Re: Une paire de 7 contre une paire d'as...

[alex_x]

C'est une théologie qui est donc incompatible avec les attributs traditionnels de Dieu.

Vrai.

Il semble donc que selon cette théologie, il n'y a plus de ligne entre le créateur (Dieu) et la création (l'univers).

Ce n'est pas tout à fait ça.

Pour cette théologie, Dieu et l'univers sont co-éternels. Cela ne signifie pas que Dieu a perdu toute activité créatrice. Soulignons au passage que le titre du livre d'André Gounelle sur la process theology se nomme "Le dynamisme créateur de Dieu: essai sur la théologie du Process". Dieu est en perpétuel création mais à partir de ce qui est déjà là.

Cette théologie maintient une distinction entre Dieu et le monde (qui n'est pas une création de Dieu ex-nihilo). Ce n'est pas une distinction ontologique. Les entités actuelles possèdent deux pôles : mentales et physiques. Leurs activités sont possibles uniquement par l'action de Dieu qui agit au cœur du pôle mental de chaque entité actuelle. La doctrine de Whitehead peut être associé au panpsychisme même s'il n'utilise pas le mot lui-même.

Du coup cette "fusion" soulève des interrogations sur l'indépendance de Dieu et sur le caractère "spécial" de la création divine non ?

En même temps, ce n'est pas si éloigné de la pensée des théologiens du process. La frontière entre Dieu et le monde est plutôt flou. Dieu est présent à tout ce qui existe mais sans être tout ce qui existe (panenthéisme). Gounelle affirme également que le monde peut être vu comme étant le corps de Dieu.

Nous voyons un jeu d'équilibrisme, surtout du côté des théologiens protestants du process, pour éviter les différentes hérésies. De mon point de vue, cette théologie n'est absolument pas conforme aux données bibliques. Elle propose un Dieu qui n'est pas le Dieu de Jésus tel que révélé par les Écritures.

[Bulle]

Cette théologie maintient une distinction entre Dieu et le monde (qui n'est pas une création de Dieu ex-nihilo). Ce n'est pas une distinction ontologique. Les entités actuelles possèdent deux pôles : mentales et physiques. Leurs activités sont possibles uniquement par l'action de Dieu qui agit au cœur du pôle mental de chaque entité actuelle. La doctrine de Whitehead peut être associé au panpsychisme même s'il n'utilise pas le mot lui-même.

En parlant de ligne, je voulais plutôt dire que cette théologie suggère que Dieu et le monde sont intrinsèquement liés et que Dieu est en quelque sorte "dans" le processus de l'univers, évoluant et changeant avec lui. En fait il y aurait une forme de réciprocité où Dieu et la création se façonnent mutuellement.

Gounelle affirme également que le monde peut être vu comme étant le corps de Dieu.

Dieu devient matériel...   Donc imparfait ?

[Magnus]

Dieu s'est incarné, pourtant. Il est donc devenu matériel.
Donc Jésus était imparfait ?

[Bulle]

Ben comme tout être humain bien sûr !  Il éprouvait la faim, la fatigue, la douleur ... 
Il a même du se faire baptiser comme tout le monde pour avoir droit au paradis puisque Jean le Baptiste prêchait le baptême pour le pardon des péchés.

[alex_x]

Pour le christianisme, au contraire des gnostiques, la matière n'est pas mauvaise.

Le problème de la création de Dieu, selon l'interprétation classique de Genèse, c'est qu'elle est toute entière sous le péché. Les théologiens du process rejettent le péché originel et la chute. Le mal et la souffrance trouvent leur cause dans le tohu-bohu initial.

Les théologiens du Process n'enseignent pas l'Évangile de la Rédemption par le sang de Jésus mais l'Évangile social. Pour eux, les chrétiens font avancer le Royaume par l'engagement politique et social pour la justice sociale. Cela me semble le contraire des propos de Jésus qui affirme que son Royaume n'est pas de ce monde.

[Bulle]

Dans la Genèse, la création est décrite comme "très bonne" (Genèse 1:31), mais elle est ensuite affectée par le péché humain.
Après on a eu Saint Augustin qui a lié le mal au péché originel et à la chute. Effectivement, c'est cette notion que les théologiens du process rejettent. Ils se réfèrent, sauf erreur de ma part, au tohut-bohu de Genèse 1:2 c'est-à-dire avant la création par Dieu du jardin d'Eden fianalement. On a donc un Dieu qui est en interaction dynamique avec le monde. Il a fait un truc bien et l'Adam (humain) a tout fait foirer.

Le grand responsable devient l'humain : mais quid des cataclismes, ères climatiques différentes etc ? Il faut bien faire avec non ?
Et finalement l'idée que le "Royaume de Dieu n'est pas de ce monde" n'est peut-être rien d'autre qu'un appel à se concentrer sur les réalités spirituelles plutôt que sur les affaires terrestres.
Et cela pour moi ressemble de près à la prière de sérénité (Reinhold Niebuhr) "Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses donc  à rejeter l'idée d'un Dieu tout-puissant et immuable au profit d'un Dieu qui évolue et réagit. Cette perspective influence leur compréhension du mal, de la souffrance, et du rôle des humains dans le monde.