1 coeur en hiver.

[Invité]

Un cœur en hiver

Ombre et poussière sur la drôle d'étagère :
Je suis nue avec mes mots aux chants déferlants !
Fuient les jours insolvables, les nuits en jachère,
Marquise de Sade, aux réflexes ondulants !

Ce malheur qui suinte, c'est la mort qui nous lie.
Cette tragique union, las ce désir sans trêve,
Et entre nous, la même peur de l'embolie
Nous tenant accolés jusqu'aux confins du rêve ;

Pourquoi donc refuser l'amour et sa tanière ?
Les délires sereins d'une vie casanière ?
Vivre quatre saisons ravagées au soleil,

Mon génie s'opposant au passé statufié !
Un songe de Curare, qui dans un long sommeil,
Voit ce cœur en hiver, à présent pétrifié.


Je dédie ce sonnet à Spin, qui m'a aidé le corriger
ainsi qu'à Myrrha, (qui voulait en profiter aussi) à ma chère Leela,
Bernard et tous les zouzous de ce forum.

[bernard1933]

Curare, je quitte à présent le forum - j'y reviendrai demain - ton poème va bercer ma nuit... Mais ton coeur n'est vraiment pas pétrifié...

[Cochonfucius]

... et l'hiver n'y entre pas.

[JO]

le film de même titre était bien joli , sensible Claude Sautet ...
Coeur en hiver, coeur en écharpe, romantique .
Les pierres sont vivantes : printemps toujours possible, elles reverdissent ...

[Invité]

"Chère Brigitte

J'ouvre mon mail pour vous souhaiter encore un
bon anniversaire !

souhait sincère
d'un cœur en hiver

tenderly"

Parfois l'inspiration vient juste d'1 seul mot: j'ai composé ce sonnet à partir de ces quelques mots écrits par le génie.
Je ne désespère pas d'ailleurs que le génie puisse nous rendre visite ...

En attendant, l'hiver s'engouffre toujours sous ma porte...

[Geveil]

N'y a-t-il pas chez toi, un bon feu de bois ?

Et en bas de ta porte, un bourrelet? Les chats ont bouffé le mien, mais le feu , non.

Tiens, un poème pour toi ( Auteur inconnu )

Les pantoufles dansaient dans l'azur famélique
Au rythme entrelacé de mâles escargots,
Et les homards, volant alentour les portiques
Pour y voir plus clair enlevèrent leur tricot.
C'est alors qu'apparu un oncle d'Amérique
L'œil vélocipédique et bourré d'asticots,
Portant sur un plat d'or, des bémols pacifiques
Et les poches tarées de vieux os de gigot.
Alors qu'il montait, mixte, sur l'impériale
Le baromètre en fleurs a contracté la gale
Et passé subito de la vie à trépas.
Le péritoine bleu s'enfuyait en déroute,
Et le pétrole, assis sur le bord de la route
Regardait d'un œil torve et ne comprenait pas.

[Cochonfucius]

Ce sonnet est parfois attribué à Gérard de Nerval,

http://www.etudes-litteraires.com/forum/sujet-1170-5.html

qui (pour des raisons évidentes) ne le publia pas officiellement.

[Geveil]

Ah, merci.
Les raisons ne me sont pas évidentes; le trouves-tu mauvais ou inacceptable en son temps ?

[Cochonfucius]

Disons, pas très noble ni cohérent.

D'autres sources l'attribuent à Francis Picabia (1879-1953),

http://www.gilblog.fr/gilblog_archives/2007/histoires/un_poeme_de_picabia_..html

donc, pour l'instant, je ne sais que croire.

[Cochonfucius]

Autre piste: Georges Fourest, recueil"La Négresse Blonde",

http://www.google.com/search?q=%22le+p%C3%A9trole+assis%22+Fourest

mais là non plus, pas de certitude.

[Invité]

merci, Curare!

[JO]

le pétrole ne devait pas être seul à ne pas comprendre !

[Invité]

Ben quoi? L'auteur planait! Bien au dessus des contingences!
Faut grimper sur l'armoire pour considérer le merveilleux de cette phrase historique s'il en est:

L'œil vélocipédique et bourré d'asticots,

c'est super poétique! Tu ne trouves pas? (et un peu gerbant!)

mais ce petit bout de phrase:
Portant sur un plat d'or, des bémols pacifiques

fait oublier ce qui précède, et nous emmène dans un monde musical enchanteur ... si l'on oublie le bémol!

C'est complètement farfelu, mais ça reste poétique!

[JO]

oui. La poésie , c'est ça : de la musique verbale , avant d'avoir du sens . C'est ce que j'ai aimé chez Claudel, Mallarmé, Prévert, Vian.
Chez eux, le baroque garde du sens . Le présent sonnet n'a pas de sens mais, comme dans un tableau non figuratif, agite des images . C'est beau, aussi...

[Cochonfucius]

J'ai vérifié que ce n'est pas dans Fourest, et (probablement) pas dans Picabia. La piste nervalienne reste donc la seule plausible, ce qui ne garantit pas que ce soit la bonne.

[Invité]

Le présent sonnet n'a pas de sens mais, C'est beau, aussi...

Jo, tu résonnes comme s'il fallait résoudre graphiquement 1 inéquation..
Qu'est-ce que la poésie ?
Chasser tout souvenir et fixer la pensée,
Sur un bel axe d'or la tenir balancée,
Incertaine, inquiète, immobile pourtant,
Éterniser peut-être 1 rêve d'un instant ;
Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;
Écouter dans son coeur l'écho de son génie ;
Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;
D'un sourire, d'un mot, d'un soupir, d'un regard
Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme
Faire une perle d'une larme :
Du poète ici-bas voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie et son ambition.
(A. De Musset)

[Geveil]

Merci Curare pour tes deux poèmes, le tien et celui de Musset, mais ton 1 qui me semble une signature, une façon de vouloir être originale me dérange en poésie.Voici ce que ça donne en le mettant partout:

Le présent sonnet n'a pas de sens mais, C'est beau, aussi...

Jo, tu résonnes comme s'il fallait résoudre graphiquement 1 inéquation..
Qu'est-ce que la poésie ?
Chasser tout souvenir et fixer la pensée,
Sur 1 bel axe d'or la tenir balancée,
Incertaine, inquiète, immobile pourtant,
Éterniser peut-être 1 rêve d'1 instant ;
Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;
Écouter dans son coeur l'écho de son génie ;
Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;
D'1 sourire, d'1 mot, d'1 soupir, d'1 regard
Faire 1 travail exquis, plein de crainte et de charme
Faire 1 perle d'1 larme :
Du poète ici-bas voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie et son ambition.
(A. De Musset)

[Invité]

Mais le un est partout Cher Gereve,
Lorsqu'1 preux pénètre à la cour d'un roi ou d'un émir non musulman, il déclare dans 1 attitude défi : Mon salut, dans cette cour, va à celui qui sait que dans les dix-huit mille univers dieu est 1.
Selon C.C Jung qui a distingué toute 1 série de symboles qu'il appelle les symboles unificateurs. Ce sont ceux qui tendent à concilier les contraires à réaliser une synthèse des opposés,comme par exemple la quadrature du cercle, les mandalas, les hexagrammes, le sceau de Salomon, la roue, le Ziodiaque..etc
Le sujet est alors capable d'assumer toute l'énergie du symbole unificateur pour accomplir en lui l'harmonie du conscient et de l'inconscient...
Réaliser l'équilibre dynanique des contraires réconciliés, 1 cohabitation de l'irrationnel et du rationnel, de l'intellect et de l'imaginaire, du réel et de l'idéal,du concret et de l'abstrait.. la totalité s'unifie dans sa personne , sa personne s'épanouit dans sa totalité...
plus simplement pour conclure : 1 lubie !

[Cochonfucius]

Dix-huit mille univers...

Ça nous donnait une chance sur dix-huit mille d'atterrir dans celui où se trouvent notre camarade Curare et ses inspirations poétiques...

[Invité]

merci pour le poème :) que ton cœur ne soit jamais en hiver, bat toujours d'ardeur ,)

[Cochonfucius]

Le coeur est un être à sang chaud!

[lilialaplage]

Ce sonnet a été écrit par M. Roger Lefebvre, et a été publié dans les années 30.

[bernard1933]

Mais encore ?

[lilialaplage]

Que voudriez-vous savoir ?
Cet homme était mon grand-père, il adorait les mots, et a noirci des cahiers sa vie entière. Instituteur, inspecteur d'académie puis directeur d'Ecole Normale, il aimait l'école public, et était un fervent défenseur de la laïcité.
Ce sonnet s'est promené, apportant quelques variantes.

[Cochonfucius]

Voir "Le Post":

http://www.lepost.fr/article/2009/10/23/1756205_les-pantoufles-chantaient-dans-l-azur-famelique.html

son nom était Roger Lefebvre. Il est né en 1916, et nous a quittés en 2005. Il a passé la fin de sa vie dans le sud de la France, là même où il a occupé sa dernière fonction, celle de Directeur de l'Ecole Normale de Nîmes.