Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Bourg natif
Un jour mon pas ira dans mon pays natal,
À la tour sonnant clair, au grand palais hautain,
Tant de bacs sur un lac aux marins non mutins,
Puis un autan du soir, ni trop fort, ni brutal.
D'originaux buildings d'aluminium fatal
Sont aujourd'hui construits au pays si lointain,
Arborant un fanal ou un miroir sans tain,
Plus l'abondant fatras du puissant capital.
Faut-il alors partir aux coins inamicaux,
Dans un trou sans intrus, aux abords tropicaux ?
Nul attrait n'a pour moi un ban, fût-il brillant ;
Aucun goût pour partir sur un rafiot caduc :
Un horizon distant, au lointain fourmillant,
N'aura pas mon amour, ainsi qu'a dit Saint Luc.
Belles mains
Une sibylle aux mains d’azur
Arrive en inframonde ;
Face au démon-portier qui gronde,
Elle a le regard sûr.
-- D’où viens-tu, bacchante au coeur froid,
Vers ce jardin nocturne ?
-- Je reviens, Gardien de la Loi,
Du temple de Saturne.
-- Or, quelle maison prendras-tu
Ici pour résidence ?
(La jouvencelle a répondu :
-- J’en veux une où l’on danse.)
Pieuses mains
La main d’argent parlait le langage du coeur,
Ne craignant nullement d’aller à l’abordage ;
La main de sable aimait se plonger dans l’ouvrage,
Le travail de Romain, le pénible labeur.
La main d’or préférait se trouver à l’honneur,
Montrer sa compétence et prouver son courage ;
De gueules préférait la main prendre avantage
Des trésors, pour autant qu’ils eussent de valeur.
Mais la main de sinople était la grâce même :
Elle passait son temps dans le jardin que j’aime,
Faisant toujours fleurir du nouveau sous les cieux.
Deux invisibles mains, que leur possesseur soigne,
Au soir et au matin en prière se joignent,
Même si leur chef dit qu’il n’y a pas de Dieu.
Sagesse des grands cerfs
L'arbre de connaissance est au coeur du jardin,
Deux grands cerfs sont nourris de son étrange écorce ;
Leur corps et leur esprit ont gagné de la force,
N'allez pas, maintenant, les prendre pour des daims.
L'arbre de longue vie est au centre du monde,
Les deux grands animaux, ayant mordu dedans,
Dévorent à présent l'herbage à pleines dents ;
Ils sont au pâturage où la richesse abonde.
L'arbre de belle ardeur est au milieu du parc,
Les deux jeunes héros y ont pris leur pitance :
Devinez, à présent, à quelle chose ils pensent,
Quand leur désir de vivre est tendu comme un arc.
Griffons d’or et de gueules
Le griffon d’or voulait séduire une déesse.
-- Je deviendrais esclave, et j’en serais heureux,
Car cela comblerait mon vieux coeur généreux,
Comme plaît aux vieux chiens d’être tenus en laisse.
Je suivrais, chaque jour, ma Dame de Sagesse
En chevalier servant, en valet amoureux,
Et mon esprit serait d’un seul but désireux,
Qui est, vous m’entendez, de plaire à ma maîtresse.
Puisque bien obéir est la grande vertu
Par qui sont, ici-bas, les démons combattus,
Je ne prendrais jamais la chose à la légère.
De gueules, son compère a crié : Non, merci !
Aimer une désse est un trop grand souci,
Je suis bien plus tranquille aux pieds de ma bergère.
Rêves entrelacés
Le prince et le serpent sont l'un pour l'autre un songe,
Un mirage, une ruse, un piège du désert.
Tous deux, brûlés de soif au pays sans hiver,
Tentent de conjurer les ombres qui s'allongent.
L'enfant croit retrouver sa lointaine planète
Dans l'instant délirant qui précède la mort ;
Le serpent veut prouver qu'il est un être fort,
Un peu désemparé quand la preuve en est faite.
Ces âmes, fallait-il les laisser ainsi, seules,
Poison l'une pour l'autre, auprès de ce vieux mur ?
Je n'ai rien pu prévoir, a dit le lion d'azur ;
Je n'ai pas su quoi faire, a dit le lion de gueules.
Parmi les dunes
Un désert sablonneux autour de moi je vis,
Qu’un soleil éclatant de ses trente rais dore ;
Ne sachant quels ennuis j’allais subir encore,
J’étais dubitatif, et pas vraiment ravi.
En ces lieux écartés, nul ne m’avait suivi,
Sauf un lion familier qui d’azur se colore ;
De gueules son comparse (un émail que j’adore)
Avait aussi rejoint ce coin mal desservi.
Nous étions égarés, nous manquions de breuvage,
Nous ne pouvions trouver le plus petit ombrage ;
Mais un jeune garçon apparut sous nos yeux,
Qui voulait un mouton (ou du moins, son image).
Là, mon rêve a pris fin, dissipant le mirage ;
Mais combien j’aimerais retrouver de tels cieux !
Soleils d'azur
Trois grands soleils d'azur illuminent le soir :
La poésie, l'espoir et le chant des tavernes.
Les moissonneurs, bientôt, orneront de lanternes
La place du village et le mur du manoir.
Soleil de poésie, offre-leur des chansons :
Ça leur rappellera que les vieilles légendes
Apportent du bonheur à ceux qui les entendent ;
Chacun, de son voisin, se fera l'échanson.
Soleil d'espoir, dis-leur que le cri du corbeau
Ne possède jamais le pouvoir de maudire ;
Que ce monde n'est pas ce qu'on trouve de pire :
Merci aux courageux qui l'ont rendu plus beau !
Nuit et jour
Hibou d’or, tu souris de ton oeil circulaire ;
Tu pris du blé d’argent, la moisson finissant,
Et tu rentres chez toi, ô modeste passant,
Car la nuit va s’enfuir vers un autre hémisphère.
Coq d’azur, annonçant un jour très ordinaire,
Tu contemples le ciel où s’éteint le croissant ;
Tu jouis de ton pouvoir, sur Phébus agissant,
Ce qui te met au rang des dieux élémentaires.
Et chacun de vous deux aime ce qu’il a fait :
Blé d’argent, soleil d’or, ces matériaux parfaits
Comblent d’un vrai bonheur notre peuple sans nombre.
Pour le jour lumineux, de l’aurore au couchant,
Pour le goût du bon pain, j’ai composé ce chant
Qu’un corbeau du jardin reprend, de sa voix sombre.
Ciel de minuit
Ciel de minuit à la lune hésitante,
M'apportes-tu un vrai dévoilement ?
Je n'en ai besoin nullement,
Cette vie est presque évidente.
Je vais, tranquille, éternel étudiant,
Avec parfois des mots qui se mélangent ;
D'autres mots viennent des anges,
Des vocables irradiants.
Sérénité printanière
Au jardin, quand survient la Dame de Beauté,
J’interromps un instant mon labeur de poète ;
Je cesse de traquer les rimes dans ma tête,
Aux sourires charmeurs, je ne puis résister.
Visiter le grand parc, et ses lieux écartés,
N’est-ce pas un plaisir, n’est-ce pas une fête ?
Le babil des oiseaux fréquemment nous arrête,
Attendrissants qu’ils sont, dans leur félicité.
Car elle est faite ainsi, mon humble destinée.
Tel un grillon chantant près d’une cheminée,
Je dis ces quelques mots quand le ciel devient noir ;
La versification est ma douce folie,
Rimes que le lecteur d’un jour à l’autre oublie,
Quand, à son tour, il va dans les jardins s’asseoir.
Re: Sérénité printanière
Très musicale c'est poésie, bravo l'artiste.
J'y entends l'air d'un rondo au rythme ternaire d'une valse.
J'y entends l'air d'un rondo au rythme ternaire d'une valse.
Bean- Seigneur de la Métaphysique
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Localisation : Bretagne
Identité métaphysique : Farceur
Humeur : Joyeux
Date d'inscription : 16/04/2012
Ciel de printemps
Le vent s'est radouci, caressant les roseaux,
Le soleil met la joie sur les façades blanches ;
Marchez tranquillement, promeneurs du dimanche,
Marchez paisiblement, au rythme des oiseaux.
Puisque ce jour d'hiver daigne être un peu moins dur,
Soyez de purs oisifs, cultivez l'innocence :
Il est là pour cela, ce village de France,
Et ses sombres trottoirs, et son grand ciel d'azur.
Une éclaircie
Il survient dans l’hiver un soupçon de printemps ;
Le soleil nous sourit sur les façades claires.
Les vendeurs du marché mènent mieux leurs affaires,
Les pigeons des trottoirs roucoulent plus longtemps.
Les passants du dimanche et leurs jeunes enfants,
C’est ce temps radouci que, toujours, ils préfèrent ;
Un empan de ciel bleu n’est pas pour leur déplaire,
Ni Phébus de Borée pour un jour triomphant.
Aux étals rutilants les plus beaux fruits se dorent,
Répandant autour d’eux leur parfum qu’on adore ;
Les clients, semble-t-il, ne se font pas prier.
C’est ainsi qu’au village on poursuit cette vie,
Ni trop loin du réel, ni trop approfondie :
Car il n’est pas trop froid, ce jour de février.
Au jardin d'Héraldie
Au jardin d’Héraldie sont les fleurs du blason,
D’azur, d’or et de sable ;
Sont des rimes aussi, à tort et à raison,
Aux thèmes inclassables.
De sinople au printemps, d’argent quand vient l’hiver,
Le jardin se repose ;
D’hermine, la chanson de ce bel univers,
Et de gueules sa rose.
Quatre saisons, quatre fleurs
Le nénuphar de sable aimait l'obscurité ;
De gueules, son comparse était vraiment splendide ;
D'hermine, leur cousin prenait des airs morbides.
Le nénuphar d'argent embellissait l'été.
Ils ne venaient pas tous aux endroits souhaités ;
Au bord de leur étang, le sol parfois aride
Faisait le désespoir de l'ondine timide
Dont j'aimais la tendresse et l'immobilité.
Aucunement, vois-tu, de préférence n'ai-je
Pour un jour de soleil ou pour un jour de neige :
De l'ondine, jamais ne varie la pâleur.
La feuille de sinople accueille une grenouille
À peine distinguée, tant la brume la brouille ;
Du fier printemps, déjà, se montre la couleur.
Le Bateau-Lyre
Pour propulser mon navire,
Aucun équipement lourd,
Mais l’harmonie de ma lyre
Résonnant jour après jour.
La certitude, le doute,
Les battements de mon coeur,
Et la nef se trouve en route,
Emportant ses voyageurs.
Même en allant vers sa tombe,
Elle garde claire voix,
Ma commère la colombe
Qui sait les chants d’autrefois.
Sagesse de la colombe
La colombe d'argent consulte l'azur nu :
Elle y croit discerner la menace qui flotte ;
Déjà sévit le froid, sous lequel on grelotte :
Faudra-t-il donc voler vers des lieux inconnus ?
Le lion d'or de l'Afrique est, ce matin, venu ;
Il voyagea de nuit, aux cris de la hulotte,
Que d'ailleurs il comprend, car il est polyglotte.
Avec Dame Colombe il s'est entretenu.
L'oiseau disait, songeur, en se lissant les plumes ;
-- Cet horizon paisible a des reflets d'écume,
Or, j'y vois un présage, et le crois inquiétant.
Le roi des animaux, de sa voix qui rassure,
A calmé le tourment de la colombe pure :
-- Ce n'est rien ; c'est, dit-il, l'annonce du printemps.
Trois sortes de homards
C'est le homard d'azur qui parcourt les sept mers ;
Il danse sur les fonds, il longe les falaises,
Au sein du flot glacial, il a le coeur à l'aise,
Ce n'est pas un souci de nager à l'envers.
Le homard de sinople est roi des océans ;
Son moindre casse-croûte est fait d'une baleine
(Dont les trois quarts, c'est vrai, sont mangés par la reine) ;
Combien sont engloutis par ce gouffre béant !
Quant au grand homard d'or qui règne dans les cieux,
Dessinons-le trois fois, car sa nature est triple :
Père, Fils, Saint-Esprit. Au temple, les disciples
Mangent le corps du Fils ; grillé, c'est délicieux.
Sagesse protéiforme
Être ce grand loup noir dont la langue est bien rose,
Ou le beau cerf d'argent ne daignant s'irriter ;
Pouvoir, selon son gré, l'un ou l'autre imiter,
Un pareil don serait une amusante chose.
Muni de ce talent pour les métamorphoses,
Je passerais des jours joyeux, en vérité,
Comme l'aigle qui va, dans l'immense clarté,
Vers le sommet des monts où, paisible, il se pose.
Du matin jusqu'au soir, absorbé par ce jeu,
J'en émerveillerais mon esprit nuageux,
Sous mes divers aspects gambadant par les plaines ;
Ce seraient des profils plus ou moins ravissants.
Voici (me semble-t-il) le plus divertissant :
Un monstre bicéphale, et qu'on nomme amphisbène.
Sagesse bicéphale
Notre corps est un arbre, ont dit les amphisbènes,
Il faut, pour le nourrir, la plus vaste des plaines ;
Si jusqu’en inframonde il est enraciné,
Le sort de son feuillage est mal déterminé.
J’en accepte l’augure, a répondu la feuille ;
Si mon sort est précaire, allons-y, je l’accueille ;
Quand je n’y serai plus, d’autres feuilles viendront
Qui les mêmes leçons du monde retiendront.
L’esprit est un miroir, a proclamé la lyre,
Malheur aux maladroits qui, jadis, le salirent.
Ce propos, dit l’esprit, je le trouve incomplet :
Nul ne peut nettoyer l’intérieur du reflet.
Splendeur des châteaux
Château de gueules, lourd comme un massif squelette !
Vos murs sont, néanmoins, finement ouvragés.
Vos voisins de sinople, au mépris du danger,
Se tiennent contre vous, à portée d'arbalète.
En inframonde existe une grotte secrète
Où le château d'azur est peuplé d'étrangers
Qui ont pris pour seigneur un baron dérangé :
Pleines de fantaisie sont les lois qu'il décrète,
Sur le cas où, dans l'ombre, un robinet se sauve ;
Sur la jurispridence issue du cahier mauve ;
Sur ce qui se défeuille et ce qui reste vert ;
Sur l'inauguration des nouveaux chrysanthèmes ;
Sur le radieux soleil et sur la lune blême ;
Et, le plus important, comment boire en hiver.
Harpe d'or
La note de la harpe est la voix du griffon
Qui danse dans l'azur, sous l'effet de l'ivresse ;
La note de la harpe est le chant d'allégresse
Du loup prenant sa course en des steppes sans fond.
Les cordes, sous les mains, sans faiblesse résonnent,
La musique survient, la vie prend son essor ;
Ce n'est plus le moment de craindre un mauvais sort,
Disent les animaux, que plus rien n'emprisonne.
Rameaux d'or
En un pays magique, un mûrier s’illumine
D’un feuillage éclairant, qui de l’or peut sembler ;
Abeilles visitant cet arbre inégalé,
Vous êtes des joyaux qui par les airs cheminent.
Or, quand survient le soir, sous la lune d’hermine,
On voit parfois danser un insecte esseulé,
Vêtu d’un dur métal que fait étinceler
L’astre qui, solitaire, en haut des cieux culmine.
-- Qui es-tu, voyageur, toi dont l’armure luit
Auprès des rameaux d’or, en plein coeur de la nuit,
Ainsi qu’à ma fenêtre une petite flamme ?
-- Je ne suis qu’un poète, un être sans raison.
Je produis des sonnets, je trace des blasons ;
La lueur de cet arbre enthousiasme mon âme.
Quelques palais
Ce sont d’amples palais ; le premier, tout d’azur,
Dresse au coeur du chef-lieu la hauteur de ses murs ;
De gueules, face à lui, splendeur jamais tarie,
La construction antique où siège la mairie.
Le château de sinople est souvent reverdi,
Le seigneur sous-préfet y dort, l’après-midi.
Au nord, la forteresse aux blocs impérissables
Assombrit l’horizon de son émail de sable ;
Ce bastion où des ducs devisent en mangeant,
C’est une bonne auberge, ayant nom « Tour d’Argent ».
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