Sagesse du pluvian
+20
ronron
Ling
maya
casimir
Nuage
_Esprit de ''Celle''
gaston21
Babylon5
selene
freefox
apollonius
_Bib
allégorie
Radha2
ElBilqîs
Magnus
Geveil
bernard1933
JO
Cochonfucius
24 participants
Page 39 sur 40
Page 39 sur 40 • 1 ... 21 ... 38, 39, 40
Au siècle précédent
Loin pour moi, le temps du collège,
D’antan ou d’autrefois les neiges.
Sage était la prof de latin,
Pour elle, il n’était pas éteint,
Ce langage des belles muses
Dont les cardinaux encore usent !
Je revois sa main qui écrit
Un vers au tableau, comme un cri.
Scribe sous un saule
Un scribe de folklore épris
Qui n’est ni savant ni prophète,
Sous un saule transcrit, de tête,
Quelques fables qu’on lui apprit.
Fables du beau temps, du temps gris,
De vent, de rumeur, de tempête ;
La ramure en est stupéfaite
Et le plan d’eau en est surpris.
Le récit au parchemin luit
Comme un lampyre dans la nuit,
Sous l’éclat d’une lune pure
Qui le fait voir aux végétaux ,
Quand ils viennent du fond des eaux
Pour un quart d’heure de lecture.
Chambre du fils du charpentier
Fils du charpentier, dans les bras
De ta mère dont le coeur bat,
Assumant l'humaine faiblesse,
Tu t'endors avec allégresse.
Tu n'es pas fils d'un potentat,
Modeste sera ton état,
Mais de ta mère la noblesse
Vaut bien celle d'une princesse.
Ton esprit ne s'afflige pas,
Tu fais bientôt tes premiers pas
Et tu grandis pour la sagesse
Que tu as prise pour maîtresse.
Charpentier, quand tu grandiras,
Vers le supplice tu iras,
Te souvenant de ta jeunesse
Au pouvoir d'une enchanteresse.
Quelques triomphes
Le palotin fait duc par ses pantoufles d'or :
Maint courtisan lui voit manières seigneuriales,
Les plus hardis diront « Mieux que ça, impériales ;
Un aigle ici n'est pas, mais au moins un condor».
Poulainé de sinople, un fou l'amuse fort ;
À descendre son vin, en nul cas il ne cale,
Pour lui, ne versez point la flotte monacale,
Avec les matelots laissez-le boire au port.
Quand au fond de son coeur une ivresse fait rage,
Il donne libre cours à son vaillant cerveau :
Il remplit son cahier d'alexandrins nouveaux.
Est-ce une traversée, un triomphe, un naufrage ?
Il ne peut pas le dire, il est dubitatif,
Personne sur le port ne connaît les tarifs.
Plantations de novembre
Quand approche le temps de Sainte-Catherine,
On prétend qu’aisément tout arbre prend racine ;
Les anges récoltant les marrons et les glands
Font naître au paradis un bocage excellent.
Sans pour autant rêver d’ordinaires étreintes,
Le charpentier rassemble autour de lui les saintes,
Leur disant « Couchons-nous sur cette herbe, et dormons
En écoutant les mots de Rémy de Gourmont. »
Fable sans vraie morale
Corbeau qui perdit son fromage
D’en trouver d’autre avait souci ;
Il allait, honteux et transi,
De la désolation l’image.
Manger des raisins le soulage,
Voir souffrir le renard, aussi ;
Un calendo, même durci,
Le satisferait davantage.
C’est du corbac l’infirmité :
Plus rien ne peut-il méditer
Que son infortune passée.
Oiseau noir, médite à loisir !
Ça peut corrompre ton plaisir,
Mais ça renforce ta pensée.
Démons alpestres
Le scribe a lentement parcouru le glacier
Qui dans le vent d’hiver a des reflets d’acier ;
Il veut pouvoir décrire au long de quelques phrases
Le massif imposant dont la beauté l’écrase.
Soudain, alors qu’il peine à traverser les monts,
Il trouve une caverne abritant deux démons ;
Il hésite à parler à ces deux créatures,
Ne sachant d’où ils sont, ni quelle est leur nature.
Silence et difficile échange de regards ;
Mais un léger sourire advient un peu plus tard :
Alors qu’on s’attendrait à des vapeurs de soufre,
Une odeur de vin chaud surgit du fond du gouffre.
Dans la friche en novembre
Errant au petit jour avec la demi-lune,
Je trouve en cette friche un calme nonpareil ;
Timide en son lever se montre le soleil,
Mars déjà se repose ainsi que fait Neptune.
Presque rien ne fleurit sur cette terre brune.
Bientôt viendra l’hiver et son pesant sommeil ;
Mais cette dormition promet des fruits vermeils,
Si du moins ce jardin subit la loi commune.
Mais qu’il la suive ou non, mon plaisir est constant.
Reflets de ce terrain, images d’un instant,
Vous emplissez mon coeur, plus que je ne sais dire.
Qu’importe si le temps nous va tous consumant !
Glaner, de-ci, de-là, de purs contentements :
Voilà tout le bonheur que mon âme désire.
Couplet de l'andouille
Regardez-la, cette andouille de Vire
Qui fleure bon le poivre du moulin !
On la déguste avec un bon sourire,
Elle est servie pour quelques fifrelins.
Merci à toi, vieux charcutier malin,
Cette denrée, vraiment, n'est pas vilaine ;
Graisse de porc, et non point de baleine,
Et s'arrosant d'un muscadet bien franc :
C'est une auberge où l'on reprend haleine...
Goûter l'andouille, ô plaisir innocent !
Taverne lumineuse
Les rayons traversant la bière et le vin blanc
Renforcent des boissons la pénétrante haleine ;
Au-dessus du comptoir, mille bouteilles pleines
Font pour les doux buveurs épanouir leurs flancs.
Ils sont là quelques-uns, ou rapides, ou lents ;
Ils se disent entre eux des choses incertaines,
Ne mourant point de soif auprès d'une fontaine,
Et produisant parfois des mots étincelants.
La terrasse aux pavés qui s'ornent d'un peu d'herbe
Est embellie aussi par cet éclat superbe
Qu'arbore le soleil quand il est aux abois.
C'est l'endroit pour mener une vie détendue,
Loin du pesant troupeau, de la foule éperdue :
J'écoute les buveurs, je griffonne, et je bois.
Dans les airs
Dans les airs, je suis joyeux,
Ça se passe pas trop mal ;
Mon nuage est bien soyeux,
Comme un très bel animal.
Si la muse aimait mon âme,
Ce serait providentiel ;
La chaleur de cette flamme
Me ferait aimer le ciel.
Il est bon, vraiment, de vivre
Au sein de cet univers ;
Toute route est bonne à suivre
Aux approches de l’hiver.
Équipement du chevalier inexistant
Qui forgera pour moi l’armure d’argent lisse ?
Qui le solide écu, mur contre le danger,
Chargé pour le combat de meubles inchangés ?
Qui le sabre tranchant, pour combattre le vice?
Qui de gueules fera mon écharpe, complice
De maint long tour de garde où l’on ne peut bouger ?
Qui mes chaussons d’azur, où je pourrai loger
Ces pieds qui tant de fois me rendirent service ?
Mais je n’existe pas ; nul n’écoute ma voix,
Je poursuis mon chemin, héros sans toit ni loi,
À pareille évidence il faut que je me rende.
La plaine de sinople et de sable les cieux,
D’or les astres errants qui ravissent mes yeux :
Je suis inexistant, je suis une légende.
Beau temps pour les corbeaux
Beau temps pour les corbeaux d’automne,
La chaleur a fait ses adieux ;
Ils lancent leur cri monotone
En rayant de noir les grands cieux.
Jeunes ou vieux, comme ils sont lestes !
Et combien dignes sont leurs pas,
Combien mesurés sont leurs gestes
Quand ils arpentent le sol gras !
Sages oiseaux qui peu se livrent ;
On ne voit pas où sont leurs yeux,
Pourtant, ils me regardent vivre
Comme eux, à la grâce de Dieu.
Vision crépusculaire
Fantômes du passé dans le ciel obscurci,
Chacun semble former d’un nuage l’empreinte ;
Chacun se tord ainsi qu’un amant dans l’étreinte,
Mais rien ne les étreint que le vent, c’est ainsi.
Ils sont de souvenirs et de regrets aussi,
Quel rhapsode en ces lieux chantera leur complainte ?
Ils sont d’air et de vent, n’en ayez nulle crainte,
Ils sont partis bientôt, n’en ayez nul souci.
Le couchant les rougit dans ses vapeurs de flamme ;
Ont-ils un mot à dire, un soupir de leur âme ?
Aucun n’ose troubler le silence des cieux.
On les distingue moins, maintenant, ce me semble ;
La forme de chacun soudain se désassemble,
Le grand ciel étoilé se présente à mes yeux.
Plaisirs futurs
Où serons-nous l'année prochaine ?
Nous danserons près des fontaines,
Nos jours y seront consacrés,
Nous danserons parmi les prés.
Plus rien ne viendra nous presser ;
Nous aurons loisir de dresser
Dans le bocage nos oreilles,
Au doux murmure des abeilles.
Poser ces quelques mots
Tracer trois mots n’est pas le signe d’une transe ;
Juste un acte rêveur, du sommeil hérité,
Ni dans la profusion, ni dans l’austérité,
Une danse montrant plus ou moins d’assurance.
Un sonnet après l’autre en ce lieu prend naissance,
Sans prétendre jamais à l’immortalité ;
Tout le bonheur du barde, en ces nativités,
Est de mieux ressentir de ce monde l’essence.
Par Horace et Virgile un esprit rendu fort
Tente de s’aligner avec leur encre d’or,
Cela, sans vaine gloire et sans absurde envie.
Le but du jeu n’est pas de se croire important,
Mais d’égayer un peu les jours de notre temps ;
De les enluminer, d’y mettre un peu de vie.
Accession aux titres de gloire
L'empereur te fait duc, archevêque ou vicomte ;
Il faut célébrer ça d'un grand verre de vin,
Sans t'attacher, pourtant, au simulacre vain :
C'est ce que tu produis, et rien d'autre, qui compte.
Segalen, empereur d'un monde imaginaire,
A nommé satellite un modeste laurier,
Juge un pin vertical (pourquoi pas trésorier ?)
Puis astrologue un puits s'enfonçant dans la terre.
Au canard il accorde un grade honorifique,
C'est le plus éminent dedans la basse-cour ;
Tu te ris, Segalen à plume de velours,
L'an prochain, tu leur mets des couleurs héraldiques !
Simple divagation
Quand nous reviendras-tu, temps des métamorphoses ?
Temps des aimables trolls se promenant la nuit,
Des grandes beuveries dans les châteaux détruits,
Des prodiges sans nom, des miracles sans cause ?
Ce monde est bien austère, il est presque morose,
(Concernant, pour le moins, la partie où je suis).
On n’y voit plus l’ondine émergeant de son puits,
Ni la sirène au loin qui sur le roc se pose.
Mais ce temps lumineux, s’il revenait un jour ?
Temps des mages errants, aux surprenants parcours
Guidés par la comète au firmament, qui brille ;
Temps où les lendemains sont tissés d’inconnu,
Comme, risquant des mots sur son parchemin nu,
Un barde entend sa muse, imprévisible fille.
Pays de Jade
Segalen, circulant parmi les blocs de jade,
Les trouve résistants mais fort doux au toucher.
Eux-mêmes sont heureux, voyant l’homme marcher :
Il grandit en sagesse à chaque promenade.
Ils savourent ses mots dedans leurs fines veines ;
Ils en goûtent le sens avec urbanité.
Ils éclairent l’auteur pour le féliciter,
Approuvant ses propos de leurs voix souveraines.
Puisqu’en un bloc de jade est la Vertu suprême,
Le poète a plaisir à lire un tel miroir ;
Je lui ai demandé ce qu’il pouvait y voir,
Il m’a dit, presque rien, quelques quatrains sans thème.
Chapitres
Un vieux chercheur, à l’ombre d’un érable,
Depuis neuf jours, compose un long traité
Sur le Réel et sa mobilité.
En imitant ses Maîtres vénérables,
Il dit l’Étant et ce qui a été.
En écrivant sous la vaste ramure,
Il songe au sort qui fut celui des rois,
Comment ils sont changés en chiens, parfois,
Comment certains, à ce que l’on murmure,
Portent le deuil, le soir au fond des bois.
C’est inspiré par Leconte de Lisle
Qu’en quelques vers son texte il découpait.
Un relecteur en lisant se marrait,
Il en trouvait la langue un peu facile
Et le substrat vraiment pas bien épais.
À chaque page, il éclusait sa bière.
Au bout d’un temps, il se sentit bien lourd.
De son esprit l’aventureux parcours
Se trouvant pris au piège d’une ornière,
Il transcrivit un très obscur discours.
La nuit s’en vint, avec sa lune bleue.
D’un lumignon, le Maître s’éclaira,
Et le Traité en longueur s’étira.
On entendit, dans ce coin de banlieue,
Une chanson que chantait Fortunat.
Dans la banlieue pourrie où rien ne bouge,
Un érudit commente maintenant
Le grand traité aux mots tourbillonnants.
Il trace en marge, à longs traits d’encre rouge,
Sa prose autour du texte rayonnant.
Moine et grenouille
De grenouille et de moine, entretiens éphémères,
À l'heure où les vallons sont encore endormis ;
L'ermite à ce qui vit offre un regard d'ami,
Il ne laisse nul être en solitude amère.
Il se montre pensif, rêvant plus qu'à demi ;
Il songe aux excursions qu'il fit avec sa mère,
Très innocent bambin, en quête de chimères,
Son coeur n'ayant, d'angoisse, aucune fois gémi.
La matinée brillante, étoffe non froissée,
Se prête à du sourire, à de belles pensées ;
Or, le vieux moine songe à celles qu'il aimait.
Grenouille avec douceur et calme le regarde ;
Moine et brave animal, que vos anges vous gardent !
L'automne, en cet instant, est doux comme jamais.
Sagesse du boeuf
Le boeuf dort au plafond quand sonnent les matines,
Son museau est de sable, un digne et sombre émail.
Le barde, abandonnant son modeste travail,
S’en vient lui réciter des sentences latines.
Ici, le réfectoire, ou très humble cantine,
Rassemble les chercheurs en un tiède bercail ;
Chaque fenêtre arbore un éclat de vitrail
Et le cuistot y grille une côte argentine.
La magie de la salle a de quoi nous charmer ;
À deux ou trois copains, l’on peut s’y enfermer
Pour goûter du vin sombre et quelques propos vagues.
Comme il descend, ce vin ! Mieux que du petit lait ;
L’existence, bientôt, n’aura plus rien de laid,
Nous la prendrons, c’est sûr, comme une bonne blague.
Festin du carnivore
Ce grand boeuf nourri de carottes,
Je me le mange, à l'échalote.
Comme un oiseau tombé du nid,
Dans mon assiette il a fini.
Son nom, je crois, fut Charolais,
Un boeuf à viande, un vrai de vrai !
Il dort, embaumé de vin rouge,
Dedans ma panse où rien ne bouge.
Honneur à toi, boeuf du bocage,
Toi qui parfumas mon potage,
Goûte la saveur des oignons
Et sois fier d'être bourguignon.
Très vieux livres
Très antiques bouquins, par grand hasard trouvés,
Du fait que ce jour-là pour la chose était faste,
Vous rejoindrez bientôt l’enchevêtrement vaste
Des volumes formant un grand tas de pavés.
Vous ouvrirez les cieux à mon coeur entravé,
Lui montrant des amours impudiques ou chastes,
Des fondeurs de vitraux et des iconoclastes,
Des nefs ayant en mer longuement dérivé.
Vous narrerez aussi les drames des faubourgs,
Les rhapsodes chantant au coin d’un carrefour
Et l’infortune, aussi, de la grande licorne ;
Quoi de plus familier que ce plaisir des yeux ?
C’est un festin, pourtant, qui comblerait les dieux :
C’est le sort des humains, l’aventure sans bornes.
Sagesse de Saint Nicolas
Saint Nicolas hantait les tripots sans déchoir,
Souvent, dans les faubourgs, il y buvait, le soir ;
Parfois le rejoignait une fille ravie
D'un peu de religion dans sa mauvaise vie.
Plus tard, le boulevard résonnait de leurs pas,
Tandis qu'ils se disaient de doux propos, tout bas :
L'évêque volontiers cédait à la nature,
Bienveillant qu'il était pour toute créature.
Il était, au moment de ses plus forts émois,
Aussi majestueux que le grand saint Éloi ;
Contemplant sa grandeur, les dames de la ville
Disaient : Recueillons-nous ! la chose n'est point vile.
Point vile, peut-on dire, et nullement perverse,
Un exemple parfait de modèle hors-commerce,
Gloire à toi Nicolas qui peux, à tout moment,
Te montrer séducteur et vigoureux amant.
Page 39 sur 40 • 1 ... 21 ... 38, 39, 40
Sujets similaires
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
Page 39 sur 40
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum