Sagesse du pluvian
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Ville-monde
image de l'auteur
La ville brille dans le soir
Au moment de mon arrivée !
Au Bar des Sports je vais m'asseoir ;
La ville n'est pas achevée.
L'urbaniste ? Il n'est pas très bon,
Mais nous n'osons pas le lui dire :
C'est un artiste de renom,
Et j'y pense avec le sourire.
Je bois, sans vouloir m'en aller,
De bouger, je n'ai pas envie.
La serveuse vient me parler,
Mon âme en est toute ravie.
La machine à voyager dans le temps
image de l'auteur
Les siècles traversés en un temps pas très long
S’ouvrent sur un verger où les fruits sont pléthore ;
C’est plus original qu’un voyage en ballon :
La machine est, de plus, tout à fait insonore.
Notre grand inventeur use son pantalon
Sur le banc de la nef traversant les aurores,
Il reviendra parler aux gens dans son salon,
Mais dans quarante jours, il doit partir encore.
Cet univers changeant défile comme un mur,
De millions de pommiers choient des milliards de pommes,
À l’arrivée, notre homme est d’un âge plus mûr.
Or, que deviendra-t-il, cet aimable jeune homme,
Sera-t-il simplement noyé dans un ruisseau,
Ou bien reviendra-t-il, guidé par les oiseaux ?
Ambijumart de sable
image de l'auteur
Nous l'avons vu passer, souvent ;
Il est déroutant, je l’avoue,
Mais le plumage de ses joues
Est doux sous la main des enfants.
Il frissonne quand on le touche,
Cet ambijumart d'âge mûr ;
Il a l'oeil clair et le coeur pur,
Jamais un gros mot à la bouche.
Ses noirs regards lui survivront
Quand sa saison sera finie ;
À l'heure de son agonie,
Nous caresserons ses deux fronts.
Miroir funéraire
image de l'auteur
Le saint roi meurt, gisant sur son manteau ;
Les chapelains ont prié dès l’aurore,
Gardant qu’enfer son âme ne dévore ;
Le desservant lui présente un tableau
Sur lequel sont les grands cieux clairs et beaux
Que la splendeur de mille anges décore ;
Mais le vrai ciel est plus charmant encore.
Du roi tremblant, les yeux versent de l’eau.
Or, sa conscience à-demi sommeillante
Lui a montré des choses surprenantes,
Le jugement, la balance d’airain.
Roi, ces secrets, il faut que tu les saches ;
Et n’est raison que ton esprit se cache :
De ton trépas, tu es le souverain.
Planton du volcan
image de l'auteur
De l'inframonde rouge il connaît les arcanes,
Il a plongé souvent dans le fond du volcan ;
Il n'est pas effrayé quand un démon ricane,
Ni quand leur troupe fait un infernal boucan.
Planton de ces hauts lieux, je ne sais depuis quand,
Il n'utilise point la magie vaticane,
Ni la sorcellerie des prêtres gallicans ;
Il ne récite pas de prière anglicane,
Tous ces Pater Noster sont bons pour les croquants ;
Mais il sait des jurons en argot de Toscane,
Que même Lucifer trouve presque choquants,
Et puis, il peut frapper très fort, avec sa canne.
Le Seigneur de Sirius
image de l'auteur
Le Seigneur de Sirius n’a pas la vie facile,
Ses six vastes cerveaux ont tant besoin d’amour !
Son monde est plus brillant que notre astre du jour,
Les habitants n’ont point de nos coutumes viles.
Sur trois planètes sont de très anciennes villes
Où l’on entend sonner des cloches dans les tours,
Les citadins font ça, dit la légende, pour
S’adresser au Seigneur de façon fort civile.
Un grand nombre d’entre eux deviennent pénitents,
Le diable de Sirius les emporte, pourtant :
Quand ils en viennent là, leur déception est grande,
Car ils ont tant prié, ces fidèles têtus,
Ils ont tant cultivé la plus noble vertu !
Le Seigneur les vend cher, mais le démon marchande.
Ascension partagée
image de l'auteur
Les morts, sortant du sol, envahissent l’église,
Et là, sans prévenir, l’un d’entre eux s’angélise :
Devant les jaunes yeux de Satan confondu,
Ils se sont éloignés, dans un vol éperdu.
Dans le coeur du démon, toute joie s’est éteinte,
Presque, il cesse de croire à toute chose sainte,
Et, sur son univers, c’est, d’instant en instant,
Un mystère sans fond qui grandit et s’étend.
Comment chasser du coeur cette image importune ?
Le réprouvé, perplexe, interroge la lune ;
Il en attend beaucoup, mais l’astre pâlissant
Ne veut aller vers lui, car c’est trop salissant.
Bouddha de Garonne
image de l'auteur
Qu’il a de bienveillance ! il parle aux ignorants
Et leur fait découvrir les secrets de leur âme ;
De la sorte, il transforme un malheureux qui rame
En un sage pour qui le ciel est transparent.
Un bourgmestre, ce soir, s’avance en l’implorant :
«Serai-je, aux élections, un candidat sans blâme ?»
-- «Allons ! Vous êtes purs, vous-même et votre dame,
Si vous vous présentez, le succès sera grand.»
Le bourgmestre répond : «Optimiste, ma foi!
Je ne me risque point à l’être autant que toi. »
C’est alors qu’on entend la foule goguenarde :
«Notre sire bourgmestre est homme du passé !
Mainte perdante cause il lui prit d’embrasser,
Or, s’il veut se planter, c’est lui que ça regarde.»
Animaux changeants
image de l'auteur
Le caméléon-lion,
Invisible en savane,
Ça semble une illusion
Qui dehors se pavane ;
Le petit lion-jumart,
Il a son caractère ;
Un peu tête de lard,
Et toujours solitaire.
Jumart-caméléon,
Ta vie est hasardeuse ;
Un jour, à l'Odéon,
Tu séduisis l'ouvreuse.
Saint Patron des Épouvantails
image de l'auteur
La vie d’épouvantail peut te paraître austère ;
Or, elle est embellie par les quatre saisons,
Et que nous peut chaloir de vivre sans maison,
Car, au coeur de nos champs, nous sommes sédentaires.
De notre protecteur, l’âme est vraiment sincère,
Il veille sur nos vies et sur notre raison ;
Son corps n’a point subi de rite funéraire,
Mais se dresse en un champ où tout pousse à foison.
Il prend, dès le matin, de nobles attitudes,
La gloire de son nom vient de sa solitude,
Il passe les années dans un rêve sans fin ;
Intercède pour nous, épouvantail magique,
Que nous soyons heureux parmi l’herbage fin,
Écoutant le refrain de la brise mystique.
Ambitemplier
image de l'auteur
Sur la nef toilée
D’un tissu bleu clair,
Croisade en allée
Au-delà des mers.
Grande soif aux lèvres,
Gosier irrité,
Ils craignent les fièvres,
Ces calamités.
Templiers farouches !
L’ennemi hurleur
Va taire sa bouche !
Hissons les couleurs !
L’anneau du lion
image de l'auteur
Ténébreux lion servi par trois chevaliers tristes,
Regrettant à loisir ses premières amours ;
Il fut un amant fou, amant aveugle et sourd,
La Fontaine l’a dit, les lions sont égoïstes.
Il n’a jamais voulu d’un anneau d’améthyste,
Mais d’une bague d’or, car ce métal est lourd ;
L’artisan dut le faire en un délai bien court,
Quand un lion veut cela, nul besoin qu’il insiste.
Ainsi, ce bel anneau, qui jamais ne ternit,
De la douceur passée rappelle un peu les charmes ;
L’amour lui donne une âme et le regret, des larmes.
Car le cercle est symbole, aussi, de l’infini,
Et, quand vous entendrez qu’un lion jamais ne tremble,
Vous pourrez objecter : «Quelquefois, il me semble».
Cheval pentacéphale
image de l'auteur
Il a cinq profils surbaissés
Pour mieux traverser les ténèbres,
Le moindre vent le fait danser,
Même les aquilons funèbres.
Comment comparer des cheveux,
Avec sa crinière élastique ?
Il la hérisse comme il veut,
Ça lui donne un air fantastique
Il n'est jamais trop excité,
C'est la modestie qu'il professe,
Ainsi que la véracité...
Mais, le pauvre, il 'a pas de fesses.
Évêques plantigrades
image de l'auteur
Ils n’ont pas, des Gaulois, l’imposante moustache,
Ni des éphèbes grecs le sourire mignon,
Ni des guerriers nippons le très martial chignon ;
Mais bien un museau d’ours, qui grande douceur cache.
Ils n’ont pas abusé du pouvoir, que je sache,
Ils ont été loyaux envers leurs compagnons ;
Ils aiment l’omelette avec quelques oignons,
Et, bien évidemment, le gros rouge qui tache.
Par le confessionnal, ils ne sont rebutés,
Ils absolvent les gens avec civilité,
Priant Dame Marie, qui du Ciel est Maîtresse.
Quand vers le cimetière ils prendront le départ,
Oraisons recevront, et voeux de notre part ;
Ne partez pas trop tôt, évêques, rien ne presse.
Ambicycliste
image de l'auteur
Vif est l’ambicycliste : il peut, s’il le désire,
Partir dans l’autre sens pour s’éloigner d’un lieu ;
Pour sa course inverser, sur la manette il tire,
Et ce rebroussement se passe pour le mieux.
Cap au Nord, cap au Sud, c’est sa manière d’être,
Car il nous fait penser à Janus, sans mentir ;
Ce dieu dont maintenant sont bien rares les prêtres,
Qui guide les actions d’entrer et de sortir.
De la course sur piste, il gagne plusieurs manches,
Il n’en est pas peu fier, c’est moi qui vous le dis,
Il dit : «Nous avons bien occupé ce dimanche,
Mais vous n’avez rien vu, nous ferons mieux lundi.»
Ambilope
image de l'auteur
L’ambilope est jolie, mais sa chair n’est pas bonne,
Quiconque en mangerait aurait besoin de soins :
De se garder du fauve, elle n’a pas besoin,
Elle avance au hasard et n’a peur de personne.
Son cri dans la savane étrangement résonne,
Dont l’écho répété se propage très loin ;
Et de sa bonne humeur, le soleil est témoin
Qui de son fier éclat lui fait une couronne.
Car l’ambilope blanche en son étoile a foi,
Et de joyeux pluvians l’accompagnent parfois,
Que décrivit Gotlib, d’immortelle mémoire.
L’un d’eux, très familier, se pose sur son dos ;
Agréable et léger lui semble un tel fardeau,
Ainsi que pour son coeur est légère sa gloire.
Dieu-terme
image de l'auteur
Du couchant la lueur sanglante
Bientôt va colorer le dieu ;
Si tu volais un fruit ou deux,
Sa réaction serait violente.
Du ciel descendrait une flamme,
T’aurais des trous à ton pourpoint ;
Je te le dis, n’en doute point,
Crains-le, pour le bien de ton âme.
La flamme n’est pas meurtrière,
Mais bien trop chaude pour tes mains ;
Or, le dieu n’est pas inhumain,
Fort brève sera sa colère.
Triple-Patte
image de l'auteur
Admirez Triple-Patte, une noble figure,
Ses traits d’érudition toujours renouvelés,
Sa bonne humeur gardée sur un vaisseau brûlé,
Ses jolis mots latins, admirables augures.
Son crâne est résistant comme une pierre dure ;
La lueur des canons peut bien étinceler,
Par un baril de poudre il peut être soufflé,
Cela n’atténue point la joie qu’il nous procure.
De Barbe-Rouge, il est le plus loyal servant,
Qui les trésors de mer l’emmène poursuivant,
Des pirates, telle est la redoutable vie.
Je relis leurs albums, c’est pour me rajeunir,
J’étais un écolier, j’attendais l’avenir
Comme un cadeau du ciel, tout me faisait envie.
Le Seigneur d'Arcturus
image de l'auteur
Le Seigneur d'Arcturus a l'esprit fort rapide.
Sa dynastie est vieille, et n'a jamais cessé
De changer en jardins les savanes arides,
À retourner le sol, le peuple est empressé.
Les vergers étendus sous les cieux monotones,
Porteurs des plus beaux fruits, n'ont rien de décevant,
C'est un très grand plaisir de les voir à l'automne,
Quand les branches chargées ondulent sous le vent !
Les sujets du seigneur n'en ont jamais la crainte,
Du blason d'Arcturus ils aiment les couleurs.
Gouvernant généreux, sans réserve et sans feinte,
Suivre son étendard est la voie vers l'honneur.
Seigneur-Bouffon
image de l'auteur
Le vieux seigneur-bouffon fait rire ses amies,
C’est un joyeux luron, mais pas un polisson,
Il narre ses récits, de sa voix de basson,
Il voudrait oublier la vieillesse ennemie.
Le charme de ses mots, et l’humour qu’il manie
Font de ce patriarche un aimable garçon ;
Il vide son godet sans faire de façons
Et, couché sur son lit, se souvient de sa vie.
Il revoit une ville et ses hautes murailles,
Il voit un condisciple aux cheveux en bataille,
Un officier marin, cultivant son honneur.
Il songe même, aussi, à cinq ou six maîtresses,
Qui de lui n’ont reçu presque aucune richesse,
Sinon quelques fragments des trésors de son coeur.
L’oie de la porcherie
image de l'auteur
J’aime les porcelets, je les trouve comiques,
Je ne sais ce qu’ils crient, est-ce « Mille sabords »?
Je voudrais sur leur peuple écrire une chronique,
Un exhaustif traité sur leur vie et leur mort.
Jamais ces bons petits ne partent en voyage,
Ni ne vont sur les nefs qui risquent le naufrage ;
Les porcelets, toujours, se tiennent loin des flots,
Leur mère n’a point dit : «Vous serez matelots».
J’aime aussi assister aux puissantes saillies
Du porc reproducteur, force jamais faillie,
Aller au potager (c’est pour le mettre à sac)
Ou lire mes exploits dans la Rubrique-à-Brac.
Nef décapode
image de l'auteur
Je suis nef décapode, et vogue au près serré,
Plus fine, en vérité, que chaque nef voisine,
Mes marins aiment vivre, et font bonne cuisine,
Mes officiers bien mis, et propre leur carré.
Ils ne seront jamais des bourgeois emmurés,
Ils goûtent trop le chant de la brise divine ;
Le vent des océans leur donne bonne mine
Et Neptune est par eux chaque jour adoré.
S’il leur fallait combattre, ils ont de bonnes armes,
La vigie sur son mât leur donnerait l’alarme,
Les pirates seraient bien marris de cela.
Et si l’un d’entre vous pensait que je me vante,
Je tirerais d’un coffre, où je l’ai mis à plat,
L’honorable montant de mon acte de vente.
Voir venir la suite
image de l'auteur
Encore un an qui va finir,
Le barde songe à l’avenir.
Il y songe, mais sans alarme,
Sans trembler, sans verser de larmes.
Même, il s’égare, par instants,
On ne sait pas combien de temps.
Puisque la vie n’est pas amère,
Rêvons à de belles chimères.
Elles sont plaisantes à voir,
Plus que nos austères devoirs.
Elles sont douces à entendre,
Ayant une voix grave et tendre,
Au lieu de pourchasser l’amour,
Buvons, dans le calme des jours,
La bière fraîchement brassée,
Servie froide, mais pas glacée.
Ornithotigre
image de l'auteur
Dans un coin peu connu d’une province indienne,
Vit un ornithotigre ; il est charmant à voir.
Par ce fier prédateur, beaucoup se font avoir
Parmi les animaux qui font leur méridienne.
Mais lui, s’il n’a rien pris, dit «Qu’à cela ne tienne,
Je vais utiliser mes magiques pouvoirs» ;
Car il est détenteur d’un ancestral savoir,
Les victimes alors auprès du tigre viennent.
Un ange carnassier le voit du haut des cieux,
Il aime le voir vivre, innocent, sous ses yeux,
Comme on aime en été voir chanter la cigale.
Un oiseau peut fort bien au tigre ressembler ;
Or, jamais, devant lui, l’homme ne doit trembler,
Car, en notre présence, il est d’humeur égale.
Janus aquatique
image de l'auteur
Au Janus des sept mers, je veux lever mon verre,
À ce dieu tutélaire, à ce roi des lointains ;
Qu’il accepte le chant de ce pauvre trouvère
Qui dira sa grandeur, sur un rythme incertain.
Car on le voit régner sur les eaux les plus vastes
Qui semblent au plongeur s’étendre à l’infini !
Sur le triton paillard, sur la sirène chaste,
Sur les marins noyés, aux grands fonds réunis.
Janus, maître du sort, Janus, maître des rêves !
Empereur méconnu du monde clair-obscur
Où passe la sardine en apparences brèves,
Comme une ombre d’oiseau sur la blancheur d’un mur.
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