Sagesse du pluvian
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Flots tièdes
Immense est l’océan, et du maître-nageur,
Il faut le constater, vaste est la bienveillance.
La baignade avec lui, c’est un instant majeur ;
À l’écouter parler, on prend de la vaillance.
Retenez la leçon : la vague est pleine d’eau,
Laquelle, notez-le, est fréquemment humide ;
Oui, mais quel grand bonheur de nager sur le dos
À minuit, le regard perdu dans l’air limpide !
Barque mélancolique
Fille du roi voguant sur une mer immense,
Une planète au ciel semble aller à rebours,
Environnée de brume et de nuages lourds ;
Les animaux marins observent le silence.
« Fille du roi, pourquoi cette improbable errance ?
Les embruns ont blanchi ta robe de velours
Et ton âme a regret des pages de la Cour ;
Bien frêle est ton esquif sur la vague qui danse. »
La demoiselle a dit : « La mer n’est pas méchante,
Sauf certains jours, bien sûr, quand la sirène chante ;
Mon coeur à cette voix est déjà presque sourd. »
« Es-tu en train de fuir un impossible amour
Avec un vieil évêque, ou un jeune tambour ? »
« Non. J’aime dériver dans cette barque lente. »
Un page de la Cour
C'est la fille du roi qui m'offrit une bague,
Elle qui maintenant navigue au long des vagues ;
Et moi, je deviendrai peut-être un doux berger
Ou bien un jardinier soignant les orangers.
S'il se tourne vers toi, mon regard est amer,
Toi que j'aimais tant voir, splendide et vaste mer ;
Et les oiseaux marins, lorsque je les écoute,
Je n'aime plus leur voix, ça me met en déroute.
Je partirai d'ici, pour des mois, pour des ans,
Et je ne craindrai pas les trajets épuisants ;
Et je surmonterai les embûches du monde,
Mais nul ne me verra naviguer sur les ondes.
Drôles d'oiseaux
Les parents de Piaf-Tonnerre
Furent oiseaux inconnus ;
Loin de tous les sanctuaires,
En ce monde ils sont venus.
Menant la vie primitive
Du Cosmos en création,
Leur démarche fut hâtive,
Mais sans précipitation.
Goûtant l'ombre et le silence
Et les horizons sans fin
Où d'autres mondes commencent,
Ils n'avaient rien de divin.
Ils ressentaient l'harmonie,
Cependant, de l'univers,
Et les cent voix de la vie
S'unissant dans un concert.
En ce temps, les fleurs vivantes
Rivalisaient de beauté,
Sous les tornades puissantes
Conservant leur liberté.
Ce monde subsiste encore ;
Mais c'est en songe, ma foi !
C'est en rêve que se dore
Le blason des vieilles lois.
C'est un goût de sacrifice
Ici, qui règne, éternel :
Comme une envie de supplice
Chaque jour tombant du ciel.
Madeleine immaculée
Dont pleurent les jolis yeux,
Quelle oiselle désolée
Pour les oisillons de Dieu !
Jardins de poètes
Tout au long des saisons, les poètes nous donnent
Des mots sur leur maison et sur ses alentours :
L’un de son ermitage et l’autre de sa tour,
Chacun va célébrant ce dont il s’environne.
D’aucuns montrent le roi, son sceptre et sa couronne ;
D’autres un laboureur que fatiguent ses jours ;
Ici des cris de guerre, ici des mots d’amour,
Ici le philosophe à l’ombre des colonnes.
S’il faut à l’un d’entre eux décerner le rameau
Récompensant son art de nommer toute chose,
Demandez au soleil, demandez à l’oiseau
Demandez à l’ondine en la rivière enclose,
Interrogez Eros et Bacchus, son jumeau :
Tous voudront que Ronsard soit couronné de roses.
Blasonnement incertain
L'écu est de sinople à un drôle d'oiseau
Dont le chef, cependant, n'est pas reconnaissable ;
Le volatile est d'or et ses ailes de sable,
Je ne sais pas si c'est un pluvian des roseaux.
Sont-ce les armoiries du duc de Palaiseau
Ou celles d'un quidam, d'un bonhomme inclassable
Poursuivant chaque jour des buts inconnaissables,
Tel Noé se risquant, sans guide, sur les eaux ?
Brochant sur une branche, un porc de carnation.
Que représente-t-il ? L'esprit d'une nation,
Un corps immatériel, un miroir fatidique ?
Je ne sais pas pourquoi je songe au rossignol,
À l'Empereur de Chine et à Marcel Pagnol ;
Ou c'est, plus simplement, une farce héraldique.
Soirs de taverne
Au comptoir l'homme se dévoile ;
Il n'est plus dans le faux-semblant ;
Il fait, comme sur une toile,
Un autoportrait bien vivant.
Il prend tout son temps pour parler,
C'est chez lui qu'il pourra se taire ;
Est-il pressé de s'en aller ?
On dirait bien qu'il ne l'est guère.
Il développe, puis résume ;
C'est un récit en mouvement,
Il progresse sans amertume
Des pires aux meilleurs moments.
Pourquoi serait-il sur ses gardes ?
Il n'a que des amis, ici,
Le cuistot, la foule bavarde,
La jolie tavernière aussi.
Jeux de code
C’est vrai, tout algorithme a son aspect ludique ;
Ça fait que l’addiction, ainsi qu’en un tripot,
Prend les pauvres joueurs, s’introduit sous leur peau…
Ce ne sont point, pourtant, des choses qu’on explique.
Mais vivons-en pourtant la saveur authentique,
Nous ne craindrons jamais de brandir ce drapeau
Ni d’arborer ici ces nobles oripeaux :
Car une telle foi, vraiment, se revendique.
Encoder le réel, la démarche est charmante,
Il ne faudrait donc pas que cela nous tourmente,
Nous détenons les clés d’un obscur univers ;
N’ayons pas peur des mots, tout est spéculatoire,
Mais ce n’est pas pour ça qu’on en fait une histoire,
Le codage est farceur, mais il n’est pas pervers.
Voyage immobile
Sans même s’embarquer, le rhapsode voyage ;
Sans même diriger ses yeux vers l’horizon.
Vers lui vont convergeant des mondes à foison,
Déserts, gouffres marins, forêts et pâturages.
Ces décors ne sont pas de sa plume l’ouvrage :
Comme l’air vespéral entrant dans la maison,
Ils ont leur propre style et leur propre raison,
Aux auteurs du passé, souvent, rendant hommage.
La plume cependant accepte leur conseil ;
Sans pouvoir égaler ces bardes nonpareils,
Elle capte un reflet de leur verve féconde,
Deux ou trois mots bientôt en ce lieu sont formés.
L’éclat blanc du papier s’en retrouve animé
Par un menu fragment de la beauté du monde.
Méditation tordue
Un métaphysicien médite sur sa mort :
Pour mieux se concentrer, il se veut mort au monde,
Et, tel l’Ouroboros qui sa propre queue mord,
Donne au raisonnement une course bien ronde.
Ses collègues, surpris, consacrent leurs efforts
Aux dires de cette âme à nulle autre seconde ;
Mais, de l’écrire ici je n’ai pas de remords,
La circularité leur paraît inféconde.
Les métaphysiciens ne perdent pas le Nord
Et partent à l’auberge où le pinard abonde :
Et c’est pour y parler, ni de vie, ni de mort,
Mais bien d’amour avec la serveuse gironde.
Corvées d'ange gardien
Du père Dupanloup l'ange n'apprécie guère
D'avoir à voleter près d'une montgolfière,
Surtout laissant traîner on ne sait quoi par terre.
Du père Dupanloup l'ange apprécie fort peu
D'avoir à rencontrer l'ondine aux longs cheveux
Qui fait vibrer son âme et larmoyer ses yeux.
Du père Dupanloup l'ange n'aime pas trop
Voir l'angle sous lequel il ressemble au taureau,
Ce qui fut vrai, dit-on, dès l'âge du berceau
Du père Dupanloup l'ange portant le deuil
Regrettait qu'on ne pût bien fermer le cercueil,
Bien que ce fût un homme, et non pas un chevreuil.
Un amical reproche
Prêcheur, tu dois plus tendrement
Parler à deux anges-diablesses :
Si leur charmant jeu t’intéresse,
Traite-les équitablement.
Se séparer leur est tourment,
Et cela se produit sans cesse ;
De leur destin ne sont maîtresses,
Le sort fait souffrir les amants.
Elles ne vivent pour te plaire,
Ni tes fantasmes satisfaire,
Mais bien pour partager leurs jours.
De mythes nulle ne s’abuse,
Différentes sont leurs amours ;
Nul ami ne le leur refuse.
La crypte aux flacons
La sombre cave où sont les bouteilles scellées
Accueille le buveur dans un demi-sommeil.
Dégustant un nectar à nul autre pareil,
Il croit voir les parois de lueurs constellées.
Ébloui de clartés en son coeur révélées,
Il lui semble baigner dans les feux du soleil ;
Il pense avoir atteint le stade de l’éveil
Et découvert des lois que nul n’a décelées.
«Par ce ciel souterrain où vont des astres bleus,
Par ce nocturne jour qui reluit à mes yeux,
Je voudrais que ceci dure au moins quelques heures ;
Or donc, au détriment de ma sobriété,
À quelque autre flacon vous me verrez goûter,
Et puis... de quelque chose, il faut bien que l’on meure. »
Inspiration matinale
Rilke, par un matin calme,
Reçoit des phrases du ciel ;
Il a bu du vin de palme,
Mais là n'est pas l'essentiel.
La tour de Sainte-Anne chante
Et la Seine en est émue ;
À la santé d'une absente,
Toute la bouteille est bue.
Sagesse du crapaud
Au fond du parc est un sage crapaud
Avec un peu de folie dans la tête.
Vous lui trouvez une allure distraite :
Il est songeur, ne suivant nul troupeau.
À l’heure noire où j’allume un flambeau
Pour que le parc arbore un air de fête,
Il se concentre, ainsi qu’un vieux poète
Triant les mots pour garder les plus beaux.
Que cherche-t-il en son calme séjour ?
À quoi joue-t-il, la nuit comme le jour ?
C’est de blasons que vit cet esprit sombre ;
Il assortit les meubles, les couleurs,
Les partitions, les brisures sans nombre ;
De l’héraldique, il cultive les fleurs.
Iconographie nébuleuse
Collagiste, avec grand soin,
Orne les pages du livre ;
Tu peux tracer dans les coins
Des reflets de bateaux ivres,
Un peu de neige au printemps,
Des dieux saisis par l’ivresse,
L’allégresse d’un instant,
L’euphorie de la jeunesse ;
Que ton trait colle au discours
En des fleurs jamais fanées,
La couleur pleine d’amour
Ne sera point surannée ;
Parfois, une page en gris
Comme un monde où le soir tombe,
Où des noms seront écrits
De gens qui sont dans leur tombe.
Chez le puisatier
En Atlantique Sud (ou serait-ce le Nord ?)
Est une île irréelle où vit une licorne ;
Un grand palais abrite un vieux puisatier morne
Que ceux de son village ont bien longtemps cru mort.
S’il change d’univers, il en a le remords,
Et cela lui procure un désespoir sans bornes ;
Des deux lunes si l’une à la minuit s’écorne,
On en accusera le magicien retors.
Celui-ci répondra d’un haussement d’épaules ;
Tel un druide instruisant les guerriers de la Gaule,
Il jettera ses sorts, tranquille et sans effroi.
À condition d’éteindre une lampe-tempête,
Nos héros seront prêts à poursuivre leur quête ;
Merci à l’oncle Fred, conteur de bon aloi !
Sagesse de Newton
Gotlib s’est foutu de ta pomme,
Newton, grand découvreur de lois
Comme rarement l’on en voit
Dans la longue histoire de hommes.
Ton regard scrutait le ciel bleu
Où de blancs nuages s’étendent ;
Rêveur, tu arpentais la lande,
Guidé par la grâce de Dieu.
Alchimiste aux étranges flammes,
Tu cuisais des métaux, toujours,
Tu découvrais avec amour
Leur influence sur ton âme.
Nul baiser tu ne t’es permis,
Ta maîtresse fut ta pensée ;
Des camarades, des amis,
Mais ni muse ni fiancée.
Si dans ton coeur, c’était l’hiver,
Tu n’en éprouvas nulle peine ;
Et quel besoin d’amours humaines
Pour l’intime de l’Univers ?
Collectionneur
Je parcours un recueil de poèmes anciens,
J’en apprécie le ton, j’en admire l’allure ;
Même, ils chantent en moi, silencieux musiciens,
Et me font voyager, tels de larges voilures.
Plus qu’un raisonnement aristotélicien,
D’un poète farceur m’enchante la parlure ;
Plus que les songes creux des métaphysiciens,
J’aime, d’un bref sonnet, la fine ciselure.
Je lis et je relis avec le plus grand soin,
Prenant parfois le temps d’avaler une chope ;
Je commente l’écrit, je réponds point par point
Sans user, toutefois, d’un trop fin microscope ;
Puis, des bardes qui m’ont fait naviguer au loin,
J’apporte le portrait au grand trombinoscope.
Danseur nocturne
Un korrigan, quittant sa maison souterraine,
Heureux de ne trouver nulle présence humaine,
Boit le rouge et le vert du lumineux couchant
Pendant que les grillons méditent dans les champs.
Il croit voir mille corps, modèles pour Boucher,
Mais le seul pèlerin que l’on voit déboucher
À l’orée du bosquet, de son pas débonnaire,
C’est, bien modestement, notre ami Piaf-Tonnerre.
Choix d'itinéraire
Jeune héros naïf qui aux gloires s’attend,
Aux campagnes aussi, toujours victorieuses,
Tu n’as pas entendu les voix mystérieuses
Qui commentaient pour toi la beauté des printemps.
Puis, comme un fantassin des guerres de cent ans,
Tu subis du devoir les lois impérieuses ;
Tu n’as jamais suivi l’ondine merveilleuse
Qui offrait à ton coeur des matins exaltants.
Tu n’as pas fréquenté les forêts adorées,
Tu n’as jamais franchi les montagnes sacrées
Pour aller t’enivrer avec les trolls charmants ;
Mais tu as rédigé des documents étranges ;
Et ces nombreux papiers forment un monument
Auquel les bons auteurs apportent leur louange.
Les sept lunes
Au ciel tu nais, lune d’argent.
Tu viens éclairer les collines
Comme un éclat d’hiver neigeant ;
Il avait une humeur câline,
Héphaïstos, en te forgeant.
Lune de gueules, corps féroce,
Ton reflet parfois est joyeux ;
Tu aimes éclairer la noce
Où l’on boit beaucoup de vin vieux,
Où sourit même Carabosse.
Lune d’azur, coeur féminin,
Digne compagne de Priape,
Clair sonne ton rire bénin
Quand sont les verres sur la nappe,
Pour les géants et pour les nains.
Lune de sinople, sereine
Amante du soleil doré,
D’Aphrodite la riveraine
Et de ses rayons adorés,
Lune-comète à longue traîne.
Lune d’or, bonheur des corbeaux,
Un fil précieux pour les quenouilles
Descend de toi quand il fait beau ;
De leur humble voix, les grenouilles
Te nomment de Dieu le flambeau.
Nul ne te voit, lune de sable :
Nul ne te touche de sa main,
Ta lueur est inconnaissable
Et tu n’éclaires nul chemin,
Lune-démon, lune intraçable.
Sur l’océan, lune d’hermine,
Tu suis les embarcations mortes,
Et ton disque aveuglant culmine
Près de l’Occidentale Porte ;
Vers quoi maint trépassé chemine.
Rimeur farceur
Le rhapsode fait des dieux
Dans l’anarchie absolue ;
Et sa plume dissolue
Peuple de monstres les cieux.
Cela le rend radieux !
Car il s’exalte à la vue
De ces formes inconnues
Au maintien si gracieux.
Ce farceur fait-il du mal ?
Inventer un animal
Ne met point le ciel en crise.
Chante donc, barde à l’oeil clair,
Ne crains point que, d’un éclair,
Jupiter te pulvérise.
Tapis de Pratchett
J’ai vu se transporter l’acarien solitaire.
Dans son chariot tiré par deux forts pucerons,
Il dit : « Jusqu’à ce soir nous nous déplacerons,
Puis nous délasserons notre corps sur la terre. »
Quand le soleil dispense au monde ses rayons,
Notre vaillant héros longtemps s’en désaltère,
Soit qu’il traverse un parc, un bois, une jachère ;
Les roues de son carrosse impriment leurs sillons
Au chemin qu’il parcourt avec un grand sourire.
Terry Pratchett, fort jeune, a bien su nous décrire
Le peuple surprenant qui s’agite en ce lieu :
De taille minuscule et de formes étranges,
Ils semblent imiter les démons et les anges
Qui se vont disputant le royaume de Dieu.
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