Sagesse du pluvian
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Sagesse du pluvian
C’est un être tordu qui baigne dans sa gloire,
Lui qu’un fier troubadour chante à cor et à cri ;
On le célèbre aussi dans de savants écrits
Afin que son nom soit gravé dans nos mémoires.
Courageux en l’échec, modeste en la victoire,
On trouve en sa personne un seigneur aguerri ;
La Reine le reçut en ses jardins fleuris
Afin d’encourager ses vertus méritoires.
Le Roi lui a servi son plus excellent vin ;
À cette table, ensuite, une danseuse vint
Dont le costume fut d’élégant cachemire.
La Princesse, dit-on, lui faisait les yeux doux,
Elle qui paraissait le trouver à son goût ;
Le Bouffon le tenait en sa ligne de mire.
Jardin des végétaux
C’est un endroit perdu, la vigne folle y court,
Si rares sont les fleurs qu’on les distingue à peine ;
Ce lieu reçut jadis un peu d’eau de la Seine,
Les gens se sont lassés, l’affaire a tourné court.
Nulle trace de pas, personne aux alentours,
Mais nul besoin non plus de la présence humaine ;
La Lune et le Soleil chaque saison ramènent,
Entre la feuille et l’astre est un constant amour.
Ce jardin, traversant le calme et la tourmente,
Subit le sort auquel il est prédestiné ;
Le plus grand calme règne en son âme dormante.
Pas question de le peindre ou de le dessiner,
Non plus de distiller les choses qui fermentent ;
Nous laisserons ce lieu doucement décliner.
Cornes et barbe
Le bouc est philosophe, il dissèque des choses,
Observant les vivants dont le monde est peuplé ;
Il aime, comme toi, les astres contempler,
Surtout la blanche lune et ses métamorphoses.
Il écoute les voix du prince et de sa rose,
Ainsi que le renard parlant d’un champ de blé ;
Il guide le troupeau qu’il aide à rassembler,
Autour duquel les chiens sagement se disposent.
Il ne craint point l’éclair qui frappe l’horizon,
Ni le lourd sanglier, ni l’ours, ni le bison ;
Auprès de son harem il s’empresse aux aurores.
Caprin bien inspiré, penseur au doux regard,
Tu égales Leibniz ou tu vaux plus encore,
Vois comme la bergère a pour toi des égards.
Gyrovague affaibli
Le vieux marcheur perclus prend garde à chaque pierre,
Nous le voyons boiter aux abords du vieux pont ;
Tu dis qu’il a trop bu, mais nous te détrompons,
Chaque jour il s’arrête après une ou deux bières.
Même usé, l’homme reste un chercheur de de lumière,
Son esprit va toujours par gambades et bonds ;
La tavernière, aimable avec ce vagabond,
À goûter de sa verve est souvent la première.
Les chansons qu’il aimait dans sa jeunesse entendre,
Avec des traits moqueurs ou des paroles tendres,
Sont à présent pour lui le meilleur réconfort.
Il aime aussi les tours du renard, ce malin,
Ainsi que le rêveur affrontant des moulins ;
Ce sont choses qu’il peut vous narrer sans effort.
Loup d’azur et d’or
Naguère, je chantais la Lune et son halo,
Ma complainte amusait les petits angelots ;
La Lune est toujours là, pourtant je n’en ai cure,
Peu m’importe aujourd’hui que ma nuit soit obscure.
Jeune, je traversais mon domaine au galop,
Sautant de roc en roc je savais passer l’eau ;
L’âge venu, mes pieds de faible créature
Hésitent, comme ceux d’un pauvre être immature.
J’aligne sans raison des mots que je rumine,
D’un rire rarement ma face s’illumine ;
Ce n’est pas un cadeau de devenir si vieux.
Or, parfois, le matin, quand les oiseaux babillent,
Un grand soleil d’antan sur ma grise âme brille ;
Alors, je me souviens d’autres temps, d’autres lieux.
Monstre cellérier
Dans ma cave réside un monstre lucifuge,
Je pense qu’il agit en buveur clandestin ;
C’est un comportement qui remonte au déluge,
« Est calix sanguinis » grogne-t-il en latin.
Il échappe aux regards par mille subterfuges,
Sauf s’il est endormi dans le petit matin ;
Loin de lui le désir de quitter son refuge,
Car il est affaibli par l’âge qui l’atteint.
Aucun désir en lui d’une vie éternelle,
Du prêtre il n’entend point la sotte ritournelle ;
Il n’a point pour mentor l’ensoutané paillard.
Il n’est pas dangereux, c’est un monstre ordinaire,
Par manque d’exercice il devient rondouillard ;
Mais je ne lui dis rien, cela, c’est son affaire..
Séduire une grenouille
Cette mare au printemps de prétendants foisonne,
Empressés à franchir le rivage glissant ;
Nous entendons de loin la voix des plus puissants,
Plus qu’une basse-cour ce vert plan d’eau résonne.
Pour la plupart, ils sont bien faits de leur personne,
Eux qui ont su gagner du muscle en bondissant ;
Ils arrivent nombreux, de l’herbe surgissant,
Héros reproducteurs dont la voix claire sonne.
Grenouille, vois qu’ils ont parcouru ce chemin ;
Ils ont pour objectif de demander ta main,
Mais pas de se languir en amours platoniques.
Tu ne sais pas lequel peut faire ton bonheur,
Tu entends leur musique aux riches harmoniques ;
Tu veux un galant sage, et pas trop raisonneur.
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 13093
Localisation : Drôme du Nord (Rhône-Alpes-Auvergne - France)
Identité métaphysique : La mienne
Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Re: Sagesse du pluvian
Il n'empêche, que je trouve ton texte, Cochonfucius, comme une histoire poétique narrée. C'est le sentiment qu'il donne, avec tout un tas d'images-atmosphères qui s'en dégage.
Je te retrouve plus dans le style que je te connaissais à l'époque ; même si à l'époque tu faisais différents styles-teneurs ; mais celles-ci avaient cette sorte de fluidité, simplicité.
Je te retrouve plus dans le style que je te connaissais à l'époque ; même si à l'époque tu faisais différents styles-teneurs ; mais celles-ci avaient cette sorte de fluidité, simplicité.
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 13093
Localisation : Drôme du Nord (Rhône-Alpes-Auvergne - France)
Identité métaphysique : La mienne
Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Vieux porc amoureux
Ce cochon n’a jamais perdu sa convoitise,
Pour une blanche mouette on le voit soupirer ;
Lui qui, devenu vieux, ne craint pas d’endurer
Les multiples tourments dont souffre une âme éprise
Cet innocent vieillard en jeune se déguise,
Mais personne ne croit qu’on puisse l’admirer ;
Il n’a plus ce qu’il faut pour être désiré,
Car nul vivant ne peut rajeunir à sa guise.
L’Univers a son plan, la Nature a ses lois,
Aussi tu ne dois pas faire n’importe quoi,
Que tu sois l’éléphant, le phoque ou l’hirondelle.
Mais Cupidon poursuit ceux qu’un jour il frappa ;
Le corps est fatigué, l’esprit ne mollit pas,
À ses anciens désirs il veut être fidèle.
Seconde vie du vieux porc
Partir à la retraite était la fin d’une ère,
J’avais le sentiment qu’il ne me restait rien,
Sinon des souvenirs, devenant aériens,
Ainsi que des lueurs, ou des songes lunaires.
Sous le soleil je pris un repos salutaire,
Puis je déménageai, labeur de galérien ;
Tout fut transbahuté par deux ou trois vauriens,
Je fus en route alors, mais non pas pour Cythère.
Un autre firmament, un tout autre jardin,
Une autre tavernière au langage badin ;
Ainsi, très doucement, ma vie se renouvelle.
Et l’homme que je fus, que fait-il, est-il mort ?
La chose ne saurait me causer nul remords,
Ni non plus tourmenter ma placide cervelle.
Manoir de sinople
Nous avons notre gîte au fond de la rivière,
Si vaste qu’il pourrait loger un bataillon ;
Nous bavardons avec nos carpes familières,
Avec le bon brochet parfois nous ripaillons.
La rivière est de l’eau, ce n’est pas de la bière,
C’est ardu à changer, mais nous y travaillons ;
On ne peut l’obtenir par la voie coutumière,
Le problème est confus, nous le débroussaillons.
Les ondins du cours d’eau valent mieux que des hommes,
Jamais aucun d’entre eux n’aurait mangé la pomme :
Ils craignent le serpent, car c’est un monstre froid.
Ils aiment ce milieu plus que les eaux marines,
Car le sel endommage et meurtrit leurs narines ;
Puis, les ondines sont toujours en cet endroit.
Une pierre magique
C’est un noble cristal produit par la Nature,
Auquel on attribue d’innombrables bienfaits ;
Donc, si l’on t’en donne un, garde-le, c’est parfait ;
Mets-le dans un écrin de très bonne facture.
Mais si tu en reçois un faux, par imposture,
Ne va pas t’exposer à ses mauvais effets ;
Tu dois éliminer ce joyau contrefait,
À le garder chez toi jamais ne t’aventure.
Admire sa splendeur à nulle autre seconde,
Son coeur où tu liras les secrets de ce monde ;
Contemple ses reflets, qu’ils soient d’or ou d’azur.
Il doit, quand tu mourras, retourner à la terre ;
Tu ne transmettras point cette magique pierre,
Sous peine de subir un maléfice obscur.
Pureté d’un pachyderme
L’ambimammouth ne fait jamais de choses viles,
Car il eut pour mentor un homme de valeur ;
Ce n’est donc nullement un oiseau de malheur,
Il parle aux animaux de façon fort civile.
Il est déjà très vieux, mais il n’est pas sénile,
Il aime plaisanter, mais il n’est pas moqueur ;
Les dryades jadis se disputaient son coeur,
Mais il a bien perdu son ardeur juvénile.
Son arc ne lance plus de ses fabuleux traits,
Il demeure tranquille et se tient en retrait ;
Cupidon désormais ne l’importune guère.
Et pourquoi regretter l’amour et ses tourments ?
À vouloir réveiller la Belle au Bois dormant,
Bien des gens vainement leurs forces prodiguèrent.
Paysage frit
La vague de chaleur a cramé l’Univers,
De stérilité sont les planètes frappées ;
Tu retrouveras peu de bêtes rescapées,
Dont nul raton laveur, n’en déplaise à Prévert.
Jamais ne reviendront l’automne ni l’hiver,
De neige ne sera plus la plaine nappée ;
Des preux de Charlemagne ont fondu les épées,
Ce qui a satisfait quelques démons pervers.
Ces diables par ce temps conservent leur sang-froid,
Disant « Le sol revient enfin à qui de droit »
Sans regretter l’humain, cet apprenti despote.
Or, deux petits canards ont surgi tout à coup,
Hérissant joliment les plumes de leur cou ;
Ils ont donc survécu, tant mieux pour ces deux potes.
Donjon de Fulbert
Abélard dans la tour donne quelques leçons,
D’Héloïse le coeur ne peut alors se taire ;
Découvrant avec lui de savoureux mystères,
Elle se prête à lui, sans faire de façons.
Il faudra du malheur pour payer ce frisson,
Tristement prendra fin leur séjour à Cythère ;
L’un et l’autre vivront alors en solitaires,
Sans regretter d’avoir vibré à l’unisson.
D’amertume tu dois accepter le calice,
Car Fulbert a voulu te punir d’un supplice,
Ce chanoine oubliant son Nouveau Testament.
Ainsi, tu fus l’objet de cette forfaiture,
Héros malencontreux de ce sombre roman ;
Mais tu as su trouver refuge en l’Écriture.
Re: Sagesse du pluvian
Un bâillon, pour toi, c'est possible ... ? !
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 13093
Localisation : Drôme du Nord (Rhône-Alpes-Auvergne - France)
Identité métaphysique : La mienne
Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
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Localisation : Drôme du Nord (Rhône-Alpes-Auvergne - France)
Identité métaphysique : La mienne
Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Champion d’indifférence
Tu te moques de lui mais il ne s’en plaint pas,
D’impassibilité sa robuste âme est pleine ;
Jamais il ne pleura comme une Madeleine,
Jamais de sentiments ne se préoccupa.
Il voit sereinement l’horizon du trépas,
Il ne se flatte point d’une espérance vaine ;
Il sourit aux assauts de la noire déveine,
Même ayant peu de vin quand il prend son repas.
Il savoure pourtant le charme d’une amie,
Son silence surtout, quand elle est endormie ;
Il n’a pas pour visage un dur masque de fer.
Même, un coeur délicat palpite en sa poitrine,
Lui dont les sentiments ne sont pas en vitrine ;
Il vit sur terre, et pas aux cieux ni aux enfers.
Dodo- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 2179
Localisation : Alma - (Saguenay)
Identité métaphysique : Magicien distrait
Humeur : Aux anges…
Date d'inscription : 21/07/2021
Songe de la balance
La balance laissa le Sommeil la surprendre,
Rêvant qu’elle pesait des objets singuliers ;
Elle se voyait loin de ses lieux familiers,
Mais faisait son métier sans chercher à comprendre.
Elle pesa des mots,sans jamais les entendre,
Puis des trésors cachés dans un petit soulier ;
Elle crut s’éveiller au cri d’un fourmilier,
Et, dans ce monde flou, ne sut à quoi s’attendre.
L’inconscient est farceur, mais il n’est pas méchant,
Légers sont les dégâts qu’il cause en se lâchant ;
Balance, il n’y a point péril en la demeure.
Bien peu de temps dura ce songe merveilleux,
Lequel fut décousu, même un peu cafouilleux ;
Il tient en ce recueil une place mineure.
Re: Sagesse du pluvian
Whaaaa !!!! Celui-ci est un vrai bijou !
loofrg- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 11440
Localisation : Lot
Identité métaphysique : Abeille
Humeur : Emeraude
Date d'inscription : 04/07/2018
Re: Sagesse du pluvian
En fait, si je peux te dire ce que je ressens en tant que lecteur, c'est que je ne prends jamais autant de plaisir à te lire que quand tes poèmes sont simples, accessibles, que tu as dégraissé au niveau des références culturelles, que les mots que tu emploies n'ont pas cette nature savante. Mais je me dis qu'après tout, si tel est ton goût, probablement que tu me retournes à l'inverse ma critique, peut-être que mes poèmes manquent pour toi de science si je peux l'exprimer ainsi. Mais là n'est pas le problème, peut-être me feras-tu quelques critiques à ton tour, c'est toi qui vois, sache que je les accueillerai volontiers. Je me permets seulement de donner mon avis de lecteur, avis complètement subjectif. En tous les cas, ce poème que tu viens d'écrire est selon mon goût au sommet de ta création.
loofrg- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 11440
Localisation : Lot
Identité métaphysique : Abeille
Humeur : Emeraude
Date d'inscription : 04/07/2018
Re: Sagesse du pluvian
Je te remercie pour ces encouragements.
Je lis ce que tu écris, et je l'apprécie.
Je n'ai pas encore écrit de commentaires, mais je vais m'y efforcer , puisque ce forum est un lieu d'échange.
Donc à très bientôt en « poésies opportunes » !
Je lis ce que tu écris, et je l'apprécie.
Je n'ai pas encore écrit de commentaires, mais je vais m'y efforcer , puisque ce forum est un lieu d'échange.
Donc à très bientôt en « poésies opportunes » !
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