Sagesse du pluvian
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Le canard du Duc
Malgré mon plumage bien terne,
Je ne suis pas sur le déclin ;
Je suis vif et je suis malin,
Ma cervelle n’est pas en berne.
Nul devant moi ne se prosterne,
Pas même l’humble pangolin ;
Mais j’ai mon portrait sur vélin
Dans une royale taverne.
J’appartiens à Monsieur le Duc,
Maître de l’Ordre de saint Luc,
Qui du Pape embrassa la mule.
Bien plus noble que mes pareils,
Je resplendis, tel un soleil
Qui jamais ne se dissimule.
Re: Sagesse du pluvian
C’est une Terre intemporelle,
Brillante et sombre, tour à tour ;
Je distingue mal ses contours,
Je ne sais quoi te dire d’elle.
Peu de ressources naturelles,
Peu de tendresse et peu d’amour ;
Les jours ne sont ni longs ni courts,
Les arbres sont tristes et frêles.
Peu de grandeur, peu de beauté,
Mais de l’ennui, de tous côtés ;
Rien ne surnage et rien ne brille.
Pas trace de divinités,
Pas de manoirs, pas de cités ;
Tout se défait, tout part en vrille.
Feuillage ambivalent
Vieux mur qui de lierre s’habille
Dans une hivernale douceur ;
Chaque feuille montre à ses soeurs
La nuance dont elle brille.
Elles forment une famille
Qui s’agrandit avec ardeur ;
Nous en admirons la verdeur
Dont la diversité scintille.
Les feuilles s’abreuvent de sève,
Puis dorment d’un sommeil sans rêves ;
Le calme règne en leur esprit.
Les racines, qu’elles partagent,
Sont un merveilleux apanage,
Un trésor qui n’a pas de prix.
Cornu et content
C’est un personnage important,
N’en parlons pas à la légère ;
De mille agneaux il est le père,
Ce bélier, ce sire épatant.
J’entends le vieux berger chantant,
Je vois sourire la bergère ;
Leur chien, c’est un joyeux compère,
Avec tout le monde il s’entend.
Mangeant de l’herbe, et non du foin,
Le bélier prend de l’embonpoint ;
Quant aux agnelets, ils grandissent.
Les brebis sont près d’enfanter,
Le troupeau va bien s’augmenter ;
Reproducteur, Dieu te bénisse.
Montagne magique
Je suis l’enchanteur des montagnes,
Un troll m’a béni, de sa main ;
Je sais les détours des chemins,
Je bois aux troquets de Cerdagne.
Fort loin du pays de Cocagne,
Ce monde est dur pour les humains ;
Déjà, dans le temps des Romains,
C’était un foyer de castagne.
Mais nous vaincrons, j’en suis garant,
Les incubes et les varans
Qui viennent tourmenter les hommes.
Nous rebâtirons les palais,
Nous rassurerons les valets ;
C’est « Ange des Monts » qu’on nous nomme.
Seigneur des prés humides
Au long du jour je reste assis,
Car je suis un maître placide ;
Très rarement je me décide
À me poser ailleurs qu’ici.
Moi qui n’éprouve aucun souci,
Mon âme et mon coeur sont limpides ;
Mes jours ne sont pas insipides,
Je mange bien, je drague aussi.
La sagesse me fut donnée
Par un lutin chargé d’années,
C’était un brave petit vieux.
Le ciel est pur, la vie est belle,
Mes concubines sont fidèles ;
Chers amis, tout est pour le mieux.
Coffre magique
Mon trésor grandit chaque nuit,
Ce sont d’honnêtes sous de cuivre ;
Un sortilège les produit,
Qui ne se trouve en aucun livre.
Chaque pièce faiblement luit
Et d’un rouge rêve s’enivre ;
Le coffre est sobre, quant à lui,
Il est sage, il se laisse vivre.
Quand il sera plein à ras bord,
S’obscurcira toute lumière ;
L’air se chargera de poussière.
Ce sera dur ! Mille sabords !
Ce monde est sans miséricorde,
Qui reprend tout ce qu’il accorde.
Dalle polygonale
Monument d’étrange facture,
Dans un cimetière sans dieux ;
Personne ne vient en ce lieu
Pour en admirer la texture.
Tous les goûts sont dans la nature
Sur notre terre et sous nos cieux ;
Un sculpteur a fait de son mieux
Et le reste est littérature.
L’enterrement fut clandestin,
Pas de prêtre, pas de festin ;
Et cette pierre fut scellée.
J’entends les cris d’un vieux corbeau
Pleurant sa vigueur envolée ;
L’herbe pousse autour du tombeau.
Saint Blaireautin
Mon âme n’est jamais tentée
D’avoir au mensonge recours ;
Je dis ma peine et mon amour,
Ma franchise est illimitée.
Le bien qui est à ma portée,
Je l’accomplis quand vient mon tour ;
Sans crainte s’écoulent mes jours,
Ms nuits parfois sont enchantées.
Ma demeure est comme un cellier ;
Belle voûte, et pas de piliers,
C’est mon domaine et mon empire.
Je vis ma vie avec ardeur
Pour le meilleur et pour le pire ;
Je suis armé de ma candeur.
Écuyers solaires
L’astre du jour est chevalier,
Très sobres sont ses armoiries ;
Il règne, que nul ne s’en rie,
Sur des univers, par milliers.
Auprès de lui, deux écuyers
Dont la force n’est point tarie ;
Car de lumière elle est nourrie,
Qui les transforme en forts piliers.
Du soleil l’âme est triomphante ;
Illuminant ses alentours,
Ce sont des mondes qu’il enfante.
De sa présence réchauffante
J’aime savourer le retour,
Tel qu’il se produit, chaque jour.
Re: Sagesse du pluvian
C’est un étroit logis de pierre,
Maison de la Communauté ;
Nulle féminine beauté
Ne réside en cette tanière.
Au cellier sont des fûts de bière,
Nous aimons ça mieux que du thé ;
Heureux de boire et de chanter,
Nous sommes chercheurs de lumière.
Quand le chant du coq nous éveille,
Notre âme à nouveau s’émerveille ;
De saintes choses sont dans l’air.
Nous sourions à nos icônes
Qui sont une plaisante faune ;
Elles portent bonheur, c’est clair.
Floraison précoce
Au jardin règne l’allégresse,
L’hiver semble s’être envolé ;
L’oiseau veut son nid bricoler,
De s’activer il n’a de cesse.
Une fleur s’habille en princesse,
Un insecte en est affolé ;
Les lombrics sont déboussolés,
Eux qui s’agitent et s’empressent.
Ce soleil n’est point de saison,
Ce réveil a lieu sans raison ;
Ainsi réfléchit un pétale.
Calme-toi, pétale pensant,
Lui répondit une vestale ;
De cela tu es innocent.
Planète des songes
L’astre est peuplé d’enchanteresses
Qui l’amour savent éveiller ;
Un cosmonaute émerveillé
S’abandonne à mille caresses.
La plus coquine est prophétesse ;
Quand elle a l’air de sommeiller,
Elle te voit t’ensoleiller
Avec force et délicatesse.
Elle lit le livre des cieux
Qu’elle interprète de son mieux ;
Soif de savoir inassouvie.
Ce grand bonheur va-t-il durer ?
Je ne peux en être assuré,
Moi qui ne sais rien de la vie.
Sainte Doctorante
De sagesse elle s’abreuvait,
Cette joyeuse demoiselle ;
Car elle était pleine de zèle,
Son vaste savoir le prouvait.
Quand un vieux livre elle trouvait,
Ça devenait une part d’elle ;
Son esprit semblait muni d’ailes,
Qui au plus haut des cieux vivait.
Elle qui savait nous surprendre,
Nous eûmes plaisir à l’entendre,
Car ses mots furent pleins d’attraits.
Exaltant nos coeurs et nos âmes,
Elle a su raviver nos flammes ;
Croyez-moi, ça n’a rien d’abstrait.
Manoir ringard
[quote="Cochonfucius"]
Maison par l’ennui ravagée
Où règne un silence de mort ;
Refroidie par le vent du nord,
La demeure en est affligée.
La lourde charpente est rongée
Par mille termites retors ;
Nous déplorons ce triste sort,
Trop de tâches sont négligées.
Que s’en inspire un sot rimeur,
Je n’y vois qu’un pauvre artifice ;
Ça me met de mauvaise humeur.
D’où sont venus ces maléfices ?
Je me souviens qu’il fut charmeur,
Cet épouvantable édifice.
Maison par l’ennui ravagée
Où règne un silence de mort ;
Refroidie par le vent du nord,
La demeure en est affligée.
La lourde charpente est rongée
Par mille termites retors ;
Nous déplorons ce triste sort,
Trop de tâches sont négligées.
Que s’en inspire un sot rimeur,
Je n’y vois qu’un pauvre artifice ;
Ça me met de mauvaise humeur.
D’où sont venus ces maléfices ?
Je me souviens qu’il fut charmeur,
Cet épouvantable édifice.
Prince grenouille
J’aime les rainettes friponnes,
Moi qui ne leur refuse rien ;
Je les trousse, c’est pour leur bien,
On a le bon temps qu’on se donne.
Elles, qui ne sont pas des nonnes,
Frémissent quand l’Amour les tient ;
Une joyeuse humeur leur vient,
À leurs plaisirs elles s’adonnent.
À la faveur d’un coup de foudre,
Leur sens moral peut se dissoudre
Dans un bonheur bien mérité.
Moi que Dieu fit à son image,
Je leur prodigue mes hommages
En signe de fraternité.
Monstre fou
Je suis un dévoreur de livres,
Dans mon fauteuil ou dans mon pieu ;
Je lis aussi en d’autres lieux,
Car lire est ma raison de vivre.
De mes tracas ça me délivre,
De ceux qu’on a quand on est vieux ;
Ces pages emplissent mes yeux
D’enchantements qui les enivrent.
C’est rassurant d’être un lecteur ;
Bien plus que d’être un électeur !
Les mots à l’auteur me relient.
Quelques livres sont indiscrets,
Divulguant de sombres secrets ;
Friandises pour ma folie.
Seigneur abyssal
Je règne sur les eaux lointaines,
Y compris dans leurs profondeurs ;
Je règne sur mille splendeurs,
J’ai noyé mille capitaines.
Aussi fraîche qu’une fontaine,
La fosse m’offre ses odeurs ;
Je suis loin de toute laideur
Et de toute chose incertaine.
Cet océan, c’est ma maison,
De mes ennemis la prison ;
Je les abreuve d’eau de Seine.
Les grands ondins sont mes neveux,
Et comme moi, forts et nerveux ;
Ils n’ont aucune idée malsaine.
Sagesse nocturne
J’erre dans un cosmos sans bornes,
Je suis rarement à l’arrêt ;
Je m’endors quand le jour paraît,
À l’heure où chante la litorne.
Ma sagesse n’a rien de morne,
Je suis un seigneur des forêts ;
Je suis plus savant qu’un goret
Et presque autant qu’une licorne.
Je suis à l’image de Dieu,
Sauf que je suis beaucoup moins vieux,
Lui qui devient dur de la feuille.
Cet univers, c’est ma maison ;
De l’admirer j’ai bien raison,
Et tous les vivants qu’il accueille.
Corne magique
Tu trouveras ce que tu aimes,
Tu en auras ta juste part ;
La corne l’offre sans retard,
Sauf si ça lui pose un problème.
C’est la générosité même,
C’est l’inépuisable bazar ;
Des brimborions, des objets d’art,
Ou bien des tartes à la crème.
Sur ces trésors immérités
Brille une apaisante lumière ;
La corne n’en est pas plus fière.
C’est un mythe, c’est inventé ;
Allons plutôt boire une bière
Et d’autres blagues raconter.
Arbre serein
Producteur de lourds fruits dorés,
Je les préfère à ceux des treilles ;
À chaque automne ils émerveillent
L’oiseau qui les vient dévorer.
Un goupil, pour s’en emparer,
Flattait une noire corneille ;
Mais en elle un doute s’éveille,
Et, bredouille, il doit se barrer.
Posés sur une assiette plate,
Ces fruits parfumés d’aromates
À notre table vont trôner ;
C’est pour nos commensaux fidèles
Que nous les mettrons en rondelles ;
La fête ils viendront couronner.
Un roi reptilien
Je suis monarque et sans attrait,
Régnant sur trois arpents de terre ;
Mes savoirs sont rudimentaires,
D’un vieux grimoire ils sont extraits.
S’il le fallait, je combattrais,
Moi qui suis piètre militaire ;
C’est ma faiblesse héréditaire,
D’un perdant je suis le portrait.
Heureusement, j’ai mes bouteilles
De Bordeaux, dont je m’émerveille ;
Je bois un coup, je suis content.
Je m’abstiendrais, si j’étais sage,
D’user de ce rouge breuvage ;
Mais il me donne du bon temps.
Maître Hippotaure
Le calme règne sur mes terres,
Chacun s’y sent comme chez soi ;
Nul n’y transgresse aucune loi,
En taverne on s’y désaltère.
Modestes sont les dignitaires,
Assidus aux lieux où l’on boit ;
Leur pouvoir n’est pas d’un grand poids,
Leur quotidien n’est pas austère.
Nous goûtons le plaisir d’amour
Au son du luth des troubadours ;
C’est merveilleux, c’est un délice.
La tristesse, il faut la bannir,
Il faut éloigner ce calice ;
Le mal, il faut s’en abstenir.
Oiseau qui rit
D’un sobre plumage vêtu,
J’ai de remarquables idées ;
De ma cervelle débridée
Sortent des trésors. En veux-tu ?
Par des jeux de mots rebattus
Est mon âme bien déridée ;
Ou par de grands auteurs guidée,
Ou par Kéraban le têtu.
Je suis l’oiseau des moqueries,
Le plus vif de ma confrérie ;
Celui qui rit et qui rira.
Jadis, pour séduire une reine,
Je m’exhibais dans une arène ;
Pour être invité sous ses draps.
Soif du garonnosaure
J’ai traversé plusieurs déserts
Et plusieurs zones infécondes ;
D’aucun ruisseau je ne bus l’onde,
Aride fut mon univers.
Ça me fait une soif d’enfer,
Comme une envie de bière blonde ;
Ô vous tous, ma peine est profonde,
Car mon destin est trop amer.
Comme une envie de bière fraîche
Dans cette atmosphère trop sèche ;
Je sais que chacun me comprend.
Sur une terrasse ombragée
S’éteindra ma fougue enragée ;
Car Gambrinus est le plus grand.
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