pur émoi, talisman, pure esbroufe,
Transfigurant l'errance en fictions, chatoyantes,
Révélant au passant le secret des voyantes,
Quand un adolescent s'égare au bord du Styx.
Poésie ! cet élan, bondissement d'onyx !
Aux plaines' d'argile, avec son grand cousin l'oryx.
Préférant au diamant l'éclat de sardonyx,
Épinglant au mur blanc les ombres du non-sens.
Poème' ; plus de barrières' ; jungle aux serpents de jais :
Polyphonie florale' grimpant à mes poignets,
Voix marquant le passage ainsi que le signet,
Inclination du cœur, insufflant la valeur.
Comédie, les humains, territoire et douleur,
Tragique apprivoisé par le jeu des couleurs.
Un rythme souterrain marchant vers les hauteurs,
Tentant de percevoir la profondeur du jour.
Poésie ! Dans ma gorge, engoncés mots d'amour,
Dans un monde' barbelé, sous les yeux des vautours,
Peu l'occasion d'user la douceur du velours,
C'est les griffes' que l'on sort au moindre mot d'travers...
Poésie ! Loin du sol, de la boue, de la guerre,
Pour "une fois" s'en aller dans la vapeur légère
Se laisser emporter ainsi que la poussière
Trouver dans l'amertume enfin ce goût de miel.
Poésie ! L'alcyonienne échancrure dans le ciel,
Bonheur universel (mirage artificiel),
Quand mes frères' crient famine aux décrets faits de fiel
Se chauffant au brasier du chant dans les usines.
Poésie ! Poésie ! ma salvation, ma ruine !
Feu, nuit d'encre de Chine
Au bout des cigarettes...
Poésie ! Mon butin, le fric dans la mallette,
Un hold-up linguistique aux airs de trouble-fête.
Juste une chansonnette
Passe en fraude' dans ma tête
Elle défie la frontière.
(' = e muet)
Poésie ! Pour le vent, l'océan et la terre.
Chemin vers le lointain, pensée sauvage et pierre.
Douce accalmie du songe à l'est, aube et rivage.
Poème', cérémonie du corps face à la mort.
Cette hallucination qui nous rendra plus forts,
Ce cri du nerf humain que le langage étouffe...
Poésie. Pur émoi, talisman, pure esbroufe,
Transfigurant l'errance en fictions, chatoyantes,
Révélant au passant le secret des voyantes,
Quand un adolescent s'égare au bord du Styx.
Poésie ! cet élan, bondissement d'onyx !
Aux plaines' d'argile, avec son grand cousin l'oryx.
Préférant au diamant l'éclat de sardonyx,
Épinglant au mur blanc les ombres du non-sens.
Poème' ; plus de barrières' ; jungle aux serpents de jais :
Polyphonie florale' grimpant à mes poignets,
Voix marquant le passage ainsi que le signet,
Inclination du cœur, insufflant la valeur.
Comédie, les humains, territoire et douleur,
Tragique apprivoisé par le jeu des couleurs.
Un rythme souterrain marchant vers les hauteurs,
Tentant de percevoir la profondeur du jour.
Poésie ! Dans ma gorge, engoncés mots d'amour,
Dans un monde' barbelé, sous les yeux des vautours,
Peu l'occasion d'user la douceur du velours,
C'est les griffes' que l'on sort au moindre mot d'travers...
Poésie ! Loin du sol, de la boue, de la guerre,
Pour "une fois" s'en aller dans la vapeur légère
Se laisser emporter ainsi que la poussière
Trouver dans l'amertume enfin ce goût de miel.
Poésie ! L'alcyonienne échancrure dans le ciel,
Bonheur universel (mirage artificiel),
Quand mes frères' crient famine aux décrets faits de fiel
Se chauffant au brasier du chant dans les usines.
Poésie ! Poésie ! ma salvation, ma ruine !
Feu, nuit d'encre de Chine
Au bout des cigarettes...
Poésie ! Mon butin, le fric dans la mallette,
Un hold-up linguistique aux airs de trouble-fête.
Juste une chansonnette
Passe en fraude' dans ma tête
Elle défie la frontière.
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Re: Danses polonaises
Mélancolie boisée des vallées de l'automne,
Un chevreuil a bondi, par-dessus la rivière,
Alors que le feuillage épais boit la lumière,
La vie est une fable où rien n'est monotone.
Un bouvreuil a chanté un peu avant l'aurore
Et son psaume a touché mon vieux cœur de reptile,
Doucement s'éveillant, sous le bleu qui rutile,
Au firmament des cieux, croisées d'argent et d'or.
Un peu de sa musique enrichit le désert
D'encre déjà séchée où s'égara ma prose,
Et la rosée perlant sur le bord de la rose
Fait sur ma lèvre un pli, qui me rend moins disert.
Farouchement gardé fut le secret des muses,
Sur ce mystère, enfin, il convient de se taire,
De noter seulement la variation solaire
Aux sommets neigeux, des Carpates aux Abruzzes.
En quelques mouvements, approcher l'ineffable,
Le chuchotis du vent qui répond au silence.
Un torrent s'étirant, dans l'ombreuse indolence,
Déjà la mélopée s'efface sur le sable...
Un chevreuil a bondi, par-dessus la rivière,
Alors que le feuillage épais boit la lumière,
La vie est une fable où rien n'est monotone.
Un bouvreuil a chanté un peu avant l'aurore
Et son psaume a touché mon vieux cœur de reptile,
Doucement s'éveillant, sous le bleu qui rutile,
Au firmament des cieux, croisées d'argent et d'or.
Un peu de sa musique enrichit le désert
D'encre déjà séchée où s'égara ma prose,
Et la rosée perlant sur le bord de la rose
Fait sur ma lèvre un pli, qui me rend moins disert.
Farouchement gardé fut le secret des muses,
Sur ce mystère, enfin, il convient de se taire,
De noter seulement la variation solaire
Aux sommets neigeux, des Carpates aux Abruzzes.
En quelques mouvements, approcher l'ineffable,
Le chuchotis du vent qui répond au silence.
Un torrent s'étirant, dans l'ombreuse indolence,
Déjà la mélopée s'efface sur le sable...
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Re: Danses polonaises
Dans la nuit de métal, un petit dieu qui veille,
Buvait de la beauté l'originelle absinthe.
Il ne parvenait pas à trouver le sommeil.
Sur une guitare, il aiguisait sa complainte.
Malheur à lui, manant parmi les immortels,
Car il était épris de la belle Artémis.
Tourment : jamais ne fut de serment éternel
Entre ces lèvres d'or qui jamais ne gémissent.
La cité démentielle absorbait son émoi
Dans le tourbillon de vitesse, aux autostrades.
Il pensait l'insensé : oh, pourvu qu'elle et moi
Soyons emportés vers de plaisantes dérades.
Enfin ce petit dieu finit par s'endormir.
Dans un rêve alangui, le voilà qui contemple
Les seins nus de sa muse au-dessus de sa lyre,
De cette vision-là, il a bâti un temple.
Déesse courroucée, la sauvage Artémis
Apprend l'affaire et vient, de sa dague cruelle,
Planter dans le cœur de ce fou la Némésis,
Et lui - agonisant, dans la sombre ruelle -
Déclame encore : "allez, j'accepte de partir,
Moi qui aurait pu vivre un autre millénaire,
Heureux d'apercevoir enfin le fin sourire
De celle qui fut mon orage et ma lumière."
Buvait de la beauté l'originelle absinthe.
Il ne parvenait pas à trouver le sommeil.
Sur une guitare, il aiguisait sa complainte.
Malheur à lui, manant parmi les immortels,
Car il était épris de la belle Artémis.
Tourment : jamais ne fut de serment éternel
Entre ces lèvres d'or qui jamais ne gémissent.
La cité démentielle absorbait son émoi
Dans le tourbillon de vitesse, aux autostrades.
Il pensait l'insensé : oh, pourvu qu'elle et moi
Soyons emportés vers de plaisantes dérades.
Enfin ce petit dieu finit par s'endormir.
Dans un rêve alangui, le voilà qui contemple
Les seins nus de sa muse au-dessus de sa lyre,
De cette vision-là, il a bâti un temple.
Déesse courroucée, la sauvage Artémis
Apprend l'affaire et vient, de sa dague cruelle,
Planter dans le cœur de ce fou la Némésis,
Et lui - agonisant, dans la sombre ruelle -
Déclame encore : "allez, j'accepte de partir,
Moi qui aurait pu vivre un autre millénaire,
Heureux d'apercevoir enfin le fin sourire
De celle qui fut mon orage et ma lumière."
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Re: Danses polonaises
Parfois, sentant monter, du fond de la crevasse,
Et retentir l'appel d'un froid définitif,
Je me dis : laisse un témoignage, même hâtif,
Sur cet iceberg, il faut qu'un court récit tu traces.
Cherchant soudain de l'horizon quelque échancrure,
Ce stylet maladroit, mineur et maladif,
Se prenant à scruter le silence attentif,
Espéra des nuées peut-être l'ouverture.
Un rayon de soleil a caressé la rose
Et la voici chantant, parmi ses sœurs, les fleurs.
Pâleur de la musique et tentation des leurres.
L'illusion du printemps gagne à nouveau ma prose.
Pourquoi ? Pourquoi l'amour est-il aussi fugace ?
Pourquoi même le feu n'est-il pas immortel ?
Je revois tes beaux yeux et ton poignet si frêle,
Pourquoi, chère inconnue, pourquoi est-ce que tout passe ?
Dans la nuit de velours, je cherche enfin le vide,
Chinant dans le néant quelque sagesse exsangue.
Le rêve d'Orphée fut d'inventer une langue,
Non pas de célébrer de neuves Thébaïdes.
Je pense encore à toi, sur mon arpent de glace.
Le froid vient vite, allez, je le dis, sans rancœur,
Si un peu de magie peut parler à ton cœur
Aux brisants endormis que la lumière embrasse.
Et retentir l'appel d'un froid définitif,
Je me dis : laisse un témoignage, même hâtif,
Sur cet iceberg, il faut qu'un court récit tu traces.
Cherchant soudain de l'horizon quelque échancrure,
Ce stylet maladroit, mineur et maladif,
Se prenant à scruter le silence attentif,
Espéra des nuées peut-être l'ouverture.
Un rayon de soleil a caressé la rose
Et la voici chantant, parmi ses sœurs, les fleurs.
Pâleur de la musique et tentation des leurres.
L'illusion du printemps gagne à nouveau ma prose.
Pourquoi ? Pourquoi l'amour est-il aussi fugace ?
Pourquoi même le feu n'est-il pas immortel ?
Je revois tes beaux yeux et ton poignet si frêle,
Pourquoi, chère inconnue, pourquoi est-ce que tout passe ?
Dans la nuit de velours, je cherche enfin le vide,
Chinant dans le néant quelque sagesse exsangue.
Le rêve d'Orphée fut d'inventer une langue,
Non pas de célébrer de neuves Thébaïdes.
Je pense encore à toi, sur mon arpent de glace.
Le froid vient vite, allez, je le dis, sans rancœur,
Si un peu de magie peut parler à ton cœur
Aux brisants endormis que la lumière embrasse.
Dari- Affranchi des Paradoxes
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Re: Danses polonaises
XXXII
Dans le désert de sable où j'ai mes habitudes,
Je croise, quelquefois, mon ami le scorpion.
Nous partageons un peu de l'âpre solitude.
Sur l'échiquier du temps, nous déplaçons des pions.
On a beaucoup médit de ce fier camarade :
Et c'est vrai qu'il engendre un terrible poison.
Mais il est apprécié dans d'innombrables rades
Car même dans l'ivresse il garde sa raison.
Parfois, nous devisons, sous un croissant de lune,
Nous écoutons ensemble un morceau de musique
Qui se répand dans l'air et fait trembler les dunes.
Sous le ciel étoilé, nous suivons la rythmique.
Dans le désert de sable, où je marche le soir,
Je croise quelquefois mon ami le scorpion.
Nous parlons de bouquins, nous scrutons les trous noirs,
Sur l'échiquier du temps, nous déplaçons des pions.
Dans le désert de sable où j'ai mes habitudes,
Je croise, quelquefois, mon ami le scorpion.
Nous partageons un peu de l'âpre solitude.
Sur l'échiquier du temps, nous déplaçons des pions.
On a beaucoup médit de ce fier camarade :
Et c'est vrai qu'il engendre un terrible poison.
Mais il est apprécié dans d'innombrables rades
Car même dans l'ivresse il garde sa raison.
Parfois, nous devisons, sous un croissant de lune,
Nous écoutons ensemble un morceau de musique
Qui se répand dans l'air et fait trembler les dunes.
Sous le ciel étoilé, nous suivons la rythmique.
Dans le désert de sable, où je marche le soir,
Je croise quelquefois mon ami le scorpion.
Nous parlons de bouquins, nous scrutons les trous noirs,
Sur l'échiquier du temps, nous déplaçons des pions.
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Re: Danses polonaises
XXXIII
Erg, ouverture immense, atteignant les azurs
Sur l'horizon tracé par la courbe des dunes.
Viatique de silence, ombre sur la mesure,
Tandis que la déesse étend ses boucles brunes
Sur mon rêve. Arrivant toujours de nulle part
Pour s'en aller partout, comme disait Rimbaud,
La raison qui m'étreint peut paraître bizarre,
Elle est pourtant ma fièvre, et guide les corbeaux.
Ensemble nous chassons la rime et la sagesse,
Ensemble nous passons les soirées de tempête.
Buvant du thé brûlant, partageant l'allégresse
D'un conte auprès du feu, voici nos sobres fêtes.
Erg, offrande d'errance, à ces gouttes d'eau claire
Perlant avant l'aube au ventre des oasis.
Serait-ce un don du ciel envoyé par Isis ?
Nomades figés là, sous le règne solaire.
Ici, tu dois savoir, la nature est hostile.
L'encre du jour se perd dans les nuits sablonneuses.
Le vent qui insuffla dans mon stylo du style
Répète au marchand que la piste est dangereuse.
Qui voudrait traverser la terrible étendue ?
Qui ose l'approcher ? Qui saura s'en dédire ?
Pour ma part, je me plais dans le sable rendu
Brûlant par les rayons de l'astre qui délire.
Erg, ampleur inconnue de terre et d'horizon.
Voici que le scorpion répète sa maxime :
"Des anciennes magies, le peu que nous lisons,
Permettra cependant de surmonter l'abîme".
Erg, ouverture immense, atteignant les azurs
Sur l'horizon tracé par la courbe des dunes.
Viatique de silence, ombre sur la mesure,
Tandis que la déesse étend ses boucles brunes
Sur mon rêve. Arrivant toujours de nulle part
Pour s'en aller partout, comme disait Rimbaud,
La raison qui m'étreint peut paraître bizarre,
Elle est pourtant ma fièvre, et guide les corbeaux.
Ensemble nous chassons la rime et la sagesse,
Ensemble nous passons les soirées de tempête.
Buvant du thé brûlant, partageant l'allégresse
D'un conte auprès du feu, voici nos sobres fêtes.
Erg, offrande d'errance, à ces gouttes d'eau claire
Perlant avant l'aube au ventre des oasis.
Serait-ce un don du ciel envoyé par Isis ?
Nomades figés là, sous le règne solaire.
Ici, tu dois savoir, la nature est hostile.
L'encre du jour se perd dans les nuits sablonneuses.
Le vent qui insuffla dans mon stylo du style
Répète au marchand que la piste est dangereuse.
Qui voudrait traverser la terrible étendue ?
Qui ose l'approcher ? Qui saura s'en dédire ?
Pour ma part, je me plais dans le sable rendu
Brûlant par les rayons de l'astre qui délire.
Erg, ampleur inconnue de terre et d'horizon.
Voici que le scorpion répète sa maxime :
"Des anciennes magies, le peu que nous lisons,
Permettra cependant de surmonter l'abîme".
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Re: Danses polonaises
XXXIV
Un éclair de lumière aux ténèbres du monde.
Le rire d'un enfant poursuivant le ciel bleu.
Un crépuscule immense, au testament d'un dieu,
Torrent, ces gouttes d'eau d'où la sapience abonde.
Marcher vers les hauteurs, monter vers le soleil
Alors que les vallées sont encore endormies.
Plus de pensées, plus d'ombre et plus d'agir - hormis
Monter vers le sommet, marcher vers le réveil.
Un éclat de jais brise un instant de blancheur.
Un craquement par terre, un oiseau qui s'envole.
Un hiver éternel que le printemps survole,
Un fil qui se débat sous la main du pêcheur.
Quelquefois la musique ancienne et assourdie
Revient hanter mes doigts de tisseur de nuages.
Et dans cette accalmie qui vient après l'orage,
Le vent souffle au jeu de mon hyperacousie.
Un bruit dans le feuillage, un violon qui s'accorde,
Une éclaircie solaire, une écluse, une étoile.
Un peu de la rosée soudain qui se dévoile,
Sur le vase de l'aube, un peu d'eau qui déborde.
Un éclair de lumière aux ténèbres du monde.
Le rire d'un enfant poursuivant le ciel bleu.
Un crépuscule immense, au testament d'un dieu,
Torrent, ces gouttes d'eau d'où la sapience abonde.
Marcher vers les hauteurs, monter vers le soleil
Alors que les vallées sont encore endormies.
Plus de pensées, plus d'ombre et plus d'agir - hormis
Monter vers le sommet, marcher vers le réveil.
Un éclat de jais brise un instant de blancheur.
Un craquement par terre, un oiseau qui s'envole.
Un hiver éternel que le printemps survole,
Un fil qui se débat sous la main du pêcheur.
Quelquefois la musique ancienne et assourdie
Revient hanter mes doigts de tisseur de nuages.
Et dans cette accalmie qui vient après l'orage,
Le vent souffle au jeu de mon hyperacousie.
Un bruit dans le feuillage, un violon qui s'accorde,
Une éclaircie solaire, une écluse, une étoile.
Un peu de la rosée soudain qui se dévoile,
Sur le vase de l'aube, un peu d'eau qui déborde.
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Re: Danses polonaises
XXXV
Près d'un petit étang, au cœur de la forêt,
Marchant sous les futaies sur un chemin de sable,
Nous parlions de l'amour qui nous prend dans ses rets,
Lui qui semble éternel, et n'est que périssable.
Les moineaux s'égayant dans un rayon du ciel
Prennent cette ouverture au-milieu du feuillage.
Dans le mélancolique automne, au goût du miel,
Nous oubliions la guerre et ses moissons de rage.
Est-ce un instant de joie suivant le trémolo
Du vent dans les fourrés ? Est-ce un rythme animal
Suggérant l'inconscience ? Est-ce encore un solo
De guitare emplissant la forêt de son râle ?
Basalte subissant l'affront des millénaires,
Ou calcaire éclatant sous la pression des doigts.
Couplet vite oublié, ballet des éphémères,
Virevoltant au fleuve et reparlant de toi.
Dans la forêt, parfaite hégémonie du jour,
Le temps retient son souffle avant le crépuscule.
Silence composant les couleurs du séjour,
Rien ne paraît bouger, pourtant l'ombre recule.
Près d'un petit étang, au cœur de la forêt,
Marchant sous les futaies sur un chemin de sable,
Nous parlions de l'amour qui nous prend dans ses rets,
Lui qui semble éternel, et n'est que périssable.
Les moineaux s'égayant dans un rayon du ciel
Prennent cette ouverture au-milieu du feuillage.
Dans le mélancolique automne, au goût du miel,
Nous oubliions la guerre et ses moissons de rage.
Est-ce un instant de joie suivant le trémolo
Du vent dans les fourrés ? Est-ce un rythme animal
Suggérant l'inconscience ? Est-ce encore un solo
De guitare emplissant la forêt de son râle ?
Basalte subissant l'affront des millénaires,
Ou calcaire éclatant sous la pression des doigts.
Couplet vite oublié, ballet des éphémères,
Virevoltant au fleuve et reparlant de toi.
Dans la forêt, parfaite hégémonie du jour,
Le temps retient son souffle avant le crépuscule.
Silence composant les couleurs du séjour,
Rien ne paraît bouger, pourtant l'ombre recule.
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Re: Danses polonaises
Je passe mes journées dans des lieux de nature,
Parfois dans la forêt, parfois dans le désert.
Dégustant mon dîner près d'un lac de Lozère,
Je n'ai que peu de goût pour vos architectures.
Écoutant les moineaux babiller dans les feuilles,
Voyant les sangliers qui traversent la route,
Tout me semble léger, ici, rien ne me coûte,
J'attends pour observer la course du chevreuil.
Si je suis au désert, c'est la chanson de l'oud
Qui murmure à l'oreille encore une autre histoire.
La caravane a dépassé le promontoire,
Dédaignant le fennec et le scorpion qui boude.
Je comprends que la joie tient à bien peu de choses,
Le décor ou la qualité de la lumière.
Je remercie Phoebus d'éclairer ma chaumière
Et Freya d'avoir fait fleurir mon champ de roses.
Le temps s'écoule ici sans que la résistance
Du corps qui s'attacha vienne en troubler le suc.
Lentement, devant lui, je relève la nuque,
Je lui vole un reflet que j'ajoute à ces stances.
Parfois dans la forêt, parfois dans le désert.
Dégustant mon dîner près d'un lac de Lozère,
Je n'ai que peu de goût pour vos architectures.
Écoutant les moineaux babiller dans les feuilles,
Voyant les sangliers qui traversent la route,
Tout me semble léger, ici, rien ne me coûte,
J'attends pour observer la course du chevreuil.
Si je suis au désert, c'est la chanson de l'oud
Qui murmure à l'oreille encore une autre histoire.
La caravane a dépassé le promontoire,
Dédaignant le fennec et le scorpion qui boude.
Je comprends que la joie tient à bien peu de choses,
Le décor ou la qualité de la lumière.
Je remercie Phoebus d'éclairer ma chaumière
Et Freya d'avoir fait fleurir mon champ de roses.
Le temps s'écoule ici sans que la résistance
Du corps qui s'attacha vienne en troubler le suc.
Lentement, devant lui, je relève la nuque,
Je lui vole un reflet que j'ajoute à ces stances.
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Re: Danses polonaises
XXXVII
Tourment secret de l'âme au bord de l'océan :
Me dissoudre dans l'eau, comme une ancienne épave
Désintégrée ici, loin de ce qui m'entrave,
Comme un grain de poussière emporté par le vent.
J'ai passé mes années d'adolescence à fuir
Vers un embarcadère épargné par les flots.
J'ai beaucoup dérivé car j'ai voulu bientôt
Dénicher un abri où cesser de souffrir.
L'angoisse étreignant mon cœur valétudinaire
Et ruisselant de pleurs, au fond de la nuit noire,
Je cherche dans le gouffre un antidote à boire
Pour calmer la douleur du cri vernaculaire.
Tandis que chacun danse et que le son sature,
Je demeure à l'ombre des ingénues en fleurs.
Toute absence est un vide immense à l'intérieur.
L'amour pourtant si doux m'est terrible torture.
Mais la légèreté de mots couverts de cendres,
Au temple où se tapit, vaincu, mon pauvre corps,
Éteindra lentement la silencieuse aurore
De mon espoir. Vers le couchant je veux descendre.
Finalement, refuge au sein de la musique :
Notes cristallisant mon exil et ma peine,
Exprimant mieux que moi cette échappée sereine
Où s'achèvera ce couplet trop pathétique.
Peu à peu, la souffrance apprivoisée par l'onde
De musiciens doués pour la mélancolie,
Reflua peu à peu le chant de la folie,
Sur la grève - étendu, vers une paix profonde.
Tourment secret de l'âme au bord de l'océan :
Me dissoudre dans l'eau, comme une ancienne épave
Désintégrée ici, loin de ce qui m'entrave,
Comme un grain de poussière emporté par le vent.
J'ai passé mes années d'adolescence à fuir
Vers un embarcadère épargné par les flots.
J'ai beaucoup dérivé car j'ai voulu bientôt
Dénicher un abri où cesser de souffrir.
L'angoisse étreignant mon cœur valétudinaire
Et ruisselant de pleurs, au fond de la nuit noire,
Je cherche dans le gouffre un antidote à boire
Pour calmer la douleur du cri vernaculaire.
Tandis que chacun danse et que le son sature,
Je demeure à l'ombre des ingénues en fleurs.
Toute absence est un vide immense à l'intérieur.
L'amour pourtant si doux m'est terrible torture.
Mais la légèreté de mots couverts de cendres,
Au temple où se tapit, vaincu, mon pauvre corps,
Éteindra lentement la silencieuse aurore
De mon espoir. Vers le couchant je veux descendre.
Finalement, refuge au sein de la musique :
Notes cristallisant mon exil et ma peine,
Exprimant mieux que moi cette échappée sereine
Où s'achèvera ce couplet trop pathétique.
Peu à peu, la souffrance apprivoisée par l'onde
De musiciens doués pour la mélancolie,
Reflua peu à peu le chant de la folie,
Sur la grève - étendu, vers une paix profonde.
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Re: Danses polonaises
XXXVIII
Assis près de l'embarcadère,
La ligne apaisée, pour un temps.
J'observe l'infini des mers,
Et sous le souffle des brisants
Je prends note de quelques vers.
Les albatros au loin volant
Dans la pourpre crépusculaire,
Récitent de modernes chants,
Qui sont retranscrits en binaire
Par le mouvement des courants.
Quelques fleurs d'écume et de sel
Viennent moutonner sur la grève.
Roulis des eaux qui ensorcellent
Et mènent l'esprit vers le rêve,
Qui nos plus secrets vœux révèle.
Près de cette étendue de sable
Et d'eau, contemplatif en somme,
La beauté presque insoutenable
De ce lieu préservé des hommes
Procure une ivresse ineffable.
Assis près de l'embarcadère,
La ligne apaisée, pour un temps.
J'observe l'infini des mers,
Et sous le souffle des brisants
Je prends note de quelques vers.
Les albatros au loin volant
Dans la pourpre crépusculaire,
Récitent de modernes chants,
Qui sont retranscrits en binaire
Par le mouvement des courants.
Quelques fleurs d'écume et de sel
Viennent moutonner sur la grève.
Roulis des eaux qui ensorcellent
Et mènent l'esprit vers le rêve,
Qui nos plus secrets vœux révèle.
Près de cette étendue de sable
Et d'eau, contemplatif en somme,
La beauté presque insoutenable
De ce lieu préservé des hommes
Procure une ivresse ineffable.
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Re: Danses polonaises
XXXIX
Ici, dans cet exil où ma langue est proscrite,
Les chansons sont tissées de silence et d'azur.
Murmurées ainsi que dans les très anciens rites,
Des ombres, doucement, qui battent la mesure.
Au dialogue des corps, mots de neige et de miel,
Répond la basse longue énonçant le passage.
Buvant, dans un éclair, quelques morceaux du ciel
Délivrant un message inaudible, mais sage.
Itinéraire, entre nuit sauvage et culture,
Tigre feulant au front des entités de glace.
Forêts de l'inconscient que la pratique épure,
Inframonde dont la conscience est la surface.
Polir des jours durant les murs de la caverne
Où tombent quelquefois les lueurs du soleil.
Somnoler sur les bancs de l'antique taverne,
Survolée quelquefois par l'aile des corneilles.
Quand le jour se retire et que la mer avance,
Retentit la clameur engloutie d'anciens dieux
Révélant au chansonnier son insignifiance,
Il peut se recueillir en cet aimable lieu.
Ici, dans cet exil où ma langue est proscrite,
Les chansons sont tissées de silence et d'azur.
Murmurées ainsi que dans les très anciens rites,
Des ombres, doucement, qui battent la mesure.
Au dialogue des corps, mots de neige et de miel,
Répond la basse longue énonçant le passage.
Buvant, dans un éclair, quelques morceaux du ciel
Délivrant un message inaudible, mais sage.
Itinéraire, entre nuit sauvage et culture,
Tigre feulant au front des entités de glace.
Forêts de l'inconscient que la pratique épure,
Inframonde dont la conscience est la surface.
Polir des jours durant les murs de la caverne
Où tombent quelquefois les lueurs du soleil.
Somnoler sur les bancs de l'antique taverne,
Survolée quelquefois par l'aile des corneilles.
Quand le jour se retire et que la mer avance,
Retentit la clameur engloutie d'anciens dieux
Révélant au chansonnier son insignifiance,
Il peut se recueillir en cet aimable lieu.
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Re: Danses polonaises
XXXX
Ici, à la frontière,
Quelque part entre l'occident et l'orient.
Il y a quelque chose dans l'air,
Dégueulasse, délétère.
Courant sur la fêlure, avec la célérité d'un virus,
Elle parle anglais, arabe, chinois, hébreu ou russe,
Français, évidemment.
Elle sort de l'inconscient, pantomime de nos us,
Fusant des meurtrières.
Je suis précisément
Le fou qu'il fallait que je fusse.
À côté, c'est la guerre.
Nous partons pour de clairs envols,
Privilège de ces années folles :
Et dans les verres d'alcools,
Oublions, papillons,
La proximité des cimetières.
Et nous rions, sans raison précise.
Du sang coule de l'incise
Et se mêle au poison
Des mensonges à foison
À la télévision.
À côté du cimetière, nous oublions les signes,
Nous noircissons les lignes
Des torchons à sensation.
Et nous plaçons des bombes, points d'interrogation,
À côté du cimetière.
Nous entendons les cris étouffés par les pierres.
Le serpent se faufile
Tout au long de la file
Qui attend à la frontière.
De l'autre côté, c'est la guerre.
C'est Donetsk ou Damas,
Les centaines de carcasses,
Réflexe quotidien :
Les douilles que tu ramasses
Dans l'herbe du jardin,
Aux paisibles matins.
C'est Paris c'est Berlin qui détournent la tête,
Repartant faire la fête
Toute la nuit comme des bêtes.
C'est Paris c'est Berlin
Qui ne feront rien.
Larmes des anciennes joutes,
Ça continue, pas de doute :
Ce sont les guerres mondiales
Avec leurs millions de râles
Qui ne sont pas finies,
Qu'on a juste déplacées
Pour une question de confort
Sur de lointaines routes,
Avec souffrance et mort.
Des guerres jamais finies
Continuent, loin d'ici.
Et nous vendons les armes,
Et nous versons des larmes, factices, de circonstance,
Ces conflits sanglants à nos portes,
Ces nouveaux fascismes, avec leurs longues cohortes,
Moderne itinérance,
Ces colonnes de cloportes, attirés par le sang,
Ne nous concernent pas tellement.
Et nous lançons les drones,
En détruisant la faune, de ces contrée barbares,
Car nous possédons l'art
De jouer les vierges effarouchées
Sans cesser un instant
De défourailler.
Quand mes yeux ébahis
D'enfant abasourdi s'attardent à la fenêtre,
Dehors, c'est Poutingrad
Et prends-en pour ton grade,
Toi qui rêvais peut-être
En traçant quelques lettres
D'une moins sanglante mascarade.
Ici, à la frontière, nous refermons les yeux,
Abandonnant les lieux,
Éteignant la lumière.
Rendu sourd par les basses, tenant lieu de prières,
Et suivant la caisse claire
Je referme les yeux
Pour ne plus voir la guerre.
Ici, à la frontière,
Quelque part entre l'occident et l'orient.
Il y a quelque chose dans l'air,
Dégueulasse, délétère.
Courant sur la fêlure, avec la célérité d'un virus,
Elle parle anglais, arabe, chinois, hébreu ou russe,
Français, évidemment.
Elle sort de l'inconscient, pantomime de nos us,
Fusant des meurtrières.
Je suis précisément
Le fou qu'il fallait que je fusse.
À côté, c'est la guerre.
Nous partons pour de clairs envols,
Privilège de ces années folles :
Et dans les verres d'alcools,
Oublions, papillons,
La proximité des cimetières.
Et nous rions, sans raison précise.
Du sang coule de l'incise
Et se mêle au poison
Des mensonges à foison
À la télévision.
À côté du cimetière, nous oublions les signes,
Nous noircissons les lignes
Des torchons à sensation.
Et nous plaçons des bombes, points d'interrogation,
À côté du cimetière.
Nous entendons les cris étouffés par les pierres.
Le serpent se faufile
Tout au long de la file
Qui attend à la frontière.
De l'autre côté, c'est la guerre.
C'est Donetsk ou Damas,
Les centaines de carcasses,
Réflexe quotidien :
Les douilles que tu ramasses
Dans l'herbe du jardin,
Aux paisibles matins.
C'est Paris c'est Berlin qui détournent la tête,
Repartant faire la fête
Toute la nuit comme des bêtes.
C'est Paris c'est Berlin
Qui ne feront rien.
Larmes des anciennes joutes,
Ça continue, pas de doute :
Ce sont les guerres mondiales
Avec leurs millions de râles
Qui ne sont pas finies,
Qu'on a juste déplacées
Pour une question de confort
Sur de lointaines routes,
Avec souffrance et mort.
Des guerres jamais finies
Continuent, loin d'ici.
Et nous vendons les armes,
Et nous versons des larmes, factices, de circonstance,
Ces conflits sanglants à nos portes,
Ces nouveaux fascismes, avec leurs longues cohortes,
Moderne itinérance,
Ces colonnes de cloportes, attirés par le sang,
Ne nous concernent pas tellement.
Et nous lançons les drones,
En détruisant la faune, de ces contrée barbares,
Car nous possédons l'art
De jouer les vierges effarouchées
Sans cesser un instant
De défourailler.
Quand mes yeux ébahis
D'enfant abasourdi s'attardent à la fenêtre,
Dehors, c'est Poutingrad
Et prends-en pour ton grade,
Toi qui rêvais peut-être
En traçant quelques lettres
D'une moins sanglante mascarade.
Ici, à la frontière, nous refermons les yeux,
Abandonnant les lieux,
Éteignant la lumière.
Rendu sourd par les basses, tenant lieu de prières,
Et suivant la caisse claire
Je referme les yeux
Pour ne plus voir la guerre.
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Re: Danses polonaises
XXXXI
La nuit noire est propice aux ténébreux envols :
Des ailes argentées scintillant aux abysses
Volettent sous la pluie, témoignant du supplice
D'amants désaccordés que la lumière affole.
Tes mains gouttes de pluie tombant sur le piano
Font la mélancolie, la douceur des fleurs blanches,
Touchant ce nerf étrange où la mémoire épanche
La musique d'un ange aux berges des canaux.
Le bleu marin du ciel est envapé de brume,
Tristesse des violons, qu'un reflet d'or expurge :
L'âme ressuscitée par d'obscurs thaumaturges
Semblera n'exister qu'au rythme de la plume.
Parfois cet esprit froid, qui rumine et calcule,
Qui jamais ne connaît le répit d'un rondeau,
Vacille et s'interrompt, pour un reflet dans l'eau
Dans lequel apparaît l'azur au crépuscule.
Nervure aux voix du vent, novembre au souffle court,
Vole cette espérance, et passent les saisons :
J'entends près du clocher la funèbre oraison
De l'ire et de la peur, naissance de l'amour.
La nuit noire est propice au mouvement du rêve.
Le désir a le goût d'un vin sombre et profond.
Chutant longtemps, mais sans jamais toucher le fond,
L'illusion se rendort aux dunes d'une grève.
La nuit noire est propice aux ténébreux envols :
Des ailes argentées scintillant aux abysses
Volettent sous la pluie, témoignant du supplice
D'amants désaccordés que la lumière affole.
Tes mains gouttes de pluie tombant sur le piano
Font la mélancolie, la douceur des fleurs blanches,
Touchant ce nerf étrange où la mémoire épanche
La musique d'un ange aux berges des canaux.
Le bleu marin du ciel est envapé de brume,
Tristesse des violons, qu'un reflet d'or expurge :
L'âme ressuscitée par d'obscurs thaumaturges
Semblera n'exister qu'au rythme de la plume.
Parfois cet esprit froid, qui rumine et calcule,
Qui jamais ne connaît le répit d'un rondeau,
Vacille et s'interrompt, pour un reflet dans l'eau
Dans lequel apparaît l'azur au crépuscule.
Nervure aux voix du vent, novembre au souffle court,
Vole cette espérance, et passent les saisons :
J'entends près du clocher la funèbre oraison
De l'ire et de la peur, naissance de l'amour.
La nuit noire est propice au mouvement du rêve.
Le désir a le goût d'un vin sombre et profond.
Chutant longtemps, mais sans jamais toucher le fond,
L'illusion se rendort aux dunes d'une grève.
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Re: Danses polonaises
DE LA CAVERNE CLOSE A L'INFINI DES CIEUX
Retranché dans le calme et la fumée du j****
Je prends de la distance avec mes émotions.
Entre deux murs ici mais s'en allant au loin
De ces fables sans fard ; les hymnes, les nations.
En haut de la montagne, où le souffle est plus long,
Assis sur un rocher qui surplombe un étang ;
J'en oublie l'inframonde, et regarde au levant
La bourrasque de l'aube almée de vents oblongs.
Le monde est un rocher dormant sous le midi.
La couleuvre étendue sur le bord n'agit pas.
Est-ce une agonie ou n'est-ce là qu'un appas ?
Le campagnol attend toute l'après-midi.
Le monde est l'océan scintillant aux surfaces
Dont les dauphins parfois vont traverser la cime.
Ils y verront sous l'horizon le sable infime,
Aube acoustique ouverte aux points de vue sagaces.
Des bougies figurant les âmes qui sommeillent,
La pupille se perd au firmament des lieux.
Dans la nuit le chamane a chanté pour l'éveil
De la caverne close à l'infini des cieux.
Retranché dans le calme et la fumée du j****
Je prends de la distance avec mes émotions.
Entre deux murs ici mais s'en allant au loin
De ces fables sans fard ; les hymnes, les nations.
En haut de la montagne, où le souffle est plus long,
Assis sur un rocher qui surplombe un étang ;
J'en oublie l'inframonde, et regarde au levant
La bourrasque de l'aube almée de vents oblongs.
Le monde est un rocher dormant sous le midi.
La couleuvre étendue sur le bord n'agit pas.
Est-ce une agonie ou n'est-ce là qu'un appas ?
Le campagnol attend toute l'après-midi.
Le monde est l'océan scintillant aux surfaces
Dont les dauphins parfois vont traverser la cime.
Ils y verront sous l'horizon le sable infime,
Aube acoustique ouverte aux points de vue sagaces.
Des bougies figurant les âmes qui sommeillent,
La pupille se perd au firmament des lieux.
Dans la nuit le chamane a chanté pour l'éveil
De la caverne close à l'infini des cieux.
Dari- Affranchi des Paradoxes
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Localisation : ici et là...
Identité métaphysique : humain, trop humain
Humeur : la nuit sera calme
Date d'inscription : 13/04/2012
Re: Danses polonaises
Guetteur, dans la tour d'or, qui voit la citadelle
S'éveiller. Les marchands sortent de leurs échoppes.
Les esclaves traînant dans les rues interlopes
Vont vers leur labeur sous l’œil de la sentinelle.
Au loin, vers l'horizon, la nuée de poussière
Trahit le point mouvant de quelque cavalcade.
Le guetteur intrigué quitte un instant l'arcade.
Il croit être trompé par un jeu de lumière.
Qui sont ces cavaliers silencieux et furtifs
Partant vers le levant ? Qui sont donc ces nomades ?
Leur dialecte est tissé par le vent qui s'évade
Dans la mer d'herbe sèche, au milieu des récifs.
Le ciel est leur terrain, la musique est leur langue,
Leur songe est la rivière aux versants des montagnes.
Le désert fut pour eux un pays de cocagne,
Leur âme est un diamant, conservé dans sa gangue.
Parfois j'entends leurs chants de feu, sans les comprendre,
Je suis leur mélopée jusqu'au fond gris des steppes.
Les sons voguant dans l'air, comme un essaim de guêpes,
Fleur de braise éclairant les ombres dans la cendre.
Au bleu marin des nuits infinies de la plaine,
Brûle la rhapsodie tremblée des mandolines.
Loin de la ville immense, au milieu des collines,
Retentit cet appel qui adoucit ma peine.
S'éveiller. Les marchands sortent de leurs échoppes.
Les esclaves traînant dans les rues interlopes
Vont vers leur labeur sous l’œil de la sentinelle.
Au loin, vers l'horizon, la nuée de poussière
Trahit le point mouvant de quelque cavalcade.
Le guetteur intrigué quitte un instant l'arcade.
Il croit être trompé par un jeu de lumière.
Qui sont ces cavaliers silencieux et furtifs
Partant vers le levant ? Qui sont donc ces nomades ?
Leur dialecte est tissé par le vent qui s'évade
Dans la mer d'herbe sèche, au milieu des récifs.
Le ciel est leur terrain, la musique est leur langue,
Leur songe est la rivière aux versants des montagnes.
Le désert fut pour eux un pays de cocagne,
Leur âme est un diamant, conservé dans sa gangue.
Parfois j'entends leurs chants de feu, sans les comprendre,
Je suis leur mélopée jusqu'au fond gris des steppes.
Les sons voguant dans l'air, comme un essaim de guêpes,
Fleur de braise éclairant les ombres dans la cendre.
Au bleu marin des nuits infinies de la plaine,
Brûle la rhapsodie tremblée des mandolines.
Loin de la ville immense, au milieu des collines,
Retentit cet appel qui adoucit ma peine.
Dari- Affranchi des Paradoxes
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Re: Danses polonaises
XXXXIV
"Rentrons chez nous mon âme et trouvons le repos.
Loin des fous.
Loin des cons.
Loin de la violence.
Loin de la médiocrité.
Loin de la haine.
Rentrons, là, il est temps.
Chez-nous, te souviens-tu ?
Ces guerres que nous ne savons pas faire, dont nous ne voyons pas l'intérêt.
Cette vie que nous voudrions vivre, sans avoir à la planifier.
Ces feintes, ces trahisons, que nous ne comprenons pas,
Ces champs de coquelicots, devenus territoires stratégiques.
Secousses sismiques, et leurs répliques
Cette beauté qui, croyaient les écrivains naïfs, pourrait sauver le monde.
Fuyons loin, il est temps.
La lumière en juillet faisait rougir les fraises.
Le chat qui s'ébattait dans les sillons de terre.
Les lilas, le tilleul.
L'herbe, les pommes de pin.
Dis-moi, tu t'en souviens ?
Rentrons chez nous mon âme et trouvons le repos.
Loin des crapules et des moutons.
Loin des flics et des criminels.
Des prêcheurs et des mythomanes.
Des pouvoirs et des rébellions.
Loin de la violence.
Loin de la folie.
Loin de la démesure.
Loin de mon essence d'homme.
Rentrons.
Te souviens-tu ?
Chez-nous, viens, il est temps.
Loin de ce coin qui craint,
Tout là-haut, dans les nues,
Rentrons. Te souviens-tu ?
– Je ne me souviens plus..."
"Rentrons chez nous mon âme et trouvons le repos.
Loin des fous.
Loin des cons.
Loin de la violence.
Loin de la médiocrité.
Loin de la haine.
Rentrons, là, il est temps.
Chez-nous, te souviens-tu ?
Ces guerres que nous ne savons pas faire, dont nous ne voyons pas l'intérêt.
Cette vie que nous voudrions vivre, sans avoir à la planifier.
Ces feintes, ces trahisons, que nous ne comprenons pas,
Ces champs de coquelicots, devenus territoires stratégiques.
Secousses sismiques, et leurs répliques
Cette beauté qui, croyaient les écrivains naïfs, pourrait sauver le monde.
Fuyons loin, il est temps.
La lumière en juillet faisait rougir les fraises.
Le chat qui s'ébattait dans les sillons de terre.
Les lilas, le tilleul.
L'herbe, les pommes de pin.
Dis-moi, tu t'en souviens ?
Rentrons chez nous mon âme et trouvons le repos.
Loin des crapules et des moutons.
Loin des flics et des criminels.
Des prêcheurs et des mythomanes.
Des pouvoirs et des rébellions.
Loin de la violence.
Loin de la folie.
Loin de la démesure.
Loin de mon essence d'homme.
Rentrons.
Te souviens-tu ?
Chez-nous, viens, il est temps.
Loin de ce coin qui craint,
Tout là-haut, dans les nues,
Rentrons. Te souviens-tu ?
– Je ne me souviens plus..."
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