Sagesse du pluvian
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Bardes qui suivent Baudelaire
Bardes à plume légère,
Encore loin du tombeau,
Nous ornons vos étagères,
Des ouvrages les plus beaux.
Ces pages sont les dernières,
Consumons donc les flambeaux,
N’épargnons point la lumière
D'Eros et Bacchus, jumeaux.
Je ne prends pas l'air mystique,
Car ce jour n'est pas unique,
Ce n'est pas un jour d'adieux.
Une lectrice à ma porte :
J’entends son rire joyeux,
La poésie n'est point morte.
Quatre stèles
http://lutecium.org/stp/cochonfucius/stele.html
http://lutecium.org/stp/cochonfucius/autre-stele.html
http://lutecium.org/stp/cochonfucius/encore-une-stele.html
https://www.forum-metaphysique.com/t4253p480-sagesse-du-pluvian#464505
(Quatre stèles, en hommage à Victor Segalen).
http://lutecium.org/stp/cochonfucius/autre-stele.html
http://lutecium.org/stp/cochonfucius/encore-une-stele.html
https://www.forum-metaphysique.com/t4253p480-sagesse-du-pluvian#464505
(Quatre stèles, en hommage à Victor Segalen).
Re: Sagesse du pluvian
Superbe...
Vous saviez, je pense, que Segalen est mort sur un rocher dans le bois de Huelgoat( en Bretagne) qui domine la rivière d'Argent. Il était dépressif et s'est sans doute suicidé.
Vous saviez, je pense, que Segalen est mort sur un rocher dans le bois de Huelgoat( en Bretagne) qui domine la rivière d'Argent. Il était dépressif et s'est sans doute suicidé.
maya- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 3020
Localisation : à l'ouest
Identité métaphysique : bouddhiste et yogas
Humeur : sereine
Date d'inscription : 21/04/2011
Grenier de Verhaeren
L'univers, régi par l'équation coutumière
Dont il ne sait point diverger,
Jongle avec ses photons légers
Qui forment pour nos yeux l'impalpable lumière.
Les poissons dans le flot des torrents sont heureux,
Les oiseaux gonflent leur poitrine ;
L'érudit trace sa doctrine,
Assis à son bureau dans son grenier poudreux.
La forêt s'illumine à des éclats d'un feu
Qui est le sceau des anciens dieux ;
Sur le paysage, il s'imprime.
Le poète est joyeux, il écrit comme un fou
Sur la nature et puis sur tout
Ce qui lui inspire des rimes.
Danse avec Mallarmé
Mallarmé, plein de mystère,
Ta plume fait louvoyer
La sémantique arbitraire
Des mots que tu sais ployer.
Le lecteur un sens y guette ;
L’isotopie a des trous.
Il faudrait, d’une baguette
Désenchanter ces garous.
Mais un traducteur tenace
Trace des vers en béton
Et de comprendre menace
(Mais seulement, le peut-on ?)
La version qu’il a sortie
Est lumineuse, en partie.
Bon appétit, Paul Valéry !
Piaf-Tonnerre engloutit l'andouillette fumante
Dont il sait savourer la délicate chair.
Il se verse un godet de bon Entre-Deux-Mers
Et voilà qu'à présent, plus rien ne le tourmente.
Son sourire se forme ; il goûte le vin blanc
Auquel son gosier trouve une saveur fleurie
Et un éclat valant celui des pierreries.
Au dessert, il prendra un grand morceau de flan.
Ensuite il relira ce que de plus agiles
Poètes ont écrit ; non pas des plus faciles,
Ni de ceux qui auraient des accents puérils,
Ni de ceux qui tiendraient des propos par trop vagues.
Avec Paul Valéry, jamais de tels périls,
Ses phrases vont dansant, majestueuses vagues.
Aloysius aquaticus
C’est la nuit que l’ondine approche des rivages ;
Encore lui faut-il un long drap de nuages
Pour ne point trop montrer son obscure beauté.
Prenez bien garde, au moins, vous par elle enchantés !
L’ondine suit les flots sans besoin de navire
Et chante sa chanson sans toucher d’une lyre.
Elle aime la chaumière, elle aime le manoir,
Elle aime le dormeur qui frémit dans le noir.
Ne lui dites jamais le nom de votre père ;
Ne lui révélez pas que vous avez un frère,
Et ne la suivez point pour nager quelques brasses.
Ou dissimulez-vous dans l’ombre d’une église,
Comme on cache un trésor dans une toile grise ;
Vrai moyen d’échapper à l’ondine vivace.
Heredia dans un village
Un jour je reverrai mon village natal,
Le beffroi musical, l'église un peu hautaine,
Les bateaux sur le lac et leurs doux capitaines,
Et la brise du soir qui n'a rien de brutal.
De nouveaux bâtiments de verre et de métal
Occupent à présent cette terre lointaine,
Arborant fièrement une enseigne, une antenne,
Et les riches couleurs du monde occidental.
Devrai-je alors partir, de façon plus épique,
Vers un village vierge, aux abords d'un tropique ?
Je ne me crois point fait pour cet exil doré.
L'aurais-je été, par contre, au temps des caravelles ?
Ces lointains, j'aurais pu, je crois, les ignorer :
La terre familière est pour moi la plus belle.
Avec Wystan
Victor, amoureux d'Anne, est son doux compagnon ;
Les gars de son bureau profitent de l'aubaine.
Victor va consulter l'oracle de la plaine.
L'oracle a répondu « À cela je dis non ».
Victor interrogea la cime des grands monts,
Cime dont le verdict lui parvint, non sans peine,
Mais négatif aussi ; toute indulgence humaine
A quitté à présent son esprit moribond.
Un grand couteau à viande acheté au marché
Dans sa main qui s'acharne à frapper et trancher,
Il accomplit ainsi le sacrifice d'Anne.
Dans la cour de l'hospice il dit « Je suis l'Alpha
Et l'Oméga, celui qui tous vous jugera ».
(L'esprit inconsolé prend refuge en l'arcane).
Arums de Renée Vivien
Je rêve qu'en passant ma porte
Je parviens à Jérusalem
Où l'on chante le requiem
Du Créateur et de sa sorte.
Lui mort, subsiste son escorte,
Tous chantant "Non bis in idem",
Sauf un qui répète "Baal Shem" ;
Sans que nul poème n'en sorte.
Oui, ma chanson est ténébreuse
Car mes pensées sont nébuleuses
Aux plus pesants jours de l'été ;
Mon inspiration est allée
Vers ces figures décalées,
Plutôt qu'aux rives du Léthé.
Re: Sagesse du pluvian
Pourquoi donc se cacher à l'ombre d'une église, quand apparaît l'ondine ? Elle est vivace ? Raison
de plus pour l'attirer jusqu'à l'autel et se livrer au sacrifice..."Ceci est mon corps, livré pour vous...", susurrerait-elle...
Des poèmes magnifiques , que je savoure ! Mais je préférerais savourer l'ondine!
de plus pour l'attirer jusqu'à l'autel et se livrer au sacrifice..."Ceci est mon corps, livré pour vous...", susurrerait-elle...
Des poèmes magnifiques , que je savoure ! Mais je préférerais savourer l'ondine!
gaston21- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 6875
Localisation : Bourgogne
Identité métaphysique : agnostique
Humeur : ricanante
Date d'inscription : 26/07/2011
Dieu dit : je ne parle pas.
S'il fallait des grands monts interroger la cime,
Qui peut savoir ce que répondrait le versant ?
Peu souvent, des sommets, un oracle descend ;
Et quand cela survient, il se perd dans l'abîme.
Quand le barde entreprend de consulter la plaine,
Il ne distingue point les propos des sillons
Qui semblent affirmer « Ce n'est pas mon rayon »;
Ou bien, ils ont parlé avec la bouche pleine.
Ainsi va l'univers dont la sagesse éclate,
Nul ne peut déchiffrer cette toile écarlate,
Nul ne sait ce que l'astre a déclaré par jeu.
C'est ainsi. Jusqu'au seuil des vastes sépultures,
L'homme reste ignorant de ses journées futures ;
Mais il l'aime, à la fin, ce silence de Dieu.
Au soleil
Je ne sais point à quoi comparer le soleil ;
J'aime, en un frais matin, rêver sous sa lumière
Et le voir décliner à son heure dernière...
Au petit jour il semble abriter mon sommeil,
Ou bien me consoler de rester en éveil,
Car la chose pour lui est simple et coutumière :
D'Est en Ouest il lui faut franchir la Terre entière,
Brillant au firmament d'un éclat sans pareil.
Sans lui, que saurions-nous de la beauté du monde,
De l'univers bizarre où la magie abonde,
Où l'heure est annoncée par les corbeaux tordus ?
Sans lui, on y verrait comme dans un tunnel,
Comme dans la noirceur du froid originel,
Tâtonnant devant nous, tels des enfants perdus.
Autres jours de lecture
16 8 13 à C S
C'est sans toi que j'ai lu, ces jours-ci, sur la plage,
Et tu liras ceci, un jour, sous d'autres cieux.
Je souris en moi-même en pensant que tes yeux
Je ne sais quel matin parcourront cette page.
Ce jour vient ajouter une année à mon âge;
Et l'an passé, déjà, je me sentais trop vieux.
J'y pense en parcourant ici les mêmes lieux,
Les mêmes boulevards et les mêmes herbages.
Mon pas se fait plus lourd et bien plus malhabile ;
Durs me sont les sentiers qui me furent faciles,
Et ces difficultés, je les bois à longs traits.
Tu restes pour toujours dans mon coeur, jeune muse,
Ma rime se moquant d'elle-même s'amuse,
De ce que j'écrivis ne me vient nul regret.
Vers le déclin
Lorsque j'avais vingt ans, j'étais tant amoureux
Que je n'entendais point le langage des corps ;
La ville de Paris me semblait un décor
Pour présenter aux gens mes exploits savoureux !
On est ainsi, on est si jeune et vigoureux,
On laisse les passants admirer ce courage ;
On confondrait l'amour avec la forte rage,
Et l'on lit des romans puissants et langoureux.
La vie commence ainsi, au mépris du danger,
Mais, comment finit-elle, on se sent étranger
Aux heures qui ne font qu'aggraver nos souffrances.
Je ne regrette point d'avoir vécu sans frein,
De m'être fait cadeau de si belles carences ;
Merci, plume si proche, ayant même refrain...
Vaine application
Vers vingt ans, nous avions des leçons de portrait.
Une tendre Vénus nous servait de modèle ;
Nous cherchions, de nos traits que nous voulions fidèles,
À capturer la fleur de ses charmants attraits.
L'occasion de souffler, de temps en temps, s'offrait.
Le professeur disait : « Voyez, mademoiselle,
Comment ces jouvenceaux et cette jouvencelle
Ont vu votre beauté, ce qu'ils en ont extrait. »
La plupart des portraits étaient plaisants à voir,
Leurs auteurs possédant déjà quelque savoir ;
Cependant, mes efforts et ceux de ma voisine
Eurent un résultat si caricatural
Que la fière Vénus, au maintien sculptural,
N'éprouva que stupeur, face aux oeuvres porcines.
Chanson du serpent
Dieu a-t-il défendu, Dieu peut-il interdire ?
De tout ce qu'il produit, il dit que c'est bien fait,
Alors, comment un fruit peut-il être mauvais ?
J'en ai mangé ce jour, il est bon, je peux dire
Qu'un poète devrait le chanter sur sa lyre.
Et sur l'intelligence, il a de tels effets
Que j'entends mieux le monde, et vois mieux où je vais :
Or, si tu en prenais, toi, Dame que j'admire
Ton éclat deviendrait celui d'une comète,
Rien ne l'égalerait sur toute la planète,
Et tu en donnerais un peu à ton mari.
Homme et femme, investis d'une grandeur divine,
Mon coeur en y songeant s'exalte et s'illumine ;
Plaisir qui ne sera, pour moi, jamais tari.
Une licorne pour Verlaine
La licorne, sortant de sa tapisserie,
Au jardin du musée lentement descendrait,
Dans lequel un conteur, se tenant en retrait,
Méditerait une ode à la Vierge Marie.
Respirant la puissance et nullement flétrie,
N'ayant du Moyen Âge aucunement regret,
La licorne parcourt un passage secret
Aux murs ornés de mille et une allégories.
Morgane au loin l’accueille au son du clavecin.
Licorne et fée, ayant le flanc sur des coussins,
Se font porter du thé par une jeune femme.
Le conteur de cela ne fut pas le témoin,
Au jardin composant quelques épithalames ;
Un vers, par-ci par-là, auquel l'amour se joint.
Méditation du vendredi
Le fils du charpentier multipliait les pains ;
Il ne le fera plus, le monde est moins magique,
Le prêtre sert l'hostie avec sa rhétorique
Qui ne peut pas vraiment rassasier les copains.
Le fils du charpentier changeait de l'eau en vin ;
Il ne le fera plus. La boisson bénéfique
Qui nous aide à porter notre destin tragique,
L'attendre des curés serait un espoir vain.
Mais il est toujours vrai que notre coeur pardonne
À tous nos offenseurs, comme Dieu nous l'ordonne,
Et que cela permet d'éteindre la douleur.
Merci au charpentier qui nous fit hommes libres !
Quand reviendra sur terre un gars de ce calibre,
Écoutons sa parole, ouvrons-lui notre coeur.
Re: Sagesse du pluvian
Merci pour tous ces poèmes si beaux "qui nous aident à porter notre destin tragique"
maya- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 3020
Localisation : à l'ouest
Identité métaphysique : bouddhiste et yogas
Humeur : sereine
Date d'inscription : 21/04/2011
1969-2013
Astronautes, jadis, ayant quitté la Terre
Pour aller sur la Lune où le sol paraît blanc,
Auriez-vous découvert là-bas une Cythère,
Un paysage empli de trésors rutilants ?
Fûtes-vous tentés d'être, en ces lieux, sédentaires
Dans la nuit prolongée et le jour un peu lent,
De peupler ce bel astre au séduisant mystère
D'où l'on voit notre monde avec un coeur tremblant ?
Où, si l'on n'y prend garde, assez vite, on étouffe,
Où l'on ne choisit point ce qu'on boit, ce qu'on bouffe,
Où le moindre cratère est un endroit hanté ;
Point ne sont devenus de lunaires ermites,
Mais ils salent parfois la soupe en leur marmite
D'un peu de sel très fin qu'ils en ont rapporté.
Un éléphant peut en cacher un autre
Dans le soleil couchant danse un éléphant rose,
Et chacun reconnaît son mérite éclatant.
Il se montre, hors du rêve, hors du monde, hors du temps,
Chimère inaccessible aux vers comme à la prose.
J'entends aussi le son de son coeur palpitant
Et je ressens en moi une émotion sans cause ;
Je crains de devenir, folle métempsycose,
Un être comme lui (et c'est bien inquiétant).
Voilà qui pour le coup dépasserait les bornes ;
Ou si je devenais une blanche licorne,
Je ne saurais vers quel horizon m'en aller.
Nous ne savons jamais vraiment ce que nous sommes,
Notre destin n'est pas solidement scellé ;
Il ne faut point chercher à tout comprendre, en somme.
Re: Sagesse du pluvian
Je te lis aussi Conchonfucius, mais à part les 'j'aime", "j'aime moins", ou je "n'aime pas", je ne sais pas commenter les poèmes.
Mais j'ai souvent suivi tes liens en "silence" qui ont enrichis quelque peu mon vocabulaire dans ce domaine.
Mais j'ai souvent suivi tes liens en "silence" qui ont enrichis quelque peu mon vocabulaire dans ce domaine.
Ladysan- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 4769
Localisation : Belgique (Wallonie)
Identité métaphysique : Aucune
Humeur : De toutes les couleurs
Date d'inscription : 15/03/2010
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